En quantité, il y a certainement moins de femmes que d’homme dans les personnages des évangiles. Mais finalement, si l’on considère le nombre de personnes ayant au moins un vrai dialogue, une personnalité dans ces récits, le nombre de sujets féminins n’est pas si faible que ça.
Mais c’est principalement leur qualité qui est mise en valeur. Les disciples masculins de Jésus n’ont pas toujours le beau rôle, souvent ils ne comprennent rien, comme Pierre qui prétend faire la leçon à Jésus (Mt 16:22-23) ou fanfaronne en annonçant que, lui, ne trahira pas Jésus (Mt 26:33-34), ou les disciples qui ne font pas confiance à jésus dans la tempête (Mt 8:26; 14:31; 17:20), ou ne comprennent rien (Lu 9:40-41), font obstacle aux personnes venant vers Jésus (Mr 10:13-14)… sans compter les hommes qui cherchent à le piéger, le trahissent, l’injurient, contestent… Alors que les femmes sont presque systématiquement présentées dans les évangiles avec un rôle positif. Il y a que peu d’exception : la mère des fils de Zébédée qui demande à Jésus que ses deux fils aient une place d’honneur, bien que Jésus comprenne que ce désir vient en fait des deux garçons (Mt 20:20), La mère de Jésus qui veut obliger Jésus à les suivre bien docilement (Luc 2:48-49). Au contraire, les femmes sont montrées en exemple, pour leur foi, pour leur esprit de liberté et de responsabilité. Du début (Marie) à la fin (femmes au pied de la croix et au tombeau).
Jésus
Aux yeux de ses contemporains, l’attitude de Jésus vis-à-vis des femmes est souvent choquante de liberté et de respect. Selon Jésus, les femmes ont droit à l’enseignement à égalité avec les hommes alors que seules les hommes étaient admis à recevoir un enseignement biblique et théologique (dans le judaïsme de l’époque). Femmes et hommes suivent ensemble le Christ alors que les femmes n’étaient pas admises dans le temple et ne pouvaient se mêler aux hommes dans la synagogue. Jésus parle avec elles d’égal à égal, se laisse toucher, rencontrer des femmes étrangères, par exemple une Samaritaine ce qui fait scandale (Jean 4:9), Jésus se laisse même toucher par une femme qui est frappée d’hémorragie (Mat. 9,18-26) et des femmes pécheresses, ce qui fait scandale aussi (Luc 7:39). Plus profondément, l’alliance que Jésus présente est une alliance entre la personne humaine et Dieu, il insiste sur la grâce et le don de l’Esprit comme faisant de nous un enfant de Dieu, Jésus relativise ainsi la place de la circoncision dans l’alliance, circoncision réservée aux hommes, Jésus laisse ainsi à égalité pour les femmes comme pour les hommes dans l’alliance nouvelle.
Mais Jésus reste quand même, pour être honnête, influencé par la culture de l’époque. En particulier avec l’image de l’homme et de la femme qu’il donne dans ses paraboles : c’est l’homme qui donne les ordres, qui distribue les rôles et les biens, c’est l’homme le maître de la maison, de la vigne et du royaume… la femme, elle prépare le pain, balaye la maison, attend la venue de l’époux… Cela explique à mon avis pourquoi Jésus n’aurait apparemment nommé que des hommes parmi « les douze » apôtres. Sous influence de son époque, par mimétisme avec les 12 patriarches des 12 tribus d’Israël. Mais Jésus a pu évoluer au cours de son ministère, impressionné par la qualité des femmes qui le suivent et qu’il croise.
Femmes apôtres, diacres, prophètes, disciples
C’est ainsi que les évangiles culminent tous plus ou moins sur la figure de Marie madeleine qui surpasse les plus grands apôtres, Pierre et Jean, dans l’expérience du Christ ressuscité, et devient ainsi, explicitement, l’apôtre des apôtres, chargée d’annoncer l’Évangile aux 11 apôtres qui restent… qui ont abandonné Jésus, qui restent coupés de lui, et qui longtemps ne comprennent pas le témoignage des femmes, en restant à leurs préjugés culturels faisant que le témoignage d’une femme ne vaut pas grand chose… Marie Madeleine est ainsi apôtre, mais on pourrait dire que la Samaritaine, également, est envoyée vers les hommes de son village pour les mener vers Jésus. On pourrait dire que Marthe est envoyée par Jésus vers sa sœur Marie. L’apôtre Paul parlera également de femmes apôtres.
Les femmes sont également « au service » des autres, le verbe employé est en grec diakoneo est important car c’est celui qui désigne la fonction de diacre existant au temps de rédaction des évangiles, et que ce verbe est utilisé par le Christ pour parler de sa propre mission « le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie » (Mr 10:45).
Les femmes font partie du groupe des disciples et des apôtres avec les hommes : « Jésus allait de ville en ville et de village en village, prêchant et annonçant la bonne nouvelle du royaume de Dieu. Les douze étaient auprès de lui, ainsi que des femmes, certaines qui avaient été guéries d’esprits mauvais et de maladies, Marie, dite de Magdala, de laquelle étaient sortis sept démons, ainsi que Jeanne, femme de Chuza, intendant d’Hérode, Susanne, et plusieurs autres, qui les servaient de leurs biens. » (Luc 8:1-3).
La guérison de la fille de la femme cananéenne
(Matthieu 15:21-28)
Jésus, étant parti de là, se retira dans le territoire de Tyr et de Sidon.
22 Et voici, une femme cananéenne, qui venait de ces contrées, lui cria: Aie pitié de moi, Seigneur, Fils de David !
Ma fille est cruellement tourmentée par le démon.
23 Il ne lui répondit pas un mot,
Et ses disciples s’approchèrent, et lui dirent avec insistance:
Renvoie-la, car elle crie derrière nous.
24 Il répondit: Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël.
25 Mais elle vint se prosterner devant lui, disant: Seigneur, secours-moi !
26 Il répondit: Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants, et de le jeter aux petits chiens.
27 Oui, Seigneur, dit-elle, mais les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres.
28 Alors Jésus lui dit: Femme, ta foi est grande; qu’il te soit fait comme tu veux. Et, à l’heure même, sa fille fut guérie.
Questions pour la lecture d'un texte biblique
Personnages
Questions
Jésus
Femme
Disciples
Enfant
Sens premier :
Qu’est-ce qui est raconté ? (Qu’est-ce qui est arrivé ?)
Sens moral :
Comment vivre avec les autres ? Qu'est-ce qu'aimer réellement son prochain ? Qui est mon prochain ?
Sens spirituel : Qu'est-ce qu'aimer Dieu ? Qu'est-ce qu'il veut apporter à l'homme, et donc à moi, et aux autres à travers moi ?
Sens théologique : Qu'est-ce que ce passage m'apprend sur Dieu ? Qu'est-ce qu'il m'apprend sur le Christ et sur l'Humain véritable ?
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