La foi est une façon d'être qui concerne une personne dans sa recherche de Dieu. Cette attitide est particulièrement intime, personnelle, secrète. Mais cette démarche est indissociable d'une relation avec les autres, vers les autres, et souvent pour les autres.

L'ouverture est un des signes de la théologie oratorienne, mais si les grandes portes de l’église sont, le dimanche matin, ouvertes à tous, un autre espace, immatériel, ajoute une dimension considérable à l’aventure de la foi : internet a entraîné de nos jours une mutation comparable à celle de l’imprimerie : les réformateurs du début du XVI° siècle ont touché par la diffusion de leurs écrits des foules immenses qui n’entraient pas dans des édifices religieux ; internet peut contribuer à faire connaître le message évangélique, mais il ajoute à la découverte des sources et des commentaires,ainsi qu’ à la réflexion spirituelle qu’elle engendre, la capacité sans limite du débat et de l’échange. La foi, telle que la conçoit et l’exprime le libéralisme, repose sur cette liberté d’analyse et de conviction des individus, fondée sur la délivrance d’un message éternellement présent. Mais la foi ne se réduit pas à un débat d’idées, car la recherche personnelle est aussi un culte offert, ou plutôt rendu à Dieu, dans la prière et l’espérance du salut.

Le site « internet » de l’Oratoire n’est pas seulement la vitrine présentant un bâtiment et les activités qui s’y déroulent ; il offre des ressources permettant de nourrir la réflexion, la foi et la prière : deux mille personnes, en moyenne, regardent la vidéo de la partie centrale du culte hebdomadaire, écoutent la prédication des pasteurs et le chant des psaumes, qu’elle soient chez elles ou dans leur voiture.

Le site ne demeure pas un lieu virtuel, car dans la recherche, la contemplation ou l’échange, une personne tend les mains à tâtons vers un Dieu qu’elle espère et rencontre d’autres personnes. C’est entre midi et deux heures, à l’heure de la pause, que bien des visiteurs cherchent une nourriture pour leur esprit et pour leur foi ; mais c’est souvent tard dans la soirée, comme si la nuit tombée était un temps de retraite silencieuse dans le désert. Même dans la solitude, l’Oratoire est une porte ouverte qui offre gratuitement une table garnie à ceux qui le désirent.

Une question posée à un pasteur, un commentaire déposé sur l’espace de témoignage et de débat comme le « blog » de l’Oratoire ou la page « Facebook » de Coligny, c’est la volonté de ne plus chercher tout seul : la démarche fait entrer dans une communauté de fidèles, c’est-à-dire l’église, au sens premier du terme. L’Oratoire n’est pas un lieu plus sacré que notre chambre et le véritable temple est en chacun de nous : voilà le temple de l’Esprit, c’est là qu’est le royaume de Dieu.

Sans prétendre faire une sociologie des usagers de l’internet oratorien, on peut distinguer plusieurs attitudes et plusieurs services : c’est souvent un premier temps de découverte, avant d’oser se rendre dans l’église, rencontrer physiquement des pasteurs ou des fidèles, proposer un coup de main à une association. Parfois, la fréquentation du site est un complément nécessaire à ceux qui ne sont pas disponibles tous les dimanches, qui ne peuvent sortir de chez eux, qui habitent loin d’une église ou dans un pays dépourvu de lieu de culte : c’est, par exemple, le cas d’une enseignante en poste en Arabie Saoudite, qui ne peut avoir de paroisse que par ce moyen. Certains habitués du site de l’Oratoire n’entreront jamais dans l’édifice de la rue Saint-Honoré ; d’autres, en revanche, touchés dans leur vie quotidienne au moment où leur cœur et leur esprit s’est ouvert, font la démarche d’une rencontre active et décident un jour de demander à recevoir le baptême ou de faire une profession de foi devant l’assemblée des fidèles.

L’Oratoire a toujours accueilli avec joie les hommes et les femmes de bonne volonté pour le culte rendu chaque dimanche matin depuis deux cents ans dans cette magnifique demeure. Rendre un culte ensemble, dans l’espérance de repartir enrichi. Non que le culte public soit le sommet de la foi : ce moment de communion doit être au service d’une relation personnelle avec Dieu, comme il peut l’être dans l’intimité ; que chacun puisse trouver là des pistes, des chemins, des outils l’aidant à ouvrir les yeux sur le monde, nourrissant sa propre lecture de la Bible, sa réflexion et sa prière.

Chaque dimanche, les fidèles de l’Oratoire du Louvre accueillent au culte les personnes les plus diverses qui viennent des quatre coins de la France et des pays étrangers ; chaque dimanche, des personnes qui s’interrogent sur la foi chrétienne ou sur le protestantisme témoignent de leur curiosité en assistant au culte ; entrent aussi des touristes de passage, qui tiennent à voir l’intérieur de l’ancienne chapelle royale, ainsi que des personnes démunies, qui cherchent de l’aide.

L’Oratoire ne fait pas de prosélytisme, de porte à porte dans le quartier : l’anonymat de toute personne qui se présente est respectée aussi longtemps qu’elle ne se présente pas elle-même et on ne poursuit pas ceux qui cessent de participer aux activités de l’église ; de même, l’action sociale est menée sans aucune arrière-pensée impériale et promotionnelle.

L’ouverture de la théologie oratorienne est typiquement incarnée dans l’Entraide de l’Oratoire. Existant dès l’origine de l’installation à l’Oratoire du Louvre, elle n’a pris la forme d’une association que contrainte par la loi de séparation des églises et de l’Etat en 1905, tant elle demeure attachée dans le cœur des « oratoriens » comme un service simple et respectueux des autres. L’Entraide accueille depuis deux cents ans ceux qui ont besoin d’un coup de main, elle les écoute et les conseille. Le simple fait d’être accueilli sans condition ni jugement dit quelque chose de l’Evangile à la personne dans le besoin : l’importance qu’elle a aux yeux de Dieu.

L’Entraide cherche également l’ouverture en ne gardant pas pour elle-même ses ressources, ses bénévoles, ses usagers : elle soutient de nombreuses œuvres qui se sont révélées très fécondes, comme la Clairière, dont on célèbre le centenaire, et le Centre d’Action Sociale protestant ( CASP ) ; elle oriente les personnes qui souhaitent devenir bénévoles, elle encourage tous ceux qui souhaitent s’engager dans des actions d’entraide selon leurs propres affinités : famille, travail, syndicat, association, équipe municipale, action humanitaire au bout du monde. Partout l’Evangile, moteur de l’action, est une parole offerte par grâce.

Au cœur de Paris, l’Oratoire du Louvre est depuis des générations une église ouverte à tous et si elle a décidé d’ouvrir encore plus ses portes par internet, c’est parce qu’elle affirme sa vocation à étancher, tant soit peu, la soif de la présence divine : est-il un objet plus parisien que la fontaine Wallace, du nom de ce philanthrope discret qui dévoua sa fortune à ce que tout passant, riche ou pauvre, puisse trouver de l’eau à boire ?

Fontaine Wallace dans Paris

Fontaine Wallace murale dans Paris

 

 Marc Pernot
extrait du livre du bicentenaire

 

 

Voir aussi :

  • L'Association d'Entraide et la Clairière nous cherchons à aider, dans la mesure de nos moyens, à cenir en aide à ceux qui ont besoin d'un coup de main.
  • La paroisse catholique de Saint-Eustache, avec qui nous avons des liens très fraternels, un groupe biblique commun, des actions de solidarité et des célébrations œcuméniques communes...
  • Le Chœur de l'Oratoire donne, par le chant, un témoignage aux autres
  • Les fédérations auxquelles notre église appartient, nous sommes reliés aus autres églises par des liens de solidarité et de services communs (l'Eglise Protestante Unie de France et la Fédération Protestante)
  • Le Scoutisme participe à l'éducation de nombreux jeunes
  • L'association et le magazine Évangile et liberté portent vers un horizon plus large la sensibilité protestante libérale.
  • Des liens proposent de découvrir d'autres sites internet.

Vue des toits de l'Oratoire du Louvre  vers Saint Eustache

Vue des toits de l'Oratoire du Louvre
vers Saint Eustache