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Histoire de l'Orgue de l'Oratoire du Louvre
Sur cette page, vous trouverez
:
Ces documents viennent en complément de la courte présentation
de l'orgue qui est donnée sur ce site.
Merci à Jean-Daniel Pasquet, Organiste, qui nous a fait
connaître ces documents.
Histoire de l'orgue avant 1927, par Félix Raugel
Félix Raugel,
Les Grandes Orgues des Églises de Paris et du Département
de la Seine, Paris, Fischbacher, 1927
L'église des Pères
de l'Oratoire, qui fut choisie tant de fois par les Académies
des Lettres et des Sciences pour y célébrer avec éclat
la fête de Saint-Louis, et par les Maîtres de musique
de Paris pour leur messe annuelle de Requiem, a dû posséder
un orgue dès le premier tiers du dix-septième siècle.
Faut-il rappeler que la musique du roi s'y rendait souvent, et que
Louis XIII, cantor bénévole, Anne d'Autriche et Louis
XIV aimaient venir y faire leurs dévotions ? C'est dans l'église
des Pères"au beau chant" que, le 14 janvier 1635,
un grand concert de musique religieuse attirait les nonces Mazarin
et Bolognetti; que les maîtres de musique du roi, François
Veillot, Thomas Gobert, et plus tard du Bousset, firent exécuter
leurs grands motets à basse continue; c'est là encore
que fut chanté le fameux Miserere de Lully pendant le service
célébré en grande pompe, le 4 mai 1672, à
la mémoire du Chancelier Séguier...
Si, en ce qui concerne les religieux, le souvenir est resté
de l'activité musicale des PP. François Bourgoing
et Gaspard Bouhon, les archives de l'Oratoire sont muettes en ce
qui concerne les orgues et les organistes, ce qui nous laisse à
penser que le service ordinaire de l'instrument liturgique fut toujours
assuré par l'un des Pères de l'Oratoire jusqu'à
la fin de l'Ancien Régime.
Le 15 janvier 1793, sur un décret de la Convention Nationale,
l'église déjà vidée de son mobilier
fut aménagée en magasin pour les effets d'équipement
des armées; en 1811 enfin, un décret impérial
affecta l'édifice au culte réformé.
Depuis plusieurs années déjà, l'Eglise Réformée
de la Seine avait la jouissance provisoire de l'église Saint-Louis-du-Louvre;
en 1790, un membre du Consistoire, L. Féline, y avait fait
installer à ses frais un orgue qu'il avait, en 1805, encore
fait réparer et améliorer à la demande du titulaire
Jean-Nicolas Lefroid de Méreaux, qui suivit son instrument
à l'église de l'Oratoire après qu'il eût
été, en 1811, mis en place sur la magnifique tribune
de pierre qui s'y élève à l'extrémité
de la nef (cette spacieuse tribune qui occupe la première
travée de la nef est supportée par deux colonnes d'ordre
corinthien et clôturée par une balustrade qui se relie
avec celles des autres tribunes).
En 1825, le Consistoire obtint de la Ville de Paris une subvention
de io.ooo francs pour aider au remplacement de cet orgue alors devenu
inutilisable à cause de sa vétusté. Une commission
dont Chérubini et Paër faisaient partie, fut formée
l'année suivante; elle examina divers projets soumis notamment
par Grenié et Callinet, et décida finalement l'exécution
du devis présenté par Callinet et jean Somer. Ce devis
se montait primitivement à 17.160 francs pour un orgue de
26 jeux à3 claviers; un supplément de 1.500 francs
fut voté pour pouvoir augmenter encore de deux jeux l'instrument
prévu. La composition en était la suivante. Tous ces
renseignements sont extraits des Archives du consistoire de l'Eglise
Réformée de Paris (Carton C. II-g). Nous remercions
M. Voigt de nous en avoir aimablement facilité l'accès.
1er Clavier. - POSITIF (52 notes)
- 1. Montre 8
- 2. Bourdon 8
- 3. Dessus de flûte 8
- 4. Prestant 4
- 5. Nasard 2 2/3
- 6. Cromorne 8
- 7. Hautbois 8
- 8. Trompette 8
- 9. Clairon 4
2e Clavier. - GRAND ORGUE (52 notes)
- 1. Bourdon x6
- 2. Montre 8
- 3. Flûte 8
- 4. Bourdon 8
- 5. Prestant 4
- 6. Nasard 2 2/3
- 7. Tierce 1 3/5
- 8. Grand cornet 5 rangs
- 9. Voix humaine 8
- 10. Trompette 8
- 11. Clairon 4
3e Clavier. - RÉCIT (32 notes)
- 1. Bourdon 8
- 2. Flûte 4
- 3. Cornet 5 rangs
- 4. Hautbois 8
PÉDALE (Fa-Fa, 25 notes)
- 1. Flûte 12
- 2. Flûte 6
- 3. Trompette 12
- 4. Clairon 6
Composition bizarrement équilibrée! 10 jeux d'anches
sur 28 jeux, pas de jeux de 2 pieds, ni de fournitures; le grand
choeur devait sembler bien lourd et bien grinçant.
En même temps, l'architecte Godde était chargé,
moyennant 2267 francs, de l'entreprise du buffet; il établit
un meuble à, façade plate d'un dessin fort simple
et présentant une grande analogie avec le buffet du grand
orgue de l'église de la Sorbonne exécuté l'année
précédente. Il n'y a pas à l'Oratoire de positif
apparent et le grand massif se compose simplement de trois plates-faces
garnies de tuyaux et séparées par des pilastres soutenant
un entablement dont la corniche est décorée de denticules
et de modillons. Les oves, feuilles d'eau, perles et arabesques
des modèles les plus classiques font partie de la décoration.
La réception de l'instrument fut faite le 17 mai 1828 par
J.-M. BeauvarletCharpentier et Louis Séjan.
Vers 1845, il fut question sur l'initiative de l'organiste Ernest
Meumann, successeur des de Méreaux, de remplacer l'orgue
de Somer et Callinet par un grand instrument-modèle de 32
pieds qui aurait compté 56 jeux. Meumann lui-même en
avait dressé le plan; des devis avaient été
demandés à Cavaillé-Coil et à Daublaine,
une commission constituée, Danjou consulté; mais le
projet grandiose ne pût jamais être mis à exécution
et tout ce travail aboutit, en somme, à une simple remise
en état de l'ancien instrument, entreprise confiée
en 1852 à Cavaillé-Coil. Cette restauration prolongea
l'existence de l'orgue de Somer et Callinet pendant un demi-siècle,
puisque ce fut seulement en 1898 que fut décidé son
complet renouvellement.
J.-N. Lefroid de Méreaux mourut le 6 février 1838;
son fils Amédée Méreaux, l'auteur bien connu
de la précieuse collection "Les clavecinistes de 1637
à 1790", lui avait succédé à l'orgue
de l'Oratoire.
Les travaux furent, cette fois, commandés à la maison
Merklin : l'ancien buffet était conservé, mais la
disposition des claviers primitivement placés derrière
l'orgue devait être modifiée, et une console moderne
installée sur le devant de la tribune. L'instrument, construit
dans le système pneumatique tubulaire, compte 32 jeux:
1er Clavier. - GRAND ORGUE (56 notes) ç
- 1. Montre 16
- 2. Bourdon 16
- 3. Montre 8
- 4. Flûte harmonique.. 8
- 5. Gambe 8
- 6. Salicional 8
- 7. Bourdon 8
- 8. Prestant 4
- 9. Flûte octaviante 4
- 10. Fourniture
- 11. Cornet 5 rangs
- 12. Bombarde 16
- 13. Trompette 8
- 14. Clairon 4
2e Clavier. - RÉCIT EXPRESSIF (56 notes)
- 1. Quintaton 16
- 2. Flûte traversière 8
- 3. Gemshorn 8
- 4. Corde nuit 8
- 5. Viole de gambe 8
- 6. Voix céleste 8
- 7. Flûte d'écho 4
- 8. Octavin 2
- 9. Trompette harmon.. 8
- 10. Basson-Hautbois 8
- 11. Clarinette 8
- 12. Voix humaine 8
PÉDALE (30 notes)
- 1. Contrebasse 16
- 2. Sous-basse 16
- 3. Octave basse 8
- 4. Bourdon 8
- 5. Bombarde 16
- 6. Trompette 8
PÉDALES DE COMBINAISON
- 1. Tonnerre.
- 2. Tirasse G. -0.
- 3. Récit.
- 4. G. O. sur machine.
- 5. Récit sur G. O. unisson.
- 6. octave grave.
- 7. Expression du Récit.
- 8. Combinaison libre.
- 9. Anches pédale.
- 10. - G. 0.
- 11. Récit.
- 12. Tremblant du Récit.
Cet orgue fut inauguré le 24 mars 1899 avec le concours
d'Henri Dallier, et Oeschner de Coninck, organiste du Grand Temple
du Havre. Franck Lesur en est aujourd'hui le titulaire. -
L'orgue en 1962, par Norbert Dufourcq
Les monuments historiques au service des
orgues de France
Bulletin trimestriel "Les monuments historiques de la France"
Année 1962 - nos 2-3 -avril-septembre
L'Oratoire du Louvre
Tous ceux qui ont fréquenté,
ce demi-siècle, la belle église classique de l'Oratoire,
ont entendu un instrument de type romantique, caché derrière
son vieux et sombre buffet Restauration (1828), sur la tribune accrochée
au revers du portail principal. Il s'agissait d'un Merklin de deux
claviers (1898), riche de trente-deux jeux d'un beau métal,
mais d'une sonorité empâtée, sans grande vie,
en dépit des tours de force des organistes - Henriette Roget
et Marie-Louise Girod - qui étaient chargés de le
jouer et qui s'efforçaient d'en tirer des sonorités
variées dans l'oeuvre de Bach ou dans celle de nos contemporains.
Il fut décidé, voilà dix ans, de mettre un
terme à la vie de ce vieux serviteur et de lui donner un
remplaçant. Ce dernier assimilerait, autant que faire se
peut, le matériel sonore de Merklin, puisque montre, jeux
d'anches, bourdon pouvaient encore prétendre à la
vie, à une vie prolongée même.., et renouvelée.
Une Commission se réunit à la Ville de Paris, qui
groupait, outre les organistes suscités et le signataire
de ces lignes, MM. Alexandre Cellier et Marcel Dupré, alors
professeur d'orgue au Conservatoire national, ainsi que les architectes
en chef des Monuments Historiques, MM. Prieur et Salle z. De nombreux
avis furent émis, qui aboutirent à la composition
d'un grand orgue de soixante-sept jeux, d'un agrandissement et d'une
transformation de la tribune. Il fut décidé notamment
et je revendique ici une responsabilité entière de
placer la tuyauterie du second clavier, celui du Positif, dans les
deux niches latérales qui flanquaient la tribune, afin de
dégager cette dernière et d'y pouvoir loger les effectifs
d'un grand choeur. Les experts se mirent d'accord, de ce fait, pour
demander un orgue de traction électrique; dans le grand corps,
habillé par une façade neuve d'un étain majestueux
et chantant, ont été placés les jeux de la
pédale, ceux du clavier principal, ceux du clavier expressif
de Récit. Scindé en deux corps, le Positif est inexpressif
pour les principaux, les pleins jeux, la trompette; expressif pour
les bourdon, flûte, cornet, cromorne...
La transformation de l'orgue a été confiée
par les Services des Beaux-Arts de la Ville de Paris aux Établissements
Gonzalez (1961). Les jeux anciens ont été utilisés
au mieux, retouchés, réharmonisés, rediapasonnés,
et c'est ainsi que, dans ce grand corps de conception néoclassique,
on découvre un salicional, un gemshorn, une clarinette, jeux
qui ne figurent pas toujours dans les compositions actuelles. La
console meuble situé au centre de la tribune qui renferme
les trois claviers manuels et le pédalier, reste fort lisible
et d'un maniement très aisé. Deux combinaisons générales
(d'autres viendront plus tard) permettent de changer instantanément
de registration.
Nous donnons ci-dessous la nouvelle composition de l'orgue :
GRAND-ORGUE (61 notes, ut à ut)
- Montre 16
- Montre 8
- Prestant 4
- Doublette 2
- Fourniture 4 r.
- Cymbale 3 r.
- Bourdon 16
- Bourdon 8
- Salicional 8
- Flûte harmonique 8
- Flûte douce 4
- Quinte ouverte 2 2/3
- Cornet 5 r.
- Bombarde 16,
- Trompette 8
- Clairon 4
- Clarinette 8
POSITIF (61 notes, ut à ut)
- Non expressif:
- Diapason 8
- Principal 4
- Fourniture 3 r.
- Cymbale 2 r.
- Trompette 8
- Soprano 4
- Expressif:
- Flûte creuse 8
- Corde Nuit 8
- Gemshorn 4
- Nasard 2 2/3
- Quarte de Nasard 2
- Tierce 1 3 /5
- Larigot 1 1 /3
- Piccolo 1
- Cromorne
RÉCIT EXPRESSIF (61 notes, ut à ut)
- Principal 8
- Prestant 4
- Fourniture 4 r.
- Cymbale 3 r.
- Quintaton 16
- Gemshorn 8
- Voix céleste 8
- Flûte à fuseau 8
- Flûte ouverte 4
- Nasard 2 2/3
- Octavin 2
- Tierce 1 3 /5
- Tuba 16
- Trompette 8
- Clairon 4
- Basson-Hautbois 8
- Voix humaine 8
- Trémolo
PÉDALE (32 notes, ut à sol)
- Montre 16
- Contrebasse 16
- Octave basse 8
- Principal 8
- Principal 4
- Fourniture 4 r.
- Quinte 10 2/3
- Quinte 5 1 /3
- Soubasse 16
- Bourdon 8
- Flûte 4
- Choral Basse 2
- Bombarde 16
- Trompette 8
- Clairon 4
- Basson 16
- Basson 8
- Basson 4
Tirasses et accouplements ordinaires.
Octaves graves, octaves aiguës.
Crescendo. Tutti.
Norbert Dufourcq
Programme de l'inauguration
de l'orgue de l'Oratoire du Louvre
le 14 janvier 1962, diffusée par Radio-France
le 19 janvier 1962
uvres :
- Psaume 47 (CHOEURS : 3'15")
de Claude Goudimel
par la Maîtrise de l'Oratoire
- Prélude en Mi-Bémol (11'20")
de Jean-Sébastien Bach par Alexandre Cellier (Orgue)
- Prélude Choral SUR Le Psaume 65 (3'55")
de et par Alexandre Cellier (Orgue)
- Motet Jésus toi ma joie (8'55")
de Jean-Sébastien Bach
par la Maîtrise de l'Oratoire
- Quintette NO 6 (ORGUE ET CORDES (20'25")
de Antonio Soler
par le Quatuor Quattrocchi Et Henriette Puig-Roget (Orgue)
- Motet : Gloire-Louange-Honneur (5'15")
de Jean-Sébastien Bach
par la Maîtrise de l'Oratoire
- Nativité (Orgue 3'40")
de et par Marcel Dupré
- Improvisation (8'55")
de Marcel Dupré (Orgue)
- Alléluia (4'35")
de Haendel G.-F.
par la Maîtrise de l'Oratoire
- Toccata et Fugue en Ré Mineur Pour Orgue (7'55")
de Jean-Sébastien Bach
par Marie-Louise Girod (orgue).
Réagissez sur le blog de l'Oratoire, c'est un espace où vous pouvez faire profiter les autres de vos propres réflexions...
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L'orgue de l'Oratoire du Louvre
photo Oratoire du Louvre
L'orgue de L'Oratoire du Louvre
Photo Pascal Deloche © GODONG
L'orgue de l'Oratoire du Louvre
Photo Lissac © GODONG
L'ancien orgue de
l'Oratoire du Louvre |