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Faut-il ouvrir le mariage
aux homosexuels ?
Oui, et ouvrir à sa bénédiction

 

Dans l’Église Réformée et à l’Oratoire, cette question est débattue et je n’exprime donc ici que mon opinion personnelle. Opinion qui peut d’ailleurs continuer à évoluer. Je ne suis pas un militant de la cause homosexuelle, et je ne me sentais pas particulièrement concerné par cette question avant d’être pasteur, dois-je avouer. Elle se pose à moi de façon très simple. Il existe des couples homosexuels parmi les fidèles, en même proportion que dans la population française. J’ai donc rencontré, écouté, accompagné aussi des dizaines de couples et de familles homosexuelles dans les paroisses où j’ai été en poste. Qui ais-je rencontré ? Des personnes qui ne ressemblent en rien aux personnes extravagantes de la « gay pride », mais des personnes qui vivent leur foi, des personnes qui cherchent l’âme sœur ou qui vivent en couple, qui espèrent bâtir un vrai couple et une famille avec l’aide de Dieu, des personnes qui viennent au culte et donnent un coup de main. J’ai entendu des personnes qui me disent en général qu’elles ne peuvent choisir d’être autrement qu’homosexuelles et qui me disent cela avec l’expérience de leur désir mais aussi leur réflexion, leur foi, leur prière, leur espérance. J’ai entendu des personnes blessées par des personnes maladroites voire haineuses, par la République, et par bien des croyants.

Ces rencontres m’ont conduit à évoluer et, bien entendu, comme chrétien et comme passionné par la Bible, cette évolution s’est faite dans un dialogue avec les Écritures, par l’étude et par la prière.

Sous l’angle de la morale biblique

Énormément de dégâts peuvent être faits avec une application brutale des préceptes moraux tirés de la Bible, alors qu’ils sont en général passionnants quand ils sont pris comme une interrogation. Le risque est moindre avec les paroles de Jésus car elles sont jamais de l’ordre de la morale simpliste. Je ne trouve absolument nulle condamnation ni mise en garde contre l’homosexualité dans les paroles de Jésus, mais un appel à vivre de la grâce et de la fidélité de Dieu en étant nous-mêmes plein de bienfaisance et de fidélité dans nos attachements, ce qui s’applique à toute personne quelle que soit sa couleur de peau, son sexe ou son orientation sexuelle. Il est donc possible d’en conclure déjà qu’il n’y a rien de critique dans cette question, sinon Jésus en aurait parlé.

Les préceptes moraux trouvés dans la Torah et des lettres de Paul sont souvent plus liés au contexte précis de l’époque, leur application est plus délicate. Lus à la lettre, ils soutiendraient parfois des horreurs comme l’esclavage, la lapidation des enfants désobéissant, l’obéissance aux autorités même les plus tyranniques et racistes, l’interdiction aux femmes de prêcher dans une église malgré la mission que le Christ donne à Marie-Madeleine d’annoncer sa résurrection à ses frères... Après un examen attentif, il me semble que les quelques condamnations de l’homosexualité que l’on trouve dans la Bible ne peuvent pas être appliquées aujourd’hui et encore moins envoyée à la face des homosexuels pour les traiter de pécheurs. Mais que quand ces versets sont lus au sens spirituel ils nous interrogent sur notre propre fidélité, nous invitant à moins nous prendre pour Dieu.

Sous l’angle de l’anthropologie biblique

Cet angle m’a semblé plus intéressant pour nourrir une réflexion théologique et pastorale sur le couple en général et donc en particulier sur ce projet de mariage homosexuel, de célébration de mariage homosexuel.

Prenons par exemple « Dieu créa l’humain à son image, il le créa homme et femme. Dieu les bénit et leur dit : Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et dominez-la » (Gen. 1:27-28). Il est possible de bâtir plusieurs conceptions de l’humain à partir de ce texte. Là encore, mon point de vue n’est pas seulement biblique mais biblique et pastoral. Je ne peux même pas compter le nombre de personnes rencontrées qui ont été blessées, et même démolies par une anthropologie qui se limite à une lecture à la lettre de ce texte. Oui, un couple formé d’un homme et d’une femme qui ont des enfants et qui les élèvent dans un grand jardin taillé par un expert en art topiaire est un beau projet béni par Dieu. Mais dès lors que l’on interprète ce passage biblique en disant que le plan de Dieu se limiterait à ce modèle-là, tous ceux uqi sont seuls ou qui sont stériles… risquent de se sentir en échec personnel ou penser que Dieu les oublie… D’autres personnes risquent de s’inventer une vocation d’enfanter, avec de lourds dégâts humains, alors qu’un autre chemin aurait été bien meilleur pour eux. Cette interprétation a été parfois jetée plus ou moins subtilement à la face de notre prochain homosexuel, faisant de lui un anormal et un pécheur.

Cette anthropologie est cruelle et fausse. L’Évangile ne nous dit pas si Jésus était marié ou non, avec enfant ou non. C’est que cela n’a aucune importance pour nous, cela lui appartient en tant qu’individu. Mais Jésus n’est pas seulement pour nous un individu, il est aussi l’Homme avec un grand H, fondant une anthropologie chrétienne. L’homme que Dieu espère, l’humain « normal », c’est lui. Cela oriente la lecture du verset de la création de l’humain dans la Genèse. La fécondité dont il est question n’est pas seulement biologique. Cela nous invite à une compréhension de l’humain créé « homme et femme » qui ne soit pas non plus au raz de la biologie. Les caractères sexuels sont la différence la plus visible qui soit entre les humains. La différence sexuelle peut vraiment être comprise ici comme l’exemple type des mille différences qui existent entre les êtres humains, exprimant que cette diversité est voulue et bénie par Dieu, qu’elle est alors complémentaire et féconde. C’est ce qu’exprime l’apôtre Paul quand il nous présente l’humanité comme un corps (1 Cor. 12), il n’est pas question d’organes génitaux comme ceci ou comme cela dans cette union de l’humanité dans un unique corps constitué de membres différents. Il existe ainsi différents états « normaux » dans le corps du Christ. Le penchant hétérosexuel est plus répandu que le penchant homosexuel, cela ne lui donne pas le droit de mépriser l’autre, au contraire, selon l’Évangile du Christ cela devrait plutôt appeler ceux qui sont les plus forts par le nombre à soutenir les minorités.

Et si ce texte nous appelle à « dominer la terre » ce n’est pas pour nous appeler à sortir les bulldozers mais pour que l’Esprit domine en nous et dans notre société sur les autres dimensions de l’humain. C’est une question de foi, une ouverture à la bénédiction de Dieu pour que nos attachements soient stables et fidèles, favorisant l’épanouissement de la singularité de l’autre, cherchant à aimer Dieu et son prochain comme Christ nous a aimé.

Je pense sincèrement que Dieu bénit de tels couples sans autres distinctions.

Marc Pernot
pasteur de l’Église Réformée de France à L’Oratoire du Louvre

 

 

Le mariage civil, non ; la bénédiction religieuse, pourquoi pas !

L’homosexualité touche au désir mais ce dernier est une énigme car qui peut dire qu’il est maître de son désir ? Le but de notre réflexion est de sortir des positions manichéennes afin de réfléchir théologiquement à la question du mariage homosexuel. Avant d’aborder les textes bibliques, quelques mots sur l’homosexualité.

Ma rencontre avec des homosexuels m’a conduit à la conviction que l’homosexualité ne peut se conjuguer au singulier. Il faut distinguer l’homosexualité masculine de la féminine, puis les différentes formes d’homosexualité. En outre, il ne faut pas s’imaginer les orientations sexuelles comme deux catégories étanches. Il n’y a que des sujets qui sont homos ou hétéros à 5, 10, 50, 80 ou 99 %. Certains disent qu’ils se savent homosexuels depuis leur enfance et qu’ils n’ont jamais eu la moindre attirance pour les personnes de l’autre sexe, d’autres s’engagent dans une relation homosexuelle après avoir vécu en couple hétérosexuel pendant des années, voire des décennies. Pour troubler encore les catégories, aujourd’hui se développe un nouveau comportement qui consiste à avoir des relations homos ou hétérosexuelles au gré des rencontres.

Parcours bibliques

Dans une perspective protestante, l’écoute de la parole biblique est fondatrice. La Bible parle peu de l’homosexualité et chaque fois qu’elle le fait ouvertement, c’est de façon négative. Ces récits nous conduisent à l’interprétation mais nous ne pouvons écarter la Bible lorsque son message nous résiste. Avant d’aborder les textes qui peuvent nous aider à réfléchir, je voudrais commencer par écarter les faux textes qui sont souvent utilisés pour parler de l’homosexualité alors qu’ils parlent d’autre chose.

Dans le Premier Testament, les textes qui condamnent l’homosexualité se trouvent surtout dans les règles de pureté du Lévitique. Le chapitre 18 évoque le respect de l’union conjugale. Il traite successivement de l’interdit de l’inceste, de l’adultère, du sacrifice des enfants, de l’homosexualité et de la zoophilie. Dans ce chapitre, l’homosexualité se trouve en mauvaise compagnie mais on peut remarquer que, s’il y a un point sur lequel le Second Testament a renouvelé le Premier, c’est celui de la pureté. Dans les évangiles, la pureté n’est pas une question d’actes mais de disposition intérieure (Mt 15,11).

Dans le Nouveau Testament, les épîtres citent parfois l’homosexualité au sein d’une série de dérives (1 Co 6,9-10 et 1 Tm 1,9-11) à côté des débauchés, des idolâtres, des ivrognes, des cupides… Ces textes ne sont pas une analyse sur la nature de l’idolâtrie ou de la cupidité mais un avertissement à se comporter justement. Ils nous apprennent que, dans la société religieuse de l’époque, l’homosexualité était considérée comme une débauche.

Les partisans de l’homosexualité citent parfois un autre faux texte qui est celui de la relation entre David et Jonathan : « Jonathan s’attacha à David ; Jonathan l’aima comme lui-même. » (1 S 18,1). La relation était-elle homosexuelle ? La réponse à cette question n’a aucune valeur théologique. Ce n’est pas parce que David aurait eu une relation amoureuse avec Jonathan que l’homosexualité serait validée, ou alors il faudrait aussi s’inspirer de la pratique de David en matière de dot (1 S 18,25-27) ou dans la façon de réchauffer les vieillards dans les maisons de retraite (1 R 1,1-2) !

Une fois les faux textes écartés, quels sont ceux sur lesquels nous pouvons nous appuyer ? J’en développerai deux.

Dans les évangiles, la seule fois où Jésus est interrogé sur la conjugalité, il a répondu : « N’avez-vous pas lu que le Créateur, dès le commencement, les fit homme et femme et qu’il dit : “C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et les deux seront une seule chair.” » (Mt 19,4 5). Interrogé sur la conjugalité, Jésus renvoie aux récits de création à travers une double distinction anthropologique, la distinction des sexes et celle des générations. Un sujet se définit par son sexe (homme ou femme) et par sa place dans la succession des générations (enfant de, parent de). Dans sa réponse, Jésus lutte contre la confusion dans la perspective du premier chapitre de la Genèse dans lequel Dieu crée en mettant de la séparation dans le chaos initial.

Le second texte que nous pouvons convoquer est le verset de l’épître aux Galates dans lequel Paul récapitule le cœur de son message : « Vous tous qui avez reçu le baptême du Christ, vous avez revêtu le Christ. Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus ni homme ni femme, car vous tous, vous êtes un en Jésus-Christ. » (Ga 3,27 -28). L’identité du sujet est donnée par sa foi (son baptême) et cette identité est plus forte que les identités religieuse (Juif ou Grec), sociale (esclave ou libre) ou sexuée (homme ou femme). Le sujet est enfant de Dieu, antérieurement à sa vie religieuse, sociale ou sexuelle.

Actualisation

Cela fait dix ans que je réfléchis théologiquement à la question de l’homosexualité et ma position, provisoire, est la suivante.

Au nom du passage de l’évangile et de la lutte contre la confusion, je suis contre l’ouverture du mariage aux homosexuels. L’homosexualité est une sexualité différente de l’hétérosexualité et je pense qu’il ne convient pas de les considérer comme indifférentes au sein de la même institution du mariage. Les questions juridiques posées par les couples homosexuels peuvent se résoudre par des aménagements du Pacs.

Dans une société en perte de repères dans laquelle les identités se fragilisent, il est important de maintenir la distinction entre les sexes de même qu’il faut maintenir celle qui sépare les générations. Cette position peut être considérée comme discriminatoire, elle est fondée sur le respect des différences.

Au nom du passage de l’épître aux Galates, je suis favorable à ce que l’Église envisage une bénédiction des unions homosexuelles. Lorsque deux hommes ou deux femmes s’adressent à l’Église pour lui dire : « Nous sommes chrétiens et nous voulons vivre notre union dans l’amour, la durée et la fidélité sous le regard de Dieu », elle devrait pouvoir répondre à cette demande au sein d’une éthique de l’homosexualité.

Il y a une dizaine d’années, l’Église réformée avait débattu en synode du sujet « Baptême, cène, signes ». J’avais espéré qu’elle en profiterait pour entrer dans une démarche de créativité liturgique pour signifier la présence de Dieu lors des étapes marquantes de la vie : déménagement, maladie, guérison, départ à la retraite, jubilés… Pour l’instant, les initiatives sont assez pauvres dans ces domaines, alors pourquoi ne pas commencer en se posant la question de l’accompagnement liturgique de la conjugalité homosexuelle ?

Antoine Nouis

" Disputatio "
Oratoire du Louvre & hebdomadaire Réforme

Jean-Baptiste, selon Leonard de Vinci

Mariage pour tous ?

En écho à l'évolution de la société,
faut-il étendre le mariage aux couples homosexuels?

Débats avec les pasteurs
Marc Pernot, pasteur de l'Oratoire,
et Antoine Nouis, directeur de Réforme.

jeudi 18 octobre à 20h30,
Au 145 rue Saint-Honoré, Paris 1er

>écouter l'enregistrement<

 

 

Jean-Baptiste, selon Leonard de Vinci
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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