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Bulletins de l'Oratoire > N°786 de mars 2011

 

La recherche spirituelle

Introduction

Comme pasteur à l’Oratoire, j’ai la chance de rencontrer chaque semaine des personnes qui se sentent libres d’exprimer sincèrement pourquoi elles s’intéressent à Dieu. Il y a bien des motivations possibles, cette diversité est une richesse. Vous en aurez un petit échantillon dans ce dossier entièrement composé de témoignages de personnes de l’Oratoire, mais il aurait fallu une « feuille rose » épaisse comme la Bible pour rendre compte de toute cette richesse d’humanité. Schématiquement, voici quelques orientations possibles :

1) Certaines personnes s’intéressent à Dieu car elles sentent ce qu’elles identifient comme sa présence, comme une personne qui les accompagne, les réconforte, les guide. Cette expérience est faite par des personnes de milieu croyant, mais aussi par des personnes qui ont reçu une éducation purement athée. Ces personnes connaissent souvent le sentiment de cette présence depuis leur enfance, et elles viennent vers l’église à l’âge adulte, afin de mieux connaître ce Dieu dont elles sentent la présence, elles cherchent à réfléchir et à mettre des mots sur leur expérience, à la mettre en relation avec ce que les autres en disent et en ont dit dans les générations passées.

2) Certaines personnes cherchent Dieu par intérêt philosophique. Chercher à élaborer une conception de Dieu est une façon de définir notre idéal, ce vers quoi nous aimerions aller pour devenir meilleurs. Par exemple dire que Dieu est créateur implique qu’il est mieux pour un homme de créer de belles choses que de ne rien faire et que le pire serait d’être source de chaos. Dire que Dieu est amour et miséricorde pose ces qualités morales comme fondamentales. Alors qu’une conception de Dieu en juge impitoyable de nos actions invite à bâtir une société basée sur le seul mérite, sur le seul échange commercial, et sur l’impitoyable sanction.

3) Certaines personnes en viennent à s’intéresser à Dieu comme source de la dynamique d’évolution que connaît l’univers et dont la science nous parle. Notre univers matériel et les merveilles qu’il renferme sont alors vus comme des signes de l’action de cette force. Les catastrophes naturelles et nos propres insuffisances invitent, quant à elles, à nous ouvrir à ce souffle créateur pour que l’évolution se poursuive, en nous, et peut-être en partie grâce à nous.

4) Certaines personnes s’intéressent à Dieu par curiosité ou par fidélité :

Par exemple, un étudiant peut être amené à se poser des questions sur la Bible, la théologie, ou le protestantisme.

Et par exemple, une personne commence à aller au culte par fidélité à sa grand-mère qu’il adore et qui est très attachée à sa foi.

Ces quatre motivations à une recherche spirituelle ne sont pas incompatibles. Des personnes de cheminements différents peuvent dialoguer avec intérêt et bonheur à l’issue d’un culte ou dans une étude biblique car ces routes convergent. Une même personne peut cumuler plusieurs de ces conceptions, ou entrer dans une recherche de Dieu par une de ces portes et évoluer ensuite. Que ce soit dans l’église ou dans une même personne, ces différents cheminements s’enrichissent mutuellement et se relativisent mutuellement dans une dynamique souvent intéressante.

Cette diversité même nous ouvre à une certaine humilité. Dieu existe d’une façon tout à fait unique en son genre. C’est un fait qu’il est toujours bénéfique pour l’homme de Le chercher. Il est bon de Le trouver un peu, mais c’est dangereux pour nous et nous devenons dangereux pour les autres quand nous pensons L’avoir trouvé au point de cesser de le chercher.

Nous Le cherchons par la théologie et la prière. Nous Le chercherons par la philosophie et l’éthique. Nous Le chercherons en observant le monde. Nous Le chercherons par le cœur, en compagnie de personnes que nous aimons, en compagnie de témoins qui nous ont touchés.

Marc Pernot

 

Quête de Dieu, Quête de soi

« Des humains vont à Dieu dans leur détresse (…) Dieu va vers tous les humains ». La quête de Dieu, telle que Dietrich Bonhoeffer l’exprime dans ce poème de juillet 1944, découvre un Dieu qui va à la rencontre de l’homme. Dieu n’est pas tant celui qui se laisse chercher que celui qui part en quête de l’homme pour le rassasier de son Pain, nous enseigne-t-il. La quête de Dieu est souvent causée par un manque, par une faille que l’on souhaite combler : en finir avec une détresse, accéder au véritable bonheur, en finir avec l’angoisse, sont autant de motivations pour se tourner vers Dieu. Et que trouve-t-on au terme de cette quête ? Il est frappant de constater que ce poème de Bonhoeffer est composé dans le même temps qu’un autre qui pose la question « qui suis-je ? », thème cher à ce théologien. La quête de Dieu consiste ici à trouver en Dieu notre véritable identité, celle qui cesse d’être malmenée par toutes les tensions que nous subissons. Suis-je celui que j’aimerais être ou celui que j’aperçois dans le regard qui m’observe ? Suis-je celui que moi seul connais ou celui dont j’entrevois le portrait dans ce qu’on dit de moi ? Bonhoeffer se demande si nous ne serions pas aujourd’hui cet homme et demain cet autre ou alors tout cela à la fois et, dans ce cas, un véritable hypocrite.

La quête de Dieu devient alors la quête de soi, la quête de son identité véritable. Mais cela peut-il aboutir sur autre chose qu’une chimère, un bricolage personnel qui n’a que peu de rapport avec la vérité profonde de notre être ? Dans la Bible, l’histoire de Saül nous présente une quête qui aboutit à l’authenticité: tout au long du chapitre 9 du premier livre de Samuel, nous suivons le jeune Saül parti à la recherche des ânesses de son père. En compagnie d’un serviteur, le voici qui parcourt tout le pays sans retrouver ne serait-ce que leur trace. Mais le compagnon est de bon conseil et lui suggère de se rendre auprès de l’homme de Dieu. La rencontre ne manque pas d’intérêt : cet homme de Dieu est Samuel qui dit aussitôt à Saül qu’il ne doit plus s’inquiéter pour les ânesses qui ont été retrouvées. Il ajoute que tout Israël appartient à Saül et à la maison de son père. Cette affirmation pose question à Saül : « ne suis-je pas benjaminite, d’une des plus petites tribus d’Israël et ma famille n’est-elle pas de la dernière de toutes les tribus de Benjamin ? » La rencontre avec l’homme de Dieu conduit aussitôt Saül à se poser la question de son identité : « qui suis-je ? ». Saül va vers l’homme de Dieu dans sa détresse… Dieu va vers Saül et lui révèle son identité profonde, en l’occurrence sa vocation messianique. Une fois que le prophète Samuel aura procédé à l’onction d’huile sur la tête de Saül, ce dernier devra se rendre auprès d’autres prophètes dont le comportement « enthousiaste » attestera qu’ils sont bel et bien en Dieu, au plus près de son intimité. Et Saül se comportera comme eux. Ce récit souligne à quel point la quête de Dieu et la quête de soi sont conjointes. Dès qu’il a trouvé Dieu, Saül se trouve lui-même et il cesse d’être celui que tout le monde avait connu jusque là, à tel point que son entourage ne le reconnaît plus.

D’une quête d’ânesses qui pouvait semblait anodine, Saül est passé à la quête de ce qui le concernait de manière ultime : soi ! pour le dire avec le théologien Paul Tillich, Saül a été mis en relation avec une préoccupation fondamentale par le détour d’un moment on ne peut plus ordinaire de son existence, par un objet culturel de son quotidien. Sur son chemin, le prophète Samuel n’a fait que lui indiquer des signes qu’il aurait eus sous les yeux mais qu’il n’aurait peut-être pas su interpréter à leur juste valeur. Cela rejoint ce que Karl Barth disait au sujet de la prédication : ce que veulent les auditeurs, c’est que le prédicateur les comprennent mieux qu’ils ne se comprennent eux-mêmes.

La révélation du divin s’accompagne d’une révélation de notre humanité, de cette part de nous même qui n’a pas à jouer l’hypocrite parce qu’elle est inconditionnée

James Woody

Témoignages

Me promenant avec un ami, celui-ci me demande : «  André est ce que tu pries ? »

Je lui ai répondu : « Oui, et même plusieurs fois par jour, le matin avant de commencer la journée et même pendant la journée, et parfois au bureau ». Je ne déclame pas une prière à voix haute en plein bureau, mais les formes que peut prendre la prière sont variées et nombreuses.

Nombreux sont les textes et les situations dans la Bible, qui comme dans la vie de tous les jours, opposent de façon plus au moins marquée des personnes de conditions sociales, économiques, politiques, spirituelles, ou culturelles très différentes, c’est le cas, par exemple de la parabole du juge inique rapportée par Luc (18/1-8)

Le juge incarne un certain pouvoir, qui ne craint ni Dieu ni les hommes selon le texte, et qui me paraît ressembler à beaucoup de nos contemporains, qui vivent aujourd’hui  sans croire en Dieu, qui sont sûrs de tout et d’eux-mêmes et ne comptent que sur leur propre intelligence pour diriger leur vie.

En face se trouve une femme veuve et a priori seule, donc socialement et économiquement fragile et vulnérable, comme nous pouvons l’imaginer dans une société dominée par les schémas masculins de l’Antiquité.

Entre eux c’est donc une situation de blocage total.

Elle attend que le juge veuille bien s’occuper de son affaire et lui rende justice. Mais il l’ignore complètement et ne s’occupe pas d’elle. Sans se décourager, et pour obtenir gain de cause elle le harcèle régulièrement au point de lui « rompre » la tête nous dit le texte.

Mais, à un moment, un déclic se produit, un changement total de situation intervient et le juge décide de se débarrasser de cette affaire, de s’en occuper et même de faire droit à cette femme. Ce changement est surprenant et inattendu.

Comment cette femme incarnation de la faiblesse a-t-elle réussi, à obtenir au bout du compte ce quelle voulait et à faire bouger le juge, pour qu’enfin il lui rende justice et lui donne raison ?

Ma réponse tient en un mot : La Prière.

La prière insistante de cette femme, même si le texte de la parabole ne le dit pas explicitement, fait bouger les choses et provoque un changement radical, un «miracle». En relisant la première ligne du texte  nous trouvons un élément décisif de réponse : « Jésus leur adressa une parabole pour montrer qu’il faut toujours prier  sans jamais se décourager»

Du texte de cette parabole  trois idées semblent se dégager :

Une invitation à la prière

Cette femme, par sa prière, entretient la présence de Dieu dans sa vie. Nous sommes donc invités, comme elle à toujours prier sans nous lasser, même si parfois nous avons le sentiment de ne pas être entendu par Dieu.

Cette femme est dans l’attente du règlement de son affaire face au juge. Comme nous qui sommes aujourd’hui encore dans l’attente du retour de Jésus Christ, dont personne ne sait quand ni comment il se produira, comme l’étaient dés le début du christianisme les premiers chrétiens dans l’attente du retour imminent de Jésus. Elle tient et résiste comme nous tenons par la prière et la foi et l’espérance.

La prière est, et reste le lien qui nous unit à Dieu. Comme le rappelait le pasteur James Woody dans une de ces récentes prédications, refuser la prière et donc ce lien, c’est refuser un appel de Dieu et se condamner à une vie sous dimensionnée : c’est notre propre condamnation.

Une prière qui rend justice.

Je crois que cette femme a parfaitement compris ou du moins pressenti la signification de ce mot et de ce que représente pour elle l’importance de la prière. Jésus par cette parabole veut nous faire percevoir et comprendre le sens et la puissance que peut avoir la prière. Par sa prière insistante et confiante, la puissance de Dieu permet le déblocage de cette situation et rend la justice.

La parabole que nous enseigne Jésus, me semble démontrer que l’impensable se produit malgré les apparences, que le « faible » peut triompher du « fort » et que l’attente de cette femme, se solde par un changement en sa faveur grâce à sa persévérance, à sa prière sincère et confiante c'est-à-dire à sa foi en Dieu. Vous vous souvenez la foi qui peut renverser et déplacer les montagnes... cette femme obtient que le juge lui fasse enfin justice et que son affaire soit jugée et obtient gain de cause. Pour autant cela ne veut pas dire que par son insistance, elle a mis la pression sur Dieu.

La prière rétablit un équilibre

Cette situation de « déséquilibre » entre un fort et un faible n’est pas rare dans la Bible. La force de la prière, et de Dieu au travers d’elle, permet de rétablir un juste équilibre entre les deux. Ainsi, parfois, l’inattendu ou l’impensable se produisent et bouleversent des situations personnelles, sociales, politiques alors que l’on pensait que la raison du plus fort était toujours la meilleure.

Cette première réflexion à partir du texte de l’Evangile me conduit à essayer d’approfondir un peu plus le sens que la prière revêt pour nous, et plus spécifiquement pour moi.

En résumant mon propos, je dirai que la prière est :

Une occasion de témoigner d’abord ma reconnaissance :

de remercier Dieu, de me donner chaque jour une occasion nouvelle de me construire dans l’espérance d’être un peu meilleur et de m’améliorer, de progresser. Je ne crois pas au déterminisme ou au fatalisme des choses et des événements. Je repense à une méditation du pasteur Marc Pernot sur l’ingratitude des hommes, pourquoi est- il si difficile aux hommes de se dire merci entre eux, et de dire merci à Dieu de nous donner chaque jour ce qu’il nous donne ? D’exprimer mutuellement de la reconnaissance les uns envers les autres ? Il n’est pas rare que lorsque vous aidez une personne, celle-ci ne soit pas forcément reconnaissante, comme nous le dépeint avec humour sur ce thème la comédie de Labiche « Le voyage de M. Perrichon ».

Tout peut évoluer dans nos vies et nos situations personnelles grâce à la prière. La pensée comme la prière sont  des forces créatrices  qui nous aident à nous construire, mais ce n’est pas nous qui agissons, ni intervenons, c’est Dieu seul qui agit dans nos prières.

Dans mes prières quotidiennes j’essaie de ne pas répéter sans cesse les mêmes paroles, j’essaie d’être créatif par les mots prononcés. Je crois à la spontanéité des mots venus du cœur.

Pensons aussi au conseil de Jésus et à sa mise en garde dans l’Evangile de  Marc 7/6 « ce peuple m’honore de ses lèvres mais son cœur est éloigné de moi »

Un moyen de reconstruction et un réconfort quand nous les cherchons :

Comme chacun d’entre nous j’ai vécu mes épreuves de la vie, mes chagrins, mes échecs, avec plus ou moins de force et courage. La prière est alors un « outil » pour se reconstruire, le moyen pour exprimer une demande et reprendre pied « Demandez et vous recevrez »

Pour moi, elle est surtout une façon de reprendre en main ma vie et de ne pas me laisser aller au pessimisme, à la résignation et à la perte de confiance en soi, de céder aux  influences du climat collectif   ambiant et à l’air du temps et me permet d’être une personne libre de décider et d’essayer, sans me laisser influencer par la pression des autres.

Pour certains, elle est l’ultime recours quand on n’a plus rien … les victimes, croyants ou pas, des attentats du 11 septembre, dans leurs avions ont certainement prié, en comprenant ce qui les attendait.

Un lien d’unité entre chaque homme sur terre et Dieu.

Pour nous Chrétiens je pense qu’il faut toujours ajouter dans nos prières le relais ou l’intermédiaire incontournable : Jésus Christ. Chaque fois que je prie et que je demande, je le fais au nom de Jésus Christ. C’est lui qui nous a donné et transmis les paroles de la prière que tous les chrétiens partagent et disent ensemble tous les dimanches et que je renouvelle tous les jours chez moi. Chaque phrase du « Notre Père » est d’autant plus importante pour moi que quand je les prononce je pense aussi qu’elles bénéficient d’une certaine unanimité de la part de tous les théologiens, sur leur authenticité par rapport à d’autres paroles attribuées à Jésus par les évangélistes.

Dans toutes les religions, des croyants sincères prient. Je suis toujours touché de rencontrer selon le pays, la culture, les traditions, des femmes et des hommes, et peu importe la forme, qui expriment une demande, un appel, sous forme de prière.

Mais Jésus nous prévient et nous met en garde qu’aucune forme de prière n’est supérieure l’une à l’autre : pas de prière plus grande qu’une autre ; seules comptent la sincérité et la foi que l’on exprime en priant. En fait dans toutes les religions et les confessions quelle que soit l’expression de la croyance, des femmes et des hommes prient, c’est même le point qui les rassemble et crée un lien universel, un trait d’union, une unité, une universalité entre tous les croyants. C’est du reste la parabole qui suit dans l’Evangile de Luc celle du pharisien et du publicain.

La prière est un des liens les plus forts entre tous les hommes pour qui l’explication des choses de la vie, au bout du compte est de nature spirituelle et non seulement matérialiste.

Elle nous met à égalité quand deux personnes, deux priants, prient avec sincérité chacun dans sa confession, selon sa coutume. Alors ils sont dans l’unité, dans une seule et même prière. Il y a alors une vraie fraternité, une vraie communion entre les hommes, aussi fortes que quand nous partageons le pain et le vin.

Je crois ce que Jésus nous enseigne, que Dieu m’entendra et me « fera justice » ou qu’il m’aidera d’une façon inattendue, ou qu’il fera bouger les choses.

André Ducros

Issue de parents de deux cultures différentes, je n’ai pas été baptisée et n’ai reçu aucune éducation religieuse. Pourtant je « savais » que je n'étais pas seule. « Quelqu'un » veillait sur moi et m'assurait que mon heure viendrait. Certains penseront que je m'étais fabriquée un mécanisme de défense, pour pallier ma solitude. Peu importe, cela m’a aidée et soutenue, c’est tout ce qui compte.

A 20 ans, sérieusement malade, je me suis sentie dépérir et m’éteindre doucement mais sûrement. Mon dernier recours fut de penser à Dieu et de lui demander de l’aide. Hasard ou pas, quelques jours plus tard, un membre de ma famille intervenait et me sortait de mon tunnel. Certains diront que cette intervention était le fruit du hasard. Peut-être et peu importe. Moi je crois que le souffle de Dieu a été là pour moi, quand cela fut nécessaire.

Entre 20 et 30 ans j’ai très bien vécu en me contentant uniquement d’une perception diffuse, sans chercher à l’approfondir. Mais à l’âge de 30 ans, en un laps temps assez court, je me suis mariée et j’ai été enceinte. Je ne pouvais alors plus me contenter de vagues perceptions.

D’abord j’ai eu besoin d’exprimer ma gratitude à l’égard de Celui qui m’avait depuis toujours donné foi en moi et au bonheur. Ensuite, étant enceinte, je ne me sentais plus en droit de me contenter de si peu de connaissances sur la Vie, son origine, son sens, la place de l’Homme en ce monde. J’allais donner la vie, et comme tout parent, je devrais pouvoir apporter à mon enfant toutes les connaissances utiles pour lui permettre de trouver son chemin d’adulte et réussir sa vie dans les meilleures conditions possibles.

Pour développer ma foi et ma culture religieuse, j’apprécie beaucoup les rendez vous du lundi offerts par les pasteurs Pernot et Woody. Les échanges sont d’ordre intellectuel, tout en étant interactifs et dynamiques. J’en attends d’abord un minimum de culture sur notre civilisation, ensuite des clés : pour comprendre l’Humanité, comment Dieu se manifeste aux Hommes, de quels outils l’Homme dispose.

J’attends de la religion une capacité à prendre du recul sur les difficultés, à comprendre comment me positionner et vivre avec les Autres, à apprécier la Vie.

Pour l’heure, ma grande satisfaction est de savoir apprécier et m’émerveiller devant ce que j’appelle « les miracles » de la vie. Quand j’ai compris que Dieu n’était pas un personnage, mais une force de création et d’amélioration accessible à tous, j’ai été davantage en mesure de reconnaître et de m’émerveiller devant les manifestations quotidiennes de Dieu : la vie qui naît et qui se développe indépendamment de toute volonté humaine, le sursaut salutaire de celui qui sombre, le sixième sens qui éloigne du danger, l’inspiration qui jaillit et souffle la solution à un problème

A terme, je souhaite pouvoir trouver des réponses ou au moins des éléments de réponse, à toutes mes questions. Sachant que mes questions ou mes doutes se renouvellent en fonction du cours de ma vie, je ne peux aujourd’hui en dresser une liste exhaustive. Pour cela, je dois pouvoir être plus autonome dans ma lecture de la Bible. Mon esprit rationnel a en effet besoin des lumières des pasteurs pour éclairer ma lecture.

J’aimerais, à terme, acquérir un socle de connaissances et une réflexion solides, qui me permettent d’étayer pleinement mes convictions et mes croyances.

Lorsque je serai mûre pour cela, je serai prête pour demander le baptême.

I.H.

Ayant reçu le baptême à presque 24 ans, autant dire que je fais parfois figure d'exception... Je ne pourrais résumer en quelques lignes mon cheminement personnel. Je préfère parler de la difficulté d'être comprise par des tiers. Il est vrai qu'il est parfois difficile de se positionner en tant que croyant, dans une société qui a tendance à oublier les chrétiens...

Les gens qui m'étonnent le plus sont les athées. Pour la majorité, dès qu'ils entendent parler des mots "religion", "Dieu", ils clament immédiatement haut et fort que eux sont athées, fiers de l'être, et qu'ils sont heureux comme cela, alors que personne ne les a critiqué sur quoi que ce soit. Pendant longtemps je n'ai pas compris ces gens qui partaient en croisade contre le Seigneur, et se plaisaient à rappeler que "tout ça c'est pas vrai". J'ai par la suite compris qu'il devait être difficile d'être incroyant jusqu'à une époque très récente ! Beaucoup de personnes avaient du accepter des mariages religieux, des baptêmes et des confirmations dans lesquels il ne se reconnaissaient pas... Aujourd'hui, ces personnes tentent de se sentir libres en disant à qui veut l'entendre qu'ils ne croient pas... Comme c'est triste... Ne comprennent-ils pas que nous pouvons nous entendre sans heurts, que personne (j'ose l’espérer) ne critiquera leur prise de position ? Un jour, peut-être pourrons nous nous "asseoir à la table de fraternité" et enfin nous entendre...

Les gens qui m’énervent le plus sont... les croyants. J'ai eu l'occasion de discuter avec des catholiques "bien pensants", bénévoles dans des associations, toujours prêts à aider la veuve et l'orphelin, bref qui possédaient de très bons CV pour accéder au royaume de Dieu. Les pauvres gens, eux aussi, si ouverts, ont failli s'étrangler quand je leur ai dit que mes parents ne m'avaient pas baptisée, que j'étais favorable au don d'organe, et à l'avortement. En bons croyants qu'ils étaient, ils m'ont alors demandé comment j'osais être croyante et tenir de pareils propos ? Tout simplement en ne confondant pas mes convictions sociales ou politiques avec mes convictions religieuses. Je ne suis pas choquée quand j'apprends que quelqu'un ne veut pas fonder un foyer, il est pourtant écrit dans la Bible qu'il faut se reproduire non ? Je ne donne pas d'argent aux pauvres dans le métro, mais il faut tout de même aider son prochain ? 

Beaucoup de personnes croient que si l'on est croyant, on est abonné au club des bons sentiments et à celui de la sagesse... Ils se permettent ensuite de me donner des leçons quand ils pensent que je ne suis pas dans le bon chemin. Je déteste cela. Je crois sincèrement que personne ne peut commenter la foi de quelqu'un, puisque seul le croyant sait ce qui se passe entre Dieu et lui. 

Heureusement, je ne rencontre pas que des gens grognons et fiers de l'être, mais aussi des gens qui m'aident à aller plus loin. La première fois que je me suis rendue au temple de l'Oratoire, j'ai écouté la prédication, et me suis enfin reconnue. Pour la première fois, j'ai constaté que j'avais le droit de penser, de vivre ma foi comme je l'entendais, et ce fut une véritable respiration pour moi. Maintenant je sais que je peux avancer, me poser des questions sur ma foi, sans subir des remontrances. J'ai eu le plaisir de rencontrer des chrétiens qui m'ont écoutée, tenté de comprendre mes points de vue au lieu de les blâmer. Je sais que je ne suis pas une chrétienne isolée. Et c'est peut-être le plus important.

A.V.

Tout ceci se passe à la fois hors et en osmose avec le temps et l'espace. C'est une démarche, qui, pour ma part, est quotidienne. Elle relève de l'intime, du profond. Elle "m'oblige" à une ouverture totale du cœur et de l'esprit. Dans les débuts, cette recherche est venue me chercher, je l'ai accueillie, l'ai appréciée, et depuis je l'invite chez moi, c'est une alliée, une amie intime qui m'ouvre au monde, aux âmes et aux cœurs. Elle me porte vers les cimes du monde, me fait toucher du cœur l'indéfinissable. Et comme disait le père Teilhard de Chardin "n'importe où, n'importe quand, pourvu que ce soit en montant", c'est ça ! c'est une élévation, une ascension.
Tout est,  pour moi, une question de moment, je suis reconnaissante d'avoir reçu la foi, et pleinement sereine de penser que cette recherche spirituelle sera, pour moi, éternelle.

C.O.

L’exemple de mes grands parents
Le choix de demander le baptême en tant qu’adulte n’a pas forcément toujours été une évidence. Il y a eu des périodes de doutes, de perplexité, de remise en cause. Mais pendant toutes ces années, une source d’inspiration constante pour moi a été l’exemple de mes grands-parents maternels, qui, par leur foi et surtout leur façon de la vivre au quotidien, ont joué un grand rôle dans l’affermissement de ma propre foi.
Et surtout, j’ai enfin réalisé que le fait de me poser des questions n’était aucunement un obstacle au fait de demander le baptême, parce que la foi n’est pas une question de certitudes absolues et figées pour toujours, mais au contraire la recherche d’un idéal, un sentiment fondamental et un peu mystérieux qu’il faut savoir accepter et accueillir comme un très beau cadeau de Dieu.

Gwendolen

Une main invisible sur mon épaule

Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours eu l'intuition, le sentiment que je n'étais pas seule dans l'existence. En grandissant, cette force amie, je l'ai cherchée pendant des années pour finir par mettre un mot dessus: Dieu.

Si j'ai demandé le baptême après ce cheminement et ces réflexions, c'est bien pour remercier Dieu de cette main invisible sur mon épaule... un peu comme celle qu'un ami fidèle poserait pour témoigner de sa présence chaleureuse, d'un amour inconditionnel.

Aurore

Une rencontre avec un bon samaritain

C'est une rencontre avec une sorte de bon Samaritain, qui a été le signe tant attendu de l'amour que Dieu me porte. Cette personne m'a tendu la main, sans attendre un retour. J'étais blessée dans mon âme, elle m'a offert une Bible ; perdue, elle m'a guidée vers la parole de vérité, elle m'a surtout aidée à ouvrir mon cœur. « Voir, c'est écouter » disait Jésus. Je me suis nourrie quotidiennement de cette Bible, je suis venue aux cultes et petit à petit, je me suis sentie devenir, ce que je lisais et ce que j'entendais. Je remercie donc cette personne qui m'a aidée à redécouvrir notre Seigneur Jésus Christ...

Ainsi ma foi qui reposait sur ce que je ressentais à la lumière de la Parole de Dieu, je l'ai mise en actes et elle est devenue parole de vie. L'Esprit m'a poussée avec bienveillance et persévérance, je me suis donc mise en route.

Éloïse

Une déconstruction et un acte libérateur

Professer sa foi, c’est pour moi laisser les passages s’ouvrir en moi, entre un niveau de conscience direct et des strates de conscience enfouies avant d’effleurer ce que l’on ne peut cadrer, un principe mouvant qui dépasse le simple « je » réflexif et immédiat. C’est le résultat d’un processus de déconstruction progressive, pour mettre fin aux dogmes quels qu’ils soient, afin d’entendre l’écho de ma voix en moi-même. Il s’agit d’une écriture intérieure pour retrouver ce qui au fond de soi permet d’entrevoir la profondeur de l’âme, en ce qu’elle détient quelque chose qui me dépasse, mais qui participe de moi : une présence infinie et insaisissable dont je ne suis qu’un des petits supports finis.

Reconnaître ma foi a été pour moi un acte de démolition, de déconstruction, de doute et de questionnement mais aussi un acte libérateur qui m’a emmenée sur de nouveaux chemins. Professer sa foi, c’est donc pour moi reconnaître à la fois l’immanence et la transcendance de Dieu et de sa grâce.

Frédérique

Supplément sur internet :

Témoignage d'un catholique ami :

Il y a quelques semaines, il me fut demandé, non sans étonnement de ma part, d’écrire quelques lignes sur la « recherche spirituelle ». La recherche spirituelle, késako ? Aïe ! Depuis le jour de cette demande, je recherche désespérément l’inspiration pour rédiger quelques lignes sur la recherche spirituelle ! C’est à la messe de dimanche dernier qu’enfin il me fut donné de trouver quelque inspiration. C’est pourquoi, la plupart des citations de ces lignes sont issues de la traduction de l’offertoire de la messe traditionnelle en latin (appelée forme extraordinaire). La « recherche spirituelle » ? Il me semble que cela signifie tout d’abord une certaine humilité. D’une part, parce que par définition, la recherche exclue pour son temps le fait que l’on ait trouvé et, d’autre part, le terme même de « spirituelle » fait référence à un « esprit » présumé, en principe, plus grand que soi. C’est ensuite, pour moi, une bonne part d’intimité car cette recherche s’inscrit dans le profond des cœurs et le secret de chaque être. Cela est vrai pour chacun et partout. Il me semble, en effet, tout individu, toute société a un besoin d’absolu. Toutes les sociétés ont leurs dieux.

I- De la recherche à la conversion

Cette recherche est aussi une aventure à l’opposée du matérialisme et de l’esprit de consommation ambiants. Fides et ration, la foi et la raison sont les chemins. C’est une aventure qui peut être sensible ou intellectuelle ou le plus souvent c’est l’alliage des deux. C’est une aventure semée d’embuches et c’est un combat contre les pièges tendus par le démon. « Que mon cœur ne se porte pas à des paroles mauvaises pour chercher des excuses à mes péchés ». Le Saint Curé d’Ars a, ainsi, enduré les foudres du malin pour ne cesser de convertir de nombreuses personnes. La conversion, n’est-ce pas finalement le but ou l’étape finale de la recherche spirituelle ? Convertir, « se tourner vers », n’est-ce pas cette rencontre avec Dieu recherchée ? C’est trouver et sentir le véritable Amour. Deus caritas est. Mais, en vérité, n’est-ce pas plutôt Dieu, le Christ ; qui nous cherche ? Parfois, d’une façon forte comme ce fut pour saint Paul ou pour certains convertis, où le Christ se montre de façon ostensible, d’autre fois, ce sera plutôt dans l’intimité de la prière que le Christ se révèlera. Au final, cette recherche aboutira à la question de suivre ou non le Christ, de s’offrir ou non à Dieu.

II- De la conversion à la recherche

Cette rencontre, cette conversion n’exclue pas non plus la recherche spirituelle ensuite. Il s’agira alors de savoir de quel façon je puis plaire à Dieu de la meilleure façon ? Que veut-il de moi ? Comment être son outil, n’être qu’un simple instrument entre ses mains ? C’est rechercher à se rapprocher de plus en plus de Celui qui est « le Chemin, la Vérité, la Vie », à se donner de plus en plus au Christ. C’est enfin chercher à vivre une vie pieuse, une vie de prière même dans les difficultés. « Seigneur que ma prière s’élève comme l’encens devant votre face ; que mes mains soient levées comme le sacrifice du soir. »

Grégory

Un riche itinéraire :

Mon parcours personnel en quête de spiritualité et de vérité.

Pendant mon enfance en Guadeloupe j'ai été baptisée et élevée dans la religion catholique. Dans le domaine spirituel j'ai vécu en communion avec ma mère, fervente chrétienne.

Au cours de mes contacts avec les prêtres, j'ai eu peu à peu de la difficulté à accepter leur «statut» de représentant de Dieu auprès des fidèles; notamment lors des dialogues au confessionnal, où l'on devait avouer ses «manquements» les plus intimes à un homme finalement trop peu différent des autres à mes yeux.

De surcroît on nous poussait à suivre des processions ou encore à adorer des statues de Saints. Ce que ma mère et moi commencions à contester; c'étaient ces divers personnages encombrants ne répondant pas à nos attentes.

Ce dont j'avais besoin, c'était de pouvoir élever mon esprit vers le Créateur et son Fils alors que nous ne disposions d'aucune bible, dont on nous déconseillait la lecture.

Ma mère et moi nous sommes mises à prier Dieu et le Seigneur Jésus à voix haute à de nombreuses reprises, au scandale de nos proches et de nos voisins, qui nous répétaient que nous étions dans l'erreur ! Nous avons connu une longue période de découragement et de rejet.

L'occasion de connaître la Bible s'est présentée lorsqu'une voisine, membre des Témoins de Jéhovah (dont je n'ai jamais fait partie), nous en a offert un exemplaire tout en nous aidant à le lire.

Au fil de la découverte des textes bibliques à travers notre lecture patiente, nous nous sommes construit une image personnelle de Dieu définitivement spirituelle. Nous avons éliminé statuettes et crucifix qui garnissaient notre maison. La lecture des textes sur la résurrection de Jésus a été déterminante pour ma mère et moi.

Lors de mon arrivée en métropole je me suis occupée des enfants d'une famille juive traditionnelle. Par l'entremise du père de famille j'ai pu un jour accompagner ses enfants à la synagogue et assister à la célébration du Yôm Kippour.

Après notre emménagement à Paris, j'ai fréquenté un centre évangélique dans le 12ème en compagnie d'amies. Mais là j'estimais que le pasteur n'accordait pas assez d'importance au peuple «élu» dont Jésus était issu. C'est pourquoi j'ai eu envie d'en savoir plus long sur les Hébreux et les Juifs.

Alors que je fréquentais toujours le centre évangélique, une autre amie m'a fait connaître le rabbi Paul Ghennassia, fondateur de la communauté des Juifs messianiques franco‑belges. Pendant quatre ans, j'ai fréquenté la synagogue messianique de Paris.

Ainsi j'y ai donc appris (entre autres) que Jésus‑Christ s'appelle Yéshouah haMashyaH en version originale.

Bien que j'aie rendu bénévolement beaucoup de services dans cette communauté, je m'en suis sentie mise plusieurs fois à l'écart, du fait que je n'étais pas considérée comme juive.

J'ai alors commencé à fréquenter la paroisse de l'Oratoire du Louvre, dont j'ai fait la connaissance par des amis et à présent je m'y sens tout à fait en communion d'esprit.

De plus deux amies m'y ont suivie pour les mêmes raisons.

Ludgie

Profession de foi

Je crois en Dieu, notre Père éternel,
colombe du temple Créateur de l’univers et de la vie,
Qui nous accompagne de sa bienveillance et de sa Lumière
Chaque jour de notre vie.

Je crois qu’il nous a envoyé Jésus Christ son Fils,
Pour nous révéler son Amour inconditionnel
Et nous guider sur le chemin de la Foi.

Je crois en l’Esprit Saint,
Qui témoigne que Dieu est auprès de nous à chaque instant,
Et nous insuffle Espérance et Joie.

Gwendolen
à l’occasion de son baptême le 23 janvier

 

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