Comme elles nous ressemblent
ces femmes qui se rendent au tombeau où Jésus a
été déposé. Elles sont sorties de
chez elles dans le seul but de prendre soin d’un corps dépourvu
de vie. Elles sont sorties pour embaumer Jésus comme nous
qui sortons de chez nous pour rajouter une couche de quotidien,
embaumer une vie sans surprise, sans éclat.
Ces femmes n’ont qu’une question en tête : qui
leur roulera la pierre pour accomplir leur devoir. Oui, elles
nous ressemblent, lorsque notre matin est assailli par les problèmes
que nous aurons à régler dans la journée
: les problèmes d’organisation, les conflits à
gérer, les dossiers en retard, chercher de quoi survivre.
Oui, comme ces femmes qui se rendent au tombeau, il est
des matins où nous traînons les pieds.
Comme elles, nous avançons sans nous rendre compte que
l’aurore vient de se lever sur notre vie. Nous avançons
sans nous rendre compte que la nature est un peu plus verdoyante.
Nous avançons sans réaliser que pendant notre nuit
des enfants sont venus au monde, qu’autour de nous, des étincelles
de bonheur ont enflammé l’existence de bien des personnes.
Alors, comme ces femmes, il se pourrait bien que notre matin soit
à l’image du matin de Pâques: finalement vide
de l’ennui mortel qu’on s’attend à trouver.
Alors que ces femmes se préparaient à une situation
bouchée, verrouillée, les voici face à une
situation ouverte : alors qu’elles s’étaient
préparées à s’enferrer dans un caveau,
les voici appelées à se rendre dans la vaste plaine
de Galilée. Voici ce que Dieu fait pour nous : il ouvre
notre vie là où elle est bloquée ; il nous
dessine un horizon là où nous ne voyons que des
murs trop étroits, trop étouffants, mortels. Comme
pour ces femmes, Pâques peut offrir à notre vie une
dimension nouvelle. Comme les femmes premiers témoins de
la résurrection du Christ, nous pouvons être littéralement
hors de nous-mêmes, ce qui veut dire « exister »,
enfin. Notre vision
des choses peut être élargie, nos sentiments plus
intenses, l’espace de notre tente agrandi.Nous pouvons nous-mêmes
être élevés, ressuscités par Dieu.
Voilà la joie de Pâques: là où nous
pensions nous épuiser un peu plus, Dieu agit de telle sorte
que notre vie s’épanouisse et qu’elle devienne
existence, qu’elle soit plus grande et plus belle que nous
la pensions.
James Woody