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« Va vers mes frères. »

(Jean 20:17)

 

Prédication prédication donnée le jour de Pâques (15 avril 1979)
par le Pasteur Christian Mazel à l’Oratoire du Louvre

Lectures :
Jean 20/10-18
Luc 24/27-35
1Jean 1 /2-4

 

Croire en la résurrection de Jésus, ce n’est pas seulement croire qu’un matin de printemps le tombeau d’un des innombrables torturés Juifs était vide comme on croit que le philosophe Socrate a courageusement, calmement, bu la coupe mortelle de la ciguë, ou comme on croit que Napoléon est mort à Sainte-Hélène en s’interrogeant : « Savez-vous ce que j’admire le plus au monde ? C’est l’impuissance de la force pour organiser quelque chose ».

Est-on croyant parce que l’on croit que Dieu existe ?

A la question « Croyez-vous en moi ? », que pensez-vous de la réponse d’une femme à son mari, d’un mari à sa femme, des enfants à leurs parents, d’un ami à un ami ?

« Oui, je crois que tu existes. »

Croire est affaire de confiance. Cette confiance change et bouleverse notre vie. Croire que le Crucifié est vainqueur de la Mort, c’est être sûr que l’Amour, l’Esprit d’Amour sont les signes indestructibles de la présence de l’Eternel-Dieu.

« Va vers mes frères. »
Première remarque : croire en la résurrection implique accepter d’obéir à un disparu retrouvé.

J’ai relevé avec vous ce matin que le Ressuscité, à peine reconnu dans le jardin, donne l’ordre à Marie-Magdeleine : «Va vers mes frères … » Les disciples d’Emmaüs, fatigués de douze kilomètres de la route, mais plus encore fatigués par le découragement, à l’heure même de la découverte de leur Maître à la table d’hôte de l’auberge, repartent pour Jérusalem.

Dans une conversation avec l’apôtre Pierre, le Christ par trois fois interroge : « M’aimes-tu ? ». Et par trois fois le Christ pardonne et charge Pierre d’une tâche : « Pais mes agneaux », « pais mes brebis ».

Le Christ ressuscité change de forme ; son corps passe dans une pièce dont les portes sont fermées : Marie-Magdeleine croit avoir affaire au jardinier : le Christ parle pendant deux heures au moins sur le chemin d’Emmaüs. 

Mais surtout il change les êtres. Il transforme l’existence des siens : le lâche devient indomptable, l’égoïste devient un être dévoué aux frères, le fourbe devient un homme droit.

Bultmann (le théologien qui a voulu décharger l’Evangile des mythologies superflues qui encombrent trop souvent la foi chrétienne) pose la vraie question fondamentale de la foi : « Jésus n’est ressuscité que s’Il me ressuscite, Jésus n’est le Sauveur que s’Il me sauve. On sait ou on croit ».

Le crucifié est mort pour toi et ressuscité pour toi. Le sais-tu ou le crois-tu ?

Jésus dit : « Va vers mes frères ».
Pour notre vie, faut-il cette parole du Ressuscité ? Est-elle nécessaire ?

Sur les bords du lac de Tibériade et à Jérusalem, Jésus s’adresse à ces gens inconscients dans la joie d’une fête populaire, un brin d’herbe entre les dents peut-être : Vous tous les vivants, les bien vivants, les bons vivants, vous êtes morts, tous, tant que vous êtes. Aussi morts que les gens que vous portez en terre ; peut-être plus morts qu’eux.

Tout ce qui est matière naît et meurt : les cellules de notre corps naissent et meurent chaque sept ans, le carbone 14 calcule la perte d’énergie des objets historiques et préhistoriques, les civilisations sont mortelles, et les Eglises. Pour ne parler que de cet édifice, rappelons qu’il a abrité les cérémonies royales de la Cour de Louis XIII, les assemblées révolutionnaires de 1789, le culte de la déesse Raison, le culte de communion de Guillaume II empereur d’Allemagne.

« Celui qui croit à la vie éternelle », dit le Christ. La vie éternelle n’est pas l’appendice à la vie terrestre. La vie éternelle, c’est la vie pleine et joyeuse de tout l’être ; le reste est une mort masquée. Mais le Christ parle de vie éternelle, et non de la vie future qui est l’opium. Et si cette vie est éternelle (c’est l’évidence même), elle a déjà commencé.

Frère, ton éternité est commencée, elle est présente en toi, actuelle en toi, active en toi. Qu’est-elle, ta vie ? ennui ? malheur ? Ou y a-t-il des moments assez pleins et beaux, des relations assez heureuses, des amours assez ardents, des actes de foi assez insensés pour souhaiter les vivre toujours ? Quelles découvertes, solidarités, luttes pour la liberté et la justice, quelles créations méritent d’être éternisées ?

Dépêchons-nous d’avoir ce dynamisme d’espérer ici-bas pour pouvoir être dans la course de toujours. Nous ne vivrons jamais d’une autre vie que celle dont nous vivons déjà maintenant. On comprend l’appel de Paul Valéry « Cimetière marin » :

« Tout va sous la terre et rentre dans le jeu. Le vent se lève. Il faut tenter de vivre. »

« Va vers mes frères »
Mon troisième point : Jésus est source de vie, puissance de vie. Il n’est pas seulement un donneur de recette, un professeur « de vie » comme on peut être professeur de géographie.

« Jésus est la vie. » La résurrection de Jésus est manifestation de la vie. Cette affirmation (1ère Epître de Jean) a toujours surpris. Elle déconcerte les sages (ce dont je suis navré pour eux). Des préhistoriens ont découvert les traces d’hominiens datant de 3 millions ½ d’années dans la cendre des volcans de l’Afrique Australe. Ils sourient. Mais ils sont en retard de 19 siècles.

Ceux qui ont rencontré le Christ ressuscité, vivaient depuis plusieurs années quand ils ont eu la fulgurante révélation que la vie était là, en Jésus Ressuscité. Un mystère d’Amour et de Création était là. Seul l’amour peut reconnaître le ressuscité. Pilate n’a rien vu et rien compris, ni Hérode, ni le tribunal du Sanhédrin, ni les passants. Mais les disciples en prière dans la Chambre Haute, Pierre, Jean, Marie-Magdeleine ont retrouvé le Christ vivant.

Seul l’amour reconnait le nouveau visage du vainqueur de la mort. Seuls ceux que le Christ visite peuvent encore aimer. Aimer est toujours un miracle. Frère, tu aimes par miracle. Cette Eglise secouée par tant de folie autodestructrice fratricide, ne vit que par miracle. Le Christ n’a pas fondé une Institution, une Eglise. Les disciples des premiers siècles et les Huguenots des siècles passés avaient bien compris le besoin de communautés de maison et des fidélités à inventer.

Le Christ est venu. Il ne cesse de venir, de créer le Royaume de Dieu. Il est le Sauveur, non de quelques privilégiés, de quelques initiés appartenant à des organismes limités. Il est le Sauveur du monde. Il ne s’agit pas d’ergoter sur la vérité du culte qui se célèbre à Jérusalem, à Rome, à la Mecque, à Pékin ou à Moscou.

Le Christ de Pâques s’est fait connaître par des actes : Pâques est une occasion de partager. Vous qui fêtez Pâques dans l’abondance, savez-vous combien chaque français, pour toute l’année 1978, a donné au Tiers-Monde ? 0F,17.

Après deux mille ans, avons-nous reconnu le Christ ressuscité ?

Ma conclusion sera brève.
« Allez vers mes frères ». C’est cette mission que le Christ nous présente.

Dieu est Dieu, le Dieu de Pâques, c’est-à-dire du passage ; de l’Esclavage au pays de la servitude vers la Terre de la Promesse, passage de la Mer Rouge, passage du tombeau de Golgotha vers la route d’Emmaüs et celle du monde, passage du Mal au Bien.

Si les ténèbres de la Semaine Sainte s’épaississent sur notre civilisation qui met en question le mariage et la propriété, l’expérience et la sagesse des générations comme la discipline de l’effort, si la Passion du Christ n’en finit pas, (« le Christ agonise jusqu’à la fin du monde ») (Pascal), reste calme et confiant.

Dans les Alpes, sur la façade d’une ferme, on peut lire : « Bonheur et malheur, prends les calmement, Tout passe et même toi ».

On s’interroge sur tout, même sur les êtres sur qui on pensait pouvoir compter. Mais un poète a cette belle image :

« J’ai dit à l’amandier : frère, parle-moi de Dieu, et l’amandier a fleuri ».

(Merci à Mme Monique Ngontamack pour la numérisation de ce texte)

 

 

pasteur Christian Mazel

pasteur Christian Mazel

 


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