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Tout présent de valeur, tout don parfait

(Jacques 1:17)

 

pasteur P.Ducros
Oratoire du Louvre, 31 mars 1957

"Tout présent de valeur, tout don parfait, viennent d'en-haut, du Père des lumières,
en qui n’est aucune variation, pas l'ombre d:un changement." Jacques 1/17

 

Cette affirmation, dont chaque mot est pesé et doit être retenu, constitue, sans qu'il y paraisse peut-être à première lecture, une protestation, ferme et catégorique. Ce texte écarte définitivement les obscurités de tout un héritage religieux du passé et nous met en présence, non pas d'une des vérités, mais de la vérité dont nous sommes redevables au Christ.

Si, comme la chose est infiniment probable, l'homme a longtemps vu la divinité à travers et sous la forme des forces naturelles, on comprend alors ses incertitudes et ses anxiétés. Car de telles forces sont, selon les cas, bienfaisantes ou catastrophiques. Elles se présentent à l'homme sous un aspect parfois favorable, parfois terrible. L'orage et la pluie qui l'accompagnent sont aujourd'hui les bienvenus, mais demain redoutés!

Lorsque ces manifestations de la nature seront non plus réparties en autant de divinités distinctes et concurrentes, mais considérées comme provenant d'un seul et même Dieu, celui-ci apparaîtra tantôt comme bienveillant, tantôt comme redoutable. Il est à l'origine du bien et du mal. Tout vient de lui, avec quelle puissance! mais combien souvent imprévisible et incompréhensible. Il bénit et maudit, il récompense et punit sans qu'on puisse bien souvent en discerner le pourquoi. Ce qui faisait dire, aux temps de l'Ancien Testament, que Dieu "se repentait", d'avoir été bon ou de s'être laissé aller à la colère. Cette explication, très humaine, de la repentance était logiquement appelée par les sautes d'humeur que l'on prêtait à Dieu et qui se traduisaient, dans les destinées humaines, par les hauts et les bas que toutes connaissent.

Mais cette conception de Dieu a soulevé, déjà dans l'ancien Israël, la protestation d'un certain nombre de consciences. Les lignes lues dans le livre de Job, nous ont apporté l'écho de ce trouble, de cette protestation. Sans doute Job partage-t-il encore la notion du Dieu arbitraire : "Comment l'homme aurait-il raison contre Dieu...Suis-je coupable, malheur à moi! Suis-je innocent, je n'ose lever la tête!" Il ne cache pas l'amertume de son âme. Et une âpre discussion l'oppose à ce Dieu. Il n'imagine pas un autre Dieu que celui-ci et cependant il ne peut plus supporter qu'il soit ainsi.

Au Dieu qui se repent, l'apôtre Jacques oppose le Dieu en qui n'est aucune variation. Au Dieu dont les réactions sont inattendues et contradictoires, il oppose le Dieu en qui n'est pas l'ombre d'un changement. Et il ne le fait pas en passant. Bien au contraire, il insiste, se répétant pour mieux enfoncer le clou. Il se sent obligé à cela pour qu'il n'y ait pas le moindre doute, le plus petit malentendu dans l'esprit de ses lecteurs.

Ni dans le nôtre. Jacques s'adressait à des hommes sur l'esprit desquels pesait très lourdement encore cette conception anthropomorphique de Dieu. Peut-on dire qu'elle ait disparu? Bien des esprits, aujourd'hui encore, tant parmi les croyants que parmi les incrédules, ont gardé quelque chose de cette mentalité primitive. Combien de prières et de manifestations de la piété chrétienne ont pour objectif de faire changer les sentiments de Dieu à 1'égard de ceux qui s'adressent ainsi à lui! Le Dieu changeant, pour ne pas dire capricieux, passant de la colère à la bienveillance avec un arbitraire inexplicable, a une existence tenace et des fidèles...nombreux! Nous sommes encore mal dégagés des brumes ancestrales et insuffisamment engagés dans la grande lumière de la révélation évangélique.

L'insistance de l'apôtre n'a rien perdu de sa nécessité. Dieu est immuable; sa volonté est tendue toujours dans la même direction; son attitude à l'égard des hommes est constante et ne saurait changer sous quelque influence que ce soit.

Mais l'Evangile ne s'arrête pas là, heureusement! il ne se borne pas à affirmer une immuabilité divine abstraite, métaphysique, froide.

Cette volonté immuable, éternelle, quelle est-elle? quelle est sa direction? quel est son contenu? Il nous importe au plus haut point de le savoir; il est capital que nous soyons au clair là-dessus. Car le Dieu que nous voulons adorer est celui que Jésus-Christ lui-même adorait. Notre texte nous le dit, par ces deux mots qui contiennent tout l'Evangile: le Père des Lumières, les deux mots-clefs de toute Christologie.

Cette volonté unique et constante est celle d'un amour inlassable, d'une bonté inaltérable pour la créature humaine. En Dieu, point l'ombre d'un changement; Dieu Père, il garde à l'égard des hommes, quelles que soient leurs infidélités, leurs désobéissances, leurs incompréhensions, leurs incertitudes, il garde l'attitude et les réactions d'un Père qui aime. Lui qui n'a pas épargné son propre fils… comment

ne nous donnerait-il pas avec lui toute chose? Ses bras se sont ouverts; ils ne se sont plus jamais refermés. Tout autre Dieu que celui-là est une idole grossière.

Que de choses s'éclairent! Les présents de Dieu sont de valeur et ses dons, excellents. Sans doute cette valeur et cette excellence ne correspondent-elles pas toujours à nos valeurs, à nous et à notre notion de l'excellent. Il arrive, que ces dons soient au-delà d'une porte étroite et au terme

d'un chemin abrupt. Ce n'est pas dans les contes seulement que des trésors sont découverts en des endroits imprévus et quasiment inaccessibles et après de dures épreuves. Nous savons - et Dieu le sait encore infiniment mieux que nous - que les dons les plus précieux ne sont pas ceux de la facilité. Les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées: c'est là une des paroles bibliques qu'il ne faut pas lancer à la légère et inconsidérément. Il n'en reste pas moins qu'elle contient une vérité essentielle..

Mais si cette parole vient fort à propos compléter et éclairer notre texte, elle ne peut en tous cas pas le contredire. Si la volonté de Dieu reste pour nous parfois impénétrable, nous n'avons pas le droit de rejeter sur le Père des Lumières tout ce que nous rencontrons ici-bas de mal, de laid, de révoltant. Il faut en finir une bonne fois avec cette fausse piété qui attribue passivement à Dieu tout ce qui survient dans nos existences terrestres et qui ose voir la main de Dieu dans toutes les ténèbres humaines, ces ténèbres contre lesquelles il est en guerre ouverte.

 

Nous sommes toujours prêts à reconnaître que les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées et que ses voies ne sont pas nos voies. Mais cet aveu d'ignorance ne nous interdit pas de dire que, dans ce monde, il y a des pensées qui ne sont certainement pas de Dieu et des voies qui ne sont pas les siennes. Devant certaines horreurs, la parole s'arrêterait dans notre gorge si nous voulions en faire remonter la responsabilité à Dieu. Nous ne nous sentons pas le droit de faire à Dieu une pareille insulte, l'insulte la plus grave qui puisse être adressée à un père.

Notre texte et tant d'autres encore, comme cette parole de Jésus "si vous qui êtes mauvais savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison votre Père céleste…" ou celle de Jean: "Dieu est lumière et il n'y a point en lui de ténèbres" - et nous pourrions continuer à citer..., nous permettent de ne pas tout imputer à Dieu. Si nous étions tentés de le faire, de telles paroles nous l'interdiraient. Grâce à elles, nous savons que ce n'est pas être impie que de protester devant certaines tragédies: cela ne vient pas de Dieu. Nous n'avons pas le droit d'attribuer à Dieu des actes qui, s'ils étaient accomplis par des hommes, soulèveraient une unanime réprobation.

Si dans le détail de nos existences, il ne nous est pas toujours donné de voir clair, qu'il n'y ait cependant plus en nous de malentendus ni de trouble. Rien de mal ne peut venir d'En-Haut. Ce qui vient de Dieu est présent de valeur, Le reste, ce qui va à l1encontre de tout don excellent, vient d'en-bas, de ces forces obscures dont la réalité est, hélas, évidente et dont l'existence reste l'insondable mystère de notre univers. Mais, sous prétexte d'écarter et d'éliminer ce terrible point d'interrogation, ne nous laissons pas aller à contredire le message central de l'Evangile.

Mieux vaut rester dans cotte position, intellectuellement inconfortable, de celui qui ne peut pas tout expliquer, que de blasphémer Dieu on lui retirant le titre qu'il s'est donné: le Père des Lumières.

La parole de l'apôtre Jacques est la plus magnifique des professions de foi. Non seulement tout ce qui vient de Dieu est un don excellent; mais à l'inverse tout ce qui a une valeur, tout ce qui est une valeur vient de Dieu et porte sa signature. Chaque fois que nous sommes mis en présence d'une parole, d'un geste ou d'une manifestation quelconque de l'esprit ou du coeur de l'homme qui soit d'une réelle qualité spirituelle, nous discernons l'action de Dieu et nous saluons sa présence.

Les Pères de l'Eglise des premiers siècles, trop pénétrés de la culture grecque pour en méconnaître et en mépriser les beautés, mais prisonniers de certains points de vue dogmatiques, avaient résolu la difficulté en baptisant ces lumières de l'antiquité païenne: splendida vitia. Des vices, mais admirables. Admirables, mais quand même des vices. Mais n'est-ce pas donner à Dieu, à la puissance de son action, à l'étendue de son inspiration, des limites que Dieu ignore? Des limites que notre texte brise.

Que faut-il entendre par l'inspiration de Dieu? Non pas une action épisodique, s'exerçant occasionnellement sur quelques hommes; mais une pression constante de Dieu sur l'esprit de l'homme depuis ses plus lointaines origines, une poussée s'exerçant inlassablement sur sa conscience; pression et poussée trop souvent arrêtées par la pesanteur humaine, mais capables cependant de faire jaillir souvent de magnifiques gerbes de lumière. Le levain dans la pâte humaine, c'est en tout premier lieu, Dieu lui-même. Cette pâte humaine, lourde assurément, épaisse, non pas abandonnée à elle-même, mais contenant déjà l'intérieur d'elle-même le levain qui la travaille et qui la soulève. Cette croûte terrestre qui par endroits, craque et laisse jaillir le feu des volcans ou la chaleur des geysers.

Que cette poussée ait trouvé en Israël des âmes plus réceptives, c'est un fait devant lequel, si mystérieux qu'il soit, l'histoire nous place. Qu'en Jésus, cette inspiration ne soit plus seulement celle des paroles, mais celle de toute la personne, c'est l'extraordinaire de l'incarnation. Que cette révélation de Dieu en Israël soit unique, que cette incarnation de Dieu en Jésus-Christ soit unique - et cela est hors de contestation -, ne nous interdit pas de percevoir ailleurs, même si ce ne sont que des balbutiements, ou des éclairs sans lendemain, ou des chefs d'oeuvre inachevés, les manifestations de cette constante pression divine.

Tout ce que l'humanité, au cours de son chemin millénaire a reçu et reçoit, a exprimé et exprime de noble, de pur et de généreux, est un don de Dieu; un don excellent. Comme cette triomphale affirmation de notre texte élargit le champ de notre adoration, et par conséquent de notre reconnaissance et de notre joie. Si l'apôtre a raison -et comment pourrions-nous en douter? - réjouissons-nous. Car enfin, l'histoire de l'humanité et notre petite histoire à nous sont loin d'être vides, loin d'être démunies de ces présents de valeur qui viennent d'en-haut, du Père des lumières!

En face de ce Dieu, où est la vraie piété? où est la véritable ferveur évangélique? la sainte adoration? Accepter sans discrimination toutes choses et se soumettre à elles comme venant toutes de Dieu? Acceptation n'est pas forcément piété. Répéter à tout bout de champ, plaquer sur n'importe quel événement, comme une formule passe-partout: "Que ta volonté soit faite" peut constituer la pire des impiétés! la véritable illumination de l'âme est ce don qui nous permet de discerner, partout où elles se rencontrent, les marques de la lumière d'en-haut et d'apercevoir toutes les expressions que revêt la bonté de ce Dieu en qui n'est aucune variation. Que nos yeux soient ouverts de telle façon que nous ne passions jamais, sans l'apercevoir et nous en réjouir, à côté d'un de ces jaillissements de l'Esprit qui ne peut provenir que d'en-haut!

Et l'authentique ferveur chrétienne n'est-elle pas celle de celui qui, ayant vu, ayant cru, s'offre à l'action de ce Dieu, s'offre pour recevoir tout présent de valeur et tout don excellent, s'offre à être le lieu de passage, le point de jaillissement de ces présents et de ces dons qui doivent ensuite se répandre sur le monde.

Et de savoir que Dieu n'est pas un être lointain, aux réactions, et aux décisions toujours incertaines, inquiétantes, voire même dangereuses, mais un Père en qui n'est qu'une volonté, volonté d'amour qui, pourrions-nous dire fait partie de son éternité, de savoir cela écarte toute crainte.

"L'amour parfait exclut la crainte". Cet amour parfait, s'il n'est pas encore le nôtre, est en tous cas celui de Dieu pour nous. Et cette perfection suffit pour qu'en effet toute crainte soit bannie de nos coeurs et de nos esprits. Non pas toute interrogation, ni toute énigme. Mais toute crainte.

De même qu'en certaines nuits, le sillage du navire inscrit, à travers l'océan, un trait rectiligne et étincelant, ainsi à travers la déjà si vaste histoire de l'homme, pouvons-nous suivre la trace de Dieu aux gerbes de lumière soulevées par son passage.

Amen.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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