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Anciennes Prédications > Archives

Rendez à Dieu, ce qui est à Dieu.

(Matthieu 22:21)

 

Prédication de M. le Pasteur Christian Mazel à l’Oratoire du Louvre
Culte d'offrande - Dimanche 15 juin 1980

Chants :
Psaume 25/1, 2, 3
Cantique 289/1, 2
Cantique 257/1, 2, 3

Lectures bibliques :
Exode 24:1-8
Exode 27:1
Romains 12:1-2

«Rendezà Dieu ce qui est à Dieu. »
Matthieu 22:21

 

                                L’Evangile rappelle sans cesse l‘importance des gestes, expression visible de notre attitude  intérieure et créateur de foi. Le geste est témoignage pour les autres et pour soi-même. Il est ce que je crois, et ce que je voudrais croire, le « Je crois, Seigneur, subviens à mon incrédulité »  de Simon Pierre. Par exemple, le baptême d’adulte est signe pour les autres et pour soi : à la fois déclaration devant tous et point d’appui pour soi.

                Boniface au VIIIe siècle fut l’apôtre de la Germanie. On raconte qu’il frappa l’imagination du peuple en abattant le gigantesque chêne de Geismar dans la Hesse, consacré à Odin la plus grande divinité païenne des habitants de Hesse.  Ce chêne était considéré par les gens comme invulnérable. On fit des planches avec l’arbre abattu, ce qui permit de construire un oratoire, puis plus tard, le monastère de Fritzlar.

Le fougueux Polyeucte de Corneille renversait les idoles. L’armée des Grecs, après le débarquement en pays ennemi, brûlait ses propres vaisseaux, pour couper toute possibilité de repli.

                Aujourd’hui, je voudrais rappeler l’importance d’un geste de notre culte (il y en a si peu), geste qui, souvent, passe plus ou moins inaperçu : l’Offrande, geste et instant de vérité. « A Toi la gloire », donnons-nous de la voix. Et, de la main, nous donnons le prix d’une place de cinéma, d’un magazine, de quelques litres d’essence. Je vous propose un geste qui mette par terre le chêne florissant de notre égoïsme.

 

                Reprenons le geste que Jésus fait faire à ses opposants. Des collaborateurs des Romains, les Hérodiens (partisans de la famille royale des Hérode) guettent une parole compromettante de Jésus. On connait les haines acharnées qui épient les hommes comme les chasseurs épient le gibier. Si Jésus paraissant prôner le refus du tribut imposé par César, son compte serait bon. Ils lui tendent donc un piège : ils savonnent la pente afin que le Christ engagé ne puisse plus reculer. D’abord, ils flattent Jésus : « Tu dis la vérité …, tu enseignes la vérité, tu n’as pas peur de ce que pensent les hommes même les plus importants ». On concilie, on s’annexe tous les hommes par la flatterie : les imbéciles et les ambitieux, les parvenus et les aigris, les électeurs, les papes… et même les pasteurs.

Est-il permis ou non de payer l’impôt ? Piège fort habile. Si Jésus répond  « non », il risque la dénonciation aux autorités romaines de la thèse zélote pour qui le refus de l’impôt est un devoir religieux. Si Jésus répond « oui », il sera montré comme un collaborateur, il s’attirera la colère des foules juives.

Matthieu – l’évangéliste qui seul, rapporte ce récit, parle de la perversité  (pas seulement mauvaises intentions), du « mal », utilisant le même mot que celui employé dans le Notre Père.

Jésus  démasque ces fourbes : en privé, les Pharisiens condamnent le paiement de l’impôt et la collaboration avec Rome. En public, ils se déclarent « séparés », opposés au paganisme des Romains. Ce sont les vrais Juifs pieux. Jésus les amène à tirer de leur gousset une pièce d’argent : pièce romaine (et non juive) : premier côté de la pièce, tête couronnée de lauriers, « Empereur Seigneur Tibère », deuxième côté de la pièce, assis sur un trône impérial, appuyant son bras droit sur le sceptre bien vertical, dans l’attitude de la domination indiscutée, « Pontifex Maximus ». Faiseur de Pont. Magicien. Titre repris par les papes.

Ils révèlent ainsi, involontairement, qu’ils ne sont pas conséquents avec leurs opinions comme les zélotes. Leur résistance est verbale. Malgré l’effigie idolâtre, malgré le blasphème « Tibère Seigneur », ils ont en poche la monnaie romaine. Ils sont pris à leur propre piège. La présence de cette pièce démontre le hiatus entre le « pensé » et le « vécu », entre les positions théoriques et le comportement réel.

Tout comme les prophètes de l’Ancien Testament, Jésus ne se perd pas dans des considérations théoriques abstraites. Il dénonce les états d’âme, les pratiques religieuses  des Pharisiens qui contredisent leur attitude à l’égard des frères.

« Vous négligez ce qui est le plus important dans la Loi : la Justice, la miséricorde, la fidélité.

Au sujet de l’image gravée sur la pièce, l’empereur a mis son sceau, son effigie. Il domine par son pouvoir économique et politique.

Mais il est une autre effigie – que les Pharisiens connaissent bien – l’effigie de Dieu, gravée sur chaque « créature faite à son image » : l’homme. Pour l’Empereur, rendez-lui son portrait puisqu’il le demande. Pour Dieu, restaurez en tout homme « l’image du Créateur », la liberté, la dignité, la créativité. Ternie, abîmée, passée de main en main, manipulée, vous portez l’image du Créateur. La  Parole de Jésus est la revendication en faveur de toux ceux, individus et groupes que le pouvoir de l’argent avilit.

Vous êtes marqués de l’empreinte de Dieu. Tout homme est marqué de l’empreinte de Dieu. Ne l’oubliez jamais.

Après avoir relu et médité ce texte, il faut renvoyer d’une part, ceux qui sous-estiment l’importance de cette parabole visuelle. Dans les chapitres 21 et 22, Matthieu décrit Jésus comme affrontant presque tous les groupes de la société qui détenaient un pouvoir religieux, la hiérarchie (les grands prêtres), les intellectuels (néologisme) (= les scribes), les Pharisiens, les Sadducéens, les Anciens, les Hérodiens. Ce texte est important.

Mais il faut aussi renvoyer ceux qui surestiment ce texte en en faisant une doctrine permanente, intemporelle, des rapports des Eglises et de l’Etat. Jésus relative le rôle de César. César doit se cantonner dans le domaine de l’argent et le contrôle des échanges économiques. Par contre, tout est à Dieux : notre esprit, notre corps, notre argent… et César lui-même. La célèbre doctrine des deux règnes sépare les domaines : le règne « de la Religion » est du domaine privé de la spiritualité qui s’interdit toute vigilance critique de l’état, et le règne « de l’Etat » qui est souverain pour tout ce qui est gouvernement de la Cité, l’Economie, la Morale. Cette théorie des deux règnes ne peut s’appuyer sur ce texte. Non ! Il ne s’agit pas ici de la fameuse doctrine de Saint-Augustin. Ces deux cités : 1° terrestre, humaine, présente, vulgaire, démoniaque, 2° céleste, parfaite, lointaine, immatérielle. Cette théorie est fausse. Toute la Bible l’affirme : Il n’y a pas de distinction entre sacré et profane. Il n’y a pas deux Seigneurs. « Tout est à Dieu ». Les prophètes et les psalmistes affirment que Dieu est le seul souverain.

 

Avant de conclure, j’aimerais souligner le sens du verbe ; rendez.

Le mont grec signifie : rendre, restituer, s’acquitter d’une dette.

Nous ne sommes pas propriétaires Nous sommes débiteurs. Nous ne pouvons garder.

 

Pour vous faire prendre au sérieux la collecte de ce jour, je vous raconterai un conte chinois que j’ai lu récemment.

Un Mandarin partit un jour dans l’Au-delà.

Il arriva d’abord en Enfer :

Il y vit beaucoup d’hommes

Attablés devant des plats de riz.

Mais tous mouraient de faim

Car ils avaient des baguettes longues de deux mètres

et ne pouvaient s’en servir pour se nourrir.

Puis il alla au Ciel. Là aussi il vit

beaucoup d’hommes et tous étaient heureux

et en bonne santé

car  eux aussi avaient des baguettes longues de deux mètres

mais chacun s’en servait pour nourrir celui qui était en face de lui.

Donner par amour, c’est la chance de se nourrir.

 

(Merci à Mme Monique Ngontamack pour la numérisation de ce texte)

 

 

pasteur Christian Mazel

pasteur Christian Mazel

 


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