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Anciennes Prédications > Archives

Deux hommes s’entretenaient avec Jésus

(Luc 9:23-25 ; 28-36)

 

Prédication de M. le Pasteur Christian Mazel à l’Oratoire du Louvre
Culte du souvenir - Dimanche 26 octobre 1980

Chants :
Psaume 116/1, 5, 6
Cantique 149/1,2, 3
Cantique 315/1, 3,6

Texte biblique :
La transfiguration Luc 9/ 23-25 ; 28-36

« Deux hommes s’entretenaient avec Jésus. »
Luc 9

 

Ces 2 hommes sont morts depuis longtemps.

Moïse disparut sans qu’il fut possible de trouver et d’ensevelir son corps. Il monta sur le mont Nébo, embrassa du regard tout le pays de la Promesse, il le salua de loin sans pouvoir y entrer. Les docteurs juifs assurent qu’il mourut d’un baiser de Dieu.

Evocation admirable de l’instant de la mort de nos bien-aimées : ils dominent, d’un geste et d’un regard, les promesses que nous réalisons, nous.

Moïse, figure de la Loi, libérateur du peuple, est mort 13 siècles avant Jésus.

Elie, le prophète inspiré, s’est dressé seul, sur le mont Carmel, devant les 450 prêtres de Baal. Il a rendu vivant son fils à la veuve de Sarepta. Elie fut enlevé au ciel sur un char de feu devant les yeux de son disciple Elisée.

Ni l’un, ni l’autre, n’ont de sépulture.

Mais, que peuvent conserver nos caveaux, colombariums, lopins de terre ?

Jésus s’entretenait avec 2 disparus.

En ce jour du souvenir, où beaucoup ont pris soin de venir se recueillir dans le souvenir, dans une communion qui est heureuse pour nous, il n’est pas facile de parler des réalités sans forme, sans limitation de temps.

Affaire d’inadaptation du langage secret.

Que dire de mieux que ce garçon mort à 17 ans, un éclaireur, après un coma que nous croyions être le dernier, qui déclarait « Que c’est beau le ciel ».

Peut-on se faire comprendre ? Ne me prendra-t-on pas pour un illuminé ?

Pourtant, j’essayerai de dégager 3 remarques :

Ce récit illustre :

  1. le décloisonnement des vivants et des morts,
  2. la vie éternelle reconnue à la personne individuelle, 
  3. le visage illuminé de Christ, irradiation dans nos vies de l’accompagnement des invisibles.

I ) Décloisonnement – les vivants et les morts ne sont pas séparés par une cloison étanche.

Qui sont les vivants heureux ? demandait déjà Socrate avant de boire la cigüe mortelle :

  1. ceux qui ont pour quelques années, ou mois, ou heures de vie devant eux avant d’être coupés comme un sarment de vigne ;
  2. ou ceux-là qui ont été affranchis du processus de la mort ?

« La vie nous sépare de l’Etre Total et la mort nous réunit à lui.
Sans doute, il semble que la mort nous sépare aussi des êtres que nous avons aimés : mais nous sentions pourtant que déjà le corps nous séparait d’eux… Et la mort est le seul moyen que possède l’esprit de réaliser toujours la perfection de la présence par la perfection de l’absence… Elle n’est pas l’abolition de la vie, elle est l’accomplissement ». (Louis Lavelle)

Parlons plutôt des 2 manières d’être vivant devant Dieu : de ce côté-ci du voile du visible et de l’autre côté.

« Lorsqu’au matin mes yeux se sont ouverts à la lumière, j’ai aussitôt senti que je n’étais pas étranger sur cette terre, et que, sous la forme de ma mère, l’inconnaissable, sans forme et sans nom, m’embrassait.
Ainsi, de même dans la mort, le même inconnu m’apparaîtra comme si je l’avais connu toujours.
Et parce que j’aime cette vie, je sais que j’aimerai la mort aussi bien ».
(Tagore)

Non, il n’y a pas de cloison étanche entre ce que nous appelons la vie, et ce que nous appelons la mort : et qu’on pourrait inverser, le Règne inexorable de la mort, et le Règne vainqueur de la vie.

Il y a communication, interpénétration, échange continue entre ces 2 aspects du réel.

Qui ne retrouve sur le visage d’un petit-fils, d’une petite fille, les traits, l’expression, les sentiments de la grand’mère et du grand-père ?

Et que dire de ces télépathies, et ces gestes d’invisibles anges-gardiens de notre vie ?

N’avez-vous jamais éprouvé que vous avez été protégé ?

Pourquoi cette communication est-elle si difficile ?

Pourquoi la Bible nous interdit-elle, de façon absolue, l’évocation des morts ?

Il y a là un mystère à respecter.

Dieu est lui-même un devenir : Celui qui était, qui est et qui vient.

Il n’est pas achevé. Il ne sera plénitude que lorsque la centième brebis aura regagné la bergerie éternelle, que lorsque la salle du festin du Royaume sera pleine, que lorsque l’Amour rayonnera sur la terre.

« Ne me retiens pas » disait le Christ ressuscité, dans la pénombre du matin de Pâques à Marie-Madeleine qui désirait reprendre la vie comme avant.

Nous ne pouvons « retenir » Dieu.

II) Notre vie au-delà de la frontière de la mort, est le maintien de la personnalité propre.

Un engouement pour la pensée orientale, hindouiste ou bouddhiste incite à croire à la loi de réincarnation : la vie passe d’une apparence dans une autre apparence. L’hindouisme est une négation de la réalisation du corps, composante de notre être (esprit, âme et corps) et négation de la réalité de Jésus, de sa croix, de sa résurrection, du péché et de grâce.

A la fin, la vie individuelle s’élargit et s’universalise,

Comme la rivière se jette dans l’océan,

Comme le particulier se fond dans le tout,

Comme la feuille de l’arbre devient l’humus végétal.

Ainsi le Nirvana est à la fois libération et anéantissement. En face de la mort, l’hindouisme appelle à une très belle attitude de confiance.

Mais dans le récit de ce qu’on appelle « la Transfiguration », je vois dans la présence de Moïse et Elie, l’image de la continuité de la personne au-delà du voile, dans l’Eternité, devant Dieu.

Moïse et Elie sont vivants d’une réalité de lumière. La lumière est cette énergie et cette vibration qui sont déjà le fondement de la matière.

III) L’aspect du visage de Jésus changea.

Souvent nous portons des masques comme dans les tragédies antiques, décrochées au musée des déguisements. « Personne » est un mot d’origine étrusque qui signifie « masque de théâtre ». Nous portons ces masques :

  1. le rire forcé ou la fausse gaité,
  2. le sourire septique (Voltaire) sibyllin (Bouddha) 
  3. le travail « je suis très occupé »,
  4. le courage,
  5. l’apparente confiance en soi.

Il est des moments où le masque tombe :

  1. ces corps squelettiques sortant des camps de concentration,
  2. la colère non-contrôlée,
  3. la peur de celui qui est traqué par la police,
  4. la prière. 

Dans les vieux textes de la Bible on raconte qu’après ses conversations avec Dieu, le visage de Moïse était « rayonnant ».

Certaines grandes personnalités religieuses ont donné cette impression.

On dit qu’Adolphe MONOD, dans la chaire de l’Oratoire, son serment achevé, était si uniquement un instrument entre les mains de Dieu, il était tellement en Dieu, que son visage devenait lumineux et beau.

On raconte aussi qu’un explorateur missionnaire, David LIVINGSTONE, en pleine brousse était enfoncé à quelques centaines de Kms, à l’intérieur du continent noir africain. Un des porteurs noirs voulut s’emparer du précieux bagage. Il le pouvait impunément. Il s’avance vers la tente de Livingston pour le tuer. Le missionnaire était en prière, les mains croisées sur la Bible, et son visage éclairé par la lampe. Le croyant parut tellement beau, que le porteur ressortit très ému. C’est lui-même qui l’a raconté.

Et si nous contemplons le visage d’un mourant, les traits creusés par la souffrance, quelques moments avant la mort, nous le voyons les traits éclairés d’une lumière céleste après la mort et comme rajeunis. L’impression d’éternité se pose sur nos visages.

Il est des moments, des hauteurs, des prières où non seulement on devient ce qu’on est, mais on devient ce qu’on sera.

Je vous en conjure :

Si vous avez perdu quelqu’un, soyez-lui fidèle.
Plus la blessure est profonde, plus vous devez pratiquer son culte.
Faites-le revivre en vous, accomplissez en son nom, en son souvenir des actes, même quelquefois les plus simples.

Il faut entretenir la compagnie des invisibles, comme on entretient les présences visibles.

Vous pouvez penser aux morts, de telle sorte que leur souvenir devienne une meule à votre cou et vous entraîne au fond de l’abîme de la mer.

Vous pouvez penser aux morts dans un esprit de beauté et de bonté qui sera une grande aile qui vous élèvera au-dessus des petitesses de l’existence et des mesquineries sociales.

Ils nous sanctifient.

Jésus a eu besoin d’eux : Moïse et Elie.

L’apôtre Pierre voulait prolonger la douceur de la présence céleste.

Mais Dieu et les invisibles, qui sont en lui ne sont pas saisissables. Nous ne pouvons les accaparer.

Après la prière et l’illumination, il faut redescendre dans la plaine.

Etre fidèle aux morts,
C’est être fidèle à leurs rêves et à leur espoir,
Et tâcher de les accomplir ».(Gehenno)

« Un sourire aux vivants,
Vaut mieux qu’une fontaine de larmes aux morts ». (Proverbe Chinois)

Amen.

(Merci à Mme Monique Ngontamack pour la numérisation de ce texte)

 

 

pasteur Christian Mazel

pasteur Christian Mazel

 


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