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Feuille Rose N °778
de d'avril 2009
À quoi bon l'oecuménisme
?
Il existe de très bonnes raisons de " faire de
l'cuménisme " et il y en a de très bonnes
aussi de s'en abstenir. Dans ce dossier, nous explorerons rapidement
quelques-unes de ces raisons, nous lirons aussi le témoignage
de paroissiens qui évoquent cette question selon leur sensibilité
et leur propre expérience de relations entre chrétiens.
Commençons par quelques vraies raisons
de s'en abstenir
Une ancienne blessure
La plus impérieuse et compréhensible
de ces raisons est d'avoir vécu quelque chose de douloureux
dans une autre église. J'ai par exemple le souvenir d'un
maçon d'origine italienne dont la famille avait été
ruinée parce que le prêtre de leur village leur avait
interdit d'aller ramasser leur foin un dimanche malgré le
mauvais temps qui arrivait. Cet homme n'avait pas de rancune, et
intellectuellement il ne faisait pas l'amalgame entre cet événement
et l'attitude des catholiques et des prêtres en général.
Mais la vision du bord d'une chasuble ravivait cette blessure qu'il
avait reçue dans sa petite enfance, lui ainsi que ses frères
et surs, ses parents et ses grands parents, les poussant à
l'aventure sur les routes de l'émigration. Même si
le cas de cet homme est un peu extrême, nous pouvons comprendre
les personnes qui sont venues à l'Oratoire après avoir
reçu une blessure grave dans une autre église. L'essentiel
est qu'ils n'aient pas complètement perdu la foi, et nous
nous réjouissons qu'ils aient trouvé à l'Oratoire
une église qui leur permette de l'exercer.
Notre vocation prioritaire
La seconde raison qui me semble importante de ne pas se préoccuper
de " faire de l'cuménisme ", c'est que le
meilleur service que nous pouvons rendre à la foi en général
et à la foi chrétienne en particulier c'est d'approfondir
notre propre foi. Or, notre foi s'incarne dans un protestantisme
respectueux des opinions de chacun ; appliquons ce que nous pouvons
comme intelligence, temps et moyens à l'approfondissement
de cette foi. Soyons donc plus et mieux protestants, à notre
façon propre, gardons la forme de notre culte, cet attachement
à notre culture est bien légitime. Gardons notre souffle
de nouveauté, de recherche théologique et notre liberté
d'interprétation personnelle. C'est cela qui peut nous aider
à être sans cesse en réforme comme le proposaient
nos Réformateurs. Et puis lisons la Bible, aidons-nous à
avancer aussi grâce à des lectures judicieusement choisies
et diverses, méditons, prions, discutons
Soyons donc
protestants, tout simplement. Cet attachement à une façon
particulière d'être chrétien est légitime.
Nous pouvons admirer par ailleurs la foi des chrétiens des
autres Eglises sans pour autant désirer prier ensemble, comme
un golfeur peut respecter les rugbymen sans pour autant vouloir
jouer ensemble sur le même terrain !
Passons à quelques vraies raisons de faire de l'cuménisme
Faire front uni entre croyants
Aujourd'hui, une large majorité de Français ne pense
pas du tout à Dieu, ou seulement quand ils sont dans une
situation tout à fait exceptionnelle. Au sens littéral,
ces personnes sont athées : vivant sans Dieu. Dans cette
situation, il semble sage que les chrétiens, et même
les croyants, fassent front uni. Il ne s'agit pas de partir à
la guerre contre les athées, mais de témoigner ensemble
autour de nous de ce que la foi apporte.
Être artisans de paix
Les athées intégristes ont beau jeu de critiquer la
foi quand elle est associée à des guerres ou à
des massacres. Nous pouvons leur répondre que les plus grandes
horreurs des derniers siècles sont bien plus le fait d'idéologies
athées que de la foi. Mais nous sommes bien obligés
de reconnaître que les hommes associent trop souvent la foi
à leurs luttes égoïstes, ou utilisent la foi
pour donner un semblant de noblesse à leurs combats.
Il est donc utile de montrer des signes visibles du fait que Dieu
n'est pas source de conflits mais qu'il est source de paix entre
les humains. Le minimum est de commencer en montrant quelques gestes
de paix entre chrétiens. Il n'est pas question de chercher
à supprimer les spécificités de chaque culte,
mais au contraire, d'assumer le fait qu'il y a des différences,
mais que par la foi elles ne sont pas source de conflits mais de
débats féconds.
Proclamer l'Évangile
Nous sommes heureux de ce que la foi nous apporte, nous avons des
convictions et nous y sommes attachés. Tout cela nous fait
avancer et c'est bien. Mais l'Évangile n'annonce pas seulement
le salut que Dieu nous donne, il nous dit également d'aimer
notre prochain, et donc de donner ce que nous pouvons de nos richesses
pour nos frères et surs. Cette démarche vaut
également avec les autres chrétiens, évidemment,
ils font partie de ces tout proches prochains que nous pouvons aimer
en leur disant ce qui nous réjouit particulièrement
dans notre façon d'être chrétien, tout en leur
reconnaissant le droit, bien entendu, de préférer
être chrétien d'une autre façon.
Se laisser évangéliser par l'autre
C'est une démarche assez saine de se demander si, par hasard,
telle personne que nous rencontrons ne serait pas supérieure
à nous-mêmes d'une certaine façon (Philippiens
2:3). Cette attitude peut nous aider à progresser, et c'est
en même temps une façon d'être en relation avec
son prochain qui est belle et agréable pour tout le monde.
Dans le domaine de la foi et de la religion, cette attitude peut
également nous apporter beaucoup. Quand nous rencontrons
d'autres chrétiens, nous pouvons nous demander si quelque
chose dans leur point de vue pourrait enrichir ou rectifier le nôtre.
Cela peut considérablement nous aider à progresser
dans notre propre fidélité à Dieu, la nôtre
personnellement mais aussi celle de notre église de l'Oratoire.
Bilan
La question de la place de l'cuménisme est donc débattue,
et comme souvent, il nous faut chercher à composer pour trouver
un chemin optimisant le bien et minimisant les inconvénients.
D'abord en ce qui concerne le culte, il doit être un moment
qui puisse nous rassembler tous, et être un moment de paix
pour chacun. Vu le nombre de paroissiens de l'Oratoire qui ont été
blessés dans l'église " catholique " ou
dans des églises " évangéliques ",
il semble qu'il ne serait pas juste de confier la chaire de l'Oratoire
à un ministre de ces églises, cela sans jugement sur
la valeur de ces ministres ou de ces églises, mais par égard
pour les personnes rassemblées, avec leurs origines et leurs
histoires diverses. Il y a d'ailleurs chaque dimanche un nombre
de personnes non protestantes qui sont au culte (des conjoints ou
des amis de protestants, des personnes " en recherche "
)
Nous avons, par contre, quelques activités qui ont une dimension
cuménique, pour ceux que cela intéresse. Dans
les conférences et les " soirées du mardi ",
nous avons régulièrement des non protestants qui parlent.
Une fois par an nous participons à " Noël aux Halles
" organisé en grande partie par des bénévoles
de la paroisse catholique de Saint Eustache et de l'Oratoire. Cette
année, nous avons accepté la proposition d'une rencontre
biblique mensuelle animée conjointement par un prêtre
et un pasteur. Cela porte effectivement un témoignage de
paix entre chrétiens, et une possibilité d'approfondir
notre propre lecture de la Bible qui semble rencontrer un certain
succès auprès des paroissiens de nos deux églises,
mais aussi auprès de personnes qui sont actuellement étrangères
à toute église mais que cette ouverture rassure de
leur crainte d'être embrigadées.
Peut-être avons-nous trouvé ainsi un juste équilibre
? Vous pouvez nous dire ce que vous en pensez, en en parlant à
un Conseiller Presbytéral, ou en nous envoyant un message.
Marc Pernot
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Souvenir d'une cérémonie de mariage
mixte
Avec humour, une paroissienne nous livre son témoignage
sur la bénédiction de son union
Novembre 1999, François
et moi coulons le parfait amour. De ces relations qui vous font
penser que s'unir donnera à notre couple toute l'étendue
des possibles qu'il mérite, et que chaque chose trouvera
sa place dans une logique où construire n'est pas un vain
mot.
Il est catholique, je suis protestante. De l'Eglise réformée
de France bien sûr,
Mais, le jour où nous annonçons
notre décision à sa famille, les membres de cette
dernière ne manquent pas d'envisager déjà la
cérémonie dans la collégiale de Mantes-la Jolie,
en grande pompe et tout le tralala. Jusqu'à ce que l'info
de mon protestantisme avéré parvienne à leurs
oreilles.
C'est à cet instant que la première vraie question
opposante s'est fait entendre : " Mais dis-moi François,
les Protestants, c'est bien reconnu comme secte aujourd'hui ? "
Je ne me rappelle pas le goût du gigot de la grand-mère,
mais je me rappelle très bien avoir failli m'étrangler
avec. Et encore, elle ne sait pas que je suis à moitié
maure ! Mais elle aura bien le temps de l'apprendre à l'énoncé
de l'état civil de mon père, au mariage républicain
!
En attendant il nous faut trouver un prêtre disposé
à faire équipe avec un pasteur, histoire de procéder.
Illusoire quête du Graal. A priori, se marier à Paris,
ville de modernité, d'ouverture d'esprit et de tolérance
devait être facile. C'est en tout cas ce que je croyais...
J'en suis vite revenue. Enfin, coté " prot ", je
n'ai rencontré aucune difficulté. En revanche, coté
Eglise catholique, je ne peux pas en dire autant : au moins, il
y a une chose sur laquelle on ne peut pas décemment les critiquer,
c'est sur la cohérence de l'Église dans le discours
!! La levée de bouclier à laquelle j'ai assisté
sous couvert d'ouverture et d'cuménisme laisse rêveur.
" Ahhh, chère madame, bien sur que nous serons ravis
de vous marier, et même d'accueillir votre pasteur pour procéder
à la cérémonie
cela nous est presque
commun et ne pose aucun problème. Mais afin d'apprécier
votre foi et de vérifier la confiance que vous avez dans
votre futur époux, nous ne vous demanderons qu'une toute
petite chose : signer un document qui exprime cette confiance que
vous avez en lui et en Dieu !"
Lequel document, naturellement, ne manque pas d'intérêt
Pour en comprendre toute son essence et sa substance, on me propose
une petite série de rencontres. Au cours de celles-ci, je
pourrais, m'informe-t-on, accompagnée de ce guide, ce berger,
qu'est le prêtre du cru, éprouver ma croyance, m'interroger
sur le sens que je donne à ma foi, et apprécier ma
capacité à vouloir le bien des enfants que nous aurons
certainement un jour
" Oui, oui bien sûr. Je comprends, mais il me semble
que j'ai déjà fait ce chemin par le passé.
J'ai eu l'occasion de vérifier et de comparer ma foi avec
l'idée que je m'en fais... je crois même pouvoir dire
que je suis vraiment une croyante - que j'ai confiance, et j'avance
aussi grâce à elle
mais, hum.. Que vouliez-vous
dire par apprécier ma capacité à vouloir le
bien des enfants que nous aurons " ? La réponse est
édifiante : l'unique substance de ce document, est que l'Église
catholique de Paris (gérée par Mgr Lustiger à
l'époque) refuse toujours, en l'an 2000, d'accueillir en
son sein les chrétiens protestants, qu'elle s'obstine à
ne pas souhaiter les reconnaître et que pour confirmer cette
essence, elle prétend faire signer à une future maman
protestante un document dans lequel cette dernière s'engage
à élever ses enfants même pas encore conçus,
dans la religion catholique, auprès de son époux catholique
en acceptant de n'en faire jamais partie. A moins bien sur, de renier
à jamais ses sentiments et convictions installés dans
son esprit par le protestantisme. A ce prix là ?
C'était sans compter sur mon obstination et ma détermination.
Jamais on ne me fera signer un tel document, pas même un célèbre
curé parisien. Et comme la vie fait des cadeaux, après
avoir un peu réfléchi à qui pourrait m'aider
dans cette quête d'cuménisme, une amie chère
à qui je racontais mes rendez-vous avec des prêtres
et le résultat toujours identique qui en découlait,
me rappela que nous avions toutes deux un ami commun : un père
Jésuite, Maurice, fidèle ami depuis 15 ans qui me
connaissait bien et savait parfaitement mon attachement à
mon Église
Notre mariage fut célébré le 29 juillet 2000,
dans le modeste et tout simple temple du village de Génolhac,
avec une partie de ses habitants touchés par la démarche,
ou amis de notre famille dont certains membres ont vu leur nom inscrit
au musée du désert. C'est une tradition chez nous
de marier des catholiques à nos protestants, et d'en rester
pourtant. Ma grand-mère adorée, Jane Soullier, en
est un exemple de choix : de famille catholique aux origines italiennes,
et provençales (la branche des Mistral pour ceux qui connaissent),
elle est, par choix, devenue protestante en épousant mon
grand-père, puis, à la retraite, prédicateur
laïque
impliquée dans le conseil presbytéral
de son église, à Nice et à Génolhac,
elle soutint une thèse de sciences religieuses sur "
Jean Chrysostome ", puis entérina ses connaissances
par un doctorat de théologie qu'elle obtint à 85 ans
avec mention devant un jury d'Aix en Provence.
Et moi, sa petite fille, j'aurai dû signer ce papier ?
Jasmine Cruypenynck-Matahri
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cuménisme et Evangiles
Récemment baptisé, Olivier Atlan a recherché
dans la Bible des versets sur ce thème
Voici tout d'abord quelques
sites d'institutions à vocation cuménique :
oikoumene.org/fr (site du
Conseil cuménique des Eglises)
cec-kek.org/french (Conférence des Eglises Européennes)
taize.fr (communauté
de Taizé en Bourgogne)
cimade.org (Comité Inter-Mouvements
Auprès Des Evacués)
acatfrance.fr (Action des chrétiens
pour l'abolition de la torture)
unitechretienne.org (association
basée à Lyon).
Voilà ensuite un petit index thématique sur l'cuménisme
dans les Evangiles plus quelques passages de l'Ancien Testament.
Il s'agit d'une suggestion de versets pour une lecture actuelle
en rapport avec l'cuménisme.
Je souhaitais chercher les fondements bibliques de l'cuménisme
et aussi dans quelle mesure la Bible puisse nous être de quelque
éclaircissement ou secours vis à vis de cette démarche.
Bien sûr, d'une part cela n'épuise pas le sujet loin
de là, même d'un simple index thématique car
on pourrait ajouter bien d'autres versets, et d'autre part ces passages
restent à replacer dans leur contexte pour mieux comprendre
leur sens. Mais cela peut aussi être un point de repère
qui laisse ouvert les possibilités d'interprétation.
Source : Traduction cuménique de la Bible (TOB).
Luc 17-20, 21 [Jésus aux Pharisiens] :
Le règne de Dieu ne vient pas comme un fait observable. On
ne dira pas " Le voici " ou " Le voilà ".
En effet le Règne de Dieu est parmi vous.
Marc 13,35 [Jésus à Pierre, Jacques, Jean et André]
:
Veillez donc, car vous ne savez pas quand le maître de la
maison va venir.
Luc 12,51 [Jésus à ses disciples] :
Pensez-vous que ce soit la paix que je suis venu mettre sur la terre
? Non, je vous le dis, mais plutôt la division.
Jean 14, 2 [Jésus aux onze apôtres lors de la Cène]:
Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père; s'il
en était autrement, je vous l'aurais dit, car je vais vous
y préparer une place.
Jean 10,16 [Jésus aux Pharisiens] :
J'ai d'autres brebis qui ne sont pas de cet enclos et celles-là
aussi il faut que je les mène ; elles écouteront ma
voix et il y aura un seul troupeau et un seul berger.
Matthieu 18,10-14 [Jésus à ses disciples] :
Gardez-vous de mépriser aucun de ces petits, car, je vous
le dis, aux cieux leurs anges se tiennent sans cesse en présence
de mon Père qui est aux cieux. Quel est votre avis ? Si un
homme a cent brebis et que l'une d'entre elles vienne à s'égarer,
ne va-t-il pas laisser les quatre-vingt-dix-neuf autres dans la
montagne pour aller à la recherche de celle qui s'est égarée
? Et s'il parvient à la retrouver, en vérité
je vous le déclare, il en a plus de joie que des quatre-vingt-dix-neuf
qui ne se sont pas égarées.
Marc 9,38-40 [Jésus et ses disciples] :
Jean lui dit [à Jésus]: " Maître, nous
avons vu quelqu'un qui chassait les démons en ton nom et
nous avons cherché à l'en empêcher parce qu'il
ne nous suivait pas. " Mais Jésus dit : " Ne l'empêchez
pas, car il n'y a personne qui fasse un miracle en mon nom, et puisse,
aussitôt après, mal parler de moi. Celui qui n'est
pas contre nous est pour nous. Quiconque vous donnera à boire
un verre d'eau parce que vous appartenez au Christ, en vérité,
je vous le déclare, il ne perdra pas sa récompense.
"
Jean 13,20 [Jésus aux encore douze apôtres lors de
la Cène]:
En vérité, en vérité, je vous le dis,
recevoir celui que j'enverrai, c'est me recevoir moi-même,
et me recevoir c'est aussi recevoir celui qui m'a envoyé.
Matthieu 10, 40 [Jésus aux douze apôtres] :
Qui vous accueille m'accueille moi-même, et qui m'accueille,
accueille celui qui m'a envoyé.
Luc 10,16 [Jésus aux soixante-douze disciples] :
Qui vous écoute m'écoute, et qui vous repousse me
repousse ; mais qui me repousse, repousse celui qui m'a envoyé.
Jean 4,37-38 [Jésus à ses disciples] :
L'un sème, l'autre moissonne. Je vous ai envoyés moissonner
ce qui ne vous a coûté aucune peine ; d'autres ont
peiné et vous avez pénétré dans ce qui
leur a coûté tant de peine.
Matthieu 5,13-14 [Jésus à ses disciples] :
Vous êtes le sel de la terre [
]. Vous êtes la
lumière du monde.
Luc 9, 50 [Jésus à ses disciples] :
Ayez du sel en vous-mêmes et soyez en paix les uns avec les
autres.
Jean 17,20-23 [Prière de Jésus] :
" Je ne prie pas seulement pour eux, je prie aussi pour ceux
qui grâce à leurs paroles croiront en moi : que tous
soient un comme toi, Père, tu es en moi et que je suis en
toi, qu'ils soient en nous eux aussi, afin que le monde croie que
tu m'as envoyé. Et moi, je leur ai donné la gloire
que tu m'as donnée, pour qu'ils soient un comme nous sommes
un : moi en eux, comme toi en moi pour qu'ils parviennent à
l'unité parfaite et qu'ainsi, le monde puisse connaître
que c'est toi qui m'as envoyé, et que tu les as aimés
comme tu m'as aimé. "
Jean 13, 34-35 [Jésus aux onze apôtres lors de la
Cène]:
Je vous donne un commandement nouveau: Aimez-vous les uns les autres;
comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les
autres. A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples,
si vous avez de l'amour les uns pour les autres.
Luc 7,42-43 [Jésus et Simon le Pharisien] :
Lequel des deux l'aimera le plus [le créancier qui a remis
des dettes à ses deux débiteurs] ? Simon répondit
: " Je pense que c'est celui auquel il a fait grâce de
la plus grande dette. Jésus lui dit : " Tu as bien jugé
".
Matthieu 7,1-3 [Jésus à ses disciples] :
Ne vous posez pas en juge, afin de ne pas être jugés
; car c'est de la façon dont vous jugez qu'on vous jugera,
et c'est la mesure dont vous vous servez qui servira de mesure pour
vous. Qu'as-tu à regarder la paille qui est dans l'il
de ton frère ? Et la poutre qui est dans ton il, tu
ne la remarques pas ?
Entre deux cultures, deux langues, deux églises
Il existe à Paris des églises protestantes
réformées Malgaches, Coréennes, Américaines,
Suédoise, Congolaises
Pourquoi ? Quels liens entre ces
églises et les Églises Réformées de France
?
Je suis en France depuis 5 ans,
mais ce n'est toujours pas facile de comprendre l'expression française
dans n'importe quel domaine. Je suis déjà théologienne
et pasteur depuis des années, je suis donc avantagée
par rapport à d'autres étrangers, mais même
ainsi, j'ai dû persévérer pendant 3 ans de pratique
assidue des cultes et des études bibliques avant de comprendre
quoi que ce soit ! Pour nourrir sa foi, ou découvrir la foi
chrétienne, ou commencer à lire la Bible, ce n'est
pas donc facile pour un étranger de se limiter à l'Église
Réformée de France. C'est vrai que la langue et la
culture coréennes sont particulièrement éloignées
de la culture occidentale. C'est certainement plus facile pour un
Européen ou un Américain, mais c'est encore pire pour
une personne qui n'est pas très douée pour apprendre
une langue étrangère. On a des difficultés
à participer comme on l'aimerait à une conversation,
ce qui fait que l'on se sent bête. Ce sentiment est renforcé,
parfois, par l'attitude de certaines personnes qui semblent regarder
un étranger comme s'il était un homme de Neandertal,
alors que bien des personnes qui sont ici pour leurs études
ou pour leur travail sont des personnes ayant déjà
des diplômes universitaires de niveau élevé,
et sont issues d'une culture vieille de 5000 ans...
En plus des difficultés de langues, il y a des différences
de cultures et de valeurs qui sont peut-être encore plus sensibles,
car cette question ne trouve pas sa réponse dans un simple
apprentissage. Par exemple, la société française
est beaucoup plus individualiste qu'en Asie où la notion
de famille est plus large. En France bien des personnes considèrent
que leur famille c'est la famille monocellulaire (le mari, la femme
et les deux enfants) alors qu'une famille en Asie, en Afrique ou
au Moyen Orient est plus large et bien plus solidaire. Cette différence
se retrouve aussi dans la vie d'Église. Dans chaque église
coréenne, il y a toujours après le culte un accueil
pour les personnes nouvelles, il y a beaucoup de réunions
différentes possibles, et une plus grande fidélité
à son église qu'en France, créant des relations
plus faciles, plus proches, plus chaleureuses entre les personnes.
Du coup, une personne étrangère sera plus à
l'aise dans une église rassemblant des personnes de sa culture.
Si cette personne cherche à s'intégrer à l'église
française, elle restera très, peut-être trop
discrète, c'est ce que recommande la politesse dans bien
des cultures : un visiteur doit se présenter timidement,
humblement, chez ceux qui le reçoivent. Il faudrait donc
pouvoir l'accueillir. Peut-être que quelques familles de l'Oratoire
pourraient avoir envie de repérer, puis d'entourer, inviter,
partager sa foi avec un étranger venant au culte ?
Du point de vue théologique, la majorité des chrétiens
coréens sont calvinistes. Mais c'est un calvinisme d'origine
américaine assez éloigné, en réalité,
de ce qui est enseigné ici à la Faculté de
Théologie, avec beaucoup d'obligations invisibles. Mais,
on sent en Corée que bien des personnes ont soif de s'ouvrir
à une théologie plus libérale. D'où
l'effort que font des personnes coréennes pour entrer dans
l'Église française.
Quand, dans un couple, les conjoints sont de deux nationalités,
deux cultures différentes, les mêmes difficultés
arrivent. Il faudrait alors participer à deux églises,
une de chacune des deux cultures. Mais quand une personne coréenne
épouse un Français, ce Français est souvent
plus ou moins athée, c'est une bonne occasion pour qu'il
entende parler de l'Évangile, mais s'ils vont à l'église
coréenne, ce conjoint ne comprendra rien et n'aura pas de
chance de progresser. De même, les enfants de tels couples
supportent souvent mal le style de ces églises étrangères
et la plupart quittent ensuite entièrement cette église,
et même abandonnent la foi. Pour résoudre cette difficulté,
il faudrait que ces familles appartenant à deux cultures
puissent participer à des activités d'une église
française, par exemple à l'Oratoire, et se retrouver
entre elles pour échanger.
Des liens entre églises, entre personnes de différentes
cultures rendent un grand service à tous, pour nous enrichir
de ce qu'il y a de meilleur dans une autre culture, pour aider des
personnes et des familles à avancer dans la foi, pour enrichir
et élargir la foi des personne de notre église ici....
pour réaliser l'amour de Dieu. Nous sommes en famille par
l'Esprit.
Soo Hyun Pernot
haut de la page
L'Apôtre Paul et l'cuménisme
en acte
Hervé Giraud, prêtre de l'Oratoire et vicaire
à Saint-Eustache, est le co-animateur avec le pasteur Marc
Pernot de la " lecture de textes bibliques en suivant l'Apôtre
Paul ". Il nous présente ici comment s'est mis en place
cette démarche commune entre nos deux églises
Quand les catholiques sont entrés
dans cette grande Année paulinienne en juin dernier, mémorial
des quelque 2 000 années qui nous séparent de la naissance
de l'Apôtre, il s'agissait notamment d'intensifier les efforts
cuméniques et d'approfondir la connaissance et la pensée
de Paul. Et c'est de ce point de vue là déjà,
pour notre communauté paroissiale, une incontestable réussite.
Traverser l'année avec Paul, tel est en effet le programme
que nous nous sommes donné pour toute l'année en cours.
Et c'est notamment ainsi que la paroisse catholique de Saint-Eustache
et le Temple protestant de l'Oratoire du Louvre se réunissent
maintenant chaque mois, occasion d'un véritable partage autour
des textes, auquel participent régulièrement une soixantaine
de personnes de nos deux paroisses.
L'cuménisme en acte est d'abord cette belle amitié
à laquelle nous poussent si ardemment les écrits de
l'Apôtre. Ce sont ces relations d'amitié et de partage
qui sont constitutives de notre chemin d'unité en Christ.
Occasion personnelle pour moi de remercier chaleureusement le pasteur
Marc Pernot pour sa grande disponibilité et son accueil dans
cette lecture à deux voix que nous effectuons lui et moi
avec l'assemblée.
Justement, il m'apparaît que la recherche de l'unité
en Christ est pour Paul le combat et le fruit de toute une vie.
A partir de sa ville natale de Tarse, de culture gréco-romaine,
et de sa ville d'études de Jérusalem, de culture juive,
Paul l'apôtre a consacré ensuite sa vie, éclatante
synthèse de la recherche de l'unité grecque et de
la filiation juive tout à la fois.
Unité et diversité des premières communautés
nous sont alors concrètement rapportées par leur promoteur.
La diversité n'est pas un obstacle pour l'unité à
laquelle Christ nous fait tendre : l'origine plurielle de l'Eglise
est d'ailleurs clairement attestée par ses grands témoins,
Paul y compris. A condition, nous le rappelle instamment l'Apôtre,
que l'amour et la charité fraternelle demeurent au cur
de nos relations. A condition, aussi, que nous sachions nous préparer
à des ruptures.
Ces ruptures, auxquelles nous sommes toujours appelés,
ne se jouent pas au détriment de nos cultures : elles sont
en fait en débat permanent avec les cultures de chacun. La
première " mondialisation " de son temps fut d'origine
romaine : Paul l'a accompagnée, traversant les peuples et
les mers et prêchant la prise en compte de la culture de tous,
pour ne pas scandaliser le frère, et toujours nous efforcer
de respecter la différence, y compris dans la pratique religieuse.
Avec Paul, l'identité chrétienne est d'abord une
identité ouverte, respectueuse des personnes. Les lettres
qu'il nous lègue sont parfois difficiles mais fort diverses
et toujours très enrichissantes : elles couvrent en totalité
pas loin de la moitié du Nouveau Testament. Voilà
pourquoi il est bon pour chacun d'entre nous, où que nous
soyons, de retracer par les textes l'itinéraire d'un grand
pilier du christianisme. L'Apôtre de l'ouverture aux païens,
et de l'ouverture au monde, nous appelle nous aussi à avancer
au large.
Il y a également la prière personnelle qui, à
la suite et à l'exemple de Paul, se fait intérieure,
à travers la louange, l'action de grâce ou la supplication
: par lui, nous pouvons découvrir au plus profond de nous-même,
quel que soit notre état, ce Christ qui est en nous. Paul
fut un grand mystique, toujours passionné de Dieu. Réjouissons-nous
donc, tous ensemble, en Christ, de nous retrouver autant que possible
autour de Paul l'Apôtre.
Hervé Giraud
haut de la page
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