Bien des textes du Nouveau
Testament ont pour base cette affirmation célèbre
: Dieu a donné ou envoyé son Fils pour être
le sauveur du monde. Mais il y a peu de textes qui expliquent
comment comprendre cela, et les avis divergent entre eux. Une
parabole qui me semble être parmi les plus anciennes et
les plus pertinentes est dans les évangiles eux-mêmes,
avec la parabole des vignerons. " Le maître de la
vigne envoya vers eux son fils, en disant : Ils respecteront
mon fils. " et ils arrêteront ainsi de faire n'importe
quoi de cette vigne que je leur ai confiée.
Cette parabole nous permet de dire que Dieu pensait que Jésus
de Nazareth serait respecté, qu'il serait entendu et
que les humains essayeraient de s'aimer un peu plus les uns
les autres, à la suite de son Fils. Aux yeux de Dieu,
la mort de Jésus est un scandale de plus, un terrible
gâchis nous dit cette parabole. Comment est-ce que le
maître de la vigne va réagir à l'assassinat
de son fils ? Jésus ne raconte pas la fin de l'histoire
mais il demande à ses auditeurs de la deviner, ils répondent
unanimement que le maître de la vigne exterminera sans
doute les coupables. Mais Dieu n'agira pas comme cela après
l'exécution du Christ, et c'est une surprise. C'est un
Dieu qui peut pardonner même cela ; un Dieu qui réagit
face au mal par l'amour, encore et toujours. Un Dieu qui veut
surmonter le mal par le bien, et qui considère comme
juste et bon que là où le péché
abonde, sa grâce sur-abonde.
Il y a là une théologie et une façon
de vivre. Et voilà comment la croix peut nous sauver,
et même nous ressusciter ; si cette théologie et
cette façon de vivre alimentent notre propre recherche
de Dieu, notre propre conception de ce qui est juste, et même
nos actes dans la vie quotidienne, notre façon de respecter
l'enfant de Dieu qui est en chacun. Peut-être que nous
n'y arriverons pas tout à fait parfaitement dès
aujourd'hui, mais avec Dieu nous pourrions en tout cas un peu
progresser dans ce sens, être ainsi plus vivant et être
plus souvent une source de vie, de bonheur et de grâce.
Marc Pernot