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Feuille Rose N °777
de décembre 2008
Qu'est-ce que
le protestantisme libéral
?
Quel libéralisme?
L'Oratoire est une église
libérale, c'est bien connu, et quand nous disons être
paroissien de l'Oratoire, il arrive souvent qu'on nous réponde
" ah ? vous êtes donc un protestant libéral ?
". Tout dépend de ce que l'on entend par là.
Vous trouverez dans ce dossier des témoignages divers de
théologiens mais aussi de paroissiens de l'Oratoire
Il existe des paroissiens de l'Oratoire qui croient que Jésus
a marché physiquement sur l'eau et d'autres qui pensent que
c'est une image, une vérité qui est plus théologique
et existentielle que matérielle. Il y a des personnes qui
croient en un Dieu personnel, et d'autres qui s'intéressent
à Dieu comme étant une façon de parler de notre
conception de l'idéal. Certains d'entre nous expriment volontiers
une foi trinitaire (Dieu comme Père, Fils et Esprit Saint)
et d'autres préfèrent insister sur l'unicité
de Dieu. Il y a parmi les paroissiens des personnes d'origine luthérienne,
calviniste, " évangélique ", ou catholique,
bien d'autres personnes n'avaient aucune religion avant de venir
à l'Oratoire. Ce qui réunit ces personnes si diverses
dans une même église, c'est un intérêt
pour Jésus-Christ et c'est une méthode: chercher à
avancer dans la liberté et le respect du cheminement des
autres.
Notre christianisme n'est donc pas d'abord défini par notre
doctrine mais par quelque chose de plus profond que cela, nous sommes
unis par un centre et une façon d'être.
Notre centre commun, c'est Jésus-Christ, quelle que soit
la façon dont nous le considérons personnellement.
Nous sommes unis également par une façon d'être,
pour vivre effectivement de ce centre. Et si vous êtes en
train de lire ces lignes, c'est que vous avez une telle démarche,
et que cette démarche n'est pas seulement individuelle mais
en partie communautaire. Quand quelqu'un ouvre sa Bible, lit un
article ou un livre de théologie c'est une démarche
responsable qui est cohérente avec le fait d'avoir Jésus-Christ
comme but ou comme espérance. Aller au culte ou à
une étude biblique est du même ordre mais avec une
dimension supplémentaire. Quand quelqu'un prend la peine
de venir (le dimanche matin !) en traversant Paris pour aller au
culte, c'est une démarche individuelle, certes, mais sans
être individualiste. C'est pour soi que l'on va au culte,
dans l'attente de quelque chose qui nous permette d'avancer, mais
c'est aussi avec les autres, voire pour les autres, afin de bénéficier
de ce qu'ils sont et pour leur faire bénéficier de
ce que nous sommes.
Cette liberté de démarche personnelle est rendue possible
par un point fondamental dans l'Évangile du Christ : la grâce
de Dieu, c'est-à-dire que notre dignité n'est pas
conquérir par une pensée ou par des actes justes.
Nous sommes un être d'une infinie valeur, nous avons le droit
d'avoir un point de vue personnel et c'est plutôt bien d'exprimer
ce trésor que nous sommes à travers une pensée
et des actes appropriés.
Le fait que nous nous retrouvions dans la même église
alors que nous sommes très divers nous invite à avancer
nous-mêmes, à nous réformer sans cesse dans
ce que nous pensons et faisons. Cette diversité nous permet
aussi de remettre en perspective les choses dans notre existence,
en ne mettant pas sur le même plan l'essentiel (ce fameux
centre qui nous rassemble et nous anime) et les fruits qui ont pu
en découler dans notre existence personnelle, fruits qui
sont d'une grande importance mais qui sont contingents, liés
à notre histoire personnelle, à notre sensibilité
et aux circonstances.
Pour être membre de l'Oratoire (comme d'ailleurs de toute
église réformée de France), la seule condition
est de reconnaître que " Jésus-Christ est le Seigneur
", tout en laissant la liberté à chacun de comprendre
cette formule comme il l'entend. Lors d'un baptême d'adulte
ou une profession de foi, après cette déclaration
suivent une invitation à vivre en cohérence avec ce
centre, en entretenant sa foi et en s'efforçant à
porter des fruits concrets dans son existence. Mais, bien entendu,
aucune condition, ni même aucune question n'est posée
sur la façon de vivre de la personne.
Dans un sens, notre libéralisme relativise ainsi la doctrine
et la façon de vivre par rapport à la foi. Cela peut
paraître paradoxal, mais c'est précisément pour
cela que la théologie a tant de place dans nos activités,
que notre liturgie est si classique et que l'entraide a une réelle
importance à l'Oratoire.
L'essentiel étant la foi et la doctrine étant libre,
il n'y a pas de théologie prête à adopter pour
le fidèle de l'Oratoire qui va donc devoir élaborer
sans cesse une pensée personnelle. Cela demande un effort,
un certain travail personnel pour animer ce cheminement. C'est souvent
cela que l'on vient chercher à l'Oratoire. Pour répondre
à cette demande, nous cherchons des prédicateurs assez
divers afin de renouveler notre questionnement, et sans qu'ils soient
trop choquants qu'ils viennent déranger un peu ce que nous
avons toujours pensé afin de nous aider à nous réformer
sans cesse. Et puisque la prédication est ainsi le lieu de
questionnements nouveaux, il est apparu à l'usage qu'il était
bien que le reste du culte soit un peu classique et recueilli, avec
des textes et des chants souvent bien connus. Il y a ainsi, avec
ces deux pôles de nouveauté et de fidélité,
comme un écho à notre diversité et notre communion
dans l'Oratoire, un écho à notre volonté d'être
à la fois centré sur un point essentiel et en mouvement.
Et puisque notre libéralisme est fondé sur la reconnaissance
que chaque personne est infiniment précieuse, l'entraide
a une place importante à l'Oratoire, d'une façon régulière
et quotidienne auprès de personnes et d'oeuvres, mais aussi
de façon plus remarquée avec le Christianisme social
du début du XXesiècle, ou l'accueil de familles juives
pendant la Seconde Guerre mondiale, et les engagements récents
via la Fondation de l'Oratoire.
Aujourd'hui, c'est vous qui faites vivre l'Oratoire par votre foi
et par vos engagements dans notre église et en dehors.
Marc Pernot
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Les origines historiques du libéralisme
Le libéralisme est une théologie laïque
qui s'adresse aux laïcs que nous sommes tous et toutes
Le libéralisme théologique
doit d'abord être soigneusement distingué du libéralisme
économique qui prône la libre entreprise et la libre
concurrence. Le libéralisme religieux regroupe les partisans
de la liberté de conscience et de la libre recherche théologique.
C'est une attitude de respect à l'égard de l'indépendance
d'autrui et la recherche permanente d'une pensée ouverte,
comme l'a fort bien dit le pasteur Pierre Ducros dans une brochure
qui serait à rééditer, intitulée "
le vrai visage du libéralisme ", il s'agit d'un esprit
d'ouverture et d'une méthode qui s'efforce d'avoir un fondement
scientifique. Comme l'a proposé le théologien d'origine
allemande Paul Tillich, tentons d'établir un pont, un dialogue
entre l'Evangile et la culture contemporaine sous toutes ses formes,
y compris le sport, le théâtre ou le cinéma.
La méthode qui est utilisée est la méthode
historique et critique. C'est pourquoi, au sens strict, on ne parle
de libéralisme religieux qu'à partir du milieu du
XlX ème, à la suite des recherches philosophiques,
philologiques et historiques entreprises intensément, notamment
en Allemagne, en Angleterre et aux Etats-Unis.
Le libéralisme a parfois fait peur en raison des positions
excessives prises par quelques chercheurs d'avant-garde. Certaines
remises en cause de la théologie
chrétienne depuis l'apôtre Paul s'imposent pourtant.
Tout dépend de la manière dont on va essayer de répondre
aux préoccupations modernes. De même qu'il y a plusieurs
orthodoxies, il y a plusieurs libéralismes. On peut remarquer
aussi qu'il y a toujours eu, à travers l'histoire de l'Eglise,
depuis les origines, un courant plus ouvert et un courant plus classique,
plus conservateur, plus figé qui tient difficilement compte
de l'évolution des idées et des moeurs. Il y a donc
ce qu'on peut appeler un pré-libéralisme. Ainsi au
XVlème siècle parmi les réformateurs Bucer
à Strasbourg, Melanchton auprès de Luther, Zwingli
à Zurich, Sébastien Castellion à Bâle
ont manifesté une plus grande ouverture d'esprit que la plupart
des autres réformateurs. Léo et Faust Socin, au XVlème
siècle, ont remis en cause la théologie des grands
conciles oecuméniques. Cette pensée a fini par prédominer
dans les milieux francophones au XVlNT et au XVlllème siècle.
Au moment de la controverse avec Jean-Jacques Rousseau à
propos du théâtre, Voltaire traite les pasteurs genevois
qui ont pris parti pour Rousseau de sociniens. Les premiers pasteurs
de l'Oratoire du Louvre Paul-Henri Marron, Rabaut-Pommier, Mestrezat
puis Jean Monod ont été influencé parce courant
qui a été traité un peu vite de rationaliste:
la révélation biblique ne s'oppose pas à la
raison mais elle lui sert de tuteur. Samuel Vincent, à Nîmes,
au début du XlXème siècle, a insisté
sur la nécessité de la liberté d'examen, répondant
ainsi à l'exhortation apostolique : " Examinez toute
chose et retenez ce qui est bon "(llhess, 5/21)
Au moment de la division de Paris en huit paroisses réformées
en 1882, l'Oratoire est la seule à majorité nettement
libérale avec deux pasteurs orthodoxes qui acceptent la venue
de Nîmes d'un pasteur libéral Ariste Viguié
dont le buste est à l'entrée de la salle haute. L'Oratoire
choisira ses pasteurs parmi les libéraux. N'oublions pas
que le libéralisme n'est pas une étiquette que l'on
placarde comme on pourrait le faire sur un bocal de pharmacie. Etre
libéral aujourd'hui c'est se situer dans la zone d'influence
du mouvement et du journal Evangile et liberté sans être
inféodé pour autant à quelque parti que ce
soit. Il y a quelques années, une enquête sur les conseillers
presbytéraux en région parisienne a révélé,
à la surprise générale, que la majorité
d'entre eux se sentait proche du libéralisme. Beaucoup de
pasteurs pensent aujourd'hui que le libéralisme n'a plus
de raison d'être car la majorité des théologiens
acceptent la méthode historico-critique, ce qui est vrai
même s'ils ne l'appliquent pas toujours d'une manière
conséquente et s'ils ne tiennent pas toujours compte des
recherches récentes. Il y a dans ce domaine un retard considérable
dû parfois à l'absence de traduction des ouvrages théologiques
fondamentaux.
Pour ma part, je tiens à témoigner ma reconnaissance,
parmi les libéraux déclarés, au pasteur Elie
Lauriol qui s'écriait du haut de la chaire de l'Oratoire:
" Nous ne sommes pas là pour scruter l'état civil
de Dieu " ainsi qu'au pasteur Georges Marchal, au Foyer de
i'Ame, quia fait rééditer les principaux travaux de
i'Ecoie de Paris, des extraits du luthérien Eugène
Ménégoz et du réformé cévenol
Auguste Sabatier. La remarquable introduction que le pasteur Marchai
a donné à Les Religions d'autorité etlareligion
del'Espritconstitue un veritable résumé de la pensée
libérale. Je ne voudrais pas oublier le pasteur A. N. Bertrand
avec son fondamental Protestantisme. Foi et Vérité
du professeur A. Lemaître constitue une veritable somme théologique
qui vient d'être rééditée aux éditions
de La Cause. Plus près de nous les travaux des professeurs
André Gouneiie, Laurent Gagnebin et Raphaël Picon nous
permettent de mieux connaître les travaux de Iiiihch, Buitmann
et Cobb avec la théologie du process. Une immense tâche
de vulgarisation est à entreprendre. Le libéralisme
est une théologie laïque qui s'adresse aux laïcs
que nous sommes tous et toutes. Le libéralisme est davantage
une orthopraxie qu'une orthodoxie.
La vie compte plus que la doctrine. La foi a le pas
sur la croyance. Dans l'éternel combat entre l'esprit et
la lettre, ii n'est pas trop de toute notre vie pour chercher à
mieux comprendre quel est le sens de ce que nous pensons et de ce
que nous entreprenons au nom du Christ des évangiles afin
qu'il soit l'inspirateur de nos pensées et le guide de nos
actions. Chercher la vérité, a dit en substance Alexandre
Vinet, c'est déjà accéder à la moitié
de la vérité. Le mouvement libéral international
vise à entreprendre une réforme de la Réforme.
Il s'agit là d'une mission permanente qui nécessite
d'être prêt à remettre en question notre propre
acquis. Etre libéral c'est être très exigeant
envers soi-même afin d'être plus compréhensif
et plus fraternel envers les autres. Alors la promesse du Christ
pourra devenir pour nous une réalité : " Vous
connaîtrez la vérité et la vérité
vous rendra libres ". (Jn 8.32)
Philippe Vassaux
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Être libéral aujourd'hui
Le respect â l'égard de l'indépendance
d'autrui et la recherche permanente d'une pensée ouverte.
Raphaël Picon, professeur de théologie pratique à
la Fauclté de Théologie Protestante de Paris et rédacteur
en chef d'Evangile et liberté, le mensuel du protestantisme
libéral nous propose cette définition
Etre protestant libéral,
ce n'est pas lutter contre des institutions ecclésiales jugées
sectaires et sclérosées. Ce n'est passe battre contre
une théologie qualifiée d'orthodoxe qui serait un
prêt à penser et à croire débilitant.
Ce n'est pas s'arroger le monopole de la liberté de croire
et de douter, ni celui de la raison et de la pensée critique.
Ce n'est pas détenir l'idée que l'amour créateur
et libérateur de Dieu est pour chacune et pour chacun. Ce
n'est pas posséder la conviction que Dieu peut se révéler
ailleurs que dans le Christ, et que Dieu est toujours au-delà
de ce que nous pouvons dire et croire à son sujet. Etre protestant
libéral ce n'est pas s'attribuer le fait qu'Evangile et liberté
s'appellent mutuellement. Car cela, tous les chrétiens sont
invités à le vivre, à le croire, à le
penser. Inspiré par l'Evangile du Christ, c'est-à-dire
de l'insurrection de la vie contre la mort, de la libération
contre les oppressions et aliénations de toutes sortes (religieuses,
politiques, économiques, culturelles, etc.), être chrétien,
c'est être libre. Libre de pouvoir dire " je ".
Cette liberté naît de se savoir pleinement reconnu,
de se croire réellement autorisé dans l'existence.
Tel que je suis et tel que je suis avec Dieu. C'est-à-dire
continuellement recréé par lui, aimanté vers
le meilleur de soi-même, attiré et en lutte vers un
monde et une existence plus stimulante et plus épanouis.
Etre chrétien, être libre de pouvoir dire " je
", avec et devant Dieu, c'est forcément associer l'Evangile
a la liberté. Un Evangile sans liberté serait une
loi tyrannique. Une liberté sans Evangile risquerait d'être
sans amour. Le protestantisme libéral, ne prétend
pas être u n meilleur christianisme. Il oeuvre à rendre
le christianisme possible. Il libère celui-ci de l'esprit
d'orthodoxie qui trop souvent l'étouffe. Il préfère
les questions ouvertes, celles qui rappellent que la vérité
est toujours objet de recherche et de désir, aux réponses
fermées et définitives qui contrarient la pensée.
Il confesse un Dieu sans barbe, libéré de ses oripeaux
mythologiques qui bêtifient la foi. Il lutte contre l'obscurantisme
religieux, le fondamentalisme et le sectarisme, n'ayant de cesse
de rappeler que le Christ est l'utopie réalisée d'un
être nouveau, libre, aimé. U ne fois pourtoutes et
pourtoujours. Etre un protestant libéral, ce n'est pas être
u n meilleur chrétien, u n chrétien plus éclairé,
plus ouvert et plus généreux, c'est essayer d'être
chrétien.
Raphaël Picon
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En découvrant l'Oratoire
À l'âge adulte, certains choisissent de s'engager
sur le chemin de la foi. Deux témoignages
De Mohamed à Timothée
En cette période où
l'on convient un peu rapidement que les églises chrétiennes
se vident, depuis quelques mois des adultes prennent contact avec
le pasteur de la paroisse pour s'engager dans l'Eglise. S'engager
d'abord par un baptême d'adulte puis par une fréquentation
régulière du culte. Ces nouveaux paroissiens sont
souvent allés d'abord " surfer " sur les sites
Internet des différentes églises pour trouver des
réponses à leurs interrogations.
Mohamed fréquente l'Oratoire depuis quelques temps maintenant.
Il est issu d'une famille musulmane peu pratiquante, seule sa mère
respectait le ramadan. Son enfance et son adolescence au Maghreb
lui ont donné une vision décevante de l'islam, à
tel point qu'il se voyait plutôt athée. Il fréquentait
néanmoins un ami chrétien. Mais celui-ci cachait sa
religion de peur d'être emprisonné.
Cependant Mohamed restait en recherche de spiritualité. Il
lit la Bible à l'âge de 18 ans, les histoires de l'Ancien
Testament le marquent, la symbolique y est forte. Il essaye d'abord
d'aller à la messe mais pour lui le catholicisme ressemble
trop à l'islam : la notion de péché y est omniprésente.
Avec la montée de l'intégrisme musulman, beaucoup
de choses et de lectures sont interdites et certains dogmes ne sont
pas discutables. Les discours sont sans cesse durcis et la confrontation
avec la société lui est pénible. Impossible
d'afficher ses idées. Le jeune homme se sent comme dans un
carcan.
Etudiant les théories de l'évolution, le professeur
essaie de faire vaciller les certitudes de Mohamed. Pour l'enseignant,
il n'est pas possible que l'être humain descende du singe,
si c'était réellement le cas, il n'y aurait plus de
singes à la surface de la Terre, lui affirme t-il, les hommes
auraient pris toute la place Il ne sait que répondre. Il
n'y a pas de place pour le débat, seul ce qui est écrit
dans le Coran est vrai et sous-tend la morale de la société.
Son installation en France pour poursuivre ses études lui
permet d'approfondir sa recherche. C'est la découverte de
la liberté de penser. Il ne donne plus de nouvelles à
sa famille. Avant de trouver une spiritualité, il rencontre
des personnes qui croient en Dieu et qui sont ouvertes à
toutes croyances.
Il accompagne une amie à l'Oratoire, le temple lui paraît
immense comparé à ceux qu'il a déjà
visités. Ce qui lui plait d'emblée c'est la grande
liberté de penser que les protestants affichent. Le doute
est même autorisé. On peut dire par exemple qu'Abraham
n'a peut-être pas existé sans pour autant remettre
en cause tous les dogmes. Les métaphores sont couramment
utilisées alors que dans l'islam c'est rigoureusement interdit.
Mohamed aime aussi la prédication, au centre du culte et
porteuse d'une certaine liberté. En chaire, les pasteurs
peuvent donner leur opinion, ce qu'il attribue au côté
libéral de la paroisse. Chaque fois, c'est pour Timothée
l'occasion d'une interrogation que un sujet, sur une question existentielle
ou autre. Il a depuis été dans d'autres temples mais
c'est la liberté de ton des pasteurs de la paroisse qui lui
convient.
En février 2008, Mohamed choisit de demander le baptême
et se choisit un prénom chrétien: Timothée.
Il s'investit ensuite dans la vie paroissiale de manière
active en étant moniteur depuis septembre pour l'école
biblique. Il prend toujours plaisir à venir au culte au moins
une fois par mois. Il aime cette ce questionnement sur l'existence
et sur le fait qu'il n'y ait rien de définitif. Il y a plusieurs
vérités possibles.
Le protestantisme lui rappelle l'atmosphère familiale de
son enfance, l'ouverture d'esprit de ses parents : son père
agnostique respectant les croyances de la mère. Il se sent
enfin chez lui dans cette confession ouverte au dialogue. Le cheminement
de Timothée n'est pas terminé: il se documente encore
beaucoup et sa soif de connaître le protestantisme n'en est
qu'au début.
Frédérique
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Le témoignage de Paul
Je ne suis pas issu d'un milieu
protestant. Ma famille est de tradition catholique, bien que très
peu pratiquante. J'ai donc grandi dans un environnement ou les sujets
de la foi et du religieux en général n'étaient
pour ainsi dire jamais abordés. Bien qu'ayant reçu
une instruction religieuse catholique minimale (j'ai été
baptisé et ai suivi "mon" catéchisme), la
question de Dieu ne m'a pas interpellé avant mes 30 ans.
Ma première rencontre avec le protestantisme remonte au baptême
du fils d'un de mes amis auquel j'ai été invité
et qui eut lieu en 2000 dans un temple luthérien, en Alsace
du nord. Je me souviens que j'avais eu alors un "coup de coeur"
pour la ferveur et le dépouillement du culte auquel j'assistais.
À partir de là, je me suis progressivement intéressé
au protestantisme et donc à l'autorité qui en fonde
les grands principes: l'Ecriture. J'ai alors commencé à
lire la Bible, ce que je n'avais jamais fait auparavant.
En venant vivre en région parisienne en 2006, j'ai commencé
à fréquenter le temple réformé de VincennesMontreuil.
Pendant environ 2 ans, j'ai essayé de me rendre régulièrement
au culte dominical. Parallèlement, j'ai découvert
le protestantisme dit libéral en feuilletant des revues de
théologie comme Théolib et en me rendant sur le site
Internet de cette dernière et de la revue Évangile
et liberté. J'y ai trouvé un écho très
encourageant à mes propres pensées et notamment la
primauté de la foi sur les doctrines, la valeur relative
des institutions ecclésiastiques et la vocation de l'homme
à sa liberté devant un Dieu qui est avant tout Amour.
C'est donc assez naturellement que j'ai été attiré
par l'Oratoire du Louvre. C'est durant l'été dernier
que j'y suis venu assister à un culte pour la première
fois. C'était le pasteur Marc Pernot qui le présidait
et en assurait la prédication. Parallèlement, depuis
plusieurs mois, le projet de faire une profession de foi m'occupait
l'esprit, bien que n'ayant pas eu jusqu'alors le courage de le concrétiser.
Peu de temps après ce premier culte à l'Oratoire,
j'ai pris contact avec le pasteur Marc Pernot. Celui-ci m'a chaleureusement
reçu et j'ai pu m'entretenir avec lui de mon parcours spirituel,
de ma foi, de mes interrogations et de mon projet.
C'est ainsi que j'ai eu la grande joie de professer ma foi lors
d'un culte au temple de l'Oratoire en septembre dernier.
Paul
haut de la page
Que trouve-t-on à l'Oratoire?
Un couple marié en août 2008 témoigne de
leur découverte de l'Oratoire
Une sensibilité crétienne particulière,
généreuse et exigeante
Généreuse, parce
qu'elle affirme avec vigueur que l'amour s'adresse à chacun
de nous, que ce qui brille en l'homme primera toujours, fera de
lui un élu, serait-il le plus athée de tous. On est
ici attentif à l'homme, à la grande diversité
des hommes, " qui sont tous, sans distinction, enfants de Dieu.
" On n'entend pas ici ce que devrait faire, croire ou penser
tout un chacun, ce que le christianisme est souvent prompt à
faire. L'amour n'est pas ici moraliste ou culpabilisateur: on ne
vous dit pas ce qui est bien ou mal, pur ou impur, comme si les
conduites étaient toujours l'un ou l'autre simplement. On
y admet au contraire la complexité du monde, le poids de
ce que l'on porte, et on demande à chacun d'y répondre
en conscience et en intelligence, de vivre l'appel à la perfection
et à l'amour dans la mesure que permet notre humanité.
Si l'amour n'y est pas moraliste, il n'y est pas non plus angélique:
le monde n'y est pas uniformément beau et gentil réclamant
de notre part une approbation satisfaite. On y parle d'un amour
exigeant et responsable, d'humains qui se reconnaissent différents
et qui pourtant s'accueillent, qui souhaitent grandir et faire grandir
les autres, sans renoncer à soi et sans ramener les autres
à soi. On y parle d'un amour qui émancipe, qui libère,
qui agit dans ce monde-ci pour une plus grande fraternité
entre les hommes.
Frédéric
Allier la foi et la liberté d'examen
L'attachement de l'Oratoire
au protestantisme libéral a beaucoup compté pour ma
venue dans cette paroisse. C'est en particulier ce qui a levé
les scrupules qui étaient les miens au moment d'entrer dans
une Église. J'avais hérité de ma famille une
vision assez simpliste de la foi, assimilée à la naïveté
d'une croyance, ainsi qu'un refus du dogme et de l'autorité
ecclésiastique qui me
semblaient exiger une abdication de tout esprit critique. Le protestantisme
libéral permet de répondre à ces deux préjugés,
sans doute largement répandus dans la société
contemporaine. C'est ce qui fait sa force. Il montre qu'il est n'est
pas impossible, qu'il est même nécessaire pour chaque
croyant, d'allier la foi et la liberté d'examen. Les principes
qu'il défend, en particulier la nécessité d'une
constante critique réformatrice, permettent de concilier
deux héritages qui paraissent contradictoires à beaucoup
de nos concitoyens, celui des Lumières et celui du christianisme.
Cette remarquable modernité du protestantisme libéral
en fait à mes yeux un christianisme plus audible que d'autres
dans le monde d'aujourd'hui.
Laure
haut de la page
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