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Feuille Rose N °776
de septembre 2008
La spiritualité personnelle
Dès 1521, Luther fit une
critique radicale des voeux monastiques. Mais il n'en demeure pas
moins qu'il était un ancien moine et qu'il avait vécu
la règle monastique avec une grande sincérité
pendant une vingtaine d'années. En cherchant un retour aux
sources de la foi chrétienne, à travers la Bible,
il ne trouva pas de trace de monachisme, mais il trouva bien entendu
l'appel à aimer Dieu, l'appel à le prier, à
le laisser vivifier notre existence tout entière. Et en définitive,
on a l'impression que Luther a intégré la tradition
monastique, plus qu'il ne l'a niée. Il l'a démocratisée
en initiant les laïcs que nous sommes tous à une vie
où la relation à Dieu est personnelle et où
l'on se donne les moyens d'entretenir sa foi et sa réflexion
tant de manière individuelle (par la prière et la
lecture de la Bible), que communautaire (dans l'église).
Quand Luther donne à son ami coiffeur des conseils pour
prier, il dit qu'il s'est fixé pour lui-même une règle
qui l'aide à entrer en prière à l'aide du Notre
Père et des Psaumes, à l'aide aussi d'une régularité
dans les moments de la journée où il se met à
l'écart pour prier. Luther n'impose pas cette règle
à son ami, mais il l'invite à trouver lui-même
la façon qui lui conviendra le mieux.
Le mot " moine " vient du grec monos, seul. C'est un
des éléments clefs de l'Évangile, à
mon avis, de mettre particulièrement en valeur la singularité
de la personne humaine. C'est à chaque individu que Dieu
attache de l'importance, c'est avec chacun qu'il veut construire
une relation de fidélité et de services, c'est à
chacun qu'il donne son Esprit, le rendant ainsi prophète.
C'est pour cela que Jésus nous invite à prier seul
à seul avec Dieu (MaL6:6) C'est pour cela que Paul peut nous
laisser dire avec lui " Tout m'est permis, mais tout n'est
pas utile tout m'est permis, mais je ne me laisserai asservir par
quoique ce soit ", 1 Car. 6:12 car chacun est seul en son genre,
et chaque instant est unique. Cet esprit de responsabilité
et de liberté fait de chacun de nous une personne seule,
unique, et donc littéralement un moine, comme chacun est
prêtre en Christ.
La protestation de Luther a été féconde en
son temps, pour vulgariser cet esprit de recherche personnelle.
C'est précisément au nom de cette liberté du
Chrétien que nous pouvons comprendre que certains choisissent
la vie monastique. Personnellement ce chemin ne me tente pas du
tout, mais la radicalité de l'engagement de ces frères
et sours a de l'importance dans le monde actuel, comme le souligne
Michel Cool dans l'article qui suit. Dans le silence, ils nous invitent
aussi à chercher quelle règle nous choisissons de
nous donner afin d'entretenir notre propre foi.
Nous verrons ensuite les chemins particuliers d'une diaconesse de
Reuilly, puis des Veilleurs, et enfin de deux personnes de l'Oratoire.
Marc Pernot
Illustration : Martin Luther, bois colorié de L. Granach
l'Ancien 1520
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Écouter les messagers du silence
Michel Cool est journaliste. Il collabore actuellement à
France Culture pour les questions religieuses. Il a écrit,
entre autre " les Nouveaux Penseurs du christianisme "
(Desclée de Brouwer, 2006) et " messagers du silence
", une enquête sur les moines, dont il nous donne ici
un très court résumé composé spécialement
pour nous.
Durant la pérégrination
de six mois* qu'a nécessité la rédaction de
mon livre sur la vie monastique**, j'ai fait la rencontre d'un chauffeur
routier à l'hôtellerie de l'abbaye bénédictine
de Ligugé, près de Poitiers: elle fut faut-il le rappeler?
- la première fondation monastique de saint Martin en Gaule.
Cet homme avait, par hasard, trouvé ce lieu pour " souffler
" pendant quelques jours, "rompre " avec le rythme
effréné que lui imposait son employeur. Il n'était
manifestement pas un " pilier " de sacristie. Pendant
les offices, il faisait des grands yeux ronds ! Au bout de deux
jours, les traits de son visage se sont détendus, son regard
s'est éclairci, ses lèvres ont esquissé un
sourire. Il m'a dit : " Je reviendrai et, la prochaine fois,
j'oserai demander à parler avec un moine "
La vie monastique vit actuellement un paradoxe : les noviciats
sont secs et vides, mais les hôtelleries sont remplies. Les
abbayes attirent plus que jamais, pas seulement une " clientèle
" pieuse, mais des marginaux des Eglises et de la société,
des hôtes de passage sans appartenance ou sans but religieux.
Pour eux le silence incarné par les moines et les moniales
est une forme de présence au monde dont ils apprécient
la rareté et le secours.
Une présence rare, car notre société dite
de " communication " offre de moins en moins de lieux
d'accueil et d'écoute où l'anonymat, la gratuité
et l'authenticité sont des principes respectés. Une
présence secourable, car notre société dite
de protection sociale assure de moins en moins la protection des
plus petits, des plus fragiles. Les moines et les moniales sont
des accueillants et des écoutants incomparables. Ils répondent
à une soif torride, individuelle, de reconnaissance humaine
et spirituelle. " À ma permanence, je reçois
beaucoup de personnes qui sont mal au fond d'elles-mêmes ",
m'a confié un député, visiblement désemparé
par son impotence en la matière. Les moines et les moniales
déplacent du monde parce qu'ils sont des messagers du silence.
De quel silence, les moines et les moniales sont-ils messagers?
Ils sont porteurs d'un silence habité par la Parole de Dieu
et par une multitude de paroles humaines qui leur ont été
confiées par des hôtes de passage. Dans la vie monastique,
prier et écouter vont de pair. Enzo Bianchh est fondateur
de la communauté monastique oecuménique de Bose, en
Italie. Il propose de paraphraser le prologue de l'Evangile de Jean:
" Au commencement était le Verbe, la Parole... "
; " Au commencement de l'homme, il y a l'écoute ",
dit-il. Dans l'Ancien Testament, le premier commandement à
Israel est " écoute ". " Ecoute " est
aussi le verbe qui introduit la règle de saint Benoît.
" Nous commençons à être, en écoutant
", poursuit Enzo Bianchi : " Beaucoup de croyants se plaignent
que Dieu demeure silencieux, mais ce n'est pas vrai : ce sont eux
qui ne savent pas écouter " À leur décharge,
il faut reconnaître qu'apprendre à écouter,
à faire silence est un art difficile. Et ce d'autant plus
que nous vivons dans une société où le silence
est lié à la présence ou à l'absence
d'image. Nous vivons plus que jamais dans un monde qui a besoin
de voir pour croire. Le moine et la moniale sont, eux, des voyants
de l'invisible. C'est pourquoi leur plus beau chant est moins celui
que nous entendons à l'office que le silence de leur vie
qui nous invite à écouter l'Autre, les autres.
Michel Cool
* dans des communautés catholiques, protestante et orthodoxe
en France, en Belgique et en Suisse.
** Auteur de Messagers du silence. Les nouvelles voix monastiques,
Albin Michel, 2008, 18€
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Chemins de spiritualité dans la vie monastique
Témoignage de sur Évangéline, une
sur appartenant à la communauté protestante
des Diaconesses de Reuilly
Y a t-il, en christianisme,
des spiritualités ou une seule et unique spiritualité?
Vous me répondrez, bien sûr, que tout dépend
du contenu que l'on donne au mot spiritualité... Mais ce
contenu ne nous est-il pas donné avec notre baptême:
je suis aimée, moi l'infiniment petite par l'infiniment grand
? Entendre, sans le comprendre avant longtemps, que ce Dieu a "
rapetissé pour moi sa grandeur ", a pris chair de notre
chair et assumé notre mortalité en Jésus, Christ
et Seigneur, l'ouvrant par sa résurrection à la vie
en plénitude. Entendre, sans le comprendre avant longtemps,
ce Dieu de la première et de la nouvelle Alliance me désigner
l'horizon du voyage : " Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de
tout ton cur, de toute ton âme, de toute ta force, et
ton prochain comme toi-même. "
Dès que nous entrons dans cette Alliance, nous voilà
embarqués dans le décodage de ce sceau posé
sur nous par l'Esprit et nous n'aurons pas trop de toute une vie
pour nous émerveiller, interroger, nous confronter, "
écouter aux portes du silence " et mettre en oeuvre.
Il faut bien sûr en éprouver le goût, la soit
la nécessité et nous donner le temps de revenir sur
ces paroles millénaires contenues dans notre Bible, de les
éprouver paroles-pour-moi donc pour moi avec d'autres. Et
se mettre en route un jour, à la suite et en compagnie de
Celui qui s'est dit chemin, vérité, vie et nous invite
avec une pressante discrétion à nous mettre "
en marche' ".
Qui dit spiritualité dit, par conséquent, mouvement.
Je voudrais vous faire pressentir le mouvement qui anime les femmes
que nous sommes, et qui avons choisi de donner à notre engagement
de baptisées la forme concrète de la vie monastique,
au sein des Eglises de la Réforme. Quatre verbes: recevoir,
quitter, faire corps, veiller. Mais il faut ajouter, au préalable,
que rien n'aurait de sens, dans notre choix de vie, sans le bonheur
d'être à Dieu, corps et biens, coeur et intelligence,
sans la liberté d'un amour qui se donne, de commencements
en commencements.
Recevoir: c'est une évidence, lorsqu'on parle d'un appel:
" Je t'ai appelée par ton nom". D'abord, la belle
passivité de l'accueil: " J'écoute. Que dit le
Seigneur ?" Quelqu'un est là, qui ne commence pas par
me dire le plus dur mais le plus aimant': une Présence, un
goût de paix. A l'origine de ma vocation, il y a un don, une
grâce, à recevoir. Et nous pouvons mettre parfois très
longtemps à devenir capables de l'accueil plénier
de cet amour.
Quitter: cette belle passivité est en vue d'un envoi. Quitter
et partir. Partir est une démarche physique. Quitter est
toujours lié à une démarche intérieure.
Quitter " l'Egypte " ou " son père et sa mère
", c'est prendre le risque de l'avenir ignoré, car ce
n'est pas un acte ponctuel immédiatement accompli, c'est
un parcours. C'est parce que le Christ a quitté, que nous
pouvons entreprendre, pour l'amour de Lui, et peut-être réussir,
ce parcours engagé dans la radicalité de la foi...
" Ma vie, personne ne me l'ôte, je la donne de moi-même.
Faire corps: non pas faire bloc. Nous constituer en communauté
d'espérance, dont la sainteté est toujours précaire...
Se savoir appelées à tenir ensemble un projet communautaire
et le charisme déposé en chacune. Nous faisons alliance
avec Dieu et entre nous, en sachant qu'aucune alliance ne protège
du conflit, ne dispense de vivre le combat de la vie. Mais malgré
tous les aléas du vivre ensemble, il est une part de notre
bonheur parce qu'il nous apprend à mourir et à ressusciter.
Veiller, enfin: A la fois au sens du " veillez et priez ",
que notre première soeur, Caroline Malvesin nous a laissé
comme parole de fondation, et au sens de " veiller sur ",
d'une présence attentive au monde présent. Dans l'évangile,
a dit quelqu'un, il n'y a pas de moines mais il y a des vierges
et elles attendent, de cette attente qui fait de la vie autre chose
qu'une simple suite d'événements. Veiller dans l'espérance
active, en servant le temps présent.
Lorsque l'une de nous s'engage dans notre Communauté, elle
le fait sur trois axes précis de sa vie de femme : son rapport
à sa volonté propre, son rapport à sa vie affective,
son rapport à l'argent et aux biens qu'elle possède
ou pourrait posséder. Ce sont les paroles et le visage du
Christ lui-même qui ont soudain éclairé d'une
lumière nouvelle ces dimensions essentielles de son humanité.
En les explorant progressivement à travers les quatre verbes
que j'ai mis en évidence (c'est grosso modo, le programme
des années de discernement au noviciat), elle comprend que
Jésus, le Christ, l'appelle d'abord à recevoir la
réalité d'un Dieu qui lui parle, qui l'aime, qui lui
promet le centuple et dont la loi est d'abord une grâce.
Pour que tout cela continue d'être mouvement et vie, il
faudra ne pas cesser d'entendre cette voix du Père, dans
le lieu secret du coeur et dans l'Esprit, et s'établir dans
une attitude d'ouverture à une croissance, à un accomplissement
qui passera, bien évidemment, par un certain nombre de "quitter".
Dans le " faire corps " de la vie communautaire, chacune
vérifie qu'elle n'a pas pris ses rêves pour la réalité.
Et nous aurons alors ensemble la vraie grâce, la "grâce
qui coûte ", d'aller plus profond dans la vérité
de notre humanité et de notre expérience de Dieu.
Faire corps: être responsable avec, rapport de partage. "
User de toute chose comme n'en usant pas" pour gagner en liberté
et peut-être devenir quelque peu " libérantes
" quand nous avons à traiter des affaires du monde.
" Partager : là se trouve la clé du mystère
de la communion humaine comme voie spirituelle ",dit une moniale
russe contemporaine.
Surtout, veiller sur l'amour, veiller sur cette part merveilleuse
et fragile de nous-mêmes, notre corps dans le célibat
et la chasteté. Recevoir l'une des plus belles réalités
de la création et se sentir appelée à l'offrir
en louange. Assumer la rupture que cet appel implique dans l'histoire
naturelle de l'humanité à cause du Royaume (Matt 19.12)
; tisser des liens pour la relation, non pour la possession, découvrir
d'autres formes de fécondité.
Et puis, oser parier sur la durée. " Seul ce qui demeure
s'apparente à Dieu. Seul ce qui librement demeure est l'honneur
de Dieu' ", dit notre Règle. Une liberté qui
ne s'engage pas existe-t-elle comme liberté? Le Dieu qui
est le nôtre nous appelle à la liberté, et à
la fidélité.
Or, la fidélité c'est d'abord une ouverture toute
grande à l'Esprit qui sait nous emmener là où
nous n'aurions jamais pensé aller. Si la fidélité
à un engagement définitif est un risque, ce n'est
pas le risque de la répétition du même, malgré
les apparences. C'est le risque d'une aventure dont nous ne savons
pas quel visage elle prendra. Moltmann écrit, dans sa Théologie
de l'Espérance : " A la question de l'homme sur lui-même
(qui suis-je ?) il s'entend répondre : "Je serai avec
toi" ". Réponse tournée vers l'avenir, pédagogie
de la confiance, m'invitant à me découvrir telle que
je n'ai encore jamais été, avec beaucoup d'autres.
On a parfois reproché aux communautés de former
une Eglise parallèle. Elles peuvent en donner l'impression
puisqu'elles se situent dans une certaine distanciation par rapport
au monde et comme une manière autre de faire Eglise. C'est
Karl Barth qui se demandait, à propos du monachisme: "
Ya t-il une existence chrétienne qui n'ait pas besoin, de
temps en temps, de se distancer spatialement (pour ne pas dire intérieurement)
du monde et même de l'Eglise. (...) Y a t-il pour l'Eglise
comme pour l'individu une authentique approche du monde et des hommes
sans qu'il y ait, vis-à-vis d'eux un mouvement de distanciation
et de retraite tout aussi authentique ?"
S'il y a des spiritualités en christianisme, elles ne sont
pas en concurrence. Elles ne peuvent qu'être au service les
unes des autres, pour le bien de l'humanité.
Quelle joie de participer, ici ou là, à cette richesse
!
Sur Évangéline
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La fraternité des Veilleurs
Sans être un moine ou une moniale, on peut
choisir de se donner une règle pour s'aider à vivre
et entretenir sa foi. C'est ce qu'ont voulu Wilfred et Theodore
Monod, avec quelques amis.
Cette fraternité spirituelle a été fondée
en 1923 par le pasteur Wilfred Monod et son fils Théodore.
L'idée est d'organiser, selon le modèle de François
d'Assise, un " Tiers-Ordre laïque " dont les membres
cherchent à mettre leur conduite journalière en harmonie
avec l'esprit des Béatitudes (Évangile selon Matthieu
5:310). Ce texte est révolutionnaire, aimait à dire
Théodore Monod, car si l'on essayait seulement de le mettre
en pratique, le monde changerait du jour au lendemain, et l'homme
pourrait enfin sortir de la préhistoire. " Heureux les
mendiants de l'esprit, car le Royaume des cieux est à eux...
""
Joie, Simplicité, Miséricorde
Ce mot d'ordre
veut résumer l'esprit des Béatitudes, méditées
chaque jour pour qu'elles soient au coeur de la vie des Veilleurs.
Le terme de joie veut souligner l'intériorisation de la foi
chrétienne. Le terme de simplicité invite au dépouillement
et à la simplification sur un plan pratique. Celui de miséricorde
souligne l'aspect universaliste.
Les buts de la règle sont les suivants:
- Mettre la conduite journalière en harmonie avec l'esprit
des Béatitudes: esprit de Joie, de Simplicité, de
Miséricorde.
- Aspirer à recevoir d'en-haut la vision
religieuse et le rayonnement spirituel, par la prière secrète,
la discipline volontaire, et l'amour qui sert.
Sans être liés par la formule d'un dogme
ou la lettre d'un Statut, les Veilleurs tendent à simplifier
systématiquement leur existence, non par contrainte, mais
par délibération intime, par respect d'eux-mêmes,
par amour du prochain, par intelligence des signes des temps, par
obéissance volontaire à l'idéal du Sermon sur
la Montagne. Les Veilleurs s'engagent sur le chemin où le
Maître les précède et les appelle : " Soyez
parfaits, comme votre Père céleste est parfait "
sans oublier l'exhortation de Paul : " Tout m'est permis, mais
tout n'est pas utile ". Le comble de la liberté est
de se lier (à Dieu) pour délier les autres (de l'égarement).
La règle
Elle est simple et tient en six points:
1) Au cours de chaque journée, trois moments de recueillement
: le matin lecture de l'Ecriture et prière; au milieu du
jour récitation des Béatitudes; le soir porter un
regard sur la journée en faisant son examen de conscience
en terminant par la prière confiante.
2) Chaque vendredi est marqué par un recueillement particulier
en évoquant la Croix par la lecture d'un récit de
la Passion, le chant d'un cantique, la contemplation d'un tableau,
et la méditation d'un passage biblique. Un aspect concret
est également proposé: visite, correspondance, intercession,
jeûne. Un livre de Prière et un Bulletin trimestriel
sont destinés à faciliter ces exercices journaliers.
4) Le dimanche, sauf empêchement notoire, chaque veilleur
s'associera au culte public de l'Eglise locale à laquelle
il appartient, dans la joie de la Résurrection.
5) Quatre fois l'an, les veilleurs qui le peuvent se réunissent
localement pour se replacer ensemble devant l'appel que Dieu leur
a adressé et reprendre ainsi conscience de leur vocation
de chrétiens. Des retraites de deux ou trois jours sont offertes
aux veilleurs, en plus des réunions trimestrielles. Le silence
y tient une place importante pour que Dieu puisse parler à
l'âme.
6) Avant chaque nouvelle année, une fois devenu observant,
le veilleur reçoit une carte d'engagement pour l'année
qui commence qu'il signe et conserve, et sur laquelle figure le
texte des Béatitudes. Il est recommandé de relire
la règle et les voeux de baptême ou engagements des
catéchumènes.
Marc Pernot, d'après un article de F. Pujol
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Un futur pasteur
Après avoir été ingénieur, Bertrand
Marchand a décidé de suivre les cours de la faculté
de théologie pour devenir pasteur. Il anime les groupes de
jeunes à l'Oratoire.
Pour parler de ma vie spirituelle,
il me faut m'arrêter sur ces moments adressés au Seigneur,
des moments qui sont rarement formels pour ma part. Je n'ai pas
ces rendez-vous réguliers, personnels, de prière et
de lecture de la Bible. J'aimerais me réserver un temps quotidien
consacré au Seigneur, mais je dois bien reconnaître
qu'il n'en est rien.
Ma vie spirituelle est plutôt faite de courts instants,
spontanés, intérieurs, au gré de mon quotidien.
Une parole de reconnaissance pour telle rencontre si profonde, si
intense, si sincère et vraie, si aimante... pour tel instant
de paix, de beauté, de douceur, d'émerveillement face
à la vie... La reconnaissance est sans doute pour moi l'expression
première de ma foi. Parfois, elle prend forme dans le chant.
Mais il y a aussi ces moments de douleur, de souffrance, de révolte.
Je me tourne désemparé vers le Seigneur, dans un cri
d'incompréhension, de détresse. C'est souvent la souffrance
des autres qui me touche le plus. Et je m'adresse au Seigneur en
disant: "que c'est difficile... " Je pense à l'homme
riche des évangiles qui s'éloigne de Jésus,
triste de ne pas être capable de se dépouiller de tout.
Et Jésus de constater: "qu'il sera difficile... "
Mais la grâce n'est jamais bien loin, heureusement ! C'est
elle qui nous relève. " Aux humains, c'est impossible,
mais pas à Dieu " (Marc 10.27).
Je vis mes études en théologie comme une chance
de pouvoir approfondir ma réflexion théologique et
de nourrir ma foi. L'étude des textes bibliques fait naître
constamment en moi un nouveau souffle, un souffle nouveau. J'y redécouvre
sans cesse cette force de vie inouïe qui est Évangile,
Bonne Nouvelle.
Il est vrai enfin que le temps du culte communautaire est important
pour moi, justement parce qu'il est communautaire. Cette prière
portée par la communauté a une résonance ;
elle fait corps. C'est ensemble, enrichis de nos différences,
que nous vivons en témoins de la résurrection du Christ,
une résurrection qui est don de la grâce, de l'amour,
pour que nous puissions à notre tour vivre pleinement, libérés
de nos morts intérieures.
Voilà, c'est cela ma vie spirituelle: des instants du quotidien
qui me portent et me maintiennent debout.
Bertrand Marchand
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La foi d'un paroissien
Une carrière dans l'édition et un pratiquant
assidu, tel est le parcours d'Ulrich Meyer
Il faut commencer à voir
ailleurs, pas seulement dans le contexte religieux, le sens profond
de la foi. Il me semble nécessaire d'allier la connaissance
approfondie dans n'importe quel domaine que ce soit. Emmagasiner
l'essentiel du savoir devient sa base solide. Quand on doit communiquer,
témoigner, affirmer quelque chose de précis, on accède
à son fond propre et on transmet son savoir avec foi, c'est-à-dire
que l'on agit avec une intention droite et avec la conviction d'obéir
à sa conscience, d'être fidèle à soi-même.
Si on aborde la foi dans u n sens religieux, les mêmes bases
sont exigées, à la seule différence que pour
y accéder, il faut bien connaître l'histoire, au moins
le nouveau testament. Cela nous conduit devant la problématique
suivante : dois-je accepter le tout sans trop approfondir ces messages
ou faire une sélection, et de ce fait, personnaliser les
connaissances ? Si oui, je peux exprimer la foi en mon nom propre
et la communiquer.
Si j'ai seulement emmagasiné ces messages de la bible,
je ne fais que les transmettre, les réciter sans aucune conviction,
et avec la difficulté de se tromper sur l'essentiel du message.
La foi, pour moi, et telle qu'elle devrait être ressentie,
doit venir de l'intérieur de soi et sur la base de ses connaissances.
Quand cette différenciation est claire dans son esprit, on
peut envisager sur son fond stable et personnel, la voie de la spiritualité
: comprendre le cheminement vers la fidélité, trouver
en soi les ressources nécessaires pour surmonter les difficultés
de la vie et les relativiser.
La spiritualité ne peut se faire uniquement avec soi-même
et il est nécessaire, pour qu'elle puisse parvenir, de se
lier avec autrui.
En ayant cette conviction pratique mentale, tout le monde trouvera
la paix intérieure et contribuera de ce fait à apaiser
les tensions de ce monde.
Ulrich Meyer
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Chercher Dieu
Parmi les activités de
notre église, la plus suivie est le culte du dimanche. Les
techniques modernes de communication n'ont pas rendu désuets
ces rassemblements, au contraire semble-t-il, puisque sur notre
site internet oratoiredulouvre.fr, aussi, tout ce qui concerne le
culte et les prédications se trouve parmi les pages les plus
visitées.
Si le culte du dimanche matin est le moment le plus important de
la vie de notre église c'est probablement parce qu'il apporte
quelque chose d'essentiel à ces personnes qui prennent du
temps pour cette activité étrange. Rien ne les y oblige
aujourd'hui, ni la pression sociale, ni une pression dans notre
église, nous aimons trop la liberté pour cela et le
culte n'est pas pour nous une finalité en soi mais plutôt
un moyen au service de la spiritualité personnelle de chacun,
un des moyens possibles. Mais le fait est là, il y a quelque
chose dans le culte qui fonctionne, et je ne connais personne qui
faisant l'effort de participer au culte assez régulièrement
ne ressente un réel bénéfice pour son existence.
Pourtant notre culte est délibérément dépouillé,
presque austère. La forme et le fond sont décalés
par rapport à ce qui serait le plus confortable pour les
participants. C'est délibéré, l'objectif du
culte étant d'aider chacun à évoluer, et ce
n'est souvent pas ce qui est le plus confortable qui peut rendre
ce service. À l'Oratoire, nous avons choisi d'avoir une dimension
d'enracinement dans ce qu'ont apporté les générations
passées avec la Bible, mais aussi avec la forme du culte,
des textes et des chants qui ont traversé les siècles.
Le fond est au contraire souvent novateur, dérangeant, laissant
peu de place à la sensiblerie. L'objectif de cette prédication
est d'aider chacun à se poser des questions plus que d'apporter
des réponses universelles. La diversité des prédicateurs
mais aussi celle des participants au culte favorise ce questionnement.
Mais si l'on interroge les participants à u n culte, leurs
réponses sont assez diverses:
Pour l'intérêt d'entendre une réflexion originale
sur la Bible, pour apprendre et se laisser étonner, pour
revitaliser son intérêt pour les questions spirituelles.
Chercher des réponses à ses questions... et chercher
des questions qui nous feront avancer, questions auxquelles on pourra
soi-même réfléchir ensuite et trouver ses propres
réponses.
Prendre un peu de temps, du temps pour réfléchir et
se ressourcer. Se rappeler que
Dieu existe, qu'il n'y a pas que les loisirs, le travail et les
tracas quotidiens, "recharger" sa foi, nourrir sa prière.
Simplement profiter de l'ambiance de recueillement. Trouver un réconfort,
une force, un pardon dont on a besoin.
Être fidèle à une certaine "hygiène
spirituelle" que l'on choisit de se donner à soimême
pour entretenir l'essentiel. Se donner les moyens ainsi de faire
grandir sa foi, de la faire naître ou ressusciter.
Rencontrer des personnes de tous âges et origines, bavarder
à la sortie du culte, même avec des personnes que l'on
ne connaissait pas avant.
Être fidèle aux générations de croyants
qui nous ont précédés et qui nous ont transmis,
souvent au péril de leur vie, les paroles de l'alliance avec
Dieu, le témoignage aussi de leur foi.
Être là pour rendre témoignage de sa foi, montrer
(et dire) ainsi aux autres que l'on a besoin également de
leur foi à eux.
Marc Pernot
haut de la page
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