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Feuille Rose N °775
de mars 2008
L'éducation biblique
Qu'est-ce que cela peut apporter?
"J'ai été
surpris. Quand ma fille Marie a eu treize ans, je me suis rendu
compte qu'elle n'avait pas reçu d'éducation religieuse.
Évidemment, ce n'était pas un hasard. Nous avions
pensé : "Elle choisira, elle construira ses propres
convictions." Cette position avait paru raisonnable. La famille
avait plus ou moins protesté, plus ou moins laissé
faire. Marie avait donc grandi sans appartenir à une religion,
comme beaucoup d'enfants de sa génération.
" Mais nous n'en avions pas imaginé les conséquences
:j'ai été surpris parles points de repère qui
lui manquaient. La Bible, l'idée même de Dieu, la signification
du sacré, par exemple, rien de tout cela ne lui était
familier. Les ressemblances et différences les plus fondamentales
entre juifs, chrétiens et musulmans n'étaient pas
nettes dans son esprit. Pas plus que les principaux points d'accord
et de désaccord entre le christianisme et le bouddhisme.
L'unité des religions, et leur diversité, personne
ne lui en avait clairement parlé. Ni à l'école
ni chez elle.
" Pourtant, il est indispensable d'avoir, sur toutes ces
questions, des points de repère. Pour la " culture générale
" et la compréhension des oeuvres d'art. Pour la vie
quotidienne dans le monde actuel. Dans tous les pays, à présent,
voisinent des gens de croyances différentes, qui doivent
apprendre à se connaître.
" Ce n'est pas tout. Les religions sont un élément
essentiel de l'expérience humaine. Si nous n'en parlons pas
à nos enfants, des trésors d'humanité risquent
de leur échapper totalement. "
Voici ce qu'écrit le philosophe Roger-Pol Droit en introduction
à un petit livre Les religions expliquées à
ma fille. Cette introduction pourrait aussi être celle de
l'éducation religieuse que nous offrons aux enfants à
l'Oratoire.
Avec eux nous entrerons dans une découverte des aspects
principaux de cette bibliothèque qu'est la Bible, nous découvrirons
les principaux points de la théologie, les points en débat,
les grandes options. Avec eux nous nous interrogerons sur ce qu'apporte
le fait d'avoir une religion, de prier Dieu ou de suivre le Christ
Avec eux nous nous nous préoccuperons de ce qui est à
l'horizon de notre humanité comme l'éternité,
l'idéal, le sens de la vie...
Merci aux moniteurs et monitrices qui mettent tout leur cour et
leur foi dans ce témoignage.
En pratique
L'an dernier, une très large majorité des familles
avaient choisi d'adopter un rythme de rencontres d'un dimanche par
mois. Après cette année d'expérimentation,
nous vous proposons de garder cette formule pour l'année
scolaire 2008-2009. La coordination avec les responsables scouts
est déjà en train de se faire pour qu'il n'y ait pas
de chevauchement, et nous pourrons bientôt vous donner le
calendrier des rencontres pour toute l'année.
Un groupe d'École Biblique avait également été
maintenu un mercredi après-midi sur deux. Si un nombre suffisant
de familles le demandait, nous pourrions également maintenir
cette formule.
N'hésitez pas à donner vos avis et suggestions.
Et merci pour la présence de vos enfants dans ces groupes.
Il y a vraiment un bon esprit qui a permis à tous d'avancer,
à eux et à nous.
Marc Pernot
haut
de la page
Parler de Dieu à ceux que l'on aide
De la difficulté d'évoquer Dieu dans un monde
qui ne pense pas en avoir besoin...
Les protestants ont bonne réputation. C'est un fait. Les
convictions qui les animent sont considérées comme
profondes et non soumises à la domination de règles
religieuses appréhendées par les hommes d'aujourd'hui
comme dépassées. L'austérité qui colle
un peu à la figure du protestant rebute, alors que sa liberté
de parole est plutôt enthousiasmante dans- la société.
L'histoire de notre Eglise nous apprend que régulièrement,
des temps forts ont surgit; ce sont les " Réveils ".
Ces grands moments de renouvellement et d'appropriation personnelle
de la foi. Dieu intervient dans le Monde, la Bible l'affirme, l'Esprit
Saint confirme cette présence par la médiation du
Christ. Les Réveils ont ceci de particulier qu'ils savent
joindre les mains et rejoindre les autres (L.Gagnebin).
C'est à dire, conjointement à la proclamation de
l'Evangile, des services sociaux sont mis en place. Cela est motivé
par le fait que l'homme est une espérance de Dieu. Chacun
doit pouvoir vivre sans désespérer! Afin de permettre
cela, la diaconie entre en scène conjointement à la
proclamation de la Bonne Nouvelle. Or, aujourd'hui le prosélytisme
n'étant plus de mise, le bel héritage diaconal mis
en place dans un temps déjà lointain fonctionne bien
sans Dieu qui a été remplacé par la "
technique sociale ". Le sentiment d'avoir "perdu son âme
" est une tristesse, mais la difficulté de trouver des
espaces pour partager la foi est une souffrance réelle. Il
est assez rare au cours des siècles que les gens se soient
présentés spontanément pour entendre parler
de Dieu et de l'Ecriture. En revanche, les débats engagés
ont créés à la fois des oppositions etdes conversions.
Offrir de notre temps pour une amélioration de la situation
matérielle des personnes est juste mais insuffisant pour
une mission d'Eglise. Les protestants d'aujourd'hui ont des trésors
d'intelligence pour retrouver le courage de parler en toute liberté
du prix de la grâce.
Werner Burk
Le moment "spi" dans un camp scout
Un chef éclaireur évoque le moment
religieux du rassemblement
Un week-end banal:
la troupe de l'oratoire est partie en forêt pour deux jours.
Qu'y a t-il de mieux pour oublier un moment Paris, son stress, sa
pollution ?
Après le jeu du samedi soir, les éclaireurs se sont
vite couchés, éreintés mais content.
Le lendemain matin levés à 8h par le cor, ils se sont
pressés de faire le petit déjeuner. lob: autre coup
de corne, le rassemblement (ras) habituel du dimanche matin commence.
On y parlera d'abord des affaires courantes de la troupe, des projets
à venir, du camps d'été qui commence à
s'approcher.
Un des chefs s'avance, un livre et un papier de notes
à la main et prend la parole. C'est le moment " spi
" qui commence.
Mais qu'est-ce qu'un moment " spi "? Peut-être faudrait-il
commencer par supprimer l'abréviation... Spirituel... C'est
un vaste mot, qui peut, si l'on n'y prête pas attention, être
un " fourre-tout " englobant la réflexion sur un
texte de la Bible, comme sur le dernier journal " people "
qui vient de sortir.
Ce que je vais m'efforcer devous présenter
est le squelette, la structure " type " d'un moment "
spi " tel que vous pouvez le rencontrer à un weekend
x ou y de la Troupe de l'oratoire.
Tout commence par une question posée aux enfants, généralement
en rapport avec le projet de l'année, ou bien avec un événement
précis du week-end.
Notre projet d'année est la réalisation d'un court-métrage
par patrouille (groupe de cinq ou six enfants constitué pour
toute l'année), incluant sa préparation écriture
du scénario, des dialogues, des idées de lieu précises,
etc.-, le tournage puis le montage.
Le jour où fut annoncé ce projet, nous
décidâmes de centrer le moment " spi " autour
de l'image, et de ce qu'elle sert comme but: divertir, informer,
manipuler...
C'est un sujet qui peut sembler assez facile dans son premier abord,
mais pour l'expliquer, clairement, simplement et de manière
à captiver l'attention de chaque éclaireur, la tâche
peut se révéler un peu plus ardue qu'elle n'en avait
tout d'abord l'ait
L'important est, comme je le disais, d'intéresser chaque
éclaireur, tout en sachant que tous ou presque ont des goûts
et des avis différents, et, encore plus essentiel, de ne
pas, sans s'en rendre compte, leur imposer un avis trop tranché
sur la question.
Nous essayons en effet de faire que chacun puisse
se forger sa propre opinion, tout en tenant compte de celle des
autres. C'est pour cela que la parole et la discussion sont toujours
très importantes dans un moment spi: la question leur est
posée. A eux de commencer par y répondre, à
essayer de trouver des pistes. Ensuite, le chef qui présente
le moment " spi " "coordonne et rassemble les idées.
Il lit ensuite un texte parfois religieux, parfois littéraire
ou philosophique (en faisant attention que le texte reste abordable
pour chacun) qu'il commente avec la participation de tous.
Il faut se rappeler que tous les éclaireurs
ne sont pas croyants, et si nous avons pour conviction profonde
qu'il est essentiel de leur faire découvrir des passages
de la Bible, nous pensons aussi qu'il ne faut pas que ceux qui ne
croient pas se sentent " exclus ". De plus il nous semble
qu'une réflexion ne peut se limiter qu'à un seul texte,
une seule vision aussi édifiante soit elle, et que notre
devoir est aussi de faire connaître des auteurs, des penseurs
importants aux enfants, pour les y intéresser, ou bien tout
simplement pour que lorsqu'ils entendront leurs noms plus tard,
ils puissent les avoir déjà "découverts
".
Tel est donc un moment spi à la Troupe de
l'oratoire. Nous ne prétendons pas bien sûr pas tout
savoir, et tout pouvoir expliquer aux enfants, mais nous faisons
toujours attention à parler de sujets qui nous tiennent à
cour, à partir de textes qui nous semblent édifiants
et passionnants, afin de pouvoir transmettre le peu que nous savons
de la manière la plus intéressante possible aux éclaireurs.
Mais surtout, il nous semble essentiel de les faire réfléchir
par eux-mêmes et de leur faire se développer un esprit
critique sur les sujets que nous traitons, ce que nous en disons,
et ce qu'eux-mêmes en pensent.
Aurélien Peter
Dire Dieu à la Fondation John Bost
Parler de spiritualité avec les handicapés mentaux
est le défi relevé par les aumôniers de La Force
La spiritualité constitue
une des dimensions importantes de toute vie. La vie spirituelle
est inscrite dans le projet d'établissement de la Fondation
John Bost. Elle est animée par deux pasteurs, entourés
d'un conseil d'aumônerie et d'une équipe oecuménique
de catéchètes. La direction générale,
le conseil d'administration et la direction de chaque pavillon en
sont également les garants. Occasionnellement, les pasteurs
et les paroisses protestantes du Consistoire y sont associés
pour l'animation de cultes et la catéchèse.
Situées sur un plan qui leur est propre, l'aumônerie
et la catéchèse se déroulent en cohérence
avec le projet thérapeutique global de la Fondation.
Ce dernier se réfère aux valeurs fondamentales de
l'Evangile, en particulier le respect de la personne et la proclamation
de l'amour donné par Dieu dans le respect des convictions
de chacun. Les fêtes chrétiennes par exemple sont vécues
comme des repères donnant du sens à la vie.
En effet, chercher un sens à son existence, ensemble, devant
Dieu, nourrir la qualité de la relation à soi-même,
aux autres, à Dieu, tels sont les objectifs poursuivis par
l'aumônerie - catéchèse. Le point de rassemblement
interpavillonnaire qu'est le culte le dimanche au temple de la Fondation
est un temps fort pour ce vivre ensemble devant Dieu.
Les moments réguliers dans la semaine offrent la possibilité
de se retrouver par petits groupes.
Chaque année, quelques 120 résidents et personnes
âgées sont inscrits en catéchèse, répartis
en une dizaine de groupes pour des rencontres hebdomadaires. Une
quinzaine de catéchètes, de sensibilités et
de confessions différentes, élaborent le programme
en commun avec les écoles bibliques des Églises protestantes
du Consistoire. La catéchèse, comme les temps cultuels
sur les pavillons sont des espaces de liberté. Chacun peut
y vivre et y recevoir le message de l'Evangile, chacun peut y exprimer
ses questions, ses doutes, ses joies, ses peurs, ses difficultés,
ses luttes, sa foi même si le canevas d'une séance
ou d'un partage sont répétitifs les mêmes chants
sont gardés pendant un temps assez long. La mémorisation
permet la participation active. Dire ensemble le Notre Père,
chacun avec ses possibilités, est chaque fois un temps fort
pour tous. Avec des gestes ou avec des mots il est dit avec le cour.
Le support qui portera le texte biblique fait partie du travail
sur le texte. S'il n'est pas systématique il est en tout
cas fréquent. Rendre mieux perceptible le message de l'Evangile
sans le réduire à un objet, un geste, une odeur, une
musique fait partie du même travail que le choix des mots
que nous utilisons pour dire la bonne nouvelle. Le langage utilisé
sera donc simple, sans être simpliste, en développant
une seule idée à la fois. Il faut constamment faire
preuve d'imagination pour actualiser le texte biblique et le rapprocher
de la vie concrète des résidents.
Par exemple, nous avons récemment vécu l'histoire
de Bartimée, cet aveugle guéri par Jésus. Pour
que chacun puisse se rendre compte de ce que vivait Bartimée,
nous avons bandé les yeux de certains résidents. Une
autre fois, pour illustrer la puissance que Dieu met dans notre
vie, nous avons utilisé une lampe de poche qui n'éclairait
pas tant que la bonne pile n'était pas utilisée. Nous
avons aussi fréquemment recours au flannellographe pour former
un support visuel, ou à de petits objets que nous faisons
circuler pour que les résidents les touchent, etc.
Ici comme ailleurs, le Saint-Esprit, acteur invisible permet à
Dieu de parler au-delà de ce que nous mettons en oeuvre.
Evelyne Jouve, pasteur aumônier
Christian Bury, pasteur catéchète
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