Quel réveil
« Le réveil, cela
nous fait penser à fous ces matins où il fout sortir
d'un lit douillet pour se mettre debout et vaquer à ses occupations.
Le réveil, pour nous protestants, cela peut évoquer
ces mouvements de grand renouveau spirituel qui ont marqué
notre histoire. Dans le même ordre d'idées, on parle
depuis quelques années d'un réveil du religieux, hésitant
entre satisfaction et inquiétude. Satisfaction car la « soif de Dieu » montre que l'homme
contemporain garde des aspirations spirituelles au milieu de sa
jouissance consommatrice. Inquiétude car ce réveil
du religieux se révèle souvent sous un jour fondamentaliste
ou intégriste.
Ceci nous conduit au sens métaphorique de l'expression
« réveils difficiles ». Son emploi suggère
la brusque confrontation à une réalité dure
et choquante. Pour donner un exemple, l'explosion violente et destructrice
qui a frappé villes et banlieues françaises ce dernier
automne a pu nous occasionner de tels réveils difficiles.
Car derrière les problèmes récurrents d'une
société qui ne semble offrir à beaucoup de
ses enfants ni travail ni avenir, ce qui s'est réveillé
n'est pas seulement l'esprit d'une protestation justifiable, mais
le souffle d'une barbarie nihiliste, détruisant pour détruire,
et s'attaquant aux lieux de vie de la cité.
A propos de lieux de vie, ne se réveille-t-on pas chaque
hiver « difficilement » au moment où l'on voit
mourir dans la rue les premiers sans-abri que la douceur estivale
nous avait permis d'oublier ? il faudrait alors souhaiter à
tous les acteurs de notre société, et donc à
nous-mêmes, des réveils courageux et pleins de foi
et de vérité.
Car se réveiller c'est l'acte du matin et du commencement,
où s'enracine le sens de la journée nouvelle. Ou bien
celui d'une époque où peut souffler un espoir tout
neuf, porteur de vraie générosité. Au temps
de Pâques, que nous fêterons dans quelques semaines,
le réveil du Christ signifiera sortie des ténèbres,
remontée des enfers.
Il est toujours possible de réparer le monde, même
quand il est en ruines, d'en relever les pierres. À condition
de ne pas se mettre la tête sous l'oreiller !
« Ossements desséchés, écoutez : voici
ce que l'Eternel vous déclare : je vais vous réanimer,
et vous reprendrez vie. » Ezéchiel 37,4.
Florence Taubmann
Réagissez sur le blog de l'Oratoire, faites profiter les autres de vos propres réflexions…
Si vous voulez remercier ou soutenir l'Oratoire : il est possible de faire un don en ligne…
|