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La Résurrection
Pour évoquer la question de la résurrection
de Jésus, nous avons eu recours à des prédications
que nous ont laissées deux anciens pasteurs de lOratoire.
Le plus proche de nous, Jean-Michel Perraut, a commenté
sur ce point huit versets de lEvangile de Marc dans sa
prédication de Pâques du 20 avril 2003. Le second
texte est tiré de la prédication pascale de Wilfred
Monod, en 1935.
Il y a trois choses étonnantes,
voire dérangeantes dans ce récit de Marc. Tout dabord,
la place surprenante des femmes. Parce quelles sont, et elles
seules, les témoins du tombeau vide. Marie de Magdala est
le seul témoin de cet évènement cité
par les quatre évangiles. Cest ce groupe de femmes
qui suit Jésus depuis la Galilée et qui a assisté
à sa mort. Dans ce jardin, elles sont tout à fait
dans le rôle traditionnel que la société leur
attribue : celui des soins du corps des morts, de leur toilette,
de leur sépulture.
Mais voila que, tout à coup, elles sortent complètement
de ce rôle pour devenir les témoins, les premiers témoins,
et même les témoins uniques de la résurrection.
Les disciples, eux, sont absents. Ces femmes ont un rôle étonnant,
exceptionnel.
Peut être avons-nous un peu perdu notre étonnement
face à ce phénomène. Parce que nous sommes
dans une église qui admet, depuis des décennies, le
ministère féminin. Parce que nous navons plus
ce genre de réticence à imaginer que les femmes puissent
avoir un rôle actif dans lEglise. Noublions pas
que dans la majeure partie des églises chrétiennes,
cest vrai chez les catholiques, cest vrai chez les orthodoxes
et cest vrai dans le protestantisme évangélique,
les femmes sont exclues du ministère. En tout cas du ministère
pastoral et souvent de la prise de parole publique.
Cela nous fait mesurer à quel point ce texte de Marc est
une sorte de texte révolutionnaire, puisquil na
pas encore été pris en considération par beaucoup
de chrétiens et beaucoup déglises. La deuxième
chose que je voudrais souligner et qui est étonnante, cest
la mention de la peur.
« Elles entrèrent dans le sépulcre (
)
et furent épouvantées ». Lexpression est
très forte. Le jeune homme vêtu dune robe blanche
ne les a pas rassurées du tout. La mort est triste mais normale
et les rites qui laccompagnent sont rassurants dune
certaine manière, mais labsence de mort est troublante
Et Pâques est peut être dabord ceci, un évènement
effrayant. Effrayant pour les témoins, effrayant pour nous
aussi parce quil serait tellement plus simple et plus facile
de célébrer lanniversaire dune mort. On
sait ce que cest quune mort dans la société
civile, on passe son temps à célébrer des anniversaires
de mort. On sait très bien faire ce genre de choses-là.
Pâques reste quelque chose de mystérieux, pourquoi
pas quelque chose deffrayant parce que tellement étrange
par rapport à notre vie. Effrayant aussi par la difficulté
den parler : « Et elles ne dirent rien à personne
».
Enfin le troisième élément étonnant,
stupéfiant, cest labsence de Jésus le
crucifié. Le jeune homme dit : « Il a été
ressuscité, il nest pas ici, voici le lieu où
on lavait mis ». Il y a là un vide, un creux,
un mystère, qui nest pas sans rappeler une autre sorte
de vide, je veux parler de celui du « Saint des Saints »,
la pièce la plus sacrée du temple de Jérusalem.
Cette pièce cest un lieu vide Il me semble quil
y a un rapport entre le Saint des Saint et le tombeau vide.
Sadressant aux femmes, « le jeune homme vêtu
dune blouse blanche » leur dit : « Vous cherchez
Jésus le « nazaréen », qui a été
crucifié ». Il parle bien de la personne que les femmes
ont connue, mais ensuite il ajoute : il a été ressuscité.
Cest un passif : il a été ressuscité
(1). Il ne sest pas ressuscité lui-même, il a
été ressuscité. Sil la été,
lacteur cest Dieu lui-même. Lobjet de laction
cest Jésus. Ce nest pas Jésus qui recommence
une nouvelle vie, ce nest pas Jésus qui se réincarne,
non, il a été ressuscité. Ce nest pas
non plus une histoire de cadavre rendu à la vie, arrêtons
ce genre dhistoires-là, non ce nest pas non plus
du tout cela, il a été ressuscité. Cest
laction de Dieu, cest Dieu qui agit « pour la
vie ».
Pour finir, lEvangile se termine comme une page blanche
où Jésus serait en filigrane. Pour lapercevoir
dans une feuille, il faut approcher la page de la lumière.
Eh bien cette page est blanche parce que cest à nous
de lécrire. Le texte dit « elles se rendirent
au sépulcre de grand matin au lever du soleil ». Seul
lévangile de Marc mentionne ce détail-là.
La lumière commence à poindre pour ces femmes comme
au premier jour de la création. Il y a une correspondance
entre la fin de lévangile et la Genèse. Dieu
dit que la lumière soit et la lumière fut.
La lumière est là, cest le lever du soleil.
Eh bien chers amis, si nous approchons la page de notre vie de la
lumière, nous y découvrirons le Christ, le crucifié,
celui qui a été ressuscité. Approchons notre
page de la lumière. Nous le verrons en filigrane de notre
vie.
Jean-Michel Perraut
(1) Jean-Michel Perraut nous a précisé que, pour
la citation « il a été ressuscité »,
il sétait référé à une
traduction de Sur Jeanne dArc, une religieuse de lordre
des Dominicaines qui utilise ainsi la forme passive du verbe ressusciter.
Lapôtre affirme
: « Christ est mort, bien plus, il est ressuscité
» (Romains 8 : 34). Vous entrevoyez, nest-ce pas,
les contrecoups dune pareille croyance dans la vie pratique,
même sur le terrain extérieur de lactivité
politique et sociale ? On aboutit à la rupture avec tous
les systèmes pessimistes qui écrasent lhomme
sous la tyrannie du Destin ; nous ne sommes plus esclaves de la
fatalité ; nous échappons au Dieu musulman, dont
les éternels décrets vident notre conscience de
la moindre spontanéité.
Avec le retour à la liberté morale effective,
lhistoire entière et chaque existence individuelle
acquièrent un sens dramatique, un poids réel ; on
sort du domaine des apparences, pour entrer dans celui des responsabilités
; on nest plus régi par les impulsions de la Nature
ou les lois de la Prédestination ; il sagit pour
chacun dun risque à courir, dun devoir à
remplir, dun but à saisir. Attendre est bon, mais
agir est mieux.
Un chrétien résigné à une prétendue
nécessité, ici-bas, de la famine, de la peste, et
de la guerre, - un chrétien qui accepte intérieurement
la perpétuité du paupérisme, cest un
chrétien qui a soufflé sa lampe, un chrétien
sans audace et sans joie. Il a désappris la musique de
Notre Père, et il ne comprend même plus les paroles
quil récite mécaniquement : Ton règne
vienne ! Ta volonté soit faite sur la terre !
En définitive, une chrétienté pessimiste,
lâchement découragée, serait une chrétienté
oublieuse du catéchisme apostolique : Jésus est
mort, bien plus, il est ressuscité !
Wilfred Monod,
prédication de Pâques 1935 à lOratoire,
recueillie dans « Lavoir du chrétien »,
Paris, Fischbacher, 1935.
Joëlle
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Evangile de Marc chap.16 Versets
1 à 8 : « Lorsque le Sabbat fut passé, Marie-Madeleine,
Marie mère de Jacques et Salomé achetèrent
des aromates, afin daller embaumer Jésus. Le premier
jour de la semaine, elles se rendirent à la tombe très
tôt au lever du soleil. Elles disaient entre elles : Qui nous
roulera la pierre de lentrée du tombeau ? Elles levèrent
les yeux et saperçurent que la pierre, qui était
très grande, avait été roulée. Elles
entrèrent dans le tombeau, virent un jeune homme assis à
droite, vêtu dune robe blanche, et elles furent épouvantées.
Il leur dit : Ne vous épouvantez pas, vous cherchez Jésus
de Nazareth, le crucifié ; il est ressuscité, il nest
pas ici ; voici lendroit où on lavait déposé.
Mais allez dire à ses disciples et à Pierre quil
vous précède en Galilée. Cest là
que vous le verrez, comme il vous la dit. Elles sortirent
du tombeau et senfuirent tremblantes et hors delles-mêmes,
mais elles ne dirent rien à personne à cause de leur
effroi ». |