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La prière de A à Z



Priez sans cesse ! (I Thess. 5:17)

Sans prétendre épuiser tous les vocables qui permettent de cerner cette activité essentielle de la foi qu'est la prière, nous commençons aujourd'hui une petite chronique alphabétique sur ce sujet.

A... COMME APPEL, ATTENTE, ATTENTION ET AMOUR

S'il n'y avait pas en l'homme une attente autre que celle du lever du jour, de la nourriture et de la sécurité matérielle, il n'y aurait pas de prière. Certes, dans ses formes les plus primitives, et en même temps les plus constantes, elle est appel... Appel à la nature, appel au compagnon le plus proche, appel à l'Etre invisible, pressenti sans pouvoir encore le nommer.

Mais en marge des cris qui la portent et qui en font une demande, n'est-elle pas l'attente diffuse de ce qui peut, de ce qui doit arriver à l'homme de meilleur, de plus conforme à son destin, de mieux à même de l'accomplir ?

Avant d'être l'expectative anxieuse du retour - " Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ?... " - elle est l'attente de Quelqu'un dont les traits et la volonté ne sont peut-être pas encore connus : " Heureux celui qui attendra... ! " (Daniel 12:12) et aussi la certitude du psalmiste: " Mon âme attend l'Eternel, plus que les gardes n'attendent le matin... " (Psaume 130:6)

Rien de plus triste que celui qui n'attend rien ni personne; c'est le drame des solitaires dont les journées ne sont ponctuées par aucune visite, des travailleurs qui ne voient que monotonie dans leur quotidien, et, surtout, de ceux qui ont cessé de prier.

Mais que se réveille l'attente, cette amorce de l'espoir, cette première lueur de l'aube, ce signe de vie donné à Qui peut nous combler, alors recommence la vie spirituelle.

L'attente cependant peut être aveugle. Elle doit se compléter comme ce mot, attente, qu'on corrigerait en écrivant... attention. L'attention c'est l'attente qui se prolonge, qui persévère, qui scrute l'instant et l'avenir. L'attention, c'est aussi bien la lucidité du savant qui cherche, que la sensibilité de l'artiste qui crée: au premier sera révélée une portion nouvelle de la réalité, au second une parcelle de beauté. L'attention de l'homme à la vie et à ses promesses c'est ce qui fait le croyant et le début de sa vision de Dieu. L'attention à ce qui lui est dit, -l'observation de ce qui est fait, à côté de lui et, souvent, pour lui, prépare l'Homme à la Parole et à la Geste de Dieu.

Sous une autre lettre nous serons amenés au contenu de cette prière, mais ici il suffit d'en appeler à un certain mystère et de dire avec Maurice Blanchot: " L'attention est l'accueil de ce qui échappe à l'attention, ouverture sur l'inattendu... "

Les visites qui font le plus plaisir sont parfois celles qui nous surprennent. La prière peut devenir soudain ce rendez-vous non prévu avec le Dieu qui (re)vient chez nous. Enfin, celui ou celle dont l'attente est la plus fidèle et l'attention la plus soutenue, n'est-ce pas quiconque aime, n'a pas cessé d'aimer, veut aimer encore ? Or il y a en l'homme un amour caché de Dieu - il y a dans le chrétien même un peu détaché un amour non-éteint pour Christ -, il y a, en dépit des pesanteurs de la matière et du doute, un appel et un amour de l'Esprit.

C'est pourquoi il est donné à chacun d'épeler, comme une langue toute neuve et comme un langage plein de promesses, l'alphabet de la prière.

Et personne, connaissant le besoin d'aimer et d'être aimé, ne saurait se priver d'appeler, d'attendre et d'accueillir le grand Amour dont nous sommes l'objet de toute éternité.

La prière commence et recommence sans cesse sur le fondement et dans la constance de cet Amour-là.

 

B... COMME BALBUTIER, BENIR, BATIR

Tout langage est d'abord imprécis, suite incompréhensible de consonnes, puis de voyelles, vagues bruits qui sur les lèvres de l'enfant prennent petit à petit forme et sens. La prière aussi commence par des balbutiements ; n'est-elle pas cri avant d'être phrase, élan avant de devenir élocution, appel avant de grandir en acclamation ?

Connaissant mal encore son objet, incertaine de sa destination, désireuse et inquiète tout à la fois de recevoir un écho à sa voix, elle s'essaye, des lèvres et du cœur, à chercher un contact.

Parce que rencontrer c'est nommer, elle teste le destinataire de sa quête, et puisque, pour être entendu, il faut bien dire qui l'on est, l'homme qui prie s'annonce à son dieu et se désigne tour à tour comme juste ou coupable, fort ou misérable.

Mais tout ce domaine ne peut jamais rester que dans l'approximation, cet autre nom de l'approche. Qui dira toute la grandeur de Dieu, qui épuisera non seulement la liste, mais le sens de ses " attributs " ? Ainsi le livre de Job avoue: " Nous ne saurions parvenir jusqu'au Tout-Puissant,... " et place cette réponse dans la bouche de l'Eternel : " Qui est celui qui obscurcit mes desseins par des propos dénués de connaissance ?... " (Job 37 : 23, et 38 : 2).

Et quel portrait authentique de lui-même l'homme fera-t-il ? Tantôt séduit par le Serpent il voudra " être comme Dieu " (Genèse 3 : 5), tantôt accablé comme tel psalmiste il gémira " ... tout homme est un souffle... " (Psaume 39: 12).

Ainsi le contenu de la prière ne sera jamais " exact ", ne fera jamais le tour de cette vie avec Dieu qu'on s'efforce de dire, mais il sera toujours " vrai " si l'homme qui la compose et l'exhale cherche sincèrement...

Notre vocation est donc d'améliorer chaque jour notre alphabet de la prière, son style, son rythme, mais en sachant qu'elle demeurera toujours humble et hésitante, tremblante et confiante et qu'à toutes ses faiblesses une promesse est faite: " ... l'Esprit lui-même intercède (en nous) par des soupirs inexprimabl.es " (Romains 8: 26).

" Dieu soit béni, - me disait ce vieil homme -, je ne me porte pas trop mal... " et l'une des plus fréquentes prières de table, dans la tradition de la famille protestante, n'est-elle pas " Mon âme, bénis l'Eternel, et n'oublie aucun de ses bienfaits ! " ? Nous savons tous que la prière a pour but, notamment, de remercier Dieu, d'attester de son grand oeuvre pour son peuple, de célébrer son honneur et sa bonté.

Il arrive cependant qu'un enfant, ou même un adulte, s'étonne, demande " Mais n'est-ce pas, avant tout, Dieu qui bénit ?... " Un même verbe, dans l'Ancien Testament, en hébreu, puis, en grec, dans le Nouveau Testament, exprime cette double réalité. De fait, dès les plus anciens temps l'homme se sait porteur de certains pouvoirs et se voit capable de les transmettre. Ainsi la transmission de l'autorité paternelle, et la responsabilité sur un patrimoine, précisément, est-elle fréquente ; elle est illustrée par des épisodes bien connus de la vie de patriarches. Très vite la piété juive en appelle à Dieu pour conférer ces énergies et ces trésors, ainsi, à la fin de la Genèse, Jacob prononce une bénédiction prophétique sur ses fils où action divine et action humaine sont étroitement liées :

" Par le Dieu de ton père, qui sera ton père, qui sera ton secours, avec le Tout-Puissant qui te bénira, des bénédictions du haut des cieux, des bénédictions du fond de l'abîme, des bénédictions des mamelles et du sein maternel,... " (Genèse 49: 25).

On comprend mieux, à partir de cette constatation, que l'usage du mot se soit inversé, en quelque sorte, et désigne aussi un mouvement de l'homme vers Dieu. Et si les bénédictions de Dieu ont pu être invoquées aussi bien au travers du culte que de la prière personnelle: " Sauve ton peuple et bénis ton héritage!... " (Psaume 28: 9), c'est au cœur de l'oraison intime comme des célébrations communautaires que cette bénédiction de l'homme envers son Dieu va se développer.

Et même en nous limitant à une étymologie toute simple, bénir c'est " dire du bien " ou encore " bien parler". Or s'il est juste de rappeler, avec Pascal, que Dieu seul parle bien de Dieu, Dieu seul peut aussi nous apprendre à bien lui parler, à être heureux en lui balbutiant notre amour

Et quelle langue plus universelle que celle d'une mutuelle reconnaissance, d'une réciproque bénédiction ?

Quand nous parlons, notre pensée est au travail, et quand s'élabore notre réflexion, tout notre être se prépare à l'action. Il y a un entraînement simultané de toutes nos fonctions et ce n'est jamais isolément qu'elles contribuent à notre croissance.

La prière, dans ce sens, est un bâtir ; elle trace les plans de notre vie spirituelle comme elle esquisse les chemins de notre service; elle envisage, comme David et Salomon, le temple du rassemblement autour de la Présence, et elle construit patiemment, et comme dans l'ombre, le sanctuaire intérieur. Attentive à la Parole du Seigneur, la prière ne peut que s'identifier à la volonté de " mettre en pratique ", et ainsi permet à l'homme de bâtir sa " maison sur le roc " (Matthieu 7 : 24).

Et après avoir développé l'image des constructeurs successifs pour comparer son apostolat à celui des autres - " ... j'ai posé le fondement et un autre bâtit dessus... personne ne peut poser un autre fondement que... Jésus-Christ " (I Corinthiens 3: 10-15) il indique bien le suprême Architecte - non pas de l'univers seulement mais de la personne humaine, de l'individualité croyante surtout :

" Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que ]'Esprit de Dieu habite en vous ?... " (I Corinthiens 3 : 16).

 

C... COMME CATECHUMENES

Demandant à un groupe de catéchumènes ce que leur suggérait la lettre C pour désigner la prière j'ai obtenu en quelques minutes les réponses suivantes que je me fais une joie de commenter et développer.

CHOISIR. - Celui qui prie sait à qui il s'adresse; il ne rêve pas, il ne baille pas aux corneilles, il fait un choix, il parle à Quelqu'un. Peut-être le cherche-t-il encore, peut-être souffre-t-il parfois d'un sentiment d'absence - " Celui qu'il faut aimer est absent ", Simone Weil - mais il a choisi, et ce choix le libère d'une quête désordonnée.

C'est à renouveler ce choix que toute l'Ecriture invite, c'est à renforcer ce choix que la prière nous aide, c'est par ce choix que nous nous distinguons de l'athée ou de l'idolâtre.

CHERIR. - Bien sûr, nous avions déjà parlé du rôle de l'amour dans la prière et nous venons de le rappeler ci-dessus. Mais c'est l'expression " chérir " qui, venue du cœur, est montée aux lèvres de la catéchumène. Il y a là un sens profond de la tendresse de Dieu, présente si souvent dans les pages de l'Ancien Testament déjà. Car l'histoire de l'Eternel avec son peuple est une histoire d'amour, traversée certes de toutes les violences et de tous les déserts de l'amour. Ce n'était probablement pas une coïncidence si, au cours du même entretien de catéchisme, le livre d'Osée était au programme: * ... je veux l'attirer au désert et là je parlerai à son cœur... " (Osée 2 :16).

Dans le Cantique des cantiques, la traduction œcuménique de la Bible traduit le * bien-aimé ", " la bien-aimée " par " J'entends mon chéri, le voici, il vient... " et le plus beau serment d'appartenance mutuelle des époux, mais aussi, des croyants et de leur Seigneur n'est-il pas dans ces mots " Mon chéri est à moi, et je suis à lui... " ? (Cantique 2 : 16). La prière est le chant de cet amour, l'hymne de ce don réciproque.

CONNAITRE. - Ne pas entrer en contact avec une personne sous prétexte qu'on ne la connaît pas est une réaction humaine fréquente, motivée par toutes sortes de raisons : la peur, un sentiment de supériorité ou d'infériorité, etc., mais que le bon sens suffit à juger absurde. Alors que souvent, un moment de crainte ou d'antipathie surmontés, on découvre des richesses insoupçonnées dans l'inconnu enfin approché.

Prier c'est ainsi une démarche faite à la rencontre de Dieu pour mieux le connaître. Tant il est vrai qu'avec Lui aussi la relation suscite et augmente la connaissance.

On dira: " Ce qu'il faut, avant tout, c'est de se bien connaître soi-même... " Pour beaucoup ce qu'ils appellent prière sera une sorte d'introspection. Ce n'est pas faux. Devant le miroir de la Bible, à l'écoute de sa conscience, dans le secret de la chambre où Il nous invite à l'accueillir, Dieu nous révèle aussi a nous-mêmes.
Prier nous conduit donc à une double connaissance, de Dieu et de soi, et la force de cette connaissance c'est qu'elle n'est pas de l'ordre de l'intelligence, mais du domaine du cœur.

CROIRE. - Pas de prière sans la foi, cela va sans dire, mais cela va encore mieux en le disant. Nous ne développerons pas longuement cette évidence. Il faut pourtant rappeler que la différence fondamentale entre la croyance vague qui se passe fort bien de la prière et la foi authentique qui ne peut vivre sans oraison est ceci : croire que Dieu existe n'est rien, croire en Dieu c'est tout l'essentiel de notre passage sur terre.

CHANGER. - En proposant ce verbe, les jeunes ont donné comme la suite logique de ce qui précède. Que serait une prière qui, après avoir choisi le Seigneur, avoir chanté son amour et compris sa volonté, ne changerait pas celui qui la prononce ? Un néant, une vanité, une hypocrisie.

Les grands priants de l'Ecriture, de l'Eglise et de la Réforme, ceux des Renouveaux et des Réveils ont toujours attendu, et reçu à la mesure de leur sincérité, une mutation profonde d'eux-mêmes. Déçus ils ont été revalorisés, - coupables ils se sont vu pardonnés, - faibles, rendus forts, - tristes, promus à la joie.

Voilà pour la prière personnelle. Et quand ils ont présenté à Dieu, par leurs mots, leurs espoirs et leurs cris, les autres, - quand ils ont remis à Dieu les hommes et les choses, ils les ont vu aussi changer, se tourner en leur faveur, prendre un sens en dépit de l'absurde et de la mort.

Il faut redire souvent, et particulièrement à la table de la Cène, ces mots souvent répétés : " Seigneur accepte-nous tels que nous sommes et rends-nous tels que tu nous veux. "

Il est donc juste de continuer ce vocabulaire de la prière par le terme de

CELEBRER. - Célébrer, c'est mettre en commun notre imagination et notre poésie, la musique et le verbe, l'architecture et le corps, la spontanéité et la liturgie; c'est rendre notre culte et par lui, manifester Dieu au monde et faire de la communauté chrétienne un véritable foyer de vie lumineuse, chaleureuse et accueillante.

Célébrer c'est illustrer au-dehors ce que nous ressentons au-dedans, c'est répandre dans un espace élargi des certitudes et des convictions reçues au cœur de nous-mêmes.

Célébrer c'est offrir à Dieu une audience que la piété individuelle ne suffit pas à procurer. C'est lui donner droit de cité, faisant de chaque lieu où il est loué une " Jérusalem " moderne et locale.

CHRIST. - Dans le droit fil de la tradition protestante et en prononçant ce seul nom, Christ - Solo Christo - nos adolescents ont compris simplement que la prière véritable se ferait toujours en référence à Jésus, en souvenir de Celui qui se retirait pour prier, en s'appuyant sur le seul Médiateur de nos appels, en s'inspirant du modèle qu'Il a donné par le NOTRE PERE, et confiants en la fidélité de l'Ami qui, avant de quitter ses disciples, leur laissait cette promesse :

" ... ce que vous demanderez au Père, il vous le donnera en mon nom... ", Jean 16 : 23

 

L COMME LAMPE, LETTRE, LIVRE, LIBERTE ET LUTHER

Lampe " Que vos lampes soient allumées " (Luc 12: 35)

La lampe que l'on allume, le matin, pour le premier recueillement, et celle qui brille encore le soir, quand on lui remet sa journée, signes discrets auxquels on songe, en traversant un pays la nuit, surtout en chemin de fer...

Mais ces mots aussi, du livre des proverbes : " Sa lampe ne s'éteint pas pendant la nuit " évoquent la vigilance de l'épouse et de la mère, dont les travaux mêmes attestent la pensée fidèle qu'elle entretient pour tous les siens.

La lampe, c'est aussi l'image de la prière elle-même, comme ce qui brille et réchauffe notre être intérieur, quelques soient les mots prononcés, et même en deçà ou au-delà de ces paroles.

Lucidité conviendrait également à notre alphabet, dans le sens où Jésus, parlant de l'oeil, dit que c'est la lampe du corps, et comment ne pas voir ici une allusion à la conscience : la prière doit me permettre une vision juste et claire de ce que je suis, afin de sans cesse orienter mon existence et corriger sa trajectoire.

Lettre
" Vous êtes une lettre du Christ " (II Corinthiens 3 3)

Au moment où il s'agit de défendre et de justifier son ministère devant ceux qui le contestent, Paul dit aux croyants de Corinthe : " Vous êtes notre lettre, écrite dans nos cœurs, connue et lue de tous les hommes ". C'est dire que des personnalités, ou des communautés peuvent être au cœur d'une prière et comme un instrument de communication et d'intercession. Ces vies elles-mêmes transmettent ce qu'elles ont reçu, soutiennent et consolent et affirment à la face du monde qu'un apostolat n'a pas été vain.

Et puis bien sûr par le truchement de la correspondance nous pouvons pallier l'absence des frères et maintenir avec eux le lien d'une prière commune et mutuelle : " Vos lettres,... vous y êtes aussi complet qu'une âme peut .se trouver sous les plis du papier, et quand je vous lis, je vous ai à mes ,côtés... " écrit Vinet à Fun de ses meilleurs amis. Et comme pour éviter que l'homme ne se croie trop important, Paul ajoute, dans le passage cité " ... lettre écrite par notre ministère, non avec de l'encre, mais avec l'Esprit du Dieu vivant ".

Livre, Lire, Littérature

" Prends et lis! " (Saint-Augustin)

Livre: quel livre sinon celui, par excellence, qui nous parle de Dieu et où Dieu s'adresse à nous : la Bible~ Car le Livre nous met en rapport avec les élans et les supplications, avec les réponses et les exaucements qui forment le tissu du dialogue des grands priants, - la Bible, toujours à nouveau, nous donne des modèles, nous rappelle les noms de " ceux qui sont inscrits dans le livre de vie de l'Agneau " (Apocalypse 21 : 27).

Quant aux autres livres, il n'en manque pas pour nous aider à faire et à refaire sans cesse l'apprentissage de la prière, et leurs titres, simplement, nous indiquent ce qu'est la prière, ce qu'elle peut et doit être : " Le combat de la prière " (Asmussen), " Prière et silence " (W. Monod), " L'impossible prière " (J. Ellul) ou encore " La prière d'un homme moderne " (L. Evely).

Liberté

" Nous avons la liberté de nous approcher de Dieu "

La prière, nous la voyons comme le lieu privilégié de la liberté de l'homme, nous l'affirmons et la posons comme le premier et le dernier acte de cette liberté. Premier mouvement de celui ou de celle qui cherche Dieu, elle est aussi l'ultime abandon de celui, de celle qui ~n'en peut plus de vivre et qui se prépare au dernier passage. Mais entre ces deux pôles, il y a tous les appels, toutes les demandes et toutes les louanges, tous les flux et tous les reflux d'une vie portée par Dieu: " Vous cherchez bien puisque vous cherchez en priant... " écrit encore Vinet à une correspondante.

Mais si la prière est une. démarche que nul tyran ne peut interdire, que nul cachot ne peut étouffer, elle a aussi pour objectif de trouver ma liberté la plus précieuse, celle d'être vraiment moi-même et ceci dans un dialogue où mon divin interlocuteur est le seul à m'écouter en me comprenant tel que je suis et à me parler en me respectant quelque je sois.

La prière, enfin, fait chanter en nous le désir que les autres, à leur tour, soient libres. Elle vise donc la libération de tous les prisonniers, de tous les captifs de la société ou d'eux-mêmes, elle place au contre de son intercession toutes les délivrances.

Luther: Comment on doit prier

Quand je sens que des occupations ou des pensées étrange es m'ont rendu froid et m'ont ôté l'envie de prier - ... - je prends mon petit psautier, je cours dans n-la chambre ou, si c'est le jour et l'heure, à l'église parmi la multitude,, et commence par réciter, de bouche, pour moi-même, les Dix Commandements. Le symbole des apôtres et, si j'en ai le temps, quelques paroles du Christ, de Paul ou des psaumes, tout comme font les enfants. "

 

N Comme Nature, Nuit, Nourriture, Nouvelle Naissance

Nature " Eternel, notre Seigneur

Que ton nom est magnifique sur toute la terre!" (Psaume 8)

N'est-il pas naturel de prier ? C'est-à-dire de s'exprimer, de chercher à être entendu, compris, aimé ? Différents seront les vis-à-vis imaginés par les hommes en prière, divers les mots utilisés, multiples les gestes, les positions, mais toujours a nouveau un cri, des bras levés, une main tendue montreront la créature orientée vers son Créateur, l'être incertain en quête de son fondement, l'être partiel aspirant à l'ultime.

Ce naturel peut aussi être un acquis ; des habitudes ont pu être données, dans l'enfance, notamment... Qui niera qu'il est des prières toutes simples remontant à un berceau, à un visage de mère penché, qui ne se souviendrait de telle chanson, de telle comptine où les premiers accents d'une piété ont trouvé leur source ? Or de ce naturel aussi, on peut dire qu'il revient au galop, quand la vie et les sarcasmes ont tenté de le chasser, quand les épreuves ou les joies savent le rappeler !

La nature aussi peut être inspiratrice de la prière; que fait d'autre Jésus quand, pour inviter à la confiance il nous fait observer " les oiseaux du ciel " et " les lys des champs " (Mathieu 6).

Quelle louange plus belle que celle des psalmistes quand ils célèbrent les grandeurs de Dieu dans la nature, - les éléments déchaînés, puis apaisés, les déserts qui refleurissent, les montagnes qui rassurent; " Je lève les yeux vers les montagnes... " (Psaume 121). La nature elle-même se fait tout entière porte-parole du croyant pour adorer: " Louez-le, soleil et lune, louez-le, vous toutes ses étoiles lumineuses... " (Ps 148). On dira, enfin: la nature n'est pas harmonie seulement; la Bible le sait et le dit, bien avant les écologistes. Que de souffrances dans un champ, dans un bois, dans une étendue d'eau: les trois règnes illustrent, chacun à sa manière la présence et la domination du mal. Et c'est comme une longue et inconsciente prière qui s'élève de partout; Paul l'a bien senti et nul ne l'a mieux dit que lui: " ... la création attend avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu ... elle soupire et souffre les douleurs de l'enfantement " (Romains 8).

Nuit " La nuit même, mon cœur m'exhorte ... " (Psaume 16)

La nuit est propice à la prière; si elle est pour les uns un néant, l'oubli des travaux de la journée, pour les autres projection sur l'écran intérieur des images fugaces d'une intense activité, pour d'autres encore le film passionnant, à analyser, des rêves, la nuit est aussi le temps et le lieu de la prière de beaucoup. Le silence et le calme, la solitude, l'antichambre du repos permettent de faire défiler des visages, de se déplacer dans des paysages, d'évoquer des circonstances : le vieil examen de conscience trouvait là son heure ; mais une simple évaluation suffit, point n'est besoin que tout soit faute ou erreur! Il est bon de remettre ce qui maintenant est derrière, page immuable de mon histoire; il est nécessaire surtout de présenter ce qui est devant mon projet, mon voeu, et ceux qui demain y seront engagés avec moi.

La nuit porte conseil " Je bénis l'Eternel, mon conseiller... " (Psaume 16); et si nous profitions davantage de ces heures nocturnes, qu'elles soient paisibles ou inquiètes, pour méditer, intercéder, nous confier? Mais si la nuit devait, une fois, nous donner le sentiment de la grande absence et de l'abîme, alors, avec David, souvenons-nous: " Même les ténèbres ne sont pas obscures pour toi, la nuit s'illumine comme le jour, et les ténèbres comme la lumière " (Psaume 139).

Nourriture : Vous avez à manger une nourriture que vous ne connaissez pas... " (Jean 4 : 32)

Nous n'avons pas parlé, sous lettre J, du jeûne comme moyen d'approfondissement de la vie spirituelle et comme exercice de prière; c'est une méthode connue de plusieurs religions, y compris du christianisme, et notre intention n'est pas de développer ici ce propos. Mais le simple fait que des croyants trouvent dans cette pratique une bénédiction permet d'envisager la prière comme quelque chose qui " restaure ", " fortifie ", " alimente tout l'être ". Inversement il n'est pas étonnant que le plus beau des signes offert à la commémoration et à la fraternité des chrétiens soit la Cène.

Dans l'Evangile cité, Jésus commente ainsi son affirmation étrange: " Ma nourriture est de faire la volonté de Celui qui m'a envoyé... " (Jean 4: 34). La préoccupation d'être fidèle, le souci de transcrire dans le quotidien la vérité reçue est au cœur de la prière ; et s'il arrive à de grands artistes d'oublier un repas tant ils sont attachés à l'œuvre qui naît de leurs doigts ou à des réalisateurs passionnés par leur entreprise ou la cause qu'ils défendent de ne pas voir passer le temps, pourquoi les priants ne seraient-ils pas, eux aussi, ces forts et ces lutteurs auxquels, même avant la réalisation de leurs vœux, la promesse s'adresse: " Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés " (Matthieu 5 :6).

Nouvelle naissance faut que vous naissiez de nouveau... " (Jean 3 : 8).

Quiconque prie, aspire à un changement; en lui, chez les autres, dans le monde; mais il sait intimement, il sent au plus profond de lui-même, que ce renouveau doit commencer par lui. Il pressent aussi que cette mutation viendra d'ailleurs, prendra son origine dans une autre volonté et une autre puissance que la sienne, qu'il lui sera donné de vivre dans un autre état d'esp~rit et que ce sera l'œuvre de l'Esprit-Saint. La prière est cette préparation à une lente transformation, pour certains, - à une conversion plus rapide - datable parfois - pour d'autres.

La prière est la quête de la nouvelle naissance, " graal " intérieur et peu spectaculaire.

La prière est l'espace - lieu et temps conjoints - où l'on prend conscience de ce qui nous arrive, ce cadeau de la grâce.

La prière est l'adhésion, libre et volontaire, à cette dimension nouvelle de notre vie.

La prière sera, jour après jour, le fruit de cette naissance; elle sera l'agent dynamique de la croissance spirituelle et de la marche vers la stature adulte de la foi.

O comme offrande, oratoire, ouverture.

Offrande " L'Eternel porta un regard favorable sur Abel "

L'offrande qui accompagne la prière.. Toujours l'homme éprouve de prendre soin de joindre le geste à la parole, de faire en même temps qu'il prie. Nombreuses sont les allusions, dans la Bible, à ce don de fruits, de fleurs, de parfums, de bêtes. Universelle est cette démarche qui illustre et concrétise l'élan du croyant vers son dieu.

Bientôt la prière tout entière devient offrande; et la vie de l'orant lui-même prend la forme de l'offrande, souvent la meilleure part du patrimoine, de la récolte, du troupeau.

Pourtant, jamais l'offrande ne saurait servir d'alibi à une prière qui ne serait pas sincère, à une vie qui ne serait pas cohérente. Ainsi Jésus met-il en garde, dans le Sermon sur la Montagne, contre toute hypocrisie et toute inconséquence: prétendre honorer Dieu en restant séparé de son prochain: " Si donc tu présentes ton offrande devant l'autel, et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande... et va d'abord te réconcilier avec ton frère... " (Matthieu 5.23, 24).

Oratoire

" Ma Maison sera appelée une Maison de prière pour tous les peuples. " (Esaïe 56:7)

" Chapelle de dimensions restreintes, généralement dans une maison particulière... " voilà la définition du dictionnaire... Devenus rares dans des logements de moins en moins vastes et aussi de par l'abandon de la piété personnelle ou familiale, les oratoires permettaient, au cœur du logis, que la prière ne soit pas oubliée, offraient un lieu de méditation, un espace de ressourcement.

Et voici qu'au milieu de la cité, une église porte ce nom, construite sur un plan tel que son axe prolongé passe par le centre du Louvre, décrétée chapelle royale par Louis XIII, et conçue par le Père de Bérulle pour servir "la grandeur et la majesté divine ". Ce sanctuaire, malgré ses dimensions accueillantes à plusieurs centaines de fidèles, n'est pas un des plus grands de la capitale; or, connu au-delà des frontières françaises dans le monde protestant, il voit venir à lui, dimanche après dimanche, des étrangers ; et ces étrangers, ici, ne tardent pas à se sentir chez eux, proches de ceux qui écoutent, chantent, prient, même s'ils ne les connaissent pas, ou pas encore.

Maison de prière pour tous les peuples, que notre Oratoire soit, de plus en plus, maison de prière où se constitue un peuple vivant, - maison de prière où soient vécues les idées les plus fortes, les intuitions les plus spirituelles, - maison de prière où s'apprenne dans un même mouvement, et l'oraison et l'action

Ouverture

Les fenêtres de la chambre haute étaient ouvertes . dans la direction de Jérusalem. " Daniel 6: 11)

Daniel, prie, la fenêtre ouverte en direction de la ville sainte, malgré l'interdiction que ses ennemis ont arrachée au roi Darius : " trois fois par jour il se mettait à genoux, il priait et louait son Dieu... ".

La prière est ouverture même sur le monde hostile, indifférent, moqueur; c'est alors une offensive de courage, une fidélité active qui peut ouvrir des cœurs fermés.

La prière est ouverture sur le monde de Dieu, - symbolisé par le Temple, par une église, par un oratoire improvisé, - pour dire que cette réalité divine existe, qu'elle seule compte face aux puissances négatives, destructrices, - pour attester que l'humanité entière peut et doit être entraînée dan,~ la louange du Créateur!

La prière est ouverture aux autres, qui aimeraient oser eux aussi, l'adoration, la consécration de leur être à quelque chose de grand, à Quelqu'un de bon.

Que l'offrande de notre prière, toujours à nouveau, fasse de l'Oratoire une maison largement ouverte aux pèlerins du Christ et aux messagers de l'Esprit 1


Jean-Jacques MAISON

 

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Article tiré du bulletin de l'Oratoire du Louvre à Paris


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