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Deux textes du pasteur Roberty
Pourquoi Luther a triomphé
Sur ce bûcher, dressé,
il y a près de quatre siècles, aux portes d'une petite
ville, ce n'était pas seulement du papier qui s'en allait
en fumée ; ce qui brûlait en ce moment sur ce bûcher,
c'était la foule des intermédiaires, des images, des
idoles, des confessionnaux, des livres de litanies rédemptrices
que la superstition avait introduites entre le Sauveur et l'âme
humaine; ce qu'on voyait se tordre dans les flammes, c'était
la géante oppression en matière religieuse, la vieille
déesse de la tyrannie dans les choses de la conscience, c'étaient
les masses noires de la hiérarchie romaine, c'était
tout l'ancien édifice sacerdotal qui craquait et s'abîmait
dans le feu ; et quand la dernière flamme fut éteinte
et qu'on remua les cendres chaudes, l'âme des nouveaux convertis
aperçut parmi les débris fumants deux joyaux extraordinaires
qui étincelaient, que ce feu avait fait comme réapparaître
sur la terre et qui, à partir de ce jour-là, furent
pour jamais rendus à l'humanité délivrée-,
l'un était le pur Evangile... et l'autre était la
liberté !
Un extrait de son dernier sermon le 8 novembre 1925 qui reprenait
un sermon prononcé après le second procès de
Dreyfus à Rennes
Je viens vous dire, au nom du
Dieu vivant, qu'il dépend de vous d'éloigner de notre
patrie de nouveaux malheurs, non plus seulement de nouveaux désastres
matériels ou des désastres moraux, mais les vautours
plus terribles de la corruption sociale, de l'avilissement des caractères,
les vrais vautours de la mort. Oubliez les merveilles de l'Exposition
des Arts Décoratifs, ouvrez les yeux, rendez-vous compte
de vos devoirs. Dites-vous : je puis, en tant que Français,
que Française, en tant que membre de ce grand corps qui s'appelle
la patrie, je puis par ma conduite et mes paroles, par l'orientation
de ma vie, hâter ce travail de la corruption ou celui de la
régénération d'un pays, il est en mon pouvoir
d'attirer sur mon pays les effets de cette loi immuable qui lie
la destruction à la corruption, ou de chérir ces règles
de la conduite et de la pensée qui contribuent à entretenir
dans les veines d'un peuple la santé et la vie. Et voici
ces règles : l'honnêteté publique et privée,
l'obéissance aux lois, la moralité domestique, la
haine des spectacles corrupteurs et des richesses acquises sans
travail, l'amour et le respect de la famille, et en même temps
le souci constant de vos devoirs d'homme et de citoyen, un patriotisme
éclairé qui ne consent à se séparer
d'aucune des pures gloires de la France monarchique, impériale
ou républicaine, et non pas à cette hystérie
nationaliste, née d'hier, qui voudrait exclure de la communion
française les protestants de France et qui, pour porter le
drapeau de la patrie, ose appeler à son aide les ennemis
séculaires et mille fois maudits de son libre et loyal génie;
l'amour de la science, afin de développer l'esprit scientifique
et soutenir les droits de la pensée libre et de la foi libre,
et non pas ces encouragements de sacristie à l'ignorance
et l'hébétude intellectuelle, qui font fleurir dans
les âmes le fanatisme et la superstition ; moins d'orgueil
et de morgue dans nos rapports sociaux, moins de ces préjugés
homicides qui séparent les classes, plus d'intelligente sympathie
pour le peuple des ouvriers et des paysans qui constituent l'imposante
réserve des forces du pays, et plus de véritable amour...
Jules-Emile Roberty
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