La nuit du 24 au 25 août 1572 :
la mort de Coligny
Charles IX se rend au chevet
de l'amiral de Coligny avec sa mère, Catherine de Médicis,
et son frère le Duc dAnjou, le futur Henri III. Coligny
demande à parler au roi en aparté. Il veut l'inciter
à continuer le combat contre les Espagnols dans les Flandres,
et à ramener la paix en France par l'abolition des Edits. « Mon
père, affirme Charles IX, vous avez la plaie et la perpétuelle
douleur »
Il annonce ensuite que sa vengeance sera « si horrible que
jamais la mémoire ne s'en perdra ». Les chefs protestants
se réunissent chez l'amiral et sont souvent d'avis de quitter
Paris. Mais la confiance à faire jusqu'au bout au roi va
prévaloir.
Le roi, connu pour sa versatilité, change d'opinion. Une atmosphère
d'émeute règne dans Paris. On se souvient de la conjuration
d'Amboise et de la tentative protestante pour semparer du
pouvoir ou du moins de le contrôler. Pour mettre un terme
à la puissance politique du parti protestant, il suffit de
le décapiter. Il semble bien que tel est au départ
l'objectif de la Saint-Barthélémy qui a pris une
dimension plus vaste sous la pression du peuple de Paris sous la
conduite de ses curés meneurs d'hommes qui ont t n leur paroisse
autant d'autorité qu'un évêque dans son diocèse.
A une époque ou il n'y a pas d'armée permanente
le prévôt des marchands est en mesure de lever un régiment
de milice dans chacune des douze paroisses de Paris, une compagnie
par quartier. Les portes de la ville sont fermées chaque
nuit. Quant ou roi, il utilise surtout des mercenaires dans la mesure
où il a l'argent pour les payer. A deux heures du matin, les ducs de Guise et d'Aumale avec le
bâtard d'Angoulême assiègent le logis de l'amiral,
rue de Béthizy. Laccès à cette résidence
leur est facilité par l'évacuation des habitants catholiques
du quartier et la présence des gardes malheureusement commandés
par un ennemi de Coligny, un certain Cosseins qui pénètre
par ruse dans un premier corps de bâtiment donnant sur là
rue, ce qui lui permet de traverser la cour pour rejoindre un second
bâtiment où se trouvait lAmiral. Cornaton fait
barricader en toute hâte la porte de l'escalier et monte chez
son maître qu il trouve levé et en prière. Coligny
invite son entourage à se sauver
car il n'est us en mesure de se défendre. Il comprend qu'il
va mourir. « Je recommande mon terme à la miséricorde
de Dieu » Les compagnons de Coligny s'enfuient par les toits.
La plupart sont tués à coup d'arquebuses. Parmi les
quatre qui s'échappent Cornaton et Merlin.
La porte, de la chambre de l'amiral cède. Besme, lui, est
en tête des meurtriers, se précipite l'épée
à la main.
« - N'es-tu pas l'amiral ? »
« - C'est moi jeune homme tu devrais avoir égard
à ma vieillesse et à mon infirmité ; mais tu
ne feras pourtant pas ma vie plus brève »
Besme lui plonge l'épée dam la poitrine, chacun
des assassins s'acharne sur corps encore vivant qui est jeté
par la fenêtre aux pieds du duc de Guise, du duc dAumale
et du chevalier dAngoulème, le fils naturel d'Henri
II.
La dépouille mortelle de Coligny est livrée à
la populace, la tête portée au roi, embaumée
et envoyée, semble-t-il au Pape. Le cadavre, traîné
pendant trois jours dans les rues de Paris est retiré d'entre
les mains des enfants pour être pendu à Montfaucon
(derrière l'actuel l'hôpital Saint-Louis).
Charles IX lui-même a voulu se donner le plaisir de jouir
de ce hideux spectacle. Il a sans doute fini par croire à
une conspiration protestante. Lexamen des papiers de Coligny
après sa mort n'a pas permis de savoir de base à cette
grave accusation. En gros, la politique extérieure de l'amiral
a été reprise plus tard par le Cardinal de Richelieu.
Aujourdhui, la plupart des historiens diminuent la responsabilité
de Catherine de Médicis dont le seul tort a été
de maintenir les siens au pouvoir entre les Guises dont la responsabilité
est claire. Il ressort d'études récentes que le rôle
du duc dAnjou a été déplorable.
Les instigateurs du massacre ont sans doute été
dépassés par un mouvement populaire dont ils n'avaient
pas prévu l'ampleur. A quatre heures du matin, les conjurés
regroupés en grand nombre par le prévôt du marchands
et son prédécesseur attendent la sonnerie des matines
à l'Eglise Saint-Germain. LAuxerrois pour déclencher
un massacre qui fit dans la capitale près de 2 500 morts,
soit environ un dixième de la population réformée.
La sonnerie d'un tocsin est une légende.
Après de multiples vicissitudes ce qui reste des membres
de lamiral de Coligny a été placé dans
une caisse en plomb dans un pan de mur en ruines du château
de Châtillon-sur-Loing. Le monument édifié en
1889 au chevet de l'Oratoire du Louvre nous rappelle que Gaspard
de Coligny a été l'une des plus hautes figures huguenots
au XVI ème siècle.
Philippe Vassaux
Notes sur la Saint Barthélémy
Dans la nuit de la Saint Barthélémy, plus de 3.000 protestants ont été assassinés à Paris, la plupart pendant leur sommeil, leur corps étant ensuite jeté sans ménagement dans la Seine.
Quand les nouvelles du massacre atteignit le Vatican, une jubilation énorme a eu lieu. Le pape Grégoire XIII, pour fêter cela, a fait frapper une médaille commémorative pour l'occasion, il a demandé à Vasari de peindre une série de fresques sur ce massacre, fresque qui orne encore le vatican à ce jour (Sala Regia).
Recto : GREGORIUS XIII PONT. MAX. AN. I
("Gregory XIII. Pontifex Maximus année 1),
Verso : VGONOTTORVM STRAGES 1572
("Massacre des Hugenots, 1572")
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