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A propos de la visite pastorale
La scène se passe à
l'issue d'une réunion, salle Monod, vers 22 h 30. Quatre
interlocuteurs sont en présence : Lucie, une jeune femme,
mère de famille, récemment inscrite à l'Oratoire
; Sébastien, un protestant qu'on qualifie peut-être
un peu trop vite de " détaché " ; un pasteur,
de passage à Paris ; Théophile, un membre actif de
l'Oratoire, ancien catéchumène du pasteur A.-N. Bertrand.
- Théophile : Puisque de nouvelles perspectives s'offrent
à nous avec la rentrée d'octobre et que chacun veut
prendre de bonnes résolutions, je tiens à dire que
les pasteurs ne feront jamais assez de visites. J'en ai connu un
qui en faisait 1 300 par an, un autre 200. Comment un pasteur peut-il
connaître les problèmes spirituels qui se posent aux
membres de son Eglise s'il ne prend pas la peine de se mettre à
leur place et d'aller les voir dans leur cadre naturel, à
leur domicile ?
- Le pasteur: Je vous l'accorde volontiers, mais les visites ne
sontqu'un aspect de mon ministère. Il y a aussi la coordination
des activités de mon Eglise et surtout l'annonce de la Parole
de Dieu en toutes sortes d'occasions depuis le catéchisme
à un isolé jusqu'au culte du dimanche matin en passant
par toutes les réunions où il m'est donné de
prendre la parole pour éclairer, à la lumière
de l'Evangile, telle ou telle question d'actualité qui se
pose aussi bien aux croyants qu'à ceux qui ne le sont pas
encore.
- Lucie : En ce qui me concerne je suis toujours très heureuse
de recevoir la visite de mon pasteur ; mais je peux facilement m'en
passer s'il vient par pure mondanité, pour prendre le thé,
ce rite protestant au demeurant bien agréable, ou pour demander
des nouvelles de ma santé alors qu'il sait parfaitement que
je vais bien ou encore pour me donner quelques vagues indications
sur ce qui se passe dans notre Eglise et que tout le monde connaît
en lisant les Feuilles Roses !
- Sébastien : J'avoue ne pas suivre très régulièrement
les activités de l'Oratoire bien que je lise les Feuilles
Roses dans le métro. Mais je suis content de recevoir de
temps en temps la visite d'un pasteur pour être tenu au courant
de ce qui se passe dans cette Eglise où les visages me sont
familiers et qui est, après tout, la mienne. Par contre je
n'aime pas du tout le voir sortir, au moment où il va me
quitter, un horrible Nouveau Testament noir, usagé, et écorné,
pour me lire une " portion " qui n'a généralement
pas grand rapport avec notre conversation et m'imposer ensuite une
quelconque prière de style stéréotypé.
J'ai alors le sentiment qu'on veut faire pression sur moi.
- Lucie : Moi, c'est l'inverse. Je ne conçois pas une visite
pastorale sans un moment de méditation. Lorsque je parie
à mon pasteur de mes affaires, ce n'est pas parce que je
le considère comme un conseiller social ou pédagogique
ou encore un spécialiste de relations humaines, bien qu'il
puisse être aussi cela, mais afin que nous puissions nous
placer ensuite devant Dieu pour lui demander les forces spirituelles
et morales dont nous avons besoin l'un et l'autre quotidiennement.
- Théophile : La visite du pasteur peut très bien
ne pas se terminer par la prière, mais, si le ministère
pastoral est en premier lieu celui de la Parole, la prière
est la conclusion logique de la visite du pasteur.
- Le pasteur : Pour ma part j'ai toujours scrupule à imposer
une prière à quelqu'un qui ne pense pas être
dans les dispositions d'esprit nécessaires pour s'y associer
; mais j'ai le sentiment de ne pas avoir rempli toute ma mission
lorsque je quitte une famille sans avoir pu me présenter
avec elle devant Dieu. J'ai l'impression que certains n'osent pas
me demander de prier. Or comme le disait si bien Wilfred Monod :
" La prière est notre plus haute prérogative
".
- Sébastien : Eh bien ! pourquoi ne dites-vous pas tout simplement
à la personne que vous venez voir : " J'ai été
très heureuse de cette visite et de notre conversation. Est-ce
que nous pourrions maintenant avoir un moment de recueillement,
s'il vous reste encore quelques minutes ? " La liberté
de chacun est alors préservée.
Théophile, Lucie et le pasteur sont d'accord avec Sébastien,
ce qui arrive parfois même dans nos églises ! Le pasteur
fait remarquer qu'il n'est pas le seul à faire des visites.
Il a entendu dire qu'à l'Oratoire il y a aussi des dames
visiteuses qui sont prêtes à en accueillir d'autres.
Sébastien fait remarquer que l'Oratoire est de fait une Eglise
de disséminée comme l'a souligné le pasteur
Fath dans son dernier rapport annuel. Puisque tout le monde a maintenant
le téléphone, ce qui facîlite les rendez-vous,
Lucie fait remarquer à son tour que toute famille qui n'a
pas reçu le pasteur chez elle depuis un an, par exemple,
pourrait lui téléphoner pour lui demander en toute
simplicité sa visite. Le pasteur qui exerce son ministère
dans une grande ville du Midi doit rejoindre maintenant la gare
de Lyon. Avant de quitter le groupe il tient à dire que,
à son avis, toute personne qui ne peut pratiquement pas sortir
de chez elle a bien le droit à une visite trimestrielle.
Théophile ajoute qu'on simplifierait grandement la tâche
des pasteurs en leur téléphonant lorsqu'on souhaite
des rencontres aussi bien chez soi qu'au presbytère. Le soussigné,
qui n'a pas participé à l'entretien, est entièrement
de son avis.
Philippe VASSAUX
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