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Paresse, repos, ou quoi ?
Je reçois ce matin un petit livret publicitaire du Crédit
Lyonnais vendant « L’art de la paresse ! » ; Page
après page je découvre….une machine à
fabriquer des sorbets en 20 minutes sans effort, un fauteuil gonflable
pour voguer sur l’eau, une adresse de cure pour mincir et retrouver
une peau de pêche, un appareil magnétique à
ramasser les boules de pétanque sans se baisser…. Que
l’homme contemporain est un homme heureux ! Non seulement il
peut régulièrement se reposer de ses fatigues de l’année,
mais en plus on lui propose de s’occuper agréablement
l’esprit et le corps à paresser, en faisant d’un
ancien vice une nouvelle vertu ! C’est bien dans la ligne de ces maîtres en tout genre
qui vous culpabilisent de trop travailler, de ne pas rester zen,
de vous suroccuper par peur du vide ou par angoisse d’être
vous-mêmes…et qui vous invitent, non seulement à
lever le pied, mais tout le corps avec ! Il suffit pourtant d’appeler
un chat un chat, et le droit de se reposer après le travail
une nécessité, un plaisir, et un bonheur !
Une nécessité car la machine fatigue ! Un plaisir
parce que cela fait du bien de se détendre et de se laisser
aller ! Et un bonheur ? Oui, pourquoi un bonheur ? Parce que le
temps du repos est un temps différent, de disponibilité
aux rencontres, aux retrouvailles amicales et familiales, aux lectures,
à la promenade ? voire à quelque sport saisonnier.
Un temps pour musarder, pour penser, pour regarder, pour se souvenir,
pour aimer, et pour lire l’Ecclésiaste …
Mais encore ? Le bonheur du repos tient sans doute à ce
qu’il s’éprouve non seulement dans le corps mais
à tous les niveaux de l’être, et qu’il invite
à une découverte réjouissante : celle du don.
Ce temps qui nous est offert pour nous reposer, la seule chose qu’il
exige finalement de nous, c’est la conscience heureuse de son
existence comme don, comme cadeau !
Le « jour du repos » a été fait pour
l’homme
Mais cette conscience heureuse, pour s’entretenir, peut aller
plus loin. Dans l’Evangile Jésus nous rappelle que le
« Jour du repos » a été fait pour l’homme
; ce faisant il nous renvoie au 4ème commandement du Décalogue
qui, dans le Livre de l’Exode, inscrit ce jour dans la fidélité
au 7ème Jour où Dieu s’est reposé après
avoir créé le monde et au Livre du Deutéronome,
dans le souvenir de la libération d’Egypte. Le bonheur
du repos nous invite donc à réfléchir dans
deux directions :
- Que signifie s’arrêter de créer, de travailler,
de transformer, sinon cesser d’exercer un pouvoir sur le monde
et les éléments, c’est-à-dire ce qui pourrait
nous donner l’illusion dangereuse de notre toute-puissance
humaine ? Quel autre regard cela peut-il nous suggérer à
nous sur la vie, le temps, la nature, le cosmos ?
- Quels sont les jougs que nous imposent l’histoire, la condition
de l’homme contemporain ? Quels sont les jougs que nous nous
imposons les uns aux autres ? Et que signifie vivre une expérience
de libération ? A quelles relations inédites avec
les autres cela nous entraîne-t-il ?
Notre repos peut prendre cette tonalité « chabbatique
» et s’imprégner de cette signification éthique
et spirituelle, à condition qu’on les lui prête,
à travers la méditation biblique, la prière,
le partage…Nous sommes libres de le faire, ou de pratiquer
simplement l’art du repos réparateur. Ou encore celui
de la paresse …en nous baissant quand même pour ramasser
nos boules de pétanque !
Florence Taubmann
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