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La séparation des églises et de
l'État
Il y a presque un siècle,
notre Église se trouvait face à un tournant majeur
de son histoire : celui de la séparation de l'Église
et de l'État. Tournant majeur, car l'Église allait
devoir désormais être capable de vivre seule, sans
le soutien de l'État. Tournant difficile, mais fondateur
d'expériences riches dont nous profitons encore aujourd'hui.
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C'est avec cette page d'histoire que nous ouvrons notre nouvelle
rubrique sur les archives de la feuille rose. Nous avons la chance
de posséder encore la quasi-totalité des exemplaires
de la feuille rose, depuis le numéro 18 qui date de 1903.
Dans les prochaines parutions, nous vous proposerons de temps en
temps de relire ensemble l'histoire de notre paroisse et de l'Eglise
tout au long du XXème siècle.
Ci-dessous, nous vous reproduisons le sermon du pasteur Decoppet
du 3e dimanche du mois d'octobre 1905, et qui, bien sûr, est
en rapport avec les événements qui se préparent.
« Notre service annuel de rentrée a été
célébré, comme de coutume, le troisième
dimanche d'octobre. Le passage de la Bible choisi par les pasteurs
était celui-ci : " Dieu ne nous a pas donné un
esprit de timidité, mais un esprit de force, d'amour et de
sagesse " (2 Tim 1,7). Faute de place, nous ne donnons que
quelques fragments du discours du pasteur Decoppet.
Roger Pourteau
M. le pasteur Decoppet : Mes Frères, vous l'avez compris,
le sujet sur lequel vos pasteurs désirent appeler aujourd'hui
votre attention, l'esprit de force, de charité et de prudence,
leur a été inspiré par la situation de notre
Église à la veille de la Séparation, Le texte
que nous avons choisi nous a paru exprimer mieux que tout autre,
les sentiments avec lesquels nous devons aller au-devant de ce grand
événement, ou pour mieux dire de ce bouleversement.
Car ce sera un bouleversement, il n'y a pas à en douter;
une révolution qui modifiera profondément les conditions
d'existence et l'avenir de notre Église. Dans quel sens ?
C'est ce qu'il est impossible de prévoir.
Nous sommes à bien des égards en face de l'inconnu.
En tout cas, ce qui importe, c'est que nous soyons à la hauteur
des circonstances, C'est que nous soyons calmes, sages et forts,
afin que cette crise, loin d'être une cause d'affaiblissement
pour notre Église, soit le point de départ d'un renouvellement
de son activité et de sa vie. Ce qu'il nous faut, c'est l'esprit
de force, de charité et de prudence. Oh ! les trois admirables
vertus ! Qui ne sent que, si nous les possédions, nous n'aurions
rien à redouter de l'avenir ?
Un esprit dont nous devons nous revêtir n'est pas un esprit
d'agitation et de crainte, mais de calme, de confiance et dé
courage. Ce n'est pas un regard tremblant et timide que nous devons
jeter sur l'avenir, mais un regard ferme et paisible. La timidité
ne vaut jamais rien dans aucun domaine: elle ôte à
l'esprit tous ses moyens et à la volonté toutes ses
énergies. C'est une anémie de l'âme. Ah la magnifique
occasion qui va nous être donnée de nous montrer fermes
et vaillants ! Ah la belle page d'histoire nous allons pouvoir,
écrire et le noble exemple que nous allons léguer
à nos enfants !
Nous sommes à bien des égards en face de l'inconnu.
En tout cas, ce qui importe, c'est que nous soyons à la hauteur
des circonstances, C'est que nous soyons calmes, sages et forts,
afin que cette crise, loin d'être une cause d'affaiblissement
pour notre Église, soit le point de départ d'un renouvellement
de son activité et de sa vie. Ce qu'il nous faut, c'est l'esprit
de force, de charité et de prudence. Oh ! les trois admirables
vertus ! Qui ne sent que, si nous les possédions, nous n'aurions
rien à redouter de l'avenir ?
Un esprit dont nous devons nous revêtir n'est pas un esprit
d'agitation et de crainte, mais de calme, de confiance et dé
courage. Ce n'est pas un regard tremblant et timide que nous devons
jeter sur l'avenir, mais un regard ferme et paisible. La timidité
ne vaut jamais rien dans aucun domaine: elle ôte à
l'esprit tous ses moyens et à la volonté toutes ses
énergies. C'est une anémie de l'âme. Ah la magnifique
occasion qui va nous être donnée de nous montrer fermes
et vaillants ! Ah la belle page d'histoire nous allons pouvoir,
écrire et le noble exemple que nous allons léguer
à nos enfants !
Nous sommes à bien des égards en face de l'inconnu.
En tout cas, ce qui importe, c'est que nous soyons à la hauteur
des circonstances, C'est que nous soyons calmes, sages et forts,
afin que cette crise, loin d'être une cause d'affaiblissement
pour notre Église, soit le point de départ d'un renouvellement
de son activité et de sa vie. Ce qu'il nous faut, c'est l'esprit
de force, de charité et de prudence. Oh ! les trois admirables
vertus ! Qui ne sent que, si nous les possédions, nous n'aurions
rien à redouter de l'avenir ?
Un esprit dont nous devons nous revêtir n'est pas un esprit
d'agitation et de crainte, mais de calme, de confiance et dé
courage. Ce n'est pas un regard tremblant et timide que nous devons
jeter sur l'avenir, mais un regard ferme et paisible. La timidité
ne vaut jamais rien dans aucun domaine: elle ôte à
l'esprit tous ses moyens et à la volonté toutes ses
énergies. C'est une anémie de l'âme. Ah la magnifique
occasion qui va nous être donnée de nous montrer fermes
et vaillants 1 Ah la belle page d'histoire nous allons pouvoir,
écrire et le noble exemple que nous allons léguer
à nos enfants !
Nous sommes à bien des égards en face de l'inconnu.
En tout cas, ce qui importe, c'est que nous soyons à la hauteur
des circonstances, C'est que nous soyons calmes, sages et forts,
afin que cette crise, loin d'être une cause d'affaiblissement
pour notre Église, soit le point de départ d'un renouvellement
de son activité et de sa vie. Ce qu'il nous faut, c'est l'esprit
de force, de charité et de prudence. Oh ! les trois admirables
vertus ! Qui ne sent que, si nous les possédions, nous n'aurions
rien à redouter de l'avenir ?
Un esprit dont nous devons nous revêtir n'est pas un esprit
d'agitation et de crainte, mais de calme, de confiance et dé
courage. Ce n'est pas un regard tremblant et timide que nous devons
jeter sur l'avenir mais un regard ferme et paisible. La timidité
ne vaut jamais rien dans aucun domaine: elle ôte à
l'esprit tous ses moyens et à la volonté toutes ses
énergies. C'est une anémie de l'âme. Ah la magnifique
occasion qui va nous être donnée de nous montrer fermes
et vaillants ! Ah la belle page d'histoire nous allons pouvoir,
écrire et le noble exemple que nous allons léguer
à nos enfants !
Lheure des résolutions viriles va sonner. Ceignons
nos reins pour de nobles efforts. N'attendons pas l'impulsion et
la force des autres ; ne l'attendons pas uniquement des pasteurs
; ne l'attendons pas d'une organisation quelconque, commission,
assemblée ou synode; ne l'attendons pas d'un règlement
ou d'une institution quelconque. Que chacun prenne simplement et
courageusement sa part de responsabilité, sa part de sacrifices
et d'activité dans la réorganisation de nos Églises
et tout ira bien, Le sentiment de cette responsabilité personnelle
est la première force que nous devons acquérir Nous
allons être appelés à un grand acte de confiance
en nous-mêmes. Il s'agit de vouloir vivre, et cette résolution
de vivre, c'est à chacun de nous à la prendre.
La séparation des Églises et de l'État sera
ce que nous la ferons : une oeuvre d'affaiblissement et de destruction,
ou un instrument de rénovation et de progrès. Écoutez
ce que dit Vinet à ce sujet :
« Cette épreuve (il s'agit pour la religion de la
perte de l'appui de l'État) elle doit toujours être
nprête à la subir ; si elle n'y était pas toujours
prête, elle ne serait pas de Dieu ; je comprends bien qu'après
qu'elle a été longtemps incorporée au pouvoir,
on la redoute pour elle. Mais si cette inquiétude va jusqu'au
point de croire l'existence même de la religion menacée
par la Séparation, grand Dieu 1 quel aveu vient-on nous faire,
et quelle idée faut-il avoir d'une religion qui n'a point
de racine dans l'humanité, point de force en elle-même,
et qui tombe aussitôt que l'État l'abandonne ? Ah 1
dans ce cas, plus vivement on s'opposera à cette épreuve,
plus hautement nous a réclamerons. Il faut qu'on sache ce
que c'est que cette religion , si elle a une base ou si elle n'en
a point; il faut qu'on sache ce que c'est que ces croyants : s'ils
croient en Dieu ou s'ils croient à J'État, il faut
qu'ils le sachent eux-mêmes ; il faut que, sans autre préoccupation
que celle de la vérité, loin des menaces et des encouragements
du pouvoir ils s'éprouvent eux-mêmes afin de connaître
si ce que, jusqu'à ce jour ils appelèrent leur religion
était un besoin ou une habitude, une conviction ou un préjugé;
il faut qu'ils refassent leur religion sous ces favorables auspices,
sous ces conditions sérieuses ».
(Essai sur la Manifestation des convictions religieuses, p. 337,338).
Mes frères, les idées qu'exprimait si éloquemment
Vinet sont la vérité même: elles ont pénétré
dans tous les esprits, elles font partie de notre patrimoine intellectuel
; elles sont depuis longtemps celles de notre Église elle-même.
N'ayons donc pas peur de leur réalisation, réjouissons-nous
en plutôt, car ce qui est conforme à la vérité
ne saurait être dangereux ou nuisible.
C'est pourquoi, si l'on nous A-mande avec le poète »
De quoi demain sera-t-il fait ? Répondons hardiment : Il
sera fait, en ce qui concerne notre Église, d'un magnifique
développement de l'esprit de sacrifice. Il sera fait de toutes
nos bonnes volontés et de toutes nos énergies réunies.
Il sera fait d'un amour plus dévoué que jamais à
notre Église et d'une union plus réelle de ses membres.
Une espérance est une vertu dans le sens étymologique
du mot, c'est-à-dire une force. Revêtons-nous de cette
force. Ayons confiance dans l'avenir de notre Église. Dieu
l'a soutenue et conservée jusqu'ici à travers tant
de périls et de persécutions parce qu'elle a une grande
mission à accomplir dans notre patrie, celle de lui donner
l'Évangile. Nous ne sommes qu'une infime minorité,
sans doute, mais Dieu a toujours fait son oeuvre dans le monde par
des minorités, voulant à dessein se servir des choses
faibles pour confondre les fortes ' des choses viles et méprisées
et même de celles qui ne sont point, pour anéantir
celles qui sont.
Lesprit de force est fait de confiance en la vérité,
de foi en Dieu et e~ soi-même, d'énergie, d'optimisme
et d'espérance. Il est donc un autre nom de l'esprit chrétien.
Et il est aussi l'esprit protestant par excellence. Nos réformateurs,
nos martyrs, nos héros, nos pères dans la foi étaient
des hommes forts, des hommes d'un courage et d'une endurance extraordinaires.
Ce n'était pas un esprit de timidité, mais de force
que celui de notre grand Calvin quand, le ler mai 1561 il écrivait
à l'Église dAix persécutée : «
Le temps est que nous travaillions d'un côté et que
nous souffrions de l'autre. Nous appelons travailler nous porter
virilement et passer par-dessus tous obstacles quand il est question
de faire notre devoir Car plus tost cent fois mourir que de fléschir
».
Ce n'était pas un esprit de timidité, mais de force,
qui animait les pauvres femmes qui ont langui, les unes vingt ans,
les autres trente ou quarante ans, à cause de leur foi, dans
la Tour de Constance, et qui avaient gravé, à côté
de leurs noms, sur un des murs de leur affreuse prison, ce mot héroïque
qu'on y lit encore :
Résistez
Ce n'était pas un esprit de timidité, mais de force
que celui de Bernard Palissy, dans l'entrevue qu'il eut dans son
cachot de la bastille avec le roi Henri Ill. Ce roi le menaça,
s'il ne se convertissait, de le faire brûler comme devaient
l'être bientôt deux jeunes filles, Radegonde et Claude
Foucault. Il ajouta qu'il était contraint à cette
rigueur « par ceux de Guise et par son peuple ». - «
Sire, réplique l'illustre vieillard, vous m'avez dit plusieurs
fois que vous aviez pitié de moy; mais moy, j'ai pitié
de vous... qui avez prononcé ces mots : j'y suis contraint.
Ce n'est pas parier en roy. Ces filles et moy, qui avons part au
royaume des cieux, nous vous apprendrons ce langage royal que les
Guisarts, tout votre peuple ny vous, ne sauriez contraindre un potier
à fléchir les genoux devant des statues ».
Ce n'était pas un esprit de timidité, mais de force
que celui des Farel, des Coligny, des Duplessis , Mornay, des Paul
Rabaut, des Antoine Court, et de toute cette légion de martyrs
qui allaient en prison ou au supplice en chantant nos vieux psaumes.
Vénérables et grandes figures de nos pères,
votre souvenir nous remplit d'admiration et nous rend jaloux de
vous ressembler. C'est grâce à la fermeté de
votre foi, à votre indomptable énergie, à votre
patience, que rien n'a pu lasser, que nous sommes encore debout,
nous, vos indignes enfants, après tant d'épreuves
et de persécutions. Ah 1 que votre esprit, l'esprit de force,
revive en nous, et nous serons capables de traverser victorieusement
les épreuves de l'heure présente. Que sont-elles en
comparaison des souffrances que vous avez endurées ? Que
sont les sacrifices qui nous sont demandés en comparaisons
des vôtres ?
Cet esprit de force, mes frères, c'est Dieu qui nous le
donnera. Confions-nous en lui dans la crise qui se prépare.
La foi en nous-mêmes, à laquelle je vous exhortais
tout à l'heure, nous viendra de la foi en lui. Il n'a pas
abandonné nos pères dans des conditions autrement
graves et douloureuses que les nôtres ; il ne nous abandonnera
pas non plus. La question de force est une question de foi. La véritable
victoire, celle par laquelle le monde est vaincu, c'est notre foi.
Amen
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