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Christ viendra comme il est parti

( Actes 1:4-11 )

(écouter l'enregistrement)  (voir la vidéo)

Culte du 21 mai 2009 à l'Oratoire du Louvre
prédication du pasteur Marc Pernot

Aujourd’hui, nous fêtons l’Ascension.

L’Ascension fait référence à un épisode que l’on trouve dans la Bible, le texte raconte que Jésus a été enlevé par Dieu de la terre et qu’il s’est élevé vers le ciel et a disparut derrière un nuage.

C’est assez difficile à concevoir matériellement, on voit mal un corps s'élever au ciel comme une fusée pour aller quelque part du côté de Saturne ou d’Andromède ? Mais, la signification de cette montée est claire. Quand nous disons le Notre Père, cette prière où Jésus appelle Dieu : « Notre Père qui es aux cieux », nous savons bien que pour joindre Dieu, nous n'avons pas besoin de fusée. Au contraire, cette prière (du Notre Père) nous dit que Dieu est infiniment proche de nous, qu’il est même en nous, dans le secret de notre espace individuel. Car la notion de Ciel dans la Bible désigne le monde spirituel où Dieu évolue par opposition à la terre qui évoque le domaine matériel où existe notre corps.

Cherchons donc ce que veut nous dire ce texte de l’Ascension, car il nous parle d’une chose qui nous concerne : du salut que nous apporte le Christ : à nous, qui n’avons pas Jésus en chair et en os à nos côtés. Dans ce récit de l’Ascension, nous avons vraiment une bonne nouvelle à recevoir, une espérance, une force pour avancer, une place qui nous est réservée, et une vocation.

Je vous propose d’entendre maintenant la lecture de la Bible, dans le livre des Actes des apôtres au chapitre 1er, les versets 4 à 11

Comme Jésus se trouvait avec ses apôtres, il leur recommanda de ne pas s’éloigner de Jérusalem, mais d’attendre ce que le Père avait promis, ce que je vous ai annoncé, leur dit-il; 5 car Jean a baptisé d’eau, mais vous, dans peu de jours, vous serez baptisés du Saint-Esprit.

6 Alors les apôtres réunis lui demandèrent: Seigneur, est-ce en ce temps que tu rétabliras le royaume pour Israël?

7 Il leur répondit: Ce n’est pas à vous de connaître les temps ou les moments que le Père a fixés de sa propre autorité. 8 Mais vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre.

9 Après avoir dit cela, il fut élevé pendant qu’ils le regardaient, et un nuage le déroba à leurs yeux.

10 Et comme ils avaient les regards fixés vers le ciel pendant qu’il s’en allait, voici, deux hommes vêtus de blanc leur apparurent, 11 et dirent: Hommes Galiléens, pourquoi vous arrêtez-vous à regarder au ciel? Ce Jésus, qui a été enlevé au ciel du milieu de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu allant au ciel.

Que ton Règne vienne !

La dernière chose que les disciples demandent donc à Jésus, c’est ceci : « quand est-ce que tu rétabliras le Royaume d'Israël ? » Les disciples attendent ainsi une intervention directe de Dieu pour améliorer le monde, pour guérir ce qui ne va pas. Il y a bien sûr des choses qui ne vont pas en ce monde. Et, comme eux, nous nous demandons : quand est-ce que Dieu enlèvera enfin le mal, qu’il enlèvera la souffrance sur la terre ? Quand est-ce qu’il arrangera enfin mes ennuis à moi, qu’il mettra fin à la violence, aux cancers, aux tremblement de terre ? Cette préoccupation est bonne. Il y a tant de mal et de souffrance qui nous indignent que notre prière est souvent la même que celle des disciples de Jésus : Mon Dieu, Que ton règne vienne !

On peut donc dire que les disciples ont au moins compris ça : Dieu n’est source que de bien dans le monde, ce n’est pas lui qui crée la souffrance, ni pour nous punir, ni pour nous tester ! Après avoir vu vivre Jésus, après l’avoir entendu parler, ils en sont certains : Dieu est la source d’espérance pour le monde et pour nous. Mais si Dieu est une telle source de bonheur et de vie, comment est-ce que du mal subsiste encore dans le monde ? Cette question est bonne, et il y a de nombreuses réponses possibles. Jésus répond ici à cette question d’une façon intelligente et nuancée, en deux points essentiels.

D’abord, et c’est sa 1ère réponse, c’est une question de temps. Même Dieu ne peut pas faire pousser un chêne centenaire en zéro seconde, comme on voit Astérix le faire dans une de ses bandes dessinées. Dieu est une prodigieuse source d’évolution, mais toute évolution prend du temps. Dieu n’est pas indifférent à la souffrance du monde, il y travaille, et la Bible nous dit que la création tout entière est encore en évolution. C’est vrai qu’il reste encore du chaos, des choses qui ne sont pas conformes à la volonté de Dieu. Et il est bon de prier comme les disciples, dans la confiance que Dieu y travaille au mieux, même si nous ne savons rien du temps qu’il faut à Dieu pour faire avancer le bien dans le monde.

La seconde réponse que Jésus apporte ici à l’existence du mal en ce monde : c’est nous-même, malheureusement. Comme les disciples, il nous arrive d’attendre avec impatience que Dieu fasse triompher le bien dans le monde, mais nous attendons cela trop souvent en disant : « Que fait le gouvernement ? C’est la faute de Machin, Yaka faire ça… tout en restant tranquillement les bras croisés, sans lever le petit doigt pour faire avancer les choses, et en continuant même à faire du mal. Par contre, oui, Dieu est bon, il est totalement engagé dans la lutte pour le bien, il est la source d'une prodigieuse dynamique d'évolution qui se développe progressivement. Mais cette évolution doit également passer par nous, pour que nous-mêmes puissions progresser et même que nous fassions avancer les choses, à notre mesure. C’est cela que Dieu espère et qu’il nous offre, car ce que l’on appelle parfois le Saint-Esprit, c’est cela : C’est l’action de Dieu pour nous faire évoluer et être nous-mêmes une source d’évolution positive, à notre mesure. Mais même Dieu ne peut pas nous forcer à être meilleur si nous ne le voulons pas, il ne peut pas nous forcer à respecter ni à aimer, il ne peut pas nous forcer à avancer, ni à créer de belles choses, si nous voulons rester sans rien faire…

Oui, notre Père qui est dans les cieux, que ta volonté soit faite et que ton règne progresse de jour en jour.

Il viendra

Christ est enlevé au ciel, son corps n’est plus là, et les disciples gardent les yeux fixés dans cette direction, concentrés sur leur souvenir de cet homme, Jésus, qui arrivait à leur faire aimer Dieu et les gens, leur faisait aimer la vie, et espérer que le bien progresse. Jésus n’est plus là, à leur côté, mais les disciples ont confiance : Dieu, ce Dieu qu’a montré Jésus, ne peut pas les abandonner. Et ils attendent, totalement concentrés dans la prière. Dans un sens c’est bien, mais ils n’ont pas tout compris et ils sont comme bloqués dans la prière. Encore une fois, Dieu tente de les remettre en chemin : « Pourquoi vous arrêtez-vous à regarder au ciel ? Ce Jésus, qui a été enlevé au ciel du milieu de vous, il viendra de la même manière que vous l'avez vu aller au ciel

En quoi est-ce que ça nous aide à recevoir aujourd’hui ce que Dieu nous donne pour avancer ? Remarquons d’abord que le texte original en grec ne dit pas que le Christ reviendra mais qu’il viendra. Et cela montre qu’il ne s’agit pas d’un retour en arrière mais d’une nouvelle forme de sa présence. Le Christ a vécu, oui, en Jésus de Nazareth, il y a 2000 ans environ. Ça, c’est fini. Maintenant le Christ est au ciel, il est une réalité spirituelle, mais il viendra, nous dit le texte, il viendra dans notre vie présente, nous n’avons donc pas à fuir ce monde pour recevoir le Christ, et le texte précise : « il viendra comme ils l’ont vu aller au ciel ». Pour comprendre ce que ça veut dire, il nous suffit de repasser à l’envers le film de cette histoire. Le Christ est allé au ciel, il viendra donc du ciel, il vient maintenant de notre dimension spirituelle, de notre foi et de notre prière, les disciples n’avaient pas tort sur ce point, il vient donc de là, mais où arrive t-il ? Là où il était au début du récit : le Christ est avec ses disciples, au milieu de ses disciples, au dedans de ses disciples qui lui posent des questions.

C’est donc là que le salut nous est donné, c’est là que le Christ demeure maintenant : il est en chacun de nous quand nous interrogeons le Christ sur le salut que Dieu veut pour ce monde. Il demeure en chacun de nous comme l’Esprit sera donné individuellement à chacun à la Pentecôte. Mais aucun d’entre nous n’est la totalité du Christ, et donc interroger le Christ c’est prier et réfléchir soi-même, mais c’est aussi se rassembler, comme nous le voyons dans ce texte, pour s’interroger mutuellement, pour débattre de nos points de vue différents et être rassemblés par le Christ. C’est comme ça que nous avancerons.

Le salut que Dieu donne par son Esprit est donc à la fois très individuel, très intime, comme un souffle qui nous anime, comme un cœur qui nous donne d’aimer et d’espérer. Mais le salut de Dieu est également dans la richesse de nos personnalités différentes, de nos théologies et de nos histoires différentes qui se rencontrent. Dieu, par son Esprit, nous rassemble en un corps, un corps vivant en ce monde : le corps du Christ, dont nous sommes les membres, chacun étant irremplaçable et béni par Dieu.

Maintenant,

  • ce sont nos mains, qui sont les mains du Christ qui peuvent servir les autres,
  • ce sont nos bouches qui peuvent annoncer la bonne nouvelle de l’amour de Dieu manifesté en Christ,
  • ce sont nos yeux et nos cœurs qui peuvent reconnaître les autres, leur grandeur et leur soif de salut,
  • c’est notre foi, la foi du Christ, qui nous relie à Dieu, à notre prochain et à nous-mêmes, en vérité.

Oui, Éternel, mon Dieu, nous attendons ton Esprit avec reconnaissance,

Amen.

 

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Pasteur dans la chaire de l'Oratoire du Louvre - © France2

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