« Que peut la foi ? »( Galates 3:1-5 ; Marc 9:14-29 ) (écouter l'enregistrement - culte entier - voir la vidéo) Culte du dimanche 29 octobre 2014 à l'Oratoire du Louvre Qu’est-ce qui, selon vous, caractérise une protestante ou un protestant ? Quelle est leur marque de fabrique, leur signe distinctif ? À cette question, beaucoup d’entre vous répondront probablement : « la grâce ! », « la justification par la foi ! » Et ils auront raison : la Réformation, telle qu’elle est généralement comprise de nos jours dans le monde protestant, semble en effet se résumer à ces quatre petits mots : justification par la foi. Or, une telle concentration sur ces quatre petits mots, « justification par la foi », ne me semble pas rendre justice à ce que fut, à la vérité, la Réforme protestante. Car la Réforme ne fut pas d’abord, elle ne fut pas seulement un bouleversement théologique, mais elle fut bien autre chose. Certes, Luther fut un grand théologien, peut-être le plus grand depuis Saint Augustin, et nous pouvons le considérer à bon droit comme un véritable « docteur de l’Église »… Mais un « docteur », justement, nous apporte un enseignement qu’il a lui-même découvert ailleurs et dont il a, souvent, fait l’expérience. Luther aimait à le dire : « seule l’expérience fait le théologien », « Sola experientia facit theologum ». Et nous devrions nous en souvenir : Luther, l’homme des « solus » et des « sola », n’a pas seulement été celui qui nous a rappelé le « Christ seul », la « grâce seule » ou la « foi seule », mais il a aussi été, peut-être avant toute chose, au plus profond de lui-même, le théologien du « sola experientia », de l’expérience seule, cette expérience dont Paul parle d’ailleurs aux Galates dans l’extrait que nous avons lu tout à l’heure. Une expérience – donc pas d’abord une doctrine, fût-elle celle de la justification par la foi. Car en parlant de la justification par la foi seule, Luther n’a pas d’abord voulu prêcher une doctrine, il n’a pas d’abord souhaité défendre un joli système d’idées bien trouvées, bien articulées et bien récitées, mais ce dont il a voulu nous entretenir, c’est d’abord d’une expérience qui a été la sienne et qu’il a su, ensuite, interpréter à la lumière de l’Écriture pour en faire un principe de vie. Une expérience de vie, d’angoisses, de joies et de colères… une expérience de doutes, aussi, et surtout… de questions. Or, le texte de l’évangile de Marc que nous venons de lire nous en pose justement une de question et une question que je n'hésiterais pas à qualifier de redoutable. Le sens premier de ce passage, en effet, nous le connaissons bien, ou plutôt : nous sommes censés le connaître. L’essentiel, dans ce texte, ce n’est pas le miracle, ce n’est pas à proprement parler la guérison de l’enfant, mais la confession de la foi du père de l’enfant comme source du miracle. C’est parce qu’il croit en Jésus, que le père de l’enfant peut ou plutôt que son fils peut guérir. Mais, du coup, nous nous retrouvons face à une question qui est au fond celle des disciples à la fin du passage : pourquoi n’ont-ils pas pu, pourquoi ne sont-ils pas parvenu à guérir l’enfant ? A travers la question des disciples, c’est donc une question pressante que pose ce texte, une question qui nous concerne toutes et tous et que nous rencontrons au cœur de notre expérience de foi, pour peu que nous réfléchissions un peu à nos convictions : que peut vraiment la foi ? A quoi la foi nous rend-elle aptes, de quoi nous rend-elle capables ? Cette question, bien sûr, est devenue plus pressante depuis que le protestantisme d’origine « évangélique » gagne du terrain en France et que, parmi ses membres, nombreux sont ceux qui prétendent que la foi permet de guérir des malades, de progresser dans l’échelle sociale voire… de faire fortune ! Mais cette question est surtout redoutable parce qu'elle concerne l’essence-même de ce que nous entendons par la foi. Comme protestants, nous le savons, on ne le cesse de nous le répéter, nous sommes justifiés par la foi, rien que par la foi. Cela est fort bien – mais encore ? Qu’est-ce que cela implique concrètement ? Qu’est-ce que cela change ? Que peut cette foi qui nous constitue et qui est censée déterminer notre vie toute entière ? Il nous faut d’abord admettre que relue à la lumière des enseignements de Luther mais surtout de l’Évangile de ce matin, cette question est au fond celle que l’incroyance adresse à la foi : « que peux-tu vraiment ? » « de quoi es-tu vraiment capable ? » La foi, en effet, ne va jamais sans l'incroyance, même et surtout chez le croyant : je suis justifié, mais qu’est-ce que cela change dans ma vie ? Est-ce que cela a vraiment un sens ? Est-ce que cela débouche vraiment sur quelque chose de concret ? Ne ferais-je pas mieux d’y renoncer ? Même si elle est celle de l'incroyance, cette question n’en est pas moins parfaitement légitime car elle est profondément humaine. Il faut donc reconnaître que la foi ne peut se dire sans que nous ne fassions en même temps l’aveu de notre incrédulité foncière, même si nous nous sentons profondément croyant : au fond de nous, au fond de notre être, quelque-chose résiste ; nous nous sentons toujours plus ou moins opposés à Dieu, nous refusons toujours plus ou moins de lui dire oui et c’est pourquoi nous ne cessons de nous demander : que pouvons-nous vraiment, nous, croyants ? Ou plutôt, comme le père de l’enfant s’adressant à Jésus : « Si tu peux quelque-chose… viens à notre secours »… « Si tu peux… »… sous-entendu : « il se pourrait que tu ne puisses pas, il se pourrait, pardonnez-moi l’expression, que tout ton baratin ne débouche sur rien de concret dans ma vie et dans celle de mon fils ». Mais c’est aussi et surtout le sens de la prière que le père adresse ensuite à Jésus : « je crois, viens au secours de mon incrédulité ». Il n’y a pas, en effet, un avant et un après la foi, comme si tout se jouait en un moment-clef de notre vie, celui de notre conversion – et à supposer que nous nous soyons un jour vraiment converti. Non, la foi est toujours, en même temps, foi et non foi, confiance et manque confiance, même si nous expérimentons une conversion fracassante. Le « oui » que nous adressons à Dieu pour le laisser venir à nous est en même temps et toujours un « non » à sa venue, un refus de son action dans notre existence. La foi, c’est donc d’abord reconnaître que, au fond de nous, nous ne croyons pas, qu’au fond de nous, nous ne pouvons pas croire. Voilà la raison de la prière du père à Jésus : « je crois, viens au secours de mon incrédulité ». Et c’est ce qui fait que le cheminement de la foi est si complexe, si redoutable car semé d'embuches et de tentations. L’incroyance qui chemine toujours avec elle, non comme un mauvais génie, mais comme un compagnon de route fidèle et indéfectible, cette incroyance traîne toujours avec elle la tentation du pouvoir, de l’action fondée dans autre chose que dans la foi. L’histoire nous le montre : combien de fois le christianisme n’a-t-il pas été tenté de passer de la foi au pouvoir pour justifier son existence face au monde ? Combien de fois, n’a-t-il pas été tenté d’exercer le pouvoir en toute liberté sur le plan politique, militaire ou théologique, sans tenir compte de ce qui le fondait : sa relation à Dieu dans la foi ? Voilà ce que Luther dénonçait dans la théologie de son siècle : la foi est toujours susceptible de devenir affaire de pouvoir si elle cède à l’incroyance. Pas seulement, pas d’abord le pouvoir politique ou économique de la papauté, mais ce pouvoir que nous croyons tous devoir exercer sur nous-mêmes à partir du moment où nous nous disons croyants, cette capacité que nous aurions à nous perfectionner, à vivre de manière plus pure et plus sainte ou à nous réaliser pleinement dès lors que nous sommes convertis. Or, cette vision de la foi comme perfectionnement, comme amélioration de nous-mêmes, comme capacité à agir sur nous-mêmes au nom de la foi, Luther l’a rejetée comme péché, c’est-à-dire comme reniement de Dieu, parce que fondée non en Dieu mais en nous-mêmes. C’est exactement l’attitude des disciples dans notre passage, des disciples qui se demandent ici pourquoi « ils ne peuvent pas », pourquoi, ils n’ont pas « la puissance d’agir » alors que c’est autre chose qui leur est demandé. Pourquoi ne peuvent-ils pas ? Eh bien justement parce qu’ils pensent à leur puissance, à leur capacité à accomplir des miracles et non à ce que peut Dieu pour eux. C’est là l’un des risques de la foi que de croire qu’elle peut nous rendre « apte à », « capable de », au sens d’une mise en possession de moyens nouveaux nous permettant de nous réaliser, d’accomplir, bref d’exister devant le monde. Il serait donc logique, dans pareilles circonstances, de répondre à notre question, « que peut la foi ? », par la négative, de nous dire que, finalement, la foi ne nous rend aptes à rien d’autre qu’à l’acceptation de nos limites – ce qui, en soi, serait déjà pas mal ! Il serait donc non seulement logique, mais théologiquement fondé, de se réfugier dans l’idée que la foi et la puissance sont deux adversaires irréconciliables et que la foi prise au sérieux n’accomplit rien, si ce n’est de nous apprendre à renoncer à notre volonté d’exister par nous-mêmes, de « faire » avant d’« être », devant Dieu. Mais, face à cette autre tentation, celle du renoncement, l’affirmation de Jésus, justement dans ce même passage de Marc, nous avertit immédiatement du danger qui se cache derrière elle : « celui qui croit peut tout ! » dit Jésus au père. « Panta dunata tô pisteuonti » : « tout est possible à celui qui croit ! » La foi n’est donc pas inaction ou simple acceptation de nos limites, mais elle est aussi bel et bien aussi puissance : « celui qui croit peut tout ». La question des disciples demeure donc légitime, d’autant plus légitime que l’expérience de la vie ne cesse de nous le rappeler : c’est ce qui réussit, ce qui aboutit à un résultat, ce qui débouche sur une certaine forme d’achèvement qui a de la valeur. C’est parce que nos choix s’ouvrent sur quelque-chose de concret, parce qu’ils portent des fruits que nous les estimons valides, justes et cohérents. Et il n’en va pas autrement de la foi. Que serait notre foi, en effet, si elle ne nous permettait pas de juger de son impact sur notre vie, si elle n’y changeait au fond rien et se bornait à appliquer un léger verni de piété à nos engagements dans le monde ? Comment envisager que la foi, qui concerne notre existence dans toute sa profondeur, ne débouche pas sur un résultat concret, sur la certitude que ce choix fondamental, que ce saut existentiel qu’est la foi n'aboutit pas à quelque chose de réel, de palpable. Car s’il en était ainsi, si la foi n’était au fond que renonciation à nos ambitions humaines, alors la foi ne serait rien d’autre, finalement, qu’un pur nihilisme, comme le soulignait Gerhard Ebeling. Pour répondre à notre question (« que peut la foi ? »), il faut donc en revenir à Marc et à la fin du passage de ce matin, et, en particulier, à ces mots de Jésus : « ce genre d’esprit, rien ne peut le faire sortir que la prière ». Ce que Marc nous montre à travers cette conclusion (et ce que Luther aussi a essayé de nous montrer, je le note en passant), ce vers quoi il faut nous orienter avec notre question, c’est vers ce que l’évangéliste appelle la prière : c’est dans la prière que notre foi débouche sur la puissance, c’est dans la prière que notre foi aboutit à un « résultat » et y trouve finalement son accomplissement. Non pas d’abord la prière au sens de l’acte de piété que nous accomplissons au temple ou dans notre chambre et qu’il suffirait de prononcer pour que tout ce que nous demandons advienne aussitôt – car il ne s’agit surtout pas ici de dire qu’il suffit de prier pour obtenir ; il s’agit plutôt de comprendre que cette prière dont il est ici question est cette prière première que prononce le père de l’enfant épileptique, cette prière fondamentale qui est aussi celle du croyant et qui irrigue nos prières liturgiques et personnelles, mais aussi tous les instants de notre vie dans la foi : « Seigneur je ne crois pas, Seigneur je suis trop faible pour croire en toi au point que je préfère encore croire en moi-même ; mais dis un mot et je serai guéri ; alors aide-moi, aide-moi à croire vraiment, aide-moi à regarder autrement ! » Oui, ce que Dieu accomplit en nous par la foi et par la prière, c’est d’abord, un changement de regard. Un changement de regard qui porte d'abord sur nos critères humains, à commencer par cette idée qui voudrait que pour exister, il nous faudrait accomplir, agir, prouver par l’acte, alors que la foi suppose précisément de laisser Dieu agir et d’accepter ce don. Ce que l’expérience du père dans notre passage de l’évangile de Marc nous apprend, c’est que la foi ne nous demande justement pas d’abord d’accomplir, mais bien de recevoir. Ce que Marc nous apprend dans ce passage, ce dont il nous propose de faire l’expérience, c’est que le croyant, en tant qu’il place devant Dieu son manque de foi, sa faiblesse, sa faillibilité, son incomplétude, et s’en remet à Dieu se place précisément du côté de ce qu’est vraiment la foi : la capacité à s’en remettre à un Autre, cet Autre avec un grand « A » et dont on a coutume de dire qu’il est le « tout-puissant ». Alors bien sûr, cette compréhension de Dieu comme « Dieu tout-puissant » n’est plus guère à la mode, j’en conviens, surtout pas en un temps où nous avons connu et connaissons les pires horreurs dont l’être humain sait se montrer capable. C’est la fameuse question posée par la théologie chrétienne après la Seconde guerre mondiale : comment peut-on encore croire en un Dieu tout-puissant après Auschwitz ? Et comment croire en un Dieu tout-puissant alors que des centaines de chrétiens mais aussi de kurdes ou de yazidis, qui confessent tous un Dieu tout-puissant, meurent chaque jour en Syrie et alors que, probablement, nous adressons à Dieu nos prières en leur faveur et qu’en tant que telles, elles ne s’accomplissent pas ? Comment croire en un Dieu tout-puissant alors que la mort rôde et frappe parmi nos proches et que, malgré nos prières, il lui arrive de les emporter ? Cette critique de la toute-puissance de Dieu a donc toute sa légitimité – et comment en serait-il autrement ? Mais si nous y regardons de près, le texte de ce matin nous permet déjà de dépasser cette vision de la toute-puissance de Dieu. Il se pourrait même que nous découvrions grâce à lui que cette puissance de Dieu qui se trouve conférée à la foi (« Tout pouvoir à celui qui croit ») n’est pas une puissance physique, capable de transgresser les lois naturelles du monde, mais bien d’abord une puissance de changement dans notre regard sur le monde et sur ce que nous croyons devoir y accomplir pour être nous-mêmes. Il se pourrait que la foi nous enseigne alors à voir dans ce que le monde considère comme une faiblesse, une force, à comprendre que ce que le monde perçoit comme une impuissance est en réalité une puissance infinie dès lors qu'elle est placée devant Dieu et que, derrière la souffrance, le doute et la mort, se cachent en fait la force, la puissance et la vie. Car celui vers qui, je crois, Marc veut que nous regardions dans ce passage, c’est précisément celui qui peut affirmer « Celui qui croit peut tout », et qui, en même temps, alors qu’il sera cloué, impuissant, sur la croix, s’écriera : « Seigneur, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Cette croix sur laquelle le témoin de Dieu, abandonné, torturé et mis à mort, nous donne à voir Dieu dans toute sa majesté et dans toute sa puissance, justement. Devant la croix, en effet, notre vision de la puissance, de la force et du pouvoir se retrouve renversée, abattue, mise en pièce par le paradoxe de ce Dieu vivant et tout-puissant qui se révèle dans la mort et la douleur, de ce Dieu dont la puissance se manifeste justement dans ce que le monde appelle impuissance et faiblesse. Souvenez-vous de Jésus s’adressant à l’apôtre Paul : « ma puissance se réalise dans ta faiblesse ». Ce qui nous est dit, avec l’événement de la croix, c’est que l’homme et la femme, dans leur finitude, dans leur faiblesse, sont appelés à être libres : libres face aux aléas de la vie, libre face à leurs échecs et à leur erreurs car, devant Dieu, ces faiblesses, ces erreurs et ces échecs sont appelés à devenir une force de changement, dans la foi. Cela ne signifie pas que ces erreurs et ces échecs nous n’avons pas à les assumer et à en endosser la responsabilité – cela signifie seulement que devant Dieu notre être ne se limite pas à eux, que notre existence ne se limitera jamais à eux et que, dans la foi, une parole nous est adressée qui nous appelle à devenir toujours autre chose que ce que le monde nous impose d’être : des faibles, des ratés, des pauvres ou des prisonniers, mais aussi des égoïstes, des nantis ou des privilégiés. La foi, en tant qu’elle reconnaît devant Dieu que l’homme et la femme ne peuvent rien par eux-mêmes, qu’ils ne sont pas libres par eux-mêmes, reconnaît en même temps que, devant Dieu, cet homme et cette femme sont aussi appelés à être libre vraiment et que cette liberté, ils peuvent la recevoir avec confiance et sans aucune forme de condition, au-delà de leurs limites sociales, culturelles ou sexuelles. Ce que la foi accomplit en nous, ce dont la foi nous rend capables, c’est d’être libres ; libres d’espérer contre toute espérance, libres de parler, en dépit de notre incapacité à parler, libres d’agir, malgré notre inaptitude à agir. Voyez ce que dit Marc de l’enfant : il est possédé par un esprit qui, dès le début, est muet (il est « a-lalos », en grec, « sans voix », « sans langue », comme le père confesse son « manque de foi », son « a-pistia »). Or, ce qui vaut de l’esprit vaut aussi de l’enfant : lui non plus ne peut parler et c’est pourquoi l’esprit le fait trembler, l’agite. Or, c'est précisément de cela que Jésus le libère : de son incapacité à parler. Certes, la péricope ne nous montre pas l’enfant parler, mais d’une certaine manière, il parle déjà au travers de son père et de sa prière (le père demande dit en effet : « sauve-nous, aie pitié de nous » et non pas : « sauve-le, aie pitié de lui »). Et si le père et l’enfant peuvent à leurs tours se mettre à parler, c’est parce qu’ils ont écouté une Parole qui leur était adressée. Non pas seulement cette Parole écrite que nous lisons pieusement le soir avant de nous endormir ou que je viens de vous lire, mais cette Parole de vie, ce « oui » de Dieu qui advient dans nos existence, non seulement par l’écoute de sa Parole écrite, mais aussi par tous ces signes que Dieu nous appelle à attendre et à écouter dans notre vie, ces petits signes de l’existence que le Seigneur nous offre, ces petits « clins d’œil » presqu’imperceptibles qu’il nous fait pour nous dire que, malgré nos erreurs et nos échecs, nous sommes ses enfants et que nous pouvons avoir confiance en lui, car devant lui, nous sommes libres. Une Parole de Dieu qui nous autorise à parler, nous qui sommes muets, comme l’enfant de l’évangile de Marc, une Parole qui nous rend libres et qui nous permet, non pas d’agir en ayant confiance en nos forces reconstituées, mais qui nous autorise à parler et à agir malgré nos échecs en ayant tout simplement confiance, non en nous-mêmes, mais en Dieu. Oui, la puissance de Dieu nous permet d’agir, même si nous sommes condamnés à l’impuissance et elle nous permet d’espérer, même si le monde tel qu’il va semble nous condamner au désespoir. Car cette petite foi qui est la nôtre, cette prière infinitésimale que nous adressons à Dieu suffit à le laisser agir à travers nous. Une petite foi qui permet que la Parole de Dieu nous rejoigne, nous libère et nous fasse parler. Car c’est par l’écoute de cette Parole qui nous est adressés que nous serons vraiment nous-mêmes, que nous serons des hommes et des femmes, vraiment, devant Dieu, et que nous pourrons parler et agir dans la liberté. Écouter pour parler, recevoir pour donner : voilà l’expérience dont Luther, je crois, a voulu nous faire part. Une expérience qui a fait de lui et qui fait de nous, non pas des luthériens, des catholiques, des réformés ou des mennonites, mais bien des chrétiens : c’est cela, l’enseignement de Luther, comme il l’écrivit lui-même : « Audiendo fit homo christianus », c’est en écoutant que l’être humain devient chrétien – et j’ajouterais volontiers : un chrétien libre. Amen AmenVous pouvez réagir sur le blog de l'Oratoire |
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