Sur la clé de voûte qui surplombe le choeur de l'Oratoire du Louvre, on peut lire l'inscription « Jesus Maria ». Souvent placée dans une couronne d'épines, elle était l'emblème de « l'Oratoire de Notre Seigneur Jésus-Christ en France », fondé en 1611 par le cardinal Pierre de Bérulle. Jusqu'à la disparition de la congrégation en 1792, le couvent, démoli lors du percement de la rue de Rivoli, fut le siège de la maison généralice et le cœur de la vie oratorienne*. Ironie de l'histoire, alors que Bérulle fut un adversaire déterminé de la « Religion prétendue réformée », cette chapelle, où ses restes reposèrent jusqu'à la Révolution, est devenue l'un des hauts-lieux de la France protestante. Nous aimerions ici évoquer les relations entre Bérulle et les protestants. Qui était cet homme et comment, dans le cadre de la Réforme catholique, en est-il venu à fonder une société de prêtres conformes à l'idéal défini par le concile de Trente ? Comment ce tenant d'un catholicisme de combat se représentait-il le protestantisme ? Quelle attitude préconisait-il à son encontre : appel à la conversion ou manière forte ? En tentant de répondre à ces questions, nous décrypterons la théologie politique d'un « catholique zélé » confronté au scandale que constituait pour les dévots l'édit de Nantes.
Un acteur de la réforme catholique
Né le 4 février 1575, au château de Sérilly, en pays d'Othe, aux confins de la Champagne et de la Bourgogne, Bérulle a grandi à Paris, où il fut baptisé en l'église Saint-Nicolas des Champs, quelques jours après sa naissance. Par son père, il appartient à une famille de la noblesse terrienne et militaire, récemment passée à la Robe. Sa mère est une Séguier. Il est donc socialement enraciné dans le monde parlementaire parisien.
Son enfance et sa jeunesse se sont déroulées dans le climat des Troubles, des Guerres de religion et de la Ligue. Bérulle a effectué ses humanités au coeur du quartier latin, au Collège de Boncourt et au Collège de Bourgogne. A partir de 1591, il effectue sa philosophie au Collège de Clermont, sous la conduite de maîtres jésuites. Dans ce bastion de l'ultramontanisme, Bérulle rejoint les rangs de la congrégation mariale, conventicule qui, dans chaque collège jésuite, initie une petite élite d'élèves aux formes renouvelées de la spiritualité catholique post-tridentine : pratique de l'oraison mentale, discipline ascétique, dévotion mariale, culte du Saint-Sacrement*.
Mais l'empreinte ignatienne n'est pas exclusive. Bérulle fréquente également les capucins, branche de la famille franciscaine, réformée en 1525. Ces très actifs artisans de la Contre-Réforme, notamment par la prédication dans les milieux populaires, sont présents à Paris depuis 1564, bénéficiant de la faveur du roi Henri III. Leur couvent de la rue Saint-Honoré est un lieu de rayonnement spirituel. En 1592, Bérulle y fait la connaissance d'un maître spirituel, Benoît de Canfield, anglais converti au catholicisme, auteur d'une Règle de perfection qui connaît un vif succès, ainsi que de Pacifique de Souzy qui devient son confesseur.
Après un bref passage sur les bancs de la Faculté de droit, Bérulle obtient de ses oncles Séguier la permission de faire de la théologie. En 1594, il reprend le chemin du Collège de Clermont. Mais à la suite de l'attentat de Jean Chastel contre Henri IV, les jésuites sont bannis de Paris. Tout en conservant des liens étroits avec la Compagnie, Bérulle poursuit ses études en Sorbonne.
En 1596, il se place sous la direction d'un chartreux, Dom Richard Beaucousin, qui l'encourage dans la lecture des mystiques rhéno-flamands et italiens. C'est à sa demande que Bérulle publie en 1597 un Bref discours de l'abnégation intérieure, adaptation et traduction française d'un opuscule dû à la collaboration d'un jésuite milanais, Achille Cagliardi et d'une laïque, Isabelle Bellinzaga. Si Bérulle est ainsi poussé par ses maîtres, chartreux, capucins et jésuites, sur les chemins de la vie spirituelle, il n'est cependant pas indifférent aux événements politiques.
Persuadé qu'Henri IV est un hérétique mal converti, Bérulle est alors opposé à la politique de pacification mené par celui qui a promulgué l'édit de Nantes le 13 avril 1598. Bérulle prend position à l'occasion d'une affaire de possession qui défraye la chronique parisienne durant quelques mois. Originaire de Romorantin, la jeune Marthe Brossier, est exorcisée durant l'année 1598. En mars 1599, quelques jours après l'enregistrement de l'édit par le Parlement de Paris (7 février 1599), la jeune fille arrive dans la capitale. Elle est exorcisée par les capucins, ces « chiens aboyants dans les paroisses de cette ville contre les hérétiques »*. Mais elle parle aussi, pour proclamer que les huguenots sont des suppôts de Satan, au risque de susciter l'agitation dans une ville encore traumatisée par la violence des affrontements confessionnels des années précédentes.
Devant le tumulte suscité par cette affaire, l'évêque de Paris soumet Marthe à l'examen d'une assemblée de médecins et de théologiens, qui concluent à la réalité de la possession. Mais le 2 avril, le parlement de Paris ordonne au lieutenant criminel de se saisir de Marthe : le pouvoir craint, en effet, une instrumentalisation de ces troubles par un clergé et un laïcat dévot, hostiles à la politique royale, désireux d'en faire une machine de guerre contre l'édit de Nantes. Le dimanche 4, deux prédicateurs, André Duval, professeur de théologie en Sorbonne et le capucin Archange du Puy s'élèvent en chaire, au nom des droits de l'Eglise, contre la décision de soumettre la possédée à une juridiction temporelle.
Se sentant menacés, les capucins demandent à l'évêque de Paris de nommer Bérulle exorciste. Celui-ci accepte et exerce le 7 avril son ministère de délivrance sur la possédée. Une semaine plus tard, le roi intime au Procureur général de faire cesser les exorcismes et de conduire Marthe au Châtelet. Le 18 avril, André Duval proteste à nouveau en chaire tandis qu'Archange du Puy reproche au Parlement d'avoir enregistré l'édit de Nantes. Le 20, les deux prédicateurs sont assignés en justice. Seul André Duval obéit. Le conflit est désormais ouvert entre les capucins et le roi.
C'est dans ce contexte que Bérulle marque clairement son camp, en décidant d'effectuer parmi eux, à partir du 25 avril, une retraite de quarante jours pour se préparer à recevoir l'ordination sacerdotale. Le 28, un huissier se rend au couvent des capucins pour sommer le Père Archange de se présenter devant le Parlement. Celui-ci refuse, le chevalier du guet procède à son arrestation et l'incarcère à la Conciergerie. Le lendemain, le Père Jean-Baptiste de Paris, vicaire provincial*, adresse une protestation solennelle au roi, qui envisage alors d'expulser les capucins. Quatre religieux du couvent Saint-Honoré acceptent finalement de se présenter devant le Parlement, qui rend son arrêt le 6 mai : ils sont blâmés et le Père Archange se voit interdit de prédication pour une durée de six mois. Mais dans cette même quinzaine de mai, un prêche à l'usage des protestants parisiens est établi à Grigny*. Le capucin Ange de Joyeuse, ancien chef ligueur, s'élève à son tour en chaire contre cette initiative. Henri IV est très mécontent de cette opposition. Le 24 mai, le parlement de Paris rend un arrêt renvoyant Marthe à Romorantin.
Bérulle est ordonné prêtre le 5 juin 1599, dans la chapelle supérieure de l'évêché de Paris, des mains de Jacques Daffis, ancien ligueur, évêque de Lombez. Le 13 juillet, Marescot, un des médecins qui a examiné Marthe, publie un opuscule dénonçant la réalité de la possession. Sous le pseudonyme de Léon d'Alexis, Bérulle lui répond par un Traité des énergumènes etun Discours sur la possession de Marthe Brossier.
Dans un Avis au lecteur, qui sera supprimé des éditions de ses oeuvres en 1631 et 1644, Bérulle se prononce, comme ses amis capucins défenseurs des immunités ecclésiastiques, contre l'ingérence de l'Etat dans les affaires de l'Eglise et contre le renforcement de l'autorité monarchique au détriment de celle de la religion catholique, par le biais de l'édit de Nantes, « sauf-conduit de la liberté publique ouverte depuis peu de temps dans ce royaume » qui permet « à un chacun d'écrire et de parler de Dieu selon son goût sans respect de la créance commune »*.
A l'été 1599, Henri IV fait acte d'autorité : le Père Brûlard de Sillery et plusieurs autres religieux sont contraints à l'exil. Les capucins, pour éviter l'expulsion, font amende honorable. Dissuadé par Benoît de Canfield d'entrer chez les capucins, Bérulle ne s'enferme pas alors dans un extrêmisme ligueur. Henri IV, en effet, tout en ayant accordé aux protestants la possibilité d'exister en tant que minorité contrôlée et encadrée, soutient délibérément une politique de restauration catholique.
En quelques mois, Bérulle se rallie au pouvoir royal. Le 16 décembre 1599, il accepte une nomination d'aumônier ordinaire du roi, titre qui n'entraîne aucun service réel, mais qui l'intègre à la Maison du roi. Le 4 mai 1600, il est au nombre des collaborateurs du cardinal Du Perron lors de la controverse de Fontainebleau, devant Henri IV qui, en accordant la victoire au prélat catholique sur Duplessis-Mornay, frappe ainsi un coup symbolique contre les protestants.
Directeur de conscience déjà recherché, le jeune Père de Bérulle devient peu à peu une des figures marquantes du milieu dévot parisien, regroupé autour de sa cousine Barbe Acarie. C'est dans ce cercle que germe le projet d'introduction en France du Carmel.
Traduite en 1601 par Jean de Brétigny, l'œuvre de Thérèse d'Avila suscite l'enthousiasme des dévots, fascinés par la personnalité de cette réformatrice, issue d'une terre et d'un peuple qui n'ont pas pactisé avec « l'hérésie ». On sait le jugement que la Mère Thérèse portait sur la Réforme :
Ayant appris vers cette époque de quelles terribles épreuves souffrait la France, les ravages qu'y avaient faits les luthériens, et les effroyables développements que prenait leur malheureuse secte, j'éprouvais une peine profonde. Comme si j'eusse pu, ou que j'eusse été quelque chose, je pleurais avec le Seigneur et le suppliais de porter remède à une telle calamité. Il me semblait que j'aurais sacrifié volontiers mille vies pour sauver une seule de ces âmes qui s'y perdaient en grand nombre*.
Madame Acarie ; Dom Richard Beaucousin ; François de Sales, alors prévôt du Chapître cathédral de Genève en exil à Annecy ; Michel de Marillac ; la princesse de Longueville ; André Duval ; Jacques Gallemant, curé d'Aumale : tous rêvent d'un Carmel français.
Du 28 août au 12 septembre 1602, Bérulle fait une retraite d'élection chez les jésuites de Verdun : il renonce à entrer dans la Compagnie et décide de se consacrer à l'implantation du Carmel en terre de France. Un an plus tard, le 13 novembre 1603, par la bulle In supremo, le pape le nomme Supérieur de la future fondation, aux côtés d'André Duval et de Jacques Gallemant.
Le 10 février 1604, Bérulle part pour l'Espagne avec mission de conduire en France un groupe de religieuses espagnoles destinées à initier les candidates françaises à la vie carmélitaine. Les fondatrices arrivent à Paris le 15 octobre 1604 et s'installent au Faubourg Saint-Jacques dans les nouveaux bâtiments du couvent de l'Incarnation. Pour prendre la mesure des mentalités, on rapportera ici les impressions de voyage d'Anne de Jésus, lors de sa traversée de la Guyenne et du Poitou :
Presque tous les gens de ces villages étaient hérétiques, et cela se voyait sur leurs visages; ils ont tout à fait des visages de damnés. Cela nous stimulait de voir que nous étions venues souffrir pour notre époux là où on est continuellement en train de le crucifier*.
Bérulle se consacre au développement du Carmel. La fondation parisienne essaime rapidement : Pontoise et Dijon en 1605, Amiens en 1607, Tours en 1608, Rouen en 1609, Bordeaux et Chalon sur Saône en 1610.
En 1607, son nom est cité comme possible précepteur du dauphin, le futur Louis XIII. Le Père Coton, confesseur d'Henri IV, pense également à Bérulle pour la charge de confesseur de l'enfant, mais madame Acarie, persuadé qu'il est appelé à d'autres tâches, dissuade son cousin d'accepter. Bérulle rejette ces propositions, préférant approfondir une intuition qui aboutit en 1611 à la fondation de l'Oratoire.
Il est, en effet, habité par une vision réformatrice de l'Eglise, inscrite dans les perspectives du Concile de Trente (1545-1563). Les Pères conciliaires ont non seulement apporté une réponse doctrinale au protestantisme, ils ont également voulu promouvoir une réforme pastorale. Fondée sur une ecclésiologie hiérarchique et autoritaire, cette réforme, passe, sous la conduite du pontife romain, par une restauration des Eglises particulières conçues comme « un peuple chrétien conjoint et uni à un évêque par un clergé organisé ». Le projet tridentin implique ainsi une réforme de l'épiscopat : l'évêque doit résider dans son diocèse, visiter ses paroisses pour y faire appliquer les décrets réformateurs. Dans ce but, il doit pouvoir s'appuyer sur un clergé capable d'exercer la charge pastorale. Le Concile de Trente préconise aussi une réforme de l'ordre presbytéral, notamment par la création de séminaires destinés à assurer la formation des clercs.
Bérulle, qui a fait le choix de la prêtrise plutôt que de la vie religieuse et qui refusera l'épiscopat à plusieurs reprises, a toujours été habité par le souci de la cléricature. Il a le projet de former des prêtres, aptes à travailler à la vigne du seigneur, détachés des biens matériels (alors qu'à l'époque l'état clérical est souvent un gagne-pain ainsi que la garantie d'un statut social privilégié), témoignant d'une dignité de vie, conforme à l'idéal du « bon prêtre » voulu par le Concile de Trente. Bérulle a la conviction que ce modèle ne peut se mettre en place que s'il repose sur une spiritualité. Entre 1599 et 1610, il élabore progressivement une spiritualité sacerdotale, fondée sur une christologie classique de l'incarnation, qui invite le prêtre à se conformer au Christ, contemplé comme serviteur de Dieu et « religieux du Père ». Entre 1610 et 1615, Bérulle formalise ses intuitions spirituelles dans des vœux de servitude à Jésus et à Marie.
C'est dans cette double perspective spirituelle et pastorale qu'il entreprend d'organiser une communauté de formation et d'initiation à la vie sacerdotale, qui pourrait devenir la matrice d'un clergé renouvelé. Les modèles ne manquent pas : les jésuites ; les oblats de Saint-Ambroise fondés à Milan par Charles Borromée, l'évêque modèle de la réforme tridentine ; l'inimitable Oratoire romain de Philippe Neri, simple fraternité de prêtres séculiers voués au service de l'évangélisation du peuple de la Ville. Encouragé dans cette voie par François de Sales, par Madame Acarie et par le Père Coton, Bérulle adopte une structure canonique originale, celle d'une société de prêtres, vivant en communauté, soumis à l'autorité d'un Supérieur général et dépendant des évêques en ce qui concerne la mission.
Longuement mûrie, la démarche aboutit le 11 novembre 1611, en la solennité de Saint-Martin de France, apôtre des Gaules, lorsque Bérulle regroupe en Oratoire quelques compagnons, pour la plupart issus de la Faculté de théologie de Paris. Les six fondateurs s'installent à l'Hôtel du Petit-Bourbon, au Faubourg Saint-Jacques, à proximité des carmélites*.
Fondation royale protégée par Marie de Médicis, reconnue par le pape Paul V qui délivre la bulle d'institution le 10 mai 1613, la jeune communauté, sous la conduite énergique et assurée de son Supérieur, se fait vite connaître dans Paris. Le chant liturgique draîne les fidèles*, en même temps que les premiers oratoriens, vêtus de la soutane (c'est à l'époque une nouveauté), vont dans les paroisses pour prêcher et catéchiser. Ils sont environ 60 à la fin de l'année 1615, ce qui permet de fonder en province : Dieppe en 1614, La Rochelle, Orléans, Tours en 1615, villes où la présence réformée est significative. La volonté de reconquête est avérée*.
Dès 1612, Bérulle envisage de quitter le calme conventuel et quasi-rural du Faubourg Saint-Jacques. Pour accroître le rayonnement de la jeune communauté au moment où elle se structure en congrégation désireuse d'étendre son action sur la totalité du royaume, Bérulle souhaite se rapprocher de la Cour. Après plusieurs tentatives infructueuses, Bérulle achète en 1616 à la duchesse de Guise l'Hotel du Bouchage, à proximité du Louvre, au cœur d'un quartier commerçant, populeux et riche, où de grandes familles avaient leurs demeures. Dès leur installation, les oratoriens, qui mettent d'ailleurs la main à la truelle, font construire une chapelle provisoire et commencent en mai à assurer un service liturgique.
Résidence du Superieur général, lieu de culte et de prédication, foyer d'érudition abritant une bibliothèque appréciée pour la richesse de son fonds*, la maison de la rue Saint-Honoré devient dès lors un des phares de la Réforme catholique au royaume de France. Mais si Bérulle a souhaité se rapprocher du palais du Louvre, c'est que son projet comportait également un aspect politique : la lutte contre le protestantisme.
Jesus - Maria, sur la clef de voûte du choeur de l'Oratoire du Louvre |
Théologie et politique au temps de l'absolutisme
L'action de Bérulle est commandée par une théologie politique. Le fondateur de l'Oratoire est un penseur de l'unité, profondément marqué par le néo-platonisme chrétien, fasciné par l'unité de Dieu, fondement d'un ordre socio-politique hiérarchique et ordonné.
Parce qu'il est une image de Dieu sur la terre, le roi a pour vocation de garantir l'existence et la pérennité de cet ordre unitaire qui s'exprime dans la concorde des divers corps et états qui composent le royaume et dans l'unité de l'Eglise manifestée à travers l'eucharistie, le saint-sacrement de l'autel étant le signe triomphal d'une société rassemblée autour de son centre vital, en vertu du principe : « une foi, une loi, un roi ».
L'existence du protestantisme est perçue comme une rupture de l'unité de cet ordre du monde. Ainsi l'oratorien peut écrire dans le Discours de l'état et des grandeurs de Jésus, son maître-livre paru en 1623, que «...des esprits audacieux, par de faibles raisons et de fortes passions, rompent si librement l'unité des esprits en la foi par hérésies et l'unité des cœurs en l'obéissance par rebellion »*. Cette fracture représente pour les dévots un traumatisme insupportable. Il faut entendre la déploration de Bérulle :
France honorable, vous étiez autrefois la gloire de la terre et les délices de l'Europe, splendide sur les autres provinces, comme un œil du monde : et maintenant je vous vois triste et désolée, sanglante et défigurée, comme prête à mourir. Vous étiez la fille de l'Eglise, la sœur de l'Empire, la mère des Royaumes : et maintenant je vois cette majesté auguste qui vous rendait vénérable à vos enfants, formidable aux étrangers, être profanée de tant d'ouvrages, violée de tant d'excès. Vous étiez la bien-aimée du Ciel, toute sainte et parée, et signalée de ce privilège, de ne point porter de monstres : et maintenant je vous vois toute polluée et contaminée, toute remplie d'esprits dénaturés, et couverte de tant de monstres et d'hérésies. Vous étiez l'ornement de la chrétienté, le rempart du Saint-Siège, la terreur des infidèles, le fléau des nations barbares : et je vous vois la fable des nations voisines, le jouet de l'hérésie, le refuge de l'impiété : et votre pays florissant, changé en un lieu de désolation, en une caverne de serpents, en un triste cimetière de tant d'hommes signalés que vous aviez heureusement enfantés, chèrement aimés, tendrement nourris, glorieusement élevés, capables de dompter l'univers, et maintenant réduits en poudre et en cendre. Vous jetiez autrefois les rayons de votre puissance, les flammes de votre courage, les desseins de votre piété, jusques aux pays plus lointains et barbares : et de votre ruche, sortaient les essaims de vos armées volantes, jusques aux provinces plus éloignées, pour y répandre le miel de la foi et de la piété chrétienne : et maintenant vous convertissez vos desseins, vos fureurs et vos armes contre vous-même. Maudite hérésie qui a changé vos grandeurs en ces malheurs, votre gloire en ces opprobres, vos trophées en ces misères, vos triomphes en ces ruines. Funeste et infidèle hérésie, qui adultérant avec le sens humain et l'ambition des grands, a ruiné l'Etat et l'Eglise ensemble*.
En dernière analyse, Bérulle estime que l'hérésie et la rebellion qui compromettent l'unité religieuse et politique de la France sont d'origine satanique. Dans une lettre de 1626, où se mélangent spiritualité et politique, Bérulle invite Henriette de France, épouse du roi d'Angleterre, à défendre la foi catholique. Il suggère à sa correspondante de contempler le mystère de la nativité pour se conformer aux rois qui viennent adorer l'Enfant-Jésus. Surgit alors une autre figure royale, maléfique et hostile au dessein de Dieu, celle d'Hérode :
Cet Hérode nous tire hors de ces pensées douces et dévotes, pour nous jeter en l'amertume de notre temps et de votre douleur, et m'oblige à vous dire, Madame, que si Hérode est encore en la terre, c'est l'hérésie. Elle est armée, furieuse et forcenée comme lui, elle en veut à Jésus-Christ comme lui, elle parle de Jésus-Christ comme lui, elle cherche Jésus-Christ dans les Ecritures comme lui, elle s'enquête de Jésus-Christ comme lui : mais comme lui, elle ne parle, ne s'enquête et elle n'adore Jésus-Christ, que pour occire Jésus-Christ, et pour l'effacer de la terre. Elle a le glaive en la main comme Hérode, elle persécute les innnocents comme Hérode, même elle a tranché la tête d'une reine, mère du roi que vous avez pour mari, tant elle est félonne, pétulante et audacieuse. Cruelle, détestable et impudente hérésie, d'avoir osé attenter sur un cou et un chef, qui avait porté deux couronnes, et était réservé à une troisième, et d'avoir terni une face et un soleil, qui avait réjoui et éclairé la France, l'Angleterre et l'Ecosse ! Mais ce sont les chefs-d'œuvre et les miracles de l'hérésie. Ce sont ses douceurs et ses faveurs ; elle est sanglante, cruelle et barbare comme un Hérode. Mais elle finira aussi bien qu'Hérode, et le temps de sa fin approche : et c'est ce qui redouble sa fureur, car elle sent sa fin, et les signes en sont évidents. Mais elle veut rendre les abois dans le sang et le meurtre comme un Hérode, afin qu'elle expire dans les efforts et attentats de sa fureur, et que sa fin soit aussi barbare et violente que sa naissance. Madame, l'hérésie est l'Hérode de votre âme et de ce siècle : c'est un Hérode que vous devez détester et abominer, c'est l'Hérode dont il vous faut éloigner. Ne voyez-vous pas aussi que les trois rois s'éloignent et se séparent d'Hérode ? Et après avoir connu sa perfidie, ne vont plus vers lui. A leur exemple ayez en horreur l'hérésie, n'écoutez point l'hérésie, ne prenez point de part aux mystères de l'hérésie, car ce sont mystères d'iniquité ; et séparez-vous de l'hérésie, comme les trois rois se sont éloignés et séparés d'Hérode *.
La restauration de l'unité religieuse et politique de la France est perçue comme une nécessité, grevée du poids eschatologique d'une lutte engagée contre les force du mal et des ténèbres. Comme l'écrit Robert Descimon, ce qui anime Bérulle, c'est « la réduction de l'hérésie protestante, obsession théologico-politique qui guide sa réflexion comme son action »*.
Toutefois Bérulle achoppe sur la question des limites de la souveraineté respective du pape et du roi. Même s'il n'a jamais pensé que le pape était le roi des rois et le maître de la terre, il reste habité par la nostalgie qui anime le parti des catholiques zélés, pour qui l'Etat est dans l'Eglise et ne peut, de ce fait, souffrir un prince hérétique à sa tête. Mais jamais Bérulle, même s'il a voulu être, après son ralliement à Henri IV, un loyal serviteur de la monarchie, n'est devenu un tenant de l'absolutisme, conçu comme un pouvoir indépendant, reçu directement de Dieu, fondé en raison, libéré du contrôle de l'Eglise afin d'organiser un régime, limité mais réel, de tolérance civile, en établissant une distinction entre le sujet politique obéissant au roi et le sujet croyant, libre de ses choix religieux. Pour Bérulle, le roi même s'il est une image de Dieu, en reste le vassal.
Lorsqu'en 1626, un livre du jésuite Santarelli reprenant les thèses des augustiniens médiévaux qui prônaient la concentration de tous les pouvoirs, ceux des royaumes et ceux de l'Eglise, entre les mains du pape, est diffusé en France, encourant alors une condamnation du parlement de Paris et de la Sorbonne, Bérulle se vit confier par le pape Urbain VIII la mission de contre-carrer ce que Rome percevait comme une manifestation inquiétante de gallicanisme. Partagé entre sa double fidélité au pape et au roi, il tenta, pour des raisons essentiellement diplomatiques, de faire prévaloir des positions d'accommodation, respectueuses des prérogatives du roi comme de celles du pape.
Enfermé dans cette tension entre deux fidélités concurrentes, Bérulle a placé son espoir dans la personne du roi, espérant que le Très-Chrétien se montrerait fidèle à la volonté de Dieu. Comme l'écrit encore Robert Descimon, « la tentative politique de Bérulle pour reformer le corps de l'Eglise repose sur une audacieuse manoeuvre politique : jouer de l'absolutisme en pariant que le monarque finirait par prendre au sérieux la vague promesse du sacre de ne pas tolérer les hérétiques en son royaume »*.
La figure du roi-serviteur, vassal du Christ et fils de l'Eglise, concentre ainsi les aspirations dévotes à l'unité politique et religieuse du royaume de France. D'où les exhortations bérulliennes adressées à Louis XIII :
Il y a soixante ans que l'hérésie agite la nacelle de l'Eglise et ébranle même les fondements d'un état si florissant comme le vôtre et tend à y éteindre le gouvernement de la monarchie. Tout le bien qui se consomme et se pille sous ce prétexte, c'est le nerf de votre autorité : le sang qui se répand, c'est le sang de vos enfants : les villes qui se détruisent, sont les parcs des troupeaux que Dieu vous a commis. Il est temps de pourvoir à un mal si grand et si furieux, qui jette son venin et sa fureur sur toutes les parties nobles de cet état menacé de ruine. Car l'hérésie est un corps qui ébranle, qui agite, qui infecte tous les corps de la France. Le clergé en est ruiné, la noblesse violée, le peuple foulé. Les spagiriques en la nature, par la recherche des sympathies et antipathies, trouvent les dissolvants de tous les corps naturels, quelque solidité qu'ils aient et en viennent aisément à bout, avec quelques petites graines et une simple rosée. Les spagiriques en l'Etat trouveront aisément le dissolvant de ce corps furieux et factieux, qui agite toutes les parties de l'Etat et qui blesse à mort tous les corps de la France. C'est à quoi votre majesté doit penser, c'est à quoi son conseil doit le servir, c'est à quoi votre grandeur et piété se doit appliquer*.
Convaincre ou combattre ?
Comment dissoudre « ce corps furieux et factieux » ? Dans l'attitude de Bérulle à l'égard des protestants, on peut repérer une évolution. Bérulle a longtemps pensé qu'il serait possible de convertir les protestants. Directeur de conscience, prompt à l'écoute des coeurs inquiets et soucieux de ramener au bercail les brebis égarées, il était à l'aise dans le dialogue interpersonnel destiné à mener le fidèle de l'autre bord à l'abjuration.
Celle-ci est parfois précédée par une controverse avec un ou plusieurs ministres réformés. En ses jeunes années, Bérulle a été l'adepte de ces débats contradictoires destinés à faire basculer dans son camp une personne hésitante*. Ainsi du 24 au 28 septembre 1608, à Sézanne, il affronte Pierre Du Moulin, pasteur de Charenton depuis 1606*. Le 11 avril 1609, les proches de madame de Mazencourt, qui a eu l'occasion de s'entretenir avec Bérulle, organisent un débat contradictoire entre Du Moulin et le jésuite Gontier. Sept jours plus tard, elle abjure en l'église Saint-Germain l'Auxerrois. A cette occasion, Bérulle publie trois discours de controverse (sur la mission des pasteurs, sur le sacrifice de la messe et sur la présence du corps de Jésus-Christ dans l'eucharistie) que le Père Coton offre au roi Henri IV. La même année, Bérulle participe encore à une controverse à Troyes.
Bérulle n'est cependant pas l'un des grands controversistes de l'époque comme Du Perron, Coton, Séguiran ou Gontier. Il peut être classé parmi ceux que Jacques Pannier appelait les «chasseurs d'abjurations »* . Son « tableau de chasse » dans les décennies 1590 et 1600 est riche : un président du parlement de Pau ; Claire d'Abra de Raconis qui entre au Carmel en 1605 sous le nom de Claire du Saint-Sacrement ; le baron de Salignac ; madame de Bains ; madame de Ligny ; Henri aux Epaules, sieur de Sainte-Marie du Mont ; le comte de Laval ; Messieurs de Lésigny, de Belins, de Vignoles ; le sieur Berger, conseiller au parlement ; une demoiselle Lhuillier.
L'Oratoire naissant s'est consacré à l'œuvre de conversion, dans le cadre des missions prêchées par les disciples de Bérulle. Bourgoing, le troisième Supérieur général de l'Oratoire, écrit ainsi que dans les « lieux infectés de l'hérésie, quand il est jugé à propos, on peut faire quelque exhortation en forme de conférence publique en laquelle ou un seul parlerait ou bien deux, l'un desquels proposerait les doutes et arguments des hérétiques, l'autre les solutions et confirmerait la doctrine catholique »*. Codifiée en 1646, cette pratique remontait en fait aux origines de la congrégation, comme Bérulle lui-même en témoigne : « dans peu de jours nous envoyons, par le mandement de Monsieur de Paris et à l'instance de Monsieur de Montmorency, le Père de Condren à un village où il y a quatre cent huguenots »*.
Les oratoriens s'inscrivaient ainsi dans la grande offensive missionnaire catholique menée par les jésuites, les capucins ou par des prêtres séculiers comme François de Sales en Chablais entre 1594 et 1598. A défaut d'obtenir des conversions, de telles missions, résultant de ce que Bernard Dompnier a pu appeler une « stratégie de la tension », pouvaient contribuer à briser la co-existence des deux communautés catholique et réformée, en renforçant les processus de confessionnalisation. Cependant au fil des ans, Bérulle a pris la mesure des limites d'une pastorale de la conversion, dans la mise en oeuvre d'un « catholicisme de reconquête »*. Vint le moment où il prôna la manière forte pour écraser l'hérésie.
Le Père Bertin lui demandait s'il ne serait pas bon de s'employer à l'étude des controverses pour ramener les huguenots à l'Eglise; et le saint homme, ayant élevé son esprit à Dieu, lui répondit de la sorte : cette étude y servira de peu, l'hérésie qui a pris naissance dans les brouilleries de l'Etat, ne peut prendre fin que par quelque coup d'état*.
Le 24 avril 1617, un an après l'installation de Bérulle à proximité du Louvre, un coup d'état élimine Concini, le favori de Marie de Médicis, qui est exilée au château de Blois. La monarchie se lance alors dans une politique « dure » à l'égard du protestantisme français. Le 25 juin 1617, suivant les préconisations de l'Assemblée du clergé, le Conseil du roi rend un arrêt ordonnant la restitution à l'Eglise catholique de tous ses biens en Béarn, sécularisés depuis 1562.
Quelques mois plus tard, dans la nuit du 21 au 22 février 1619, Marie de Médicis s'évade et se réfugie à Angoulême. Commencent alors les « guerres de la mère et du fils ». Dans une première phase du conflit, de mars à mai 1619, Marie essaye en vain de rallier des partisans parmi les Grands. Inquiet des menées de la reine-mère, Luynes, tout en levant des troupes, entreprend de négocier avec elle et délègue à Angoulême Philippe de Béthune, frère de Sully et Bérulle. C'est le début des relations entre Marie de Médicis et l'oratorien, qui devient alors l'homme-clé de son entourage.
Dépourvue de troupes, Marie signe la paix avec son fils le 9 mai 1619. La reine rêve cependant de reconquérir le pouvoir. En juillet 1620, elle relance les hostilités, en s'appuyant cette fois-ci sur une importante révolte des provinces et des aristocrates protestants (Rohan, La Trémoille...). En dépit de l'échec de son armée aux Ponts-de-Cé le 7 août 1620, la reine-mère recouvre un réel poids politique à la Cour, après la signature du traité d'Angers qui « consacre le rôle désormais essentiel joué par Bérulle auprès de Marie de Médicis »*.
Cette révolte des Grands convainc le roi de l'importance de neutraliser le parti protestant. Certes mû par des préoccupations religieuses, Louis XIII a également compris que son pouvoir ne serait pas absolu tant que subsisterait une force militaire huguenote autonome, susceptible de se mettre au service de tel ou tel prince révolté. Pour les protestants, 1620 inaugure une période de malheurs. L'épreuve de force est désormais engagée avec le parti huguenot. En septembre, vigoureusement approuvé par Bérulle, le roi se met en route pour le Béarn afin d'y imposer l'enregistrement de l'édit de 1617. Il entre à Pau le 15 octobre : Bérulle s'en réjouit*. Par la force, le catholicisme est restauré dans un Béarn incorporé à la France.
Quelques semaines plus tard, l'Europe apprend la victoire catholique à la bataille de la Montagne Blanche le 8 novembre 1620. La révolte de la Bohême protestante contre l'empereur catholique (défenestration de Prague : 23 mai 1618) a peu à peu dégénéré en un conflit européen, puisque l'Espagne apporte son soutien à la politique répressive de Ferdinand II. Bérulle approuve la politique de l'empereur. Avec le nonce et le Père Joseph, il a favorisé la mission diplomatique de Fürstenbeg, envoyé à Paris en décembre 1619 par Ferdinand pour obtenir l'appui militaire de la France* :
C'est un effort que l'hérésie fait en son dernier temps pour ébranler l'état de la religion en Europe, c'est un orage qui semble menacer la chrétienté sous le prétexte de la Maison d'Autriche, c'est une ligue forte et puissante qui tend à couronner l'hérésie et à apppuyer la puissance et souveraineté d'Angleterre, d'Hollande, d'Allemagne et du Turc, pays ou conjoints ou voisins, et suffisants dans nos malheurs pour endormir ou épouvanter le reste*.
Mais la France ne possède pas les ressources pour, dans le même temps, lutter contre les protestants à l'intérieur et s'engager dans un conflit européen, qui entraînerait de surcroît une rupture de sa politique d'alliance avec les princes protestants d'Allemagne. Elle fait en 1620 le choix de la non-intervention. C'est à l'intérieur du royaume que les choses vont se jouer.
Réagissant aux événements de Béarn, les protestants réunissent une Assemblée générale à La Rochelle en décembre 1620, qui prône la résistance. Rohan s'engage à prendre les armes, mais Louis XIII le devance. Dans le royaume, la tension monte : le 19 avril 1621, la foule saccage et incendie le temple de Tours. Le 1er mai, le roi quitte Paris. Arrivé à Saumur le 11, il relève Duplessis-Mornay de son gouvernement de la place et tient le premier conseil de guerre de la campagne à Notre-Dame des Ardilliers, sanctuaire marial desservi depuis 1619 par les Pères de l'Oratoire.
Retenu à Paris par la maladie, Bérulle rejoint la Cour à Bergerac à la mi-juillet. Le 20, le roi est à Tonneins, Bérulle aussi. Assiégée, la ville est prise, ses fortifications sont rasées. Le 18 août, le roi arrive devant Montauban. Bérulle, qui entreprend une tournée dans le sud-ouest de la France, aurait préféré que Louis XIII mène un périple pour soumettre les villes dépourvues de fortifications plutôt que d'assiéger cette puissante place de sûreté*. La résistance de la ville est acharnée, tandis que la maladie décime l'armée royale.
A Paris, qui accueille le Père Dominique de Jésus-Marie, ce carme mystique, véritable prédicateur de guerre sainte, qui a conduit les impériaux sur les chemins de la victoire à la Montagne blanche et qui a été envoyé en France par le pape pour encourager le roi à mener la guerre contre les huguenots*, la tension est à son comble. Le dimanche 26 septembre au soir, le temple de Charenton est incendié. Le 18 novembre, l'armée royale lève le siège de Montauban. Mais la guerre se poursuit en Poitou contre Soubise et en Languedoc contre Rohan jusqu'à l'édit de Montpellier (19 octobre 1622) que Bérulle salue favorablement en 1623 dans son épître dédicatoire aux Grandeurs de Jésus.
Engagée dans le combat anti-protestant, la France tente cependant de faire face à l'Espagne qui mène le jeu à Vienne, afin d'exercer son hégémonie sur l'Allemagne et contrôler la route stratégique qui, par la Valteline, mène du Milanais au Tyrol. Or cette région, peuplée de catholiques, est placée sous la souveraineté des Grisons, protestants et alliés de la France. En 1620, les espagnols ont occupé la Valteline avant d'être relevés par des troupes pontificales en 1623, suite à l'intervention diplomatique de la France, de Venise et de la Savoie.
En 1624, Richelieu, rentré en grâce comme d'autres fidèles de Marie de Médicis, redevient ministre : Bérulle, à l'époque son allié, a encouragé ce retour. A l'automne 1624, l'armée française intervient en Valteline afin de rétablir la souveraineté des Grisons sur la région. Mais en janvier 1625, une nouvelle prise d'armes de Rohan et de Soubise compromet cette tentative. Le Conseil du roi envisage alors un rapprochement avec l'Angleterre afin d'endiguer la puissance espagnole et de priver les protestants français du soutien anglais en cas de révolte. Germe un projet de mariage entre Henriette de France, sœur de Louis XIII et le roi Charles Ier.
Bérulle, pensant qu'une telle union pourrait ouvrir la voie de la conversion de l'Angleterre au catholicisme s'enthousiasme pour ce projet*. Il reçoit la mission de négocier en Cour de Rome la dispense pontificale nécessaire à ce mariage mixte. Les tractations se déroulent d'août 1624 à janvier 1625. De retour à Paris, il assiste à la célébration des noces, le 11 mai 1625 et part pour l'Angleterre le 22 juin comme confesseur de la nouvelle reine. Même si des navires anglais viennent renforcer la marine royale en lutte contre les huguenots au large de La Rochelle, Bérulle, de retour à Paris en septembre, doit rapidement déchanter. Le mariage anglais n'est que le mirage anglais. En proie aux humiliations et aux rebuffades de son mari, isolée en terre étrangère après l'expulsion en 1626 de sa suite française, Henriette ne sera pas la nouvelle Esther tant espérée par l'oratorien. C'est pour sa consolation spirituelle qu'il rédige L'Elévation vers sainte Madeleine, cette célébration mystique de la vie contemplative, l'ermite de la Sainte-Baume étant proposée à Henriette comme modèle de vie entièrement abandonnée à Jésus-Christ jusque dans la solitude et la déréliction.
Habile diplomate, expert en compromis, Bérulle, en compagnie du Père Joseph, joue également un rôle important dans les négociations avec l'Espagne et avec le nonce Barberini au sujet de la Valteline. Devant l'échec de l'intervention française de 1624, Louis XIII se voit contraint à la négociation : le 5 mars 1626, le traité de Monzon, dont Bérulle est un des signataires, neutralise la Valteline, l'abandonnant de fait à l'Espagne. Le 5 février 1626, le roi accorde aux protestants la paix de La Rochelle qui renouvelle les garanties accordées aux protestants en 1622, en ce qui concerne les dernières places de sûreté.
Mais Marie de Médicis radicalise ses positions dévotes. Elle convainc Louis XIII de faire de Bérulle le candidat de la France dans la prochaine promotion de cardinaux. Le 30 août 1627, l'oratorien est créé cardinal. Le pouvoir royal veut en finir avec le parti huguenot : sur ce point, l'accord est total entre Louis XIII, Richelieu, le Père Joseph, Marie de Médicis, Bérulle et Marillac. En mars 1627, la France rompt avec l'Angleterre et signe un traité d'alliance avec l'Espagne.
Le sort du protestantisme français va se jouer sous les murs de La Rochelle. Bérulle était viscéralement attaché à cette ville. Capitale atlantique, capitale huguenote, place de sûreté protestante depuis la paix de Saint-Germain en 1573, La Rochelle comptait au nombre des premières fondations oratoriennes. Depuis 1599, le culte catholique était toléré en un seul lieu, la chapelle Sainte-Marguerite*, où le Père Gastaud était l'animateur de la résistance papiste. En 1611, Gastaud rejoignit l'Oratoire naissant et les clercs désservant la chapelle s'agrégèrent en 1614 à la nouvelle congrégation. Les oratoriens furent expulsés lors du siège de 1621. Ils revinrent en 1624, à la suite de l'évêque de Saintes. De nouveau chassés en 1625, lors de la reprise de la guerre, ils réapparurent en février 1626 sous la protection des deux commissaires du roi chargés de faire appliquer le traité de paix.
Au mois de juillet 1627, à la demande des rochelais, les troupes anglaises débarquent sur l'île de Ré et se heurtent à la résistance des troupes françaises retranchées à Saint-Martin et à La Prée. Les assiégés sont ravitaillés avec succès le 7 et le 22 septembre. Bérulle, qui suit attentivement les péripéties de la bataille, y voit la main du Dieu des armées : « la providence de Dieu y reluit manifestement, et nous fait croire que son dessein est de conserver l'île, de confondre les anglais et ruiner l'hérésie »*.
Le 10 septembre, l'artillerie royale ouvre le feu sur La Rochelle : le siège commence. Le 27 septembre, les oratoriens sont expulsés de la ville. Bérulle est cependant persuadé de la victoire royale. Il confie à Richelieu qu'il a reçu l'assurance divine de voir la cité redevenir catholique, lorsqu'en 1620, lors d'un passage à La Rochelle, il a fait le voeu, « pour la réunion de cette ville à la foi de l'Eglise et à l'obéissance de Sa majesté », de dédier l'Eglise principale de la ville au mystère de la nativité*.
Bérulle a donné aux péripéties du siège une dimension mystique. La bataille qui se déroule est pour lui le jugement eschatologique de Dieu qui anéantit les puissances du mal et « veut tirer La Rochelle de la puissance de Satan »*. Le 8 novembre, un débarquement français chasse les anglais de l'île de Ré. Richelieu confie à l'architecte Clément Métézeau, frère de l'oratorien Claude Métézeau, la misson de construire une digue fermant la passe menant au port. Bérulle, persuadé de la victoire finale, encourage Richelieu :
C'est la puissance de Dieu qui a mis le roi dans l'île : et la même puissance le mettra bientôt dans La Rochelle. Dieu foudroyant est avec lui et a fait place à ses armes. Et il me semble que je vois le même Dieu foudroyant lui faisant place dans cette ville rebelle, et ailleurs encore. Ou je me trompe (et il ne me le semblerait pas), ou j'attends un effet proche de Dieu foudroyant. Je n'ignore pas le blocus et l'estacade dont on parle, et il ne les faut pas négliger ; mais Dieu, à mon avis, veut prendre une autre voie pour son effet. [.....] N'oubliez pas le mystère de la nativité. Il semble que l'impuissance d'un Dieu naissant, d'un Dieu enfant en ce mystère sera la vertu et la puissance de Dieu foudroyant les rebelles*.
Au même moment, à la demande de leur Supérieur, les carmélites de Paris instaurent l'adoration perpétuelle du Saint-Sacrement. Deux tentatives anglaises de ravitaillement de la ville échouent : la situation des assiégés devient intenable. La ville capitule le 29 octobre 1628.
Bérulle exulte : « Il a plu à Dieu donner enfin La Rochelle à l'Eglise et mettre cette ville rebelle en la puissance de sa majesté »*. Le 1er novembre, Louis XIII fait son entrée dans la ville et se rend à l'Eglise Sainte-Marguerite pour un Te Deum, où il est accueilli par Richelieu et Henri Descoubleau de Sourdis, l'évêque de Maillezais, entourés de douze prêtres de l'Oratoire et d'un important clergé régulier et séculier*. Le 11 novembre 1628, date anniversaire de la fondation de la congrégation, une messe solennelle est célébrée à l'Oratoire du Louvre pour fêter la victoire royale. C'est sans doute le sommet de la vie du cardinal, associé alors de manière très étroite au pouvoir : « La Rochelle et l'île de Ré sont deux miracles de Dieu sur la France et la Religion. Dieu nous fasse la grâce d'en tirer bon usage » écrit-il à l'un de ses confrères*. Dans l'épître dédicatoire de la Vie de Jésus qu'il publie en janvier 1629, Bérulle attend de Louis XIII qu'il parachève l'oeuvre entreprise depuis 1620 : « Bénit soit Dieu, qui honore saint Louis sur la terre, en la personne de Votre Majesté et veut que sa race ruine l'hérésie dans la France et peut-être hors de la France. [...] Le ciel vous a réservé cette gloire : et nous espérons voir en nos jours et sous votre puissance, l'Eglise qui se dit réformée et qui a été longuement invisible en l'univers, être derechef heureusement invisible en la France »*. Le but peut paraître proche à Bérulle. Et pourtant.
Le 26 septembre 1627, alors que débute le siège de La Rochelle, le duc de Mantoue s'éteint. Son plus proche héritier est son cousin Charles de Gonzague, duc de Nevers et de Rethel. Un français peut-il régner sur un état italien qui contrôle la basse plaine du Pô ? L'empereur lui refuse l'investiture. La succession provoque ainsi une crise entre la France et les Habsbourg. Au printemps 1628, alors que le siège de La Rochelle absorbe le plus gros de l'effort de guerre francais, les espagnols mettent le siège devant Casal, où s'est enfermée une petite troupe française. Quelle politique étrangère mener alors que les Habsbourg accumulent les succès dans la Guerre de trente ans ?
Un clivage est désormais perceptible au Conseil du roi. Richelieu appuyé par Effiat, le surintendant et par le maréchal de Schomberg, pense que la chute, désormais envisageable, de La Rochelle mettra fin aux guerres de Religion et permettra d'accorder la priorité à la lutte contre la prépondérance espagnole. Marie de Médicis, encouragée par Bérulle et par le chancelier Marillac, souhaite éviter un conflit ouvert avec la Maison d'Autriche. Bérulle et les catholiques zélés souhaitent une éradication définitive du protestantisme : « ils avaient tant de haine contre les huguenots que, ne les pouvant souffrir, ils voulaient qu'on les forçat par une guerre de Religion à se convertir ou à sortir du royaume »*.
Au Conseil du 26 décembre 1628, le débat entre Marillac et Richelieu est particulièrement vif. Louis XIII tranche : le 15 janvier 1629, il part pour l'Italie, confiant la régence à sa mère, flanquée d'un conseil dirigé par Bérulle, alors même que ce dernier est hostile à l'intervention en Italie. Le 28 février, le roi franchit le Mont-Genèvre avant de bousculer les savoyards au Pas de Suse le 6 mars et de paraître devant Casal le 15, contraignant les espagnols à lever le siège. De retour en France fin avril le roi fond sur le Languedoc où depuis le printemps 1628 Rohan mène une héroïque campagne. Le 17 mai, l'armée royale est devant Privas, prise et pillée dix jours plus tard. Rohan met bas les armes. L'édit d'Alès est signé le 27 juin. Le 20 août, Richelieu fait son entrée à Montauban. L'organisation politique et militaire du protestantisme français est démantelée. Le 13 septembre, Bérulle accueille Richelieu à Nemours et l'escorte à Fontainebleau où l'attendent Louis XIII et Marie de Médicis.
Trois jours plus tard a lieu la ratification du traité de paix signé avec l'Angleterre le 24 avril précédent. Estimant que l'accord abandonne à leur sort les catholiques anglais et compromet les bonnes relations de la France et de l'Espagne, Bérulle refuse d'apposer son paraphe au traité et quitte la Cour, en disgrâce, le 27 septembre. Epuisé et désabusé, il se retire à l'Oratoire du Louvre où il meurt le 2 octobre.
Conclusion : la défaite de Bérulle
Bérulle est apparu sur la scène publique en 1599. Catholique zélé rallié à Henri IV, il devient l'une des personnalités marquantes du monde dévot parisien. De 1611 à 1619, chef de fil de la Réforme catholique à la française, il se consacre à l'Oratoire et au Carmel. A partir de 1620, il joue un rôle politique de premier plan dans l'entourage immédiat de Marie de Médicis.
Sa mort, alors qu'il n'a pas laissé de constitutions, ouvre à l'Oratoire une crise de succession, révélant que derrière une unanimité apparente, des courants divers traversaient la congrégation*. Une fois la crise dépassée, l'Oratoire allait s'engager dans un processus transformant une société de prêtres au service de la Réforme pastorale de l'Eglise catholique en une congrégation enseignante, progressivement fragilisée et divisée par l'engagement d'un nombre important des siens dans la cause janséniste, au grand dam de la cour de Rome et du pouvoir royal*.
Le dècès de Bérulle coïncide avec la fin des guerres de Religion. 1629 voit le démantèlement de l'organisation politique et militaire du protestantisme français. Mais sa disgrâce est une des étapes de la défaite de ce que les historiens n'aiment plus appeler le « parti dévot ». Avec la Journée des dupes, le 11 novembre 1630, qui entraîne la disgrâce de Marillac et la confirmation de Richelieu dans ses fonctions de ministre, c'en est fait du rêve des catholiques zélés de voir la France mener une politique d'accommodation avec l'Espagne. Le combat anti-protestant ne cesse pourtant pas et aboutit en 1685, à la suite d'un long processus d'étouffement des Eglises réformées, à la Révocation de l'édit de Nantes, mesure qui aurait réjoui Bérulle.
Bérulle est le témoin d'un âge théologico-politique, celui de la chrétienté, où l'homme, indissolublement fidèle de l'Eglise et sujet du roi, trouve sa juste place dans un univers hirérachique et ordonné, voulu et garanti par un Dieu qui tient toutes choses en unité. Or ce modèle se dissout à l'époque moderne qui voit une lente, difficile et progressive autonomisation de la sphère politique ainsi qu'une émergence de confessions chrétiennes, fondées sur des herméneutiques irréconciliables du même message évangélique.
Devant ces bouleversements, Bérulle est un être traumatisé par la perte de l'harmonie du monde, travaillé par l'obsession du déchirement, cruellement renvoyé à la réalité : aveuglés par l'hérésie, les protestants refusent de réintégrer le giron de la véritable Eglise ; le roi Louis XIII et Richelieu ne suivent pas la politique dévote qu'il préconise ; l'Espagne, aussi soucieuse de ses intérêts temporels que de la cause de Dieu, déçoit Bérulle qui écrit au nonce, après la chute de La Rochelle, qu'elle « ne tient pas tout ce qu'elle promet, et aime mieux regarder l'Italie que l'Angleterre, et Casal arrête beaucoup de pensées. Quand sera-ce que les armes des chrétiens serviront à établir le royaume de Jésus-Christ, et non à se ruiner les uns les autres ? »*
Déçu par le spectacle du monde, Bérulle se tourne vers le Dieu de Jésus-Christ, dont les rois de la terre ne sont que de pâles images : « si le roi d'Espagne se rend indigne de servir aux desseins de Dieu sur son Eglise, il en sera châtié ou en sa personne ou en son Etat, et Dieu prendra d'autres voies pour faire réussir ses conseils sur la ruine de l'hérésie en l'Europe »*. La mystique apparaît alors comme le dépassement possible d'une politique humaine, trop humaine, une fois le rêve d'une chrétienté unanime définitivement évanoui. On ne peut ainsi que constater l'échec du projet bérullien. Son rôle politique est tombé dans l'oubli.
L'homme lui-même, secret, autoritaire, doux et obstiné, n'a pas fait l'unanimité. Certains ont vu en lui le prototype du dévot, ainsi Tallemant des Réaux :
Le feu Roy disait que c'était le plus vilain homme botté de tout le royaume. Malleville disait qu'en trois semaines qu'il fut au cardinal de Bérulle, à l'Oratoire, il apprit plus de fourberies qu'en tout le reste de sa vie. Il y avait bien de l'hypocrisie, on l'a vu passer dans le fond d'un carrosse, par le milieu du Cours, un bréviaire à la main, lui qui ne pouvait quasi lire au grand soleil, tant il avait la vue courte*.
Seul le maître spirituel a survécu dans les mémoires. S'il est encore possible de dresser le Tombeau de Bérulle, laissons alors, en guise de conclusion, la parole à un historien protestant : « il est difficile, en effet, de trouver du catholicisme une expression plus haute, plus noble et plus dépouillée que l'Oratoire. Manifestation, dans le cadre de l'Eglise romaine, des besoins spirituels qui avaient donné lieu à la Réforme, l'Oratoire, par son sentiment profond de la grandeur et de la gloire de Dieu, par son attachement profond et pur de toute matérialisation à la personne de Notre Sauveur, par son aversion pour les dévotions adventices, par la discrétion et la spiritualité de ses sentiments pour la mère du Christ, par la place de premier plan donnée à la bible contre la théologie des siècles postérieurs et par son souci constant de retrouver la piété et la foi des premiers âges, l'Oratoire, dis-je, satisfait une grande partie des conceptions religieuses d'un protestant »*.
Richard Cadoux
extrait du livre du bicentenaire
Bibliographie sélective
Outre les ouvrages indiqués en notes :
Michel HOUSSAYE, Monsieur de Bérulle et les Carmélites de France, Paris, Plon, 1872.
-, Le Père de Bérulle et l'Oratoire de Jésus, Paris, Plon, 1874.
-, Le Cardinal de Bérulle et le Cardinal de Richelieu, Paris, Plon, 1875.
En dépit du ton hagiographique, un monument d'érudition qui reste la meilleure biographie de Bérulle.
Stéphane-Marie MORGAIN, La théologie politique de Pierre de Bérulle, Paris, Publisud, 2001.
Une étude qui renouvelle la connaissance de Bérulle en mettant en lumière sa pensée politique.
Paul COCHOIS, Bérulle maître spirituel, Paris, Seuil, 1962.
Stéphane-Marie MORGAIN, Pierre de Bérulle et les Carmélites de France, Paris, Cerf, 1995.
Jean ORCIBAL, Le cardinal de Bérulle. Evolutions d'une spiritualité, Paris, Cerf, 1965.
Trois ouvrages pour entrer dans l'itinéraire et les grands thèmes spirituels de Bérulle.
Notes :
* L'Oratoire possédait deux autres implantations à Paris : la Maison d'institution (noviciat), actuellement Hopîtal Saint-Vincent de Paul et le Séminaire Saint-Magloire, actuellement Institut national des jeunes sourds.
* Voir Louis CHATELLIER, L'Europe des dévots, Paris, Flammarion, 1987.
* Lettre du nonce Silingardi au cardinal Pierre Aldobrandini, 22 juillet 1599, citée dans GODEFROY de PARIS, Les Frères mineurs capucins en France. Histoire de la province de Paris, t. II : De l'expulsion projetée à l'approbation enregistrée 1597-1601, Paris, Bibliothèque franciscaine provinciale, 1950.
* Le 6 janvier 1599, celui-ci s'était prononcé en chaire contre la politique d'Henri IV, assurant des feux de l'enfer les parlementaires qui enregistreraient l'édit. Le Père Jean-Baptiste était le frère de Noël Brulard de Sillery, ambassadeur de France auprès du Saint-Siège.
* Voir Jacques PANNIER, L'Eglise réformée de Paris sous Henri IV, Paris, Champion, 1911, p. 85-92.
* Pierre de BÉRULLE, Traité des énergumènes, avis au lecteur, dans Oeuvres complètes, Paris, Cerf, 1997, t. VII, p. 74-75.
* THÉRÈSE D'AVILA, Le chemin de la perfection, chapitre 1, dans Oeuvres complètes, Paris, Seuil, 1949, p. 583-584.
* ANNE DE JÉSUS, « Récit du voyage en France et de la fondation de Paris », dans Écrits et Documents, Antonio FORTES et Restituto PALMERO éd., Editions du Carmel, Toulouse, 2001, p. 183-200, ici : p. 185.
* Le Petit-Bourbon se trouvait à l'emplacement de l'actuel cloître du monastère du Val-de-Grâce.
* Les premiers oratoriens accordèrent une attention toute spéciale à la musique, fidèles en cela à Philippe Neri qui avait initié un « exercice spirituel » où la musique et le chant tenaient une place privilégiée : l'oratorio. A ce sujet voir Cécile DAVY-RIGAUX, « L'Oratoire, Port-Royal et la réforme du chant des offices », dans Chroniques de Port-Royal, n° 50, Paris, Bibliothèque mazarine, 2001, p. 413-432.
* Ainsi en est-il de la fondation de l'Oratoire à Caen en 1622 : « ..le motif principal des donateurs le plus expressément marqué dans le contrat, est la douleur qu'ils ont de voir l'hérésie faire de si grands progrès dans leur ville. » Annales de la maison de l'Oratoire, citées dans Charles BERTHELOT DU CHESNAY, Les missions de saint Jean Eudes, Paris, Procure des eudistes, 1967,p. 127.
* Attaché au projet d'une grande bible polyglotte qui paraîtra entre 1629 et 1642, Bérulle favorisa l'acquisition de manuscrits orientaux. Conservés à la Bibliothèque nationale de France, à la Mazarine et à l'Arsenal, les catalogues de la bibliothèque de la rue Saint-Honoré, riche de près de 40 000 volumes à la veille de la Révolution, mériteraient une étude spécifique.
* Pierre de BÉRULLE, Grandeurs de Jésus, I, § VI, dans Oeuvres complètes, Paris, 1644, p. 167.
* Pierre de BÉRULLE, Grandeurs de Jésus, Epître dédicatoire au roi, dans Oeuvres complètes 1644, p. 130.
* Bérulle à la reine d'Angleterre, 16 janvier 1626, lettre n° 576, dans Correspondance du cardinal Pierre de Bérulle, Jean DAGENS ed., trois volumes, Paris et Louvain, Desclée de Brouwer et Bibliothèque de la Revue d'Histoire Ecclésiastique, 1937-1939, t. III, p. 112-113.
* Robert DESCIMON, préface à Stéphane-Marie MORGAIN, La théologie politique de Pierre de Bérulle, Paris, Publisud, 2001, p. 13.
* Pierre de BÉRULLE, Grandeurs de Jésus, épître dédicatoire au roi, dans Oeuvres complètes 1644,p. 138.
* Bérulle possédait une belle bibliothèque de controverse dont il a fait don à l'Oratoire. Voir Jean DAGENS, Bérulle et les origines de la restauration catholique 1575-1611, Paris, Desclée de Brouwer, 1952, p. 229. Sur Bérulle controversiste voir W. DUBÉ, Bérulle et les protestants. Contribution à l'étude de la controverse religieuse au début du XVIIème siècle, thèse dactylographiée, Paris, 1966.
* Sur Du Moulin voir Louis RIMBAULT, Pierre Du Moulin, 1568-1658, un pasteur classique à l'âge classique, Paris, Vrin, 1966.
* Jacques PANNIER, op. cit., p. 226.
* François BOURGOING, dans Direction pour les missions qui se font par la congrégation de l'Oratoire, contenant les advis nécessaires afin de les rendre fructueuses (1646), cité dans Charles BERTHELOT DU CHESNAY, op. cit., p. 78.
* Bérulle à Soulfour, 27 août 1618, lettre n° 171, dans Correspondance, t. I, p. 297.
* L'expression est de Jean-François DUBOST, dans Marie de Médicis. La reine dévoilée, Paris, Payot, 2009, p. 565.
* Germain HABERT, la vie du Cardinal de Bérulle, Paris, 1646, p. 513.
* Jean-François DUBOST, op. cit., p. 622.
* Bérulle au Père Bertin, 27 octobre 1620, Lettre n° 297, dans Correspondance, t. II, p. 167.
* Voir Benoist PIERRE, Le Père Joseph. L'Eminence grise de Richelieu, Paris, Perrin, 2007, p. 150. Capucin, le Père Joseph de Paris était le parent et l'ami de jeunesse de Bérulle.
* Bérulle au Prince de Piémont, janvier 1620, lettre n° 261, dans Correspondance, t. II, p 94.
* Bérulle à Richelieu, 6 juin 1629, lettre n° 785, dans Correspondance, t. III, p 487.
* Voir lettre n° 339, note 8, dans Correspondance, t. II, p. 239. Sur le Père Dominique voir Olivier CHALINE, La bataille de la Montagne blanche. Un mystique chez les guerriers, Paris, Noesis, 1999.
* Bérulle s'est toujours intéressé au destin de l'Angleterre catholique. En 1608, il envisageait une fondation du Carmel en Angleterre. Voir aussi M. de Nulleville à Bérulle, 13 novembre 1610, lettre n°54, dans Correspondance, t. I, p. 112-113.
* Cette chapelle existe encore. C'est la salle de l'Oratoire, rue Albert 1er.
* Bérulle à du Fargis, 28 septembre 1627, lettre n° 662, dans Correspondance , t. III, p. 288.
* Bérulle au cardinal de Richelieu, fin octobre 1628, lettre n° 746, Ibid., p. 430.
* Bérulle au cardinal de Richelieu, 3 décembre 1627, lettre n° 694, Ibid., p. 347.
* Bérulle au cardinal de Richelieu, 15 novembre 1627, lettre n° 687, Ibid., p. 334-335.
* Bérulle au cardinal Barberini, 3 novembre 1628, lettre n° 747, Ibid., p. 431.
* Le musée d'Orbigny-Bernon de La Rochelle conserve une toile de Pierre Courtilleau en provenance de l'Eglise Sainte-Marguerite représentant l'entrée du roi dans la ville.
* Bérulle à Bertin, 4 novembre 1628, lettre n° 748, Correspondance, t. III, p. 434.
* Vie de Jésus, Epître dédicatoire, dans Oeuvres complètes 1644, p. 433.
* Mémoires de Fontenay-Mareuil, cités dans Jean-François DUBOST, op. cit., p. 752.
* Voir Jean ORCIBAL, Jean Duvergier de Hauranne abbé de Saint-Cyran et son temps, Paris-Louvain, Vrin-Bibliothèque de la Revue d'Histoire Ecclésiastique, 1947, p. 291-304.
* Voir Dominique JULIA et Wilhelm FRIJHOFF, « Les oratoriens de France sous l'Ancien Régime ». Premiers résultats d'une enquête», dans Revue d'Histoire de l'Eglise de France, n° 175, 1979, p. 225-265.
* Bérulle à Barberini, 3 novembre 1628, lettre n° 747, dans Correspondance, t. III, p. 432.
* Bérulle à Richelieu, 14 octobre 1628, lettre n° 743, Ibid., p. 427.
* TALLEMANT DES RÉAUX, Historiettes, deux volumes, Paris, Gallimard, 1960-1961, t. 1, p. 236.
* Emile-G. LÉONARD, « Un maître de la Contre-Réforme française », dans Le Christianisme au XXème siècle, 9 mai 1940, p. 188.