Cours d'instruction religieuse (1944-1946)
Pasteur André-Numa Bertrand
Oratoire du Louvre
Première année
Introduction
1- L'instruction religieuse
En commençant leur instruction religieuse, les Catéchumènes
savent déjà que son terme n'est pas un examen à
passer, mais une décision à prendre ; on leur demandera
s'ils veulent entrer dans l'Église de Jésus-Christ
et prendre l'engagement de vivre selon son Évangile. L'enseignement
religieux ne ressemble donc à aucun autre ; il ne groupe
pas des élèves, mais des catéchumènes
; il ne se contente pas seulement de leur proposer un certain
nombre de connaissances, mais de leur faire aimer une certaine
façon de vivre.
Il pourra donc y avoir différentes formes d'enseignement
religieux, parce qu'il y a différentes façons de
comprendre l'Évangile et la vie chrétienne, comme
aussi il y a des personnes qui veulent rester étrangères
au Christianisme. Chaque famille fera donc donner à ses
enfants une instruction en rapport avec ses propres idées
religieuses, ou ne leur en fera donner aucune. Tandis que la physique
et la géométrie sont les mêmes pour tout le
monde, des hommes d'une égale bonne foi peuvent donner
des enseignements religieux différents, suivant qu'ils
se rattachent par exemple au Christianisme par la tradition catholique
ou par la tradition protestante.
De là deux parts dans notre enseignement :
1°) D'abord des choses qu'il faut apprendre ; de l'histoire
par exemple ; car avant de décider si nous voulons accepter
la discipline de la vie chrétienne, il faut savoir d'où
elle vient, ce qu'elle demande de nous et de quelle autorité
elle se réclame ; avant de décider si l'on entrera
dans une Église, il faut savoir quel idéal elle
veut défendre et quel Maître elle veut servir. Dans
toute cette étude, on ne vous demandera qu'une confiance
élémentaire dans la compétence et la bonne
foi de ceux qui vous instruisent.
2°) Mais une fois ces choses apprises, l'essentiel reste
à faire ; il faut décider si vous acceptez l'idéal
de vie et de conduite que vous propose l'Évangile et si
vous voulez suivre le Maître auquel l'Église vous
conduit. Ici l'Église vous demande une confiance d'un autre
genre et plus profonde ; il faut donc que la sincérité
passe avant la déférence à vos parents ou
à vos éducateurs religieux. Il est normal que vous
entriez à l'instruction religieuse parce que vos parents
le désirent ; mais vous ne devez dire oui en sortant que
si telle est votre conviction personnelle. Vous accorderez joyeusement
à l'Église la confiance qu'elle vous demande ; mais
vous la lui accorderez les yeux ouverts en connaissance de cause.
La parole que vous décidez de donner ou de refuser, au
terme de votre instruction religieuse, sera votre parole.
Le but de l'Église est de faire naître les hommes
à la vie religieuse et plus précisément à
la vie chrétienne ; l'instruction qu'elle vous donne est
la première étape décisive de cette uvre.
Notre premier soin sera donc de dire ce que c'est qu'un homme
religieux et ce que c'est qu'un chrétien et de voir quel
intérêt ces questions présentent pour les
jeunes gens et les jeunes filles qui vont entrer dans la vie.
Marc 4, 1 - 9 Diversité des terrains
Marc 4, 13-20 Diversité des âmes
I Samuel 3, 1-14 Un enfant que Dieu appelle
Matthieu 4, 18-25 Des hommes que Jésus appelle
I Samuel 16, 4-13 Un enfant que Dieu choisit
Matthieu 7,21-27 Ceux qui répondent
I Rois 3, 4-14 L'ambition qu'il faut avoir.
2- Qu'est-ce qu'un homme religieux ?
a) Un homme religieux se distingue des autres par sa manière
de vivre, ou plus exactement par sa manière de comprendre
la vie, le monde et lui-même ; l'homme religieux est dominé
par l'idée que le monde et lui-même appartiennent
à un Dieu qui, en leur donnant l'existence, a décidé
quel en serait le but et la loi.
L'homme irréligieux n'est donc pas celui qui ne va pas
à l' Église ou dont on dit qu'il ne croît
pas en Dieu, c'est l'homme qui vit comme si sa vie n'appartenait
qu'à lui seul, comme s'il était sûr qu'il
n'y a personne pour lui en demander compte, et qu'il peut en faire
ce qu'il voudra.
L'homme religieux est celui qui sait que sa vie lui a été
donnée par Dieu à qui il doit en rendre compte ;
il reconnaît donc au dessus de lui une autorité ;
il sait qu'il a une tâche à remplir et qu'il ne sera
vraiment lui-même que s'il vit dans la confiance et l'obéissance
envers Celui qui la lui a fixée.
La religion n'est donc pas une simple croyance en Dieu, mais
une vie qui appartient à Dieu, qui trouve en Lui sa source
et son but.
b) On voit que la question religieuse est la plus importante
que l'homme puisse se poser, puisque c'est en réalité
la question de savoir ce qu'il doit faire de sa vie. Avons-nous
le droit de nous en aller au hasard parce que nous sommes nés
du hasard, ou devons-nous vivre selon la volonté de Dieu
parce que cest Dieu qui nous a donné la vie ? Telle
est au fond la vraie question religieuse.
On voit qu'un homme moral, qui sait que sa vie est soumise à
une loi est déjà sur le chemin de la religion puisqu'il
reconnaît au-dessus de lui une autorité. Cette sorte
de « religion du devoir » a été celle
de beaucoup de grands esprits dans l'antiquité païenne
; aujourd'hui encore malgré son insuffisance, elle crée
des âmes profondément respectables.
On voit enfin, qu'il ne faut pas se presser de dire : celui-ci
est religieux, celui-là ne l'est pas, avant d'avoir vu
ce que chacun a fait de sa vie. Jésus est sévère
pour les hommes d'Église qui ne vivent pas selon la volonté
de Dieu ; Il accueille au contraire avec bonté ceux qui
cherchent sincèrement ce qu'ils doivent faire de leur vie
; même s'ils n'appartiennent pas à un milieu religieux.
Ainsi il nous invite toujours à chercher derrière
ce que les hommes disent, ce qu'ils font et surtout ce qu'ils
sont.
Car le but dernier de la religion est de faire de nous des hommes
nouveaux, pour vivre une vie nouvelle.
Psaume 50, 7-15 La vraie piété
Psaume 50, 16-22 La fausse piété
Matthieu 21, 28-32 Le vrai serviteur
Matthieu 13, 24-30 Bonne et mauvaise semence
Matthieu 13, 36-43 Les jugements précipités
Ésaïe 29, 1- 16 La religion des lèvres
Psaume 24, 1- 8 Celui que Dieu accueille
3- Qu'est-ce qu'un Chrétien ?
Le Christianisme est une religion qui a pour centre Jésus-Christ.
Il est professé sous diverses formes, catholique, protestante,
etc... qui différent par leurs conceptions de la vie chrétienne
; mais toutes veulent se rattacher à la Personne de Jésus.
a) Un Chrétien est un homme qui croît que la vie
telle que Jésus l'a vécue est la vraie vie humaine,
la vie telle que Dieu la veut, et qui s'efforce par conséquent
de porter en lui la vie qui animait Jésus-Christ.
Si vraiment Dieu a fixé le but de notre vie, comme le
croient les hommes religieux, il doit y avoir une certaine forme
de vie qui vaut mieux que toutes les autres, qui est vraiment
la vie parfaite, la vie que Dieu veut ; les Chrétiens pensent
que cette vie est précisément celle dont Jésus-Christ
nous offre l'image.
b) Jésus lui-même a expliqué que son existence
n'avait d'autre raison d'être que d'apporter dans un monde
où les hommes vivent souvent de façon si étrangère
à la volonté de Dieu, cette forme définitive,
parfaite de la vie, qu'il appelait LA VIE ÉTERNELLE ou
simplement LA VIE. Nous l'appellerons d'un mot plus clair : LA
VIE DIVINE, c'est-à-dire la vie telle que Dieu la veut,
et en même temps la vie qui vient de Dieu et qui conduit
à Dieu. La source de cette vie est l'amour de Dieu pour
nous ; son but c'est notre amour pour Dieu et pour nos frères.
En vivant de la vie divine, nous reproduisons donc en nous-mêmes
et nous propageons dans le monde une façon de vivre et
de comprendre la vie qui était celle de Jésus-Christ
; c'est pourquoi on peut l'appeler aussi la vie chrétienne.
3) Cette façon de vivre a son passé, son histoire
qu'il faut connaître. Elle a sa préparation dans
la conscience du peuple israélite, sa réalisation
dans l'âme de Jésus, son expansion et sa transmission
à travers les siècles qui nous séparent de
Lui. Il y aura donc forcément dans notre cours une partie
historique : LA VIE DIVINE DANS LE MONDE.
Mais surtout la vie divine a ses conditions, ses lois, son idéal,
ses espérances. Notre cours trouvera donc son sujet le
plus important dans la seconde partie : LA VIE DIVINE DANS LES
ÂMES.
Notre but sera dans ces entretiens de faire connaître
la vie divine afin de la faire aimer et de la faire naître
dans les âmes, par le rayonnement bienfaisant de la personnalité
spirituelle de Jésus.
Ésaïe 9, 1- 5 Le Christ annoncé
Matthieu 3, 3-17 Celui-ci est mon Fils
Matthieu 11, 2- 6 Celui qui devait venir
Marc 9, 30-41 La grandeur du Christ
Marc 11, 1-11 Les humbles autour de Jésus
Hébreux 1, 1- 6 Jésus, le plus grand
I Jean 4, 7-14 Dieu est amour
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I - La vie divine dans le monde
Chapitre I - Préparation de la vie divine dans la conscience
israélite
Le Nouveau Testament nous dit que Jésus parut «
lorsque les temps furent accomplis », c'est-à-dire
lorsque le monde fut préparé à recevoir et
à comprendre cette vie divine dont Jésus était
le porteur. Cette préparation s'est poursuivie dans l'humanité
toute entière, et aucun peuple n'a été entièrement
dépourvu des lumières de la vérité
morale et religieuse ; mais elle s'est réalisée
avec une richesse et une précision spéciales dans
la conscience du peuple israélite, que l'on a souvent appelé
à cause de cela le peuple élu (choisi) ou le peuple
de Dieu.
1- Caractères généraux de la religion Israélite
Le peuple d'Israël en effet a possédé depuis
ses origines une religion très différente de celle
que pratiquaient les peuples voisins. Cette religion s'est développée,
profondément modifiée pendant les vingt siècles
de son histoire, jusqu'à l'époque de Jésus-Christ
; mais elle a toujours conservé trois caractères
principaux, qui la distinguent de toutes les autres.
_ La croyance en un Dieu unique. Tandis que les religions antiques
reposaient sur l'idée que le monde est peuplé de
dieux innombrables représentant les forces de la nature
ou de l'esprit, les Israélites croyaient en un seul dieu
qui domine la nature et a créé le monde visible
et le monde de l'esprit. Seuls de tous les peuples de l'Antiquité,
ils pensaient que Dieu ne doit pas être représenté
par des idoles.
C'est le caractère le plus frappant et le plus connu
de la religion israélite.
_ Le lien étroit entre la morale et la religion. Les
premiers dans l'Antiquité, les Israélites ont affirmé
que Dieu n'était pas seulement la puissance qui gouverne
le monde et assure notre vie matérielle, mais le guide
de l'humanité, qui veut faire régner parmi les hommes
l'obéissance à sa loi.
Aussi Dieu s'intéresse-t'Il moins aux cérémonies
et aux sacrifices qu'à la conduite de ses serviteurs ;
le vrai moyen d'honorer Dieu c'est de vivre comme Il l'ordonne.
C'est là l'originalité décisive qui a fait
de la religion d'Israël la mère des deux grandes religions
modernes : Christianisme et Islam.
_ L'attente d'un avenir meilleur pour l'humanité. Au
lieu de tourner les regards vers un «âge d'or»
à jamais disparu, les Israélites attendaient le
Royaume de Dieu. Tout appartient à Dieu, un jour viendra
où sa volonté sera faite et où Il régnera.
L'humanité sera introduite dans ce Royaume de Dieu par
la connaissance de la religion définitive dont la religion
israélite n'est que la préparation.
C'est l'idée qui a le plus travaillé la conscience
des Israélites et dont ils ont eu le plus de peine à
fixer le sens exact.
Psaume 40, 1- 6 Confiance en Dieu seul
Psaume 115, 1- 8 Les dieux de néant
Ésaïe 44, 9-20 Absurdité de l'idolâtrie
Amos 5, 2-24 Le culte sans âme
Ésaïe 58, 1- 7 Contre la dévotion sans
justice
Osée 6, 1- 6 L'amour vaut mieux que les sacrifices
Ésaïe 61, 1- 3 Le Royaume annoncé
2- Abraham et l'Alliance
Les Israélites rapportent l'origine de leur tradition
religieuse à un patriarche nommé Abraham, qui vivait
2500 ans avant Jésus-Christ, et qui fut le véritable
fondateur de la Tribu. C'est à lui que l'on rapporte en
particulier l'idée du Dieu unique et l'idée du Dieu
juste ; c'est-à-dire que ces deux idées ont été
associées à la piété hébraïque,
d'une façon encore vague et incertaine, dès le moment
où elle prit conscience d'elle-même.
a) L'idée du Dieu unique ne se présentait pas
à l'esprit d'Abraham comme à nos esprits modernes
sous sa forme classique « il n'y a qu'un Dieu ». Il
la comprenait sous la forme de l'Alliance, c'est-à-dire
que parmi tous les dieux il en choisissait un auquel il restera
fidèle ; ou plutôt, il se sentait appelé par
un Dieu qui lui demandait de lui rester fidèle : «
Tu seras mon peuple et je serai ton Dieu ».
Si imparfaite que fût cette idée, elle avait au
moins le mérite d'introduire l'idée de la fidélité
religieuse.
b) Cette idée d'un choix à faire entre les dieux
indique comment Abraham et les siens se sont élevés
à l'idée d'un Dieu juste.
Ce Dieu qui réclamait obéissance et fidélité,
devait inspirer le respect à ses adorateurs. Pour qu'Abraham
s'inclinât devant Lui, il ne suffisait pas qu'Il fut le
plus fort, il fallait qu'Il fut juste envers les hommes dont il
réclamait la justice (voir le récit de l'intervention
d'Abraham en faveur de Sodome).
c) Mais que peut demander un Dieu juste, sinon que l'on soit
juste ? Ainsi l'on arrivera à cette idée qui fait
le fond de la piété israélite, que l'adoration
de Dieu et la pratique de la justice sont une seule et même
chose. Abraham ne dit pas cela aussi nettement ; mais il a conscience
d'avoir posé le point de départ d'une religion plus
pure. Lui-même recueille précieusement la promesse
de son Dieu : « Toutes les nations de la terre seront bénies
en Toi » ; et le peuple d'Israël a si bien compris
que toutes les sources de sa foi étaient dans le cur
d'Abraham, que toute l'histoire de ses reculs et de ses progrès
est apparue comme un abandon de l'Alliance ou un retour à
l'Alliance.
Genèse 12, 1- 4 Abraham appelé
Genèse 15, 1-16 L'Alliance
Genèse 18, 16-33 Un Dieu juste
Genèse 22, 1- 8 Non le sacrifice, l'obéissance
Josué 24, 14-24 L'Alliance confirmée
Néhémie 10, 32-37 L'Alliance renouvelée
Hébreux 11, 8-19 La foi d'Abraham
3- Moïse et l'idée du Dieu Unique
Les idées qui avaient commencé de s'affirmer dans
la conscience d'Abraham devaient se préciser au cours de
réformes successives. La première en date fut celle
de Moïse.
Moïse fut un des plus grands conducteurs de peuples de
l'histoire. C'est lui qui a formé définitivement
le caractère israélite et lui a imprimé une
empreinte que 36 siècles d'histoire et 19 siècles
de dispersion n'ont pas effacée.
De lui viennent les deux mots qui résument toute l'histoire
israélite : Jéhovah et la Loi.
a) Sur la question du Dieu unique, Moïse dit : «
Non seulement notre Dieu est le seul adorable, mais il est le
seul qui existe ». Il l'appelle Jéhovah, c'est-à-dire
Celui qui est, ce qui est une façon bien claire de dire
que les autres n'existent pas (vision du Buisson Ardent. Exode
3, 1-15). Ce Dieu est le protecteur d'Israël seul, mais il
dispose en sa faveur du gouvernement du monde entier.
b) Sur la question du culte à rendre à Dieu, Moïse
a dit : « Non seulement Dieu veut qu'on lui obéisse,
mais il nous a enseigné ce qu'il faut faire pour lui obéir.
Il nous a donné la Loi ». Et Moïse donne en
effet la Loi dont le caractère divin est facilement reconnaissable
par le fait qu'elle s'impose à toute conscience humaine
quelle qu'elle soit. Les Dix Commandements sont en quelque sorte
la préface de cette Loi.
Ainsi se trouvait fixé le caractère religieux
du peuple juif, qui reste encore aujourd'hui le peuple de Jéhovah
et le peuple de la Loi.
c) En agissant ainsi, Moïse n'avait pas l'idée de
créer une religion nouvelle, mais de préciser, de
continuer la religion d'Abraham. C'est toujours dans les cadres
de cette même religion, dans l'adoration du même Dieu
d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, que les prophètes présenteront
les vérités nouvelles par lesquelles Dieu prépare
l'aurore de la Vie Divine.
Exode 3, 1-15 Celui qui est
Exode 20, 1-17 La Loi
Exode 22, 21-31 Lois diverses
Deutéronome 10, 14-21 Obéissez à Dieu
Lévitique 19, 1-19 Lois diverses
Deutéronome 30,11-20 La Loi est à votre portée
Deutéronome 34, 1-12 La mort d'un grand croyant
4- Les Prophètes - Du Dieu jaloux au Dieu saint
a) L'uvre religieuse de Moïse fut reprise et continuée
par une série d' « hommes de Dieu » qui vécurent
du 9ème au 5ème siècle avant Jésus-Christ
et que l'on désigne sous le nom de Prophètes.
Ils s'appelaient « hommes de Dieu » parce qu'ils
avaient conscience d'avoir reçu de sa part une VOCATION,
d'avoir été « saisis» et « vaincus
» par Lui, chargés de rappeler la vérité
éternelle que les prêtres bien souvent cachaient
au peuple par égoïsme et par intérêt.
Ils prenaient encore ce titre parce qu'ils puisaient dans cette
vocation une AUTORITÉ qui leur donnait le droit de parler
le langage sévère de la vérité à
ceux qui auraient préféré l'ignorer.
Ils étaient comme la conscience vivante du peuple, à
qui ils parlaient un langage où se mêlent d'étrange
façon une implacable sévérité et une
tendresse débordante.
b) Ce Dieu qui les envoyait à son peuple, c'était
d'abord pour eux le dieu jaloux, c'est-à-dire un Dieu qui
veut pour Lui toutes les adorations. L'idée de l'Alliance
se retrouve ici, et l'amour de Dieu et du peuple est souvent comparé
à un mariage ; c'est un Dieu fidèle qui veut un
peuple fidèle. Les premiers prophètes ont surtout
insisté sur cette jalousie de Dieu, sur la nécessité
de n'adorer que Lui.
Ils se sont faits ainsi une conception étroite de l'histoire
du peuple et de l'humanité ; quand le peuple est fidèle,
Dieu lui reste fidèle et il est heureux ; quand le peuple
est infidèle, Dieu l'abandonne et il est malheureux.
Mais avec le temps, les événements vinrent démentir
cette conception enfantine, et le peuple ayant renoncé
aux idoles, continua d'être maltraité par ses puissants
voisins.
c) Alors se posa pour les Israélites pieux un terrible
problème. Si c'est notre Dieu qui règne, comment
se fait-il que nous soyons si malheureux et que ses promesses
ne se réalisent pas ?
C'est répondent les grands prophètes que ce Dieu
n'est pas seulement le Dieu d'Israël, c'est avant tout le
Dieu saint. Non seulement il veut être adoré seul,
mais il ne veut pas être adoré comme les autres.
C'est un Dieu juste qui veut un peuple de justes. Il ne protège
son peuple que dans la mesure où celui-ci le mérite.
Israël est entre ses mains un instrument de choix ; mais
en réalité Il n'est pas un Dieu pour Israël
seulement mais pour tout le monde. Sa Loi n'est pas seulement
dans Moïse, elle est dans tous les curs. Ce n'est plus
le Dieu jaloux, mais le Dieu saint.
La gloire incomparable des prophètes, c'est d'avoir ainsi
révélé au monde le Dieu de la conscience
humaine.
Exode 4, 10-17 L'Inspiration
Jérémie 1, 2-10 La vocation
I Rois 18, 1-24 La lutte contre les Baals
I Rois 18, 23-40 Violence contre violence
II Samuel 12, 1-15 L'éveilleur de conscience
I Rois 21, 1- 24 Le courage prophétique
ésaïe 40, 18-31 Le protecteur tout-puissan
5- La religion des Prophètes
Ce que nous avons dit de l'idée de Dieu chez les Prophètes
nous permet déjà de comprendre ce que sera leur
religion.
a) Ce sera d'abord une religion de consécration. Le Dieu
saint veut des adorateurs qui soient saints ; contrairement à
ce que disent les prêtres ce n'est pas par des cérémonies,
c'est par une consécration entière au service de
Dieu que l'on peut satisfaire à ses exigences. A la sainteté
de Dieu répond la consécration du fidèle
; car Dieu n'est pas à Israël comme on l'a cru, mais
Israël est à Dieu.
b) La religion des Prophètes sera aussi une religion
d'humilité et même d'humiliation. En reprochant leurs
fautes aux peuples et aux individus comme en plaçant devant
eux, un idéal très élevé, les Prophètes
ont contribué à développer un sentiment très
important et qui a imprimé un cachet particulier à
la religion d'Israël et à celles qui en sont sorties,
le sentiment du péché.
c) La religion des Prophètes sera aussi la religion intime.
Les Israélites étaient habitués à
voir en Jéhovah le Dieu du peuple, qui parle par la Loi.
Les Prophètes les habituèrent à voir en Lui
le Dieu personnel de chaque homme, qui parle à la conscience
et au cur de tous et qui est sans cesse près de nous.
Ainsi ils développèrent un sentiment nouveau, le
sentiment de l'intimité religieuse.
Ces deux sentiments, sentiment du péché et sentiment
de l'intimité religieuse, sont exprimés avec une
force particulière dans les Psaumes, dont plusieurs ont
été écrits sous l'influence de la piété
prophétique.
d) Et cependant cette religion intime et personnelle sera aussi
une religion sociale: c'est à dire qu'elle ne se désintéressera
d'aucun des problèmes de la vie, d'aucune des souffrances
du peuple, d'aucune des questions qui intéressent sa moralité,
sa prospérité, son bonheur.
Après avoir été terriblement étroite,
la religion d'Israël s'épanouit dans l'âme des
prophètes avec une merveilleuse largeur, et le terme qu'elle
assigne à l'action de son Dieu, c'est l'établissement
du Royaume de Dieu.
Amos 7, 10-15 Envoyé de Dieu
Malachie 1,6 à 2,9 Contre les Prêtres
Ésaïe 1, 2-13 Sévérité
Habakuk 1, 2-13 Le Dieu saint
Jérémie 31,27-34 Intimité de Dieu
Ézéchiel 34, 1-11 Veillez sur le troupeau
de Dieu
Amos 8, 3-12 Justice d'abord
6- Le Messie et le Royaume de Dieu
Nous avons vu que la religion israélite avait toujours
été orientée vers l'avenir ; cette tendance
aboutit avec les Prophètes à une forme positive
et précise dans l'attente du Royaume de Dieu et du Messie.
Ces deux mots ne doivent pas être séparés
l'un de l'autre, attendre le Royaume de Dieu ou attendre le Messie,
c'est à dire le Roi Fondateur de ce Royaume, c'est une
seule et même chose.
a) Mais que faut-il entendre par « Royaume de Dieu »
? Dans les époques de décadence et surtout sous
l'influence des catastrophes politiques, les mots de « Royaume
de Dieu » avaient pris pour les Israélites un sens
exclusivement matériel et politique ; et le Messie était
devenu pour eux le Roi destiné par Dieu à rendre
au peuple son indépendance nationale. Mais chez les Prophètes,
le Royaume de Dieu, tout en restant toujours une réalité
terrestre, est quelque chose de spirituel ; c'est l'avènement
d'une humanité sur laquelle Dieu régnera, et par
conséquent d'une société conforme à
sa volonté, dans laquelle chaque peuple pourra réaliser
sa destinée véritable.
b) Si les Prophètes décrivent ainsi l'avenir de
l'humanité et parlent avec assurance des intentions de
Dieu à son égard, ce n'est pas qu'ils ressemblent
aux devins et qu'ils aient reçus le don magique de lire
dans l'avenir. Mais ils sont si entièrement dominés
par la volonté de Dieu et possédés par son
Esprit, qu'ils pénètrent jusque dans la pensée
et les dessins de Dieu et reconnaissent ainsi les conditions en
dehors desquelles il ne peut y avoir de salut. La Cité
de Dieu sera une cité de paix, de justice et de foi, qui
ne s'établira que par la repentance, l'amour et la fidélité.
Ce qu'ils annoncent n'est pas le détail des événements,
mais les grandes lois auxquelles obéit l'histoire d'une
humanité en marche vers Dieu.
c) Cette société digne de Dieu ne peut être
créé par les hommes ; le signal de sa fondation
sera l'apparition de l'Envoyé de Dieu, le Messie. La promesse
du Messie et la description de sa personne a été
un des sujets essentiels de la prédication des Prophètes.
Ils l'ont décrit comme un roi (plus grand que David) ou
comme un prophète (un prophète plus grand que Moïse)
mais surtout ils ont parlé de lui comme dun homme
tel que Dieu le veut pour fonder l'humanité telle que Dieu
la veut.
Chaque prophète a essayé, selon les exigences
de sa conscience et les lumières de son cur plein
de Dieu, de tracer l'image de ce « serviteur de l'Éternel
» et ils y ont réussi selon la mesure de leur inspiration.
Le plus grand d'entre eux, le 2ème Ésaïe a
tracé de cet avenir qu'il devine sans pouvoir le réaliser,
un tableau où l'inspiration s'élève à
son plus haut sommet. Pour lui, l'envoyé de Dieu ne se
reconnaîtra ni à sa puissance, ni à sa sagesse,
mais à la profondeur de son amour et à sa volonté
de souffrir pour les autres ; en sorte qu'en décrivant
le Messie il semble raconter d'avance la vie et les souffrances
de Jésus-Christ (le mot Christ n'est que la traduction
grecque du mot hébreu Messie).
C'est en effet dans la personne de Jésus que les promesses
et les prédictions des prophètes ont trouvé
leur réalisation. Il a été celui que les
prophètes avaient appelé d'avance le « Désiré
des Nations ».
Jérémie 30, 4- 11 Je te sauverai, mon peuple
Joël 2, 28 à 3, 2 Dieu épargnera son
peuple
Ésaïe 35, 1-10 Le désert refleurira
Ésaïe 49, 1- 5 Tu seras la lumière des
nations
Ésaïe 11, 1- 9 Un rameau sur le vieux tronc
Ésaïe 42, 1- 7 Il ne brisera pas le rameau froissé
Ésaïe 52, 13-53 Le Serviteur de lÉternel
7- Décadence de la religion Israélite
a) L'uvre des Prophètes a été double
; d'une part ils ont essayé de soumettre à la volonté
divine la vie collective du peuple, ce que nous appellerions aujourd'hui
son orientation politique et sociale, et sur ce point ils ont
échoué dans l'ensemble, la vie nationale du peuple
ayant sombré elle_même sous les grandes invasions
asiatiques. D'autre part, ils ont voulu donner à l'âme
croyante un sentiment plus juste et plus vif de sa dépendance
vis à vis de Dieu ; et sur ce point, leur uvre a
exercé, malgré des éclipses parfois très
longues, une influence durable.
Dans la pensée et dans le cur des Prophètes,
ces deux formes de leur activité n'étaient pas séparées
; il s'agissait toujours d'assurer la souveraineté de Dieu,
soit sur le peuple, soit sur l'âme individuelle, et ce lien
établi entre la piété et la vie a été
une de leurs conquêtes définitives. Aucune religion
ne sera désormais considérée comme complète
si elle laisse en dehors de ses prises la vie collective des peuples.
b) Cependant ces fruits de l'action prophétique ne devaient
mûrir que beaucoup plus tard. À la captivité
de Babylone, commence une longue période de stagnation
et de médiocrité. Seuls quelques beaux Psaumes et
quelques prophètes secondaires mettent dans cette époque
une certaine note de beauté. Lorsque Jésus parut,
il y avait près de cinq siècles que la voix des
grands Prophètes s'était tue. Le peuple avait perdu
tout contact avec le Dieu vivant et au lieu d'être le peuple
de l'Esprit, il était devenu le peuple de la Loi et le
peuple du Temple.
c) La Loi n'était plus une inspiration spirituelle, mais
un Code dont tous les commandements avaient la même importance,
quelle que fut leur nature ou leur valeur religieuse. Cette façon
étroite de comprendre la Loi est ce qu'on appelle le légalisme
; il était surtout représenté à l'époque
de Jésus par les Pharisiens.
La Bible israélite qu'on appelait «La Loi et les
Prophètes » et que nous appelons Ancien Testament
était considérée superstitieusement comme
également infaillible dans toutes ses parties. L'usage
qu'on en faisait ne pouvait aboutir qu'à un rétrécissement
de la pensée et de la vie tel que nous le trouvons chez
les Scribes.
Enfin le Culte n'était plus l'offrande d'un cur
au Dieu qui laime ; il était un ensemble de rites
dont la répétition devait exercer sur Dieu et sur
les Fidèles une action magique, c'est à dire indépendante
des sentiments religieux du fidèle. Les Sadducéens
veillaient avec un soin jaloux à la perpétuité
du culte dans le temple de Jérusalem, tandis que les communautés
juives dispersées dans le monde gardaient dans leurs synagogues
une piété un peu plus large et plus vivante.
C'est contre cette religion morte, représentée
par les Pharisiens, les Scribes et les Sadducéens, que
Jésus adresse la libre et vivante piété de
l'Évangile.
Matthieu 15, 1- 9 Des préceptes humains
Matthieu 23, 1-12 Ils disent et ne font pas
Matthieu 23, 23-25 Pharisiens hypocrites
Marc 2, 1-11 Il blasphème !
Matthieu 12, 9-14 Défense de faire le bien
Matthieu 21, 12-17 Une caverne de voleurs
Matthieu 7, 13-20 Les faux prophètes
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Chapitre II - Réalisation de la vie divine dans la personne
de Jésus
1- L'originalité de Jésus
a) Les Prophètes avaient porté si haut l'idéal
de leur piété, qu'avec eux l'âme humaine avait
vraiment donné à Dieu ce qu'elle pouvait lui offrir.
La pensée monothéiste avait atteint sa plénitude
avec ces trois affirmations essentielles :
· Il existe un Dieu qui est Esprit,
· Ce Dieu est saint et nous veut saints,
· C'est dans l'adoration de ce Dieu que l'humanité
trouvera un jour son unité.
La piété prophétique avait créé
des âmes ouvertes à Dieu, fidèles, vraiment
consacrées à leur vocation, vivant avec Dieu dans
l'humilité et pourtant dans l'intimité.
Si l'Évangile veut ajouter quelque chose à ce
programme, du moins n'aura-t'il qu'à suivre la même
ligne. Et cependant, lorsque Jésus paraît, il semble
que naisse un monde nouveau. Jésus profondément
enraciné dans le passé de sa race, venu «
pour accomplir et non pour abolir », apparaît comme
la grande nouveauté. Sa parole est « une bonne nouvelle
» et sa naissance marque une ère nouvelle.
b) Qu'est-ce donc qui est nouveau en lui, est-ce ce qu'il a
dit ? est-ce ce qu'il exige ? Assurément, il ne parle pas
tout à fait comme les Prophètes ; mais quand on
veut établir la différence entre ses idées
et celles de l'Ancien Testament, on ne trouve pas de quoi expliquer
l'immense révolution chrétienne. Est-ce ce qu'il
a fait ? Il vit, ainsi que ses contemporains, dans le cadre de
la loi de Moïse, et jusqu'à la veille de sa mort,
sa vie n'a rien qui s'impose à l'attention du monde. Aujourd'hui
encore, elle ne prend sa valeur vraie que si on la considère
du dedans, extérieurement elle n'a rien d'extraordinaire
ou d'exceptionnel.
Ce qui fait son originalité, c'est ce qu'il est. C'est
son attitude devant la vie, devant les hommes et devant Dieu ;
c'est sa piété, c'est son caractère, c'est
sa PERSONNE. Et c'est pourquoi, nous allons essayer, non d'écrire
sa biographie ou d'exposer sa théologie ; mais de reproduire
l'image de sa piété, réalisation unique de
la vie divine au sein de l'humanité.
c) Comment peut-on définir l'originalité de cette
piété ? Il semble que les autres religions représentent
la piété surtout comme un effort de l'homme vers
Dieu, tandis que pour Jésus, c'est Dieu qui est à
la recherche de l'homme. Jésus n'apprend pas à l'homme
à donner à Dieu quelque chose de plus que dans la
piété israélite ; il lui apprend à
recevoir ce que Dieu lui offre et qu'il ne connaissait pas.
Les autres religions sont comme des questions de l'homme à
Dieu, des recherches, des angoisses; l'Évangile est une
réponse de Dieu à l'homme, la Bonne Nouvelle que
l'humanité n'est pas abandonnée à elle-même,
mais que Dieu veut la sauver.
C'est parce qu'il est un don de Dieu, que l'Évangile
peut faire naître en nous une vie nouvelle, la VIE DIVINE.
I Rois 19, 9-14 Un premier souffle de l'Évangile
Psaume 62, 6-13 Une paix déjà chrétienne
Ésaïe 5, 1-17 Une parabole de l'Ancien Testament
Marc 12, 1-12 La parabole reprise par Jésus
Marc 12, 28-34 Jésus confirme la valeur de la Loi
Matthieu 16, 24-28 Le sommet de la vie chrétienne
I Corint. 11, 23-29 L'homme reçoit, Dieu donne
2 Caractère pratique de la piété de Jésus
Tout le monde sait que Jésus enseignait en paraboles,
c'est à dire qu'il se servait d'images empruntées
à la vie humaine pour expliquer les choses de la vie divine.
Cette forme de langage ne lui était pas seulement suggérée
par la facilité plus grande de l'enseignement, mais aussi
par la nature même de sa piété ; elle exprime
le fait que, pour Jésus, la vie religieuse est en contact
avec les choses de la vie de chaque jour, elle est pratique.
a) d'une part, la vie divine est simple ; Jésus en parle
avec des mots empruntés à la vie courante ; les
hommes sont perdus, il est venu les chercher, les sauver ; ils
sont malades, il est leur médecin, etc...
D'autre part les choses de la vie quotidienne sont belles et
grandes ; elles ont une signification religieuse. Le mot de Père,
appliqué à Dieu, nexprime pas seulement la
simplicité de lamour de Dieu mais aussi la grandeur
de l'amour paternel, que Jésus trouve assez beau pour servir
de symbole à l'amour de Dieu lui-même.
La piété de Jésus donne ainsi à
la vie toute entière un sens nouveau.
b) Cependant la piété n'est pas pour lui une affaire
de contemplation mais d'action.
Jésus ne nous enseigne pas à nous résigner
à la vie telle qu'elle est aujourd'hui ; il ne dit pas
« la vie est laide, mauvaise , cruelle, il faut s'y résigner
et se réfugier dans l'espérance d'un monde meilleur.
La terre est vouée à la haine, à la guerre,
à la mort ; au ciel nous connaîtrons l'amour, la
paix, la vie éternelle. Le monde est une vallée
de larmes, ll faut le mépriser ».
Ces idées sont exactement l'opposé de celles de
Jésus. Pour lui, la vie de l'enfant de Dieu est une lutte
contre le péché, la haine, la souffrance et la mort.
Il ne dit nulle part qu'il est venu pour enseigner la résignation
à ceux qui sont perdus, mais il affirme qu'Il vient leur
apporter la délivrance et le pardon. Sa piété
est une piété virile, faite de lutte et d'affection.
c) Et cette lutte doit être poursuivie dans la confiance
et dans la joie. La religion de Jésus nous appelle donc
au dehors à la lutte contre le mal ; mais dans nos curs
elle nous apporte la paix avec Dieu et avec nous-mêmes.
Elle repose sur la conviction que Dieu est assez grand et assez
bon pour sauver, et par conséquent pour transformer le
monde et notre vie, et qu'il veut nous associer à son uvre
de salut.
C'est donc une piété active ; comme la poésie,
elle trouve aux réalités de la vie quotidienne un
sens nouveau, une valeur supérieure ; mais cette valeur
elle veut la mettre en uvre pour transfigurer le monde et
le sauver.
C'est donc une piété active ; elle n'est faite
ni de résignation ni de dédain à l'égard
de la vie présente ; elle est une force active au service
de Dieu.
Matthieu 13, 44-52 La simplicité des paraboles
Luc 56, 27-38 La piété simple
Luc 10, 1-13 L'uvre des disciples
Luc 12, 32-40 Confiance et vigilance
Matthieu 25, 1-15 Sois prêt
Jean 2, 3-11 Ceux qui sont de Jésus
Luc 13, 5- 9 De quoi il faut avoir peur
3- Caractère largement humain de la piété
de Jésus
Il est permis de se demander si dans l'âme du chrétien
qui doit aimer Dieu de tout son cur et de toute son âme,
il pourra rester une place pour les sentiments humains. Nous voyons
que dans le cur de Jésus, la piété
n'a rien mutilé ni appauvri, qu'elle a au contraire tout
élargi et embelli.
a) On a souvent représenté les préoccupations
relatives au travail et à l'activité sociale comme
étrangères à l'Évangile et même
contraires à son esprit ; et cela à cause de paroles
mal comprises, comme « Vous aurez toujours des pauvres avec
vous » , « Cherchez premièrement le Royaume
de Dieu », « Ne vous mettez pas en souci ».
On conclut de ces paroles que le vrai chrétien se désintéresse
des choses de ce monde, et juge inutile de faire effort pour le
changer.
Jésus estime au contraire que le but même de la
piété personnelle, c'est de créer un monde
meilleur ; et s'il insiste sur la piété personnelle,
c'est parce qu'il sait qu'on ne changera pas le monde si l'on
ne change pas les curs.
Mais toutes les préoccupations humaines ont leur place
dans sa pensée et dans son Évangile.
b) Les affections humaines ont été aussi condamnées
au nom de l'Évangile. On a dit : « Jésus nous
commande d'aimer Dieu de tout notre cur », donc le
vrai chrétien est celui qui n'aime que Dieu, qui ne laisse
pas envahir son cur par les affections humaines, car ce
qu'on donne aux hommes, on le vole à Dieu.
On raisonne ainsi comme si chacun de nous possédait une
quantité limitée d'affection, qu'il ne peut donner
aux uns sans faire tort aux autres. Nous voyons, au contraire
que l'amour pour les hommes est l'école de l'amour divin
; c'est en apprenant à aimer nos frères que nous
nous habituons au sacrifice, au désintéressement,
et que nous nous préparons ainsi à aimer Dieu. L'amour
humain est aussi la conséquence naturelle de l'amour divin
; si Dieu nous considère comme ses propres enfants, il
doit avoir de la joie à voir que nous nous aimons les uns
les autres.
c) Mais Jésus va plus loin ; pour Lui l'amour pour Dieu
et l'amour pour les humains ne font qu'un. A ceux qui ont exercé
la charité envers leurs frères, Dieu dit : «
C'est à moi que vous l'avez fait ». Ainsi se révèle
la plénitude admirable d'une pensée qui a saisi
le caractère unique de l'amour vrai ; Dieu aime les hommes
au point de prendre pour Lui l'amour que nous leur témoignons.
Ce que Jésus nous demande, ce n'est pas de sacrifier
à Dieu nos préoccupations ou nos affections légitimes,
c'est d'abord de les mettre à leur place, de ne pas placer
pêle-mêle sur le même plan les questions d'argent,
les affaires familiales, les préoccupations religieuses.
C'est ensuite de les purifier, de les dépouiller de leur
égoïsme, de les rendre vraiment dignes de Dieu et
de Lui.
Matthieu 6, 24-34 Comme les oiseaux du ciel
Matthieu 25, 14-30 Chacun travaille selon ses dons
I Jean 4, 6 à 5,30 Deux amours inséparables
Marc 10, 17-27 L'âme est plus que l'argent
Luc 12, 13-21 Ce qui n'est pas solide
Matthieu 25, 31-40 Ceux qui auront aimé Jésus
Matthieu 25, 41-45 Ceux qui n'auront pas aimé Jésus
4- Caractère héroïque de la piété
de Jésus
Ce que nous avons dit du caractère pratique et humain
de la piété de Jésus pourrait donner à
croire que c'est une piété facile, accommodable
et qui ne change rien à notre existence. Il n'en est rien,
et la piété de Jésus prend au contraire un
caractère nettement héroïque.
L'issue tragique de son ministère ne tient pas aux circonstances,
mais à la nature de sa mission. Seulement cet héroïsme
s'exerce avec une telle simplicité que, le plus souvent,
on ne la remarque pas. Jésus devant la mort la plus atroce
disait simplement : « C'est pour cette heure que je suis
venu » Ainsi le chrétien devant les devoirs les plus
redoutables, doit obéir sans grands gestes et sans paroles
théâtrales, se rappelant lui aussi que « nous
sommes ici pour cela ».
a) Si le monde et la vie étaient ce qu'ils devraient
être, il y aurait une harmonie naturelle entre la vie humaine
et la vie divine ; mais nous vivons dans un monde qui ne s'offre
pas à l'action de Dieu, qui lui résiste au contraire,
en sorte qu'il y aura nécessairement opposition et choc
entre la volonté de Dieu et la sienne et qu'il faudra choisir.
Une fois entré au service de Dieu, Jésus veut
qu'il soit « premier servi » comme disait Jeanne d'Arc.
« Celui qui met la main à la charrue et qui regarde
en arrière n'est pas propre au service de Dieu ».
C'est le principe de l'héroïsme chrétien.
b) Ce choix implique naturellement des sacrifices. Si des sentiments
parfaitement légitimes en eux-mêmes se sont pervertis
au point d'entrer en conflit avec le souci de notre vie spirituelle,
il faut y renoncer sans demi-mesures. C'est là le sens
des paroles célèbres « Si ton il est
pour toi, une occasion de chute, arrache-le ». Ainsi la
préoccupation du travail est légitime et même
bienfaisante ; mais si elle devient le souci exclusif du profit,
alors mieux vaudrait vivre comme « le lis des champs »
; périsse le travail plutôt que l'âme humaine.
De même l'amour familial, s'il est une forme de l'égoïsme
odieux ou à plusieurs.
c) Enfin une religion de l'amour comme est l'Évangile,
ne peut se réaliser dans un monde comme le nôtre
que par le sacrifice qui est la forme suprême de l'héroïsme.
Dans un monde conforme à la volonté de Dieu, l'amour
éveillerait l'amour ; mais dans un monde pécheur,
c'est à dire égoïste, l'amour reste volontairement
désarmé devant la haine et la violence, et succombe
sous un égoïsme auquel il ne veut pas répondre.
La mort de Jésus apparaît ainsi comme un acte héroïque
dont saint Paul a bien fait ressortir le tragique en disant :
« On consentirait peut-être à mourir pour un
homme de bien ; mais l'amour de Dieu s'est manifesté en
ceci alors que nous étions pécheurs, Christ est
mort pour nous ». Ce que nous pourrions traduire ainsi :
Nous consentirions peut-être à aimer dans un monde
qui répondrait à notre amour, mais l'héroïsme
chrétien consiste à aimer quand même on ne
répondrait à notre amour que par la haine, la violence
et la mort.
Jean 14, 20-27 C'est pour cette heure...
Luc 6, 26-36 L'héroïque pardon
Matthieu 5, 29-30 Arrache !
Matthieu 17, 14-21 Le courage tranquille
Marc 15, 16-32 L'héroïsme en action
Marc 15, 33-41 L'héroïsme suprême
Romains 5, 1 8 Pour un juste, encore
5- Caractère confiant de la piété de Jésus
Nous avons jusqu'ici envisagé dans la piété
de Jésus son attitude devant la vie et devant les problèmes
qu'elle nous pose, et nous l'avons caractérisée
comme PRATIQUE, HUMAINE et HÉROÏQUE. mais ce qui donne
surtout son véritable caractère, c'est l'attitude
confiante de Jésus devant Dieu.
a) Ce qui frappe le plus lorsqu'on entend Jésus prier
ou parler de Dieu, c'est de voir combien sa relation avec Dieu
est simple et naturelle. Les Prophètes les plus fidèles
ne cessent de trembler devant Dieu : « Personne ne peut
voir Dieu et vivre » , disent-ils. Jésus dirait plutôt
« Personne ne peut vivre s'il ne voit Dieu ». Jésus
aime Dieu et se sent aimé par Lui, c'est pourquoi la peur
a disparu de son cur pour faire place à la confiance.
C'est ce que l'Apôtre Jean exprime en disant : « L'amour
bannit la peur ; qui a peur n'aime pas encore complètement
».
b) Cette profonde différence entre la piété
de Jésus et la piété des Prophètes
peut étonner lorsqu'on sait que Jésus n'a jamais
cherché à marquer une différence entre l'idée
qu'il se faisait de Dieu et celle que s'en faisaient les Prophètes.
Elle tient aux expériences dans lesquelles Jésus
cherche et trouve la présence de son Dieu. Pour lui Dieu
est partout dans la vie ; il l'admire dans le jeu harmonieux des
forces naturelles, dans l'ordre qui préside à la
fécondité des choses, plutôt que dans les
catastrophes qui les anéantit. Dieu est pour lui le Dieu
de l'ordre et non du désordre, de la vie et non de la mort.
Une piété qui s'alimente à pareille source,
ne peut être que paisible et confiante.
Jésus refuse même expressément de voir la
main de Dieu dans les catastrophes ; il s'attache à l'idée
d'ordre qui engendre la paix, non à l'idée de destruction
qui engendre le trouble.
c) Ici nous retrouvons sous une autre forme, et éclairée
par une autre lumière tout ce que nous avons déjà
dit de la piété de Jésus. Pour Celui qui
trouve partout l'amour de Dieu, la vie humaine toute entière
est une vie divine. Pour celui qui voit partout un Dieu aimant,
le monde n'est plus le royaume du mal, il est la maison de son
Père. Pour celui qui se confie à ce Père,
l'héroïsme est une chose toute naturelle et qui prend
un sens et une portée nouvelle ; il est tout pénétré
de joie filiale.
Ainsi se referme le cercle des sentiments chrétiens ;
ainsi se complète l'image de la piété filiale,
telle que nous la voyons marcher devant nous « pleine de
grâce et de vérité » dans la personne
de Jésus.
Il nous reste maintenant à en chercher le ressort caché.
Ésaïe 6, 1-16 Malheur à moi ! J'ai vu
Dieu
Hébreux 3, 7-13 L'alliance nouvelle
I Jean 4, 6 à 5, 4 L'amour bannit la peur
Matthieu 14, 24-33 Pierre eut peur
Luc 13, 1- 5 plus coupables ? Non !
Matthieu 7, 1- 11 Notre Père vous pardonnera
Marc 4, 35-41 Jésus dormait dans la tempête
6- L'esprit filial, point culminant de la piété
de Jésus
Nous avons étudié l'attitude confiante de Jésus
vis à vis de Dieu, mais ce mot de confiance paraît
singulièrement faible pour désigner le rapport qui
s'établit entre Jésus et Dieu. Pour en comprendre
la nature, il faut faire un retour sur nous-mêmes et essayer
de pénétrer jusqu'au fond du mystère de la
vie intérieure.
Lorsque nous nous trouvons en présence de la volonté
de Dieu dans notre conscience, notre piété est dominée
par deux impressions également étrangères
à la piété de Jésus :
a) L'impression que nous éprouvons devant Dieu est celle-ci
: Dieu veut une chose, et souvent j'en veux une autre. Il se peut
que je finisse par obéir à Dieu, mais c'est au prix
d'une lutte. Notre religion est toujours dans une certaine mesure,
une religion de l'effort.
Au contraire, la religion de Jésus est une religion de
la spontanéité, de la joie, de l'amour, de la communion
avec Dieu. Le mot d'obéissance rend très mal le
rapport intime qui existe entre Dieu et Lui; sa volonté
et celle de Dieu lui apparaissent comme une seule volonté.
Il est obéissant envers Dieu dans le sentiment d'une indépendance
fidèle et d'une liberté filiale qui n'a pas à
être brisée et soumise à la volonté
de Dieu.
Une seule fois, nous trouvons la volonté de Dieu opposée
à la sienne (au jardin de Géthsémané)
et c'est dans une heure que Jésus semble avoir considéré
comme une heure d'agonie, de solitude, d'abandon.
b) L'effort que nous avons à faire pour obéir
est déjà une certaine contrainte entre Dieu et nous,
mais ce qui cause surtout notre angoisse, notre inquiétude
devant Dieu, c'est le sentiment d'avoir manqué souvent
à sa volonté et d'être coupables, ou comme
disent les théologiens « pécheurs ».
Or ce sentiment est nettement inconnu à Jésus,
et nous n'en trouvons aucune trace dans les récits de nos
Évangiles ; et c'est là ce qui crée en lui
cette attitude unique que l'on a désignée tout de
suite par le terme « esprit filial » (saint Paul).
Il semble donc que nous arrivions ici au point culminant de
la piété de Jésus, et que nous nous trouvions,
avec un fait si profondément étranger à notre
expérience, sur le bord même du mystère du
Christ.
Psaume 39, 2-14 L'homme faible et pécheur
Michée 6, 2- 8 Un beau programme de travail
Matthieu 11, 25-30 Un appel à ceux qui sont fatigués
Matthieu 26, 47-56 Simple obéissance
Marc 14, 35-65 Ta volonté, non la mienne
Marc 14, 3- 9 Vous ne m'aurez pas toujours
Marc 14, 66-72 Jésus renia Pierre
7- La sainteté de Jésus
Nous nous sommes arrêtés devant ce fait que le besoin
de repentance ou, si l'on préfère le besoin de revenir
à Dieu, ne tient aucune place dans la piété
de Jésus, ce qui ne peut s'expliquer que par une identité
continuelle entre la volonté de Jésus et celle de
Dieu.
C'est ce qu'on appelle la sainteté de Jésus
Cette sainteté est un mystère qu'il ne faut pas
vouloir expliquer, il faut seulement en fixer le sens et en mesurer
la portée.
a) Nous ne trouvons rien dans la vie de Jésus qui suppose
la repentance, au contraire. Ce fait est d'autant plus remarquable
que dans l'expérience habituelle de l'humanité,
une âme est d'autant plus difficile avec elle-même
qu'elle a une plus haute valeur.
Jésus avec toute son humilité, toute la délicatesse
de son sens spirituel, échappe à cette loi.
b) Cet abîme entre Lui et nous ne parvient pas à
faire de lui un étranger pour nous ; il reste humain et
familier et nous avons devant Lui l'impression d'être à
la fois très semblables et très différents.
La parenté de sa nature spirituelle et de la nôtre
s'affirme en ceci que nous retrouvons en Lui, non tout ce que
nous sommes, mais tout ce que nous voudrions être : en sorte
que Jésus représente pour nous l'image de l'humanité
non telle qu'elle est, mais telle qu'elle doit être.
En Lui, la vie humaine est devenue la vie divine.
c) Ce mystère que nous ne voulons pas expliquer (surtout
par des explications plus obscures que le mystère lui-même),
nous pouvons cependant nous en faire une idée ; car nous
aussi il nous arrive d'être élevés au-dessus
de nous-mêmes par le secours que nous recevons de Dieu.
En élevant ainsi Jésus au-dessus du niveau habituel
de l'humanité, Dieu semble avoir voulu montrer ce qu'il
voulait faire de l'homme, un apprenti de la vie divine. En sorte
que sans sortir du cadre de l'humanité, nous avons là
une nouvelle création de Dieu.
C'est une vie nouvelle, dont Dieu a déposé le
germe dans l'âme de Jésus, et qui va se répandre
par une sorte de contagion spirituelle.
Matthieu 4, 1-11 Tentation de Jésus
Jean 13, 1-9 & 12-15 Humilité
Jean 17, 1- 8 Glorification
Éphésiens 1, 15-23 Le Chef Suprême
II Tim 1, 6-13 C'est Lui qui nous a sauvés
Hébreux 12, 1 - 7 Les yeux rivés sur Jésus
II Pierre 1, 12-19 Celui-ci est mon Fils
8- Jésus, propagateur de la Vie Divine
L'ambition de Jésus n'est pas de nous montrer simplement
la vie divine et de la porter dans la laideur de notre monde comme
une beauté lointaine et stérile ; son ambition est
d'en être le propagateur. Il ne veut pas rester dans un
isolement glorieux, mais élever tous ceux qui lui confient
la direction de leur vie spirituelle sur les mêmes hauteurs
de l'esprit filial.
Ne craignons pas que cela diminue la gloire de Jésus
; sa gloire n'est pas dans la solitude, mais au contraire dans
sa fécondité spirituelle.
a) Selon son habitude, Jésus n'exprime pas cette vérité
sous la forme d'une pensée abstraite, mais sous la forme
d'une sorte de parabole. « Je suis le cep et vous êtes
les sarments », dit-il ; c'est dire que la vie qui nous
est commune avec Lui nous vient de Lui et ne peut continuer que
par Lui, c'est à dire en d'autres termes que notre vie
s'alimente par son intermédiaire à la grande source
de la vie divine.
Ainsi la liberté spirituelle, la piété
confiante, l'esprit filial sont des dons du Christ. Il semble
que ces privilèges soient liés à la possession
de la sainteté, et pourtant nous en jouissons nous aussi,
sans participer à la sainteté de Jésus. Comment
cela est-il possible? et comment la sainteté de Jésus
ne met-elle pas un abîme entre Lui et nous ?
b) Cela tient d'abord à la nature même de la sainteté
de Jésus et à la façon dont lui-même
paraît avoir envisagé ses rapports avec Dieu. Si
Jésus avait considéré que toute sa vie spirituelle
se résume dans l'obéissance à une Loi, sa
sainteté (c'est à dire son obéissance constante
et absolue) donnerait forcément à sa personne quelque
chose de rigide et il diviserait l'humanité en deux parties,
dun côté les coupables et de l'autre, Lui,
le Saint ; il n'y a rien de pareil dans son attitude.
Comment le fait même qu'il aime les hommes sans réserves
pourrait-il mettre une barrière entre Lui et eux ?
c) D'autre part, l'Évangile est une merveilleuse puissance
de rajeunissement, de renouvellement. Cela ne frappe pas des jeunes
gens qui ont encore la vie intacte devant eux, mais les hommes
qui ont derrière eux une vie dont le poids entrave leurs
efforts, comprennent ce que vaut pareille puissance.
Ainsi par exemple, l'intimité avec Dieu devrait être
réservée aux curs purs ; mais le cur
qui s'est laissé entraîner loin de Dieu peut retrouver
par l'Évangile sa pureté primitive ; les sarments
desséchés peuvent reverdir sous l'action de l'esprit
de Jésus-Christ, son cur d'enfant retrouve en même
temps dans la maison paternelle tous les droits qu'il avait perdus
(parabole de l'enfant prodigue).
L'Évangile est la Bonne Nouvelle du pardon toujours possible
et du renouvellement sans cesse offert à celui qui revient
vers Dieu.
Que ce rayonnement de la vie divine soit une réalité,
c'est ce qu'affirment toutes les Églises chrétiennes
; comment il s'accomplit, c'est ce que nous aurons à étudier
maintenant.
Jean 15, 1- 8 Le cep et les sarments
Jean 5, 9-17 Comme je vous ai aimés
Jean 7, 37-46 Si quelqu'un a soif...
I Corint. 2, 1-10 La sagesse de Dieu
Romains 8, 9-17 Christ en nous
Ephés. 4, 11-15 Celui qui est à la tête
: Christ
Coloss. 3, 12-17 Tout faire en son nom
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Chapitre III - Expansion de la vie divine
1- L' Église Primitive
Lors de la crucifixion de Jésus, il n'y avait pas d' Église
Chrétienne. Jésus n'avait jamais cessé de
fréquenter le temple juif et n'avait jamais poussé
ses disciples à en négliger les cérémonies
pour se grouper à part. Aussi lorsque les premiers chrétiens
s'organisèrent au lendemain de la Pentecôte, ils
ne se séparèrent pas des juifs. Ils étaient
des juifs qui pensaient que le Messie était venu et qu'il
s'appelait Jésus de Nazareth.
a) Lorsqu'on connaît les idées qu'on se faisait
du Messie à cette époque et qu'on voit les Disciples
attribuer ce titre à Jésus malgré sa pauvreté,
son humilité, malgré la honte de sa crucifixion,
on mesure la puissance de l'impression qu'il avait dû faire
sur eux.
Cette impression fut si forte que des hommes qui n'avaient jamais
connu Jésus personnellement, en subissaient la contagion
; et non seulement des ouvriers (sic) sans instruction, comme
les douze Disciples, mais de grands penseurs au courant de la
philosophie de leur temps, comme saint Paul et saint Jean, si
grand était le rayonnement spirituel de Jésus.
Enfin lorsque les premiers essais théologiques qui assimilaient
Jésus à Dieu parurent, cela ne parut pas choquant
à des hommes qui avaient mangé à sa table,
dormi près de Lui, et l'avaient connu dans toute l'humble
faiblesse de son humanité ; tellement ils avaient eu l'impression
devant Lui d'une personnalité unique, incomparable.
b) D'ailleurs les traits qui frappaient particulièrement
les premiers disciples n'étaient pas ceux auxquels nous
nous attachons aujourd'hui. Ce qu'ils mettaient en relief, c'était
la puissance de Jésus ; ses miracles en étaient
pour eux une preuve décisive ; ils comparaient volontiers
Jésus à Élie ou à Jean Baptiste. Par
contre la bonté de Jésus, sa bienveillance pour
les petits, sa sévérité pour les orgueilleux,
sa pénétration spirituelle les intéressaient
à moindre degré ; ils les ont bien relevées,
car sans cela nous ne les connaîtrions pas, mais ils ne
s'y arrêtaient pas.
De même la mort de Jésus ne prenait pas dans leur
pensée la place qu'elle a prise plus tard dans la pensée
chrétienne. C'est à saint Paul que remonte notre
conception de la personnalité spirituelle de Jésus.
c) L'Église fut d'abord un petit cercle très ardent
d'hommes et de femmes généralement pauvres et sans
instruction ; fidèlement attachés à la loi
de Moïse, ils étaient en même temps dressés
contre le peuple juif, coupable d'avoir crucifié le Messie.
Groupés autour des Apôtres, notamment de Pierre
et de Jacques, « les frères du Seigneur »,
ils conservaient soigneusement le souvenir de Jésus, de
son enseignement, de sa vie, de sa mort et de sa résurrection,
et vivaient dans l'amour fraternel et la simplicité de
cur.
Enfin ils prêchaient l'Évangile sans se préoccuper
de créer aucune institution durable, persuadés que
l'apparition du Messie et son supplice marquaient l'approche de
la fin du monde et du jugement de Dieu.
Lectures : Actes des Apôtres :
2, 1-21 La Pentecôte 6, 8 à 7, 1 Etienne premier
martyr
2, 36-47 Premières conquêtes 7, 44-60 «
Hommes au col raide »
3, 1-11 « Je n'ai ni or ni argent » 11, 1- 8
Le premier païen converti
3, 21-26 Héritiers des Prophètes
2- Saint Paul
Toute l'histoire du I° Siècle est dominée par
la puissante personnalité de saint Paul. Non seulement
il a été le plus grand des Missionnaires et le premier
des moralistes chrétiens, mais on peut dire qu'en définitive
c'est lui qui a donné au christianisme le cadre dans lequel
il s'est développé depuis lors.
a) D'abord saint Paul a brisé l'enveloppe juive dans
laquelle les premiers disciples avaient laissé l'Évangile
enfermé. Il a affirmé que les privilèges
attachés à la qualité d'Israélite
étaient abolis par la prédication, la vie et la
mort de Jésus ; et il a posé le christianisme comme
une religion universelle, à laquelle tous les hommes ont
même accès, et où rien ne compte si ce n'est
les dispositions d'un cur qui s'abandonne à l'action
de Jésus-Christ ; en d'autres termes, une religion où
la foi suffit au salut.
b) Non seulement il rompit avec le judaïsme, mais il sut
lui faire une place dans sa conception générale
de l'histoire du monde.
Jésus est bien réellement le Messie ; mais par
là même la loi est abolie ; il marque la fin d'une
époque. Avec une intuition admirable du sens de l'histoire
et de la vie spirituelle, l'apôtre affirme le caractère
progressif de la révélation divine et en marque
les deux étapes essentielles : religion de l'obéissance
et religion de l'amour, ou comme il disait plutôt, «
religion de la loi et religion de la grâce ».
c) Enfin, il trouve pour désigner cette ère nouvelle
dans laquelle Dieu nous a introduits par Jésus-Christ,
un mot à la fois simple et profond qui parle au cur
de tous les hommes et dont les plus grands penseurs n'épuiseront
jamais le sens : l'amour.
L'amour est la loi de ce que Dieu fait pour nous , de ce que
nous devons faire pour Lui, de ce que nous nous devons les uns
aux autres ; ainsi le christianisme n'est pas seulement une piété,
il est une théologie, une morale, une philosophie ; il
est une conception générale du monde et de la vie
tant morale et sociale que religieuse.
Le christianisme devient le germe de toute civilisation nouvelle.
Actes 9, 1- 9 Conversion de saint Paul
I Timot. 1, 12-17 Le persécuteur devenu apôtre
I Théss. 2, 3-12 Le fidèle ministère
de saint Paul
Actes 13,13-33 Paul prêche Jésus, Messie crucifié
Galates 2, 1-10 Essai de concorde entre deux tendances
II Cor. 3, 7-18 Les deux ministères : mort et esprit
Galates 5, 1-10 L'Évangile de la liberté
3- L'Église des martyrs - Lévolution vers
le Catholicisme
L'évolution vers le catholicisme
Pendant deux siècles et demi, de l'an 62 à 313,
le christianisme fut persécuté dans l'Empire Romain,
c'est à dire dans tout le monde alors civilisé.
Cette persécution n'arrêta pas ses progrès
extrêmement rapides ; à certains égards elle
fut même salutaire en purifiant l'Église de ses éléments
douteux, mais elle obligea l'Église à se concentrer
et par là elle lui imposa des caractères qui n'étaient
pas ceux de sa première période.
Les caractères généraux de l'Église
aux 2° et 3° siècles sont les suivants :
a) Une grande diversité dans les idées et les
conceptions religieuses. Cette variété ne pouvait
être limitée ni par la tradition qui n'existait pas
encore, ni par la Bible, les livres du Nouveau Testament n'étant
pas encore rassemblés ou n'ayant pas l'autorité
qu'ils devaient avoir plus tard.
Il devint donc nécessaire d'établir dans l'Église
une certaine unité afin de donner l'autorité aux
idées que l'on jugeait vraiment conformes à la prédication
de Jésus et des apôtres.
b) Cette autorité devenait d'autant plus nécessaire
que les idées les plus extravagantes se faisaient jour,
et que les mélanges les plus inattendus se produisaient
entre les idées et les murs chrétiennes, et
le paganisme au milieu duquel vivaient les croyants.
On fut amené ainsi à établir une règle
de foi et à considérer que l'essentiel était
de croire exactement cet ensemble de doctrines que l'on appelait
orthodoxe (c'est à dire croyance exacte) et d'échapper
ainsi à l' hérésie (c'est à dire croyance
séparée). Ces mots qui auraient été
incompréhensibles aux premiers chrétiens, prirent
bientôt la première place dans le langage ecclésiastique.
c) Enfin pendant les persécutions, le clergé s'était
acquis par son courage et sa dignité un légitime
prestige, et son influence ne fit que grandir pendant les invasions
barbares, et dans la période de dépression et d'envahissement
qui suivit la fin des persécutions.
Les privilèges exclusifs que les chefs d'Églises
s'étaient ainsi acquis, se fortifièrent de jour
en jour par analogie avec les habitudes juives ou païennes.
Ainsi se constitua à la faveur des circonstances historiques,
ce qui devait être l'essentiel du catholicisme :
· Une Église ou l'unité est assurée
par l'autorité,
· Un christianisme conçu comme une doctrine à
croire, plutôt que comme une vie à propager,
· Un clergé radicalement séparé
du reste des fidèles.
Apocal. 14, 17-24 Le jugement des persécuteurs
I Timot. 4, 8-16 La prédication évangélique
Ésaïe 41, 8-14 Dieu veille sur son Église
Galates 1, 6-12 N'abandonnez pas le pur Évangile
Actes 15, 3-21 Premières difficultés dans
l' Église
Actes 15, 22-35 « Il a plu au St-Esprit et à
nous »
Juges 9, 7-21 Le service est la véritable autorité
4- Le Catholicisme
Il est difficile de parler du catholicisme avec exactitude et
par conséquent avec équité, parce qu'il y
a sous ce mot une grand variété de conceptions et
de sentiments. Nous essaierons donc de définir simplement
ce qui fait le fond permanent de la pensée et de la vie
catholique.
a) L'idée essentielle de catholicisme, c'est que l'Église
n'est pas une institution fondée par les croyants pour
mettre en commun leur activité spirituelle ; c'est une
institution divine, fondée par Jésus lui-même
et destinée à le remplacer sur terre. Il lui a transmis
son autorité, ses droits et ses privilèges propres
par l'intermédiaire de l'apôtre Pierre ; en sorte
que Dieu s'incarne dans l'Église, comme il s'incarnait
en la personne de Jésus.
Remarquons qu'il y a là une déformation d'une
idée très belle et très juste ; les chrétiens
sont appelés en effet à continuer l'uvre de
leur Maître. D'autre part, continuer la tâche de Jésus,
ce n'est pas hériter de son autorité.
Cette conception de l'Église conduit logiquement à
exclure de la vie chrétienne quiconque est en dehors de
l'Église ; elle aboutit ainsi à l'intolérance.
b) L'Église Catholique, étant par Dieu destinée
à remplacer la personne visible du Christ, aura naturellement
le droit de parler comme Lui au nom de Dieu, de formuler des commandements
nouveaux, et surtout d'accorder ou de refuser le pardon. Comme
une pareille autorité ne peut appartenir qu'à l'Église
dans son ensemble, elle sera exercée en fait par des hommes,
les prêtres, auxquels aura été transmis par
une cérémonie spéciale (l'ordination) le
pouvoir délégué par Jésus à
l'Église. Le prêtre deviendra ainsi l'intermédiaire
nécessaire entre Dieu et l'homme, sans lequel le repentir
le plus vrai ne saurait appeler le pardon de Dieu.
En définitive le catholicisme nous apparaît comme
une forme de christianisme pour laquelle la vie divine n'est accessible
aux hommes que par l'intermédiaire d'une société
historique déterminée, l'Église Romaine.
Le protestantisme au contraire est le contact direct avec Dieu,
personne n'ayant qualité pour se placer entre Lui et nous.
Genèse 3, 1-13 Le premier péché
Genèse 6, 5 à 7,10 Le déluge
Genèse 8, 6-22 « Je ne frapperai plus la terre
»
Genèse 9, 8-15 L'alliance première
Matthieu 20, 1-16 Les ouvriers de la 11° heure
Jean 16,15-32 La séparation et le revoir
Jacques 3, 1-12 La langue
5- La civilisation Catholique au Moyen Âge
Si l'on veut être équitable avec le catholicisme,
il ne faut pas le juger dans le cadre de la pensée et de
la vie moderne, mais dans la suite de son histoire et notamment
au Moyen-Âge où l'Église, après avoir
sauvé la civilisation occidentale, a essayé de réaliser
son idéal social, moral et religieux.
a) « Le monde doit être gouverné par Dieu
», tel est le principe que l'Église a essayé
de mettre en uvre. Il est évident pour tout homme
religieux que rien ne doit échapper au commandement de
Dieu ; et le chrétien considère aussi comme évident
que l'Évangile nous fournit le principe non seulement de
la vie personnelle, mais aussi de la vie sociale.
Malheureusement l'Église a matérialisé
cela comme elle a fait pour tous les principes chrétiens.
Elle a confondu le gouvernement de Dieu avec le gouvernement de
l'Église, et sous prétexte de soumettre le monde
à Jésus-Christ, elle a essayé de soumettre
les rois aux papes. Par là, elle a déchaîné
des luttes et des oppositions irréductibles contre sa tentative
de théocratie (gouvernement de Dieu).
b) Poussés par un besoin très noble de vie parfaite,
de sainteté chrétienne et de consécration,
un grand nombre d'hommes et de femmes se sont engagés dans
les Grands Ordres Religieux. Ces ordres ont rendu des services
inappréciables à la civilisation dans l'ordre social,
moral, intellectuel, et il n'est pas exagéré de
dire qu'ils ont sauvé le christianisme.
Mais en se retirant de la vie courante, ils ont jeté
sur elle, une sorte de discrédit et introduit dans la pensée
chrétienne, une conception inexacte de la perfection chrétienne
qui a fini par fausser le sens moral de la chrétienté
catholique, et a soulevé l'âpre opposition de la
Réforme.
c) Enfin, l'Église a constitué sous le nom de
scolastique, une philosophie et une théologie, c'est à
dire une conception générale du monde, de l'homme,
de Dieu et de leurs rapports mutuels qui constituait à
l'époque la somme de toutes les connaissances acquises.
L'Église était le grand foyer de pensée et
de vie intellectuelle.
Cette philosophie avait la valeur que pouvait lui donner l'état
des connaissances à cette époque, et tout aurait
été normal si l'Église n'avait prétendu
en faire la philosophie définitive et absolue. Par là,
elle se mettait au travers du progrès, et très vite
elle se heurta à un grand mouvement de pensée :
la Renaissance qui porta les premiers coups à son autorité
intellectuelle.
Cette époque est une de celles ou l'Église a été
le mieux en état de donner sa mesure. Elle n'a malheureusement
pas su distinguer l'Évangile des formes passagères
dans lesquelles il s'exprimait, et par là elle a gravement
compromis le développement religieux de l'Europe occidentale
et particulièrement des pays latins.
Mais elle a droit à la reconnaissance de toute l'humanité
chrétienne pour l'uvre immense qu'elle a malgré
tout accompli à une époque particulièrement
agitée et difficile.
Genèse 11, 1- 9 La Tour de Babel
I Samuel 12, 1-15 De nobles adieux
Job 31, 3-35 Job plaide son innocence
Psaume 8, 1-10 Qu'est-ce que l'homme ?
Psaume 16, 1-11 Le bonheur est en Dieu
I Thés. 3, 6-16 Pas de désordre !
I Pierre 5, 1- 7 Anciens et Jeunes
6- La Réforme - Les faits et les Hommes
La Réforme est un mouvement religieux qui éclaté
à la fin du 15° siècle et eut pour résultat
de détacher de l'Église catholique une grande partie
de l'Europe.
La Réforme eut pour occasion la corruption de l'Église
catholique qui était alors effroyable et ses abus qui trouvèrent
leur expression la plus choquante dans la vente des indulgences.
Elle eut pour cause profonde le mouvement général
des esprits connu sous le nom de Renaissance qui ramena l'attention
sur les textes de l'Antiquité et notamment sur le Nouveau
Testament. La comparaison entre l'enseignement de Jésus
et celui de l'Église permit de constater combien celle-ci
s'était écartée de son point de départ.
a) La Réforme n'avait pas pour but de créer une
Église nouvelle à côté de l'Église
catholique, mais comme son nom l'indique, de réformer celle-ci
et de la ramener à ses origines.
Malheureusement il était trop tard pour entreprendre
une uvre de cette ampleur ; on pouvait bien améliorer
et purifier la vie de l'Église, mais on ne pouvait plus
modifier son enseignement pour le rendre conforme à celui
de Jésus. L'Église se considérant comme infaillible,
n'avait pas le droit de dire : «Je me suis trompée»,
et ne pouvait donc plus se réformer sans se renier elle-même.
La Réforme eut donc pour résultat de créer
des Églises nouvelles à côté de l'Église
catholique
b) Comment naquirent ces Églises ? En fait, il y eut
deux Réformes :
1- La Réforme allemande, qui eut surtout pour cause les
abus du clergé. Elle prit d'emblée le caractère
d'une revendication morale. Il semble qu'elle aurait pu avoir
satisfaction assez facilement si l'Église catholique avait
consenti à réformer sérieusement ses murs
et ses pratiques.
2- La Réforme française, qui est beaucoup plus
visiblement fille de la Renaissance. Elle commença dans
les milieux intellectuels où on était frappé
de la différence entre ce qu'on enseignait dans l'Église
et ce qu'enseigne le Nouveau Testament. Elle fut surtout au début
une revendication d'ordre intellectuel et l'Église n'aurait
pu lui donner satisfaction qu'en modifiant totalement son enseignement,
et en renonçant à ses prétentions.
c) Les hommes qui ont dominé les deux branches de la
Réforme ont imprimé à chacune d'elles son
caractère définitif.
· LUTHER en Allemagne était surtout une belle
âme religieuse, il a développé le mouvement
de la Réforme dans le sens de la piété et
de l'art. C'était une nature très sympathique mais
parfois d'une rigidité morale insuffisante.
· CALVIN en France était moins sympathique ; c'était
une nature rude et absolue qui conserve souvent des restes d'intolérance
catholique ; mais c'était une conscience intraitable qui
a imprimé à la Réforme française une
rigidité morale dont on trouverait difficilement ailleurs
l'équivalent.
La Réforme luthérienne s'est surtout répandue
en Allemagne et dans les pays scandinaves. La Réforme calviniste
a conquis l'Écosse, les États-Unis d'Amérique,
la Hongrie, une importante minorité en France et en Suisse.
L'Angleterre a adopté une forme spéciale du protestantisme
dit « anglicane.»
Apoc. 3, 1- 9 Les morts que l'on croît vivants
Apoc. 2, 1- 7 Tu as abandonné ton premier amour
Joêl 2, 12-17 Déchirez vos curs et non
vos vêtements
Apoc. 3, 14-22 Contre les tièdes
Apoc. 2, 8-11 N'aie pas peur des souffrances
Daniel 3, 14-25 Dieu avec nous dans la fournaise
II Timothée 2, 1-13 Sois fidèle au Dieu fidèle
7- La Réforme - Les principes a) La question d'autorité
a - La question d'autorité
a) La première question qui s'est posée pour la
Réforme, c'est la question d'autorité.
L'Église catholique disait : « repousser l'autorité
de l'Église, c'est repousser l'autorité de Jésus.
» Seule l'Église a le droit de décréter
et de fixer les commandements de Dieu». A l'autorité
de l'Église, les Réformateurs ont substitué
l'autorité de la Bible.
Ils ont d'abord revendiqué pour la Bible une autorité
historique ; pour savoir ce qu'a dit ou fait Jésus, je
m'en rapporterai aux documents primitifs plutôt qu'à
une tradition vieille de I5 siècles qui a pu se fausser.
Mais surtout ils ont revendiqué pour elle une autorité
religieuse, parce que la Bible contient le reflet de la piété
de Jésus et de la piété des disciples qui
l'ont connu directement. C'est la Bible et non l'Église,
qui décide de ce qui est bien et de ce qui est vrai ; elle
est, selon un mot célèbre « la conscience
de notre conscience ».
b) Les catholiques n'ont pas nié que la Bible fut en
définitive l'autorité véritable ; mais ont-ils
dit, la Bible est un livre obscur, qu'il est difficile de comprendre.
L'Église a seule qualité pour dire aux fidèles
ce qu'il y a vraiment dans la Bible et ce qu'elle attend de nous.
Ainsi en pratique la seule autorité sera l'Église.
Que faut-il penser de cette prétention de l'Église,
que la Bible est un livre obscur que seule elle peut interpréter
? Cela dépend ce que l'on cherche dans la Bible. Si on
y cherche un système de théologie, il est certain
qu'elle est obscure, et qu'on y trouvera du reste plusieurs systèmes
contradictoires. Jésus lui-même y parle de choses
anciennes et de choses nouvelles, de vérités éternelles
et de pensées abolies. Mais si on cherche dans la Bible
l'aliment nécessaire à notre vie religieuse, les
gages de l'amour de Dieu, la règle de notre attitude devant
Lui, et les raisons de notre confiance en Jésus-Christ,
elle est assez claire pour que tout le monde la comprenne.
Au fond, la question de savoir si la Bible est un livre simple
ou un livre compliqué, revient à savoir si la vérité
qu'on y cherche est compliquée ou si elle est assez simple
pour se faire connaître de nous par ce que Calvin appelait
« le témoignage intérieur du Saint-Esprit
».
c) Le catholicisme a toujours représenté la Réforme
comme vouée à un échec parce qu'elle voulait
maintenir parallèlement l'autorité de la Bible et
le libre examen. Pour lui, il faut choisir liberté ou autorité.
L'Église aurait raison s'il fallait entendre par autorité
de la Bible une autorité tyrannique et matérielle,
telle que la lettre de chaque mot ferait loi pour nous. Mais quand
nous parlons de l'autorité de la Bible, nous entendons
l'autorité de la conscience de Jésus, connue par
la Bible.
Il faut donc penser que celui qui a voulu nous affranchir de
toutes nos servitudes, n'a pas maintenant pour but de nous asservir.
Il faut nous placer avec des esprits libres en face de la personne
de Jésus ; l'idéal qui brille en elle est assez
beau pour nous entraîner par le seul attrait de la vérité.
Dans l'éducation religieuse de nous-mêmes, comme
en toute éducation, il faut savoir garder leur place à
la fois à l'autorité et à la liberté.
Osée 14, 1- 8 Retour au culte en esprit
Psaume 68, 2-21 Psaume des batailles
Jérémie. 20, 7-11 L'indiscutable autorité
Luc 7,24-35 Ceux qui reconnaissent l'autorité spirituelle
Matth 7, 1- 6 Ne jugez pas I
I Cor. 4. 9-15 L'injuste opprobre
Ézéch. 18, 1-13 Les responsabilités
individuelles
8- La Réforme - Les principes b) Le Salut par la Foi
b - Le Salut par la Foi
La Réforme n'a pas renouvelé seulement la méthode
religieuse en revendiquant pour Jésus-Christ toute l'autorité
; elle a modifié dans son fond l'attitude religieuse du
chrétien, en posant la question du salut qui paraissait
nouvelle, mais qui se rattachait en réalité à
la pensée de saint Paul.
a) « J'ai commis des fautes (des péchés),
comment échapperai-je au châtiment que j'ai méité?
». Voilà comment se posait pour l'Église la
question du salut.
Avant même d'examiner la réponse à faire,
la Réforme protestait contre la façon dont elle
était posée. Le péché, disait-elle
n'est pas un acte contraire au commandement, c'est la disposition
d'un cur qui n'est plus en contact avec Dieu ; ce qui est
grave, ce n'est pas telle ou telle désobéissance
particulière, c'est que la source même de la vie
morale est atteinte, c'est que ma volonté n'est pas bonne,
c'est que mon cur n'est pas pur. Compter les péchés
pour les effacer un à un est chose puérile ; ce
qu'il faut, c'est détruire la source du mal en moi. Un
homme qui aurait toujours réussi à maîtriser
ses mauvais instincts, mais qui les porterait en lui, ne serait-il
pas moins un pécheur ? Il aurait ce que Jésus appelait
« une justice de scribe ou de pharisien ».
D'autre part, il ne s'agit pas tant d'échapper au châtiment
que d'échapper au péché lui-même. «
Qui me délivrera de la puissance du mal? » Voilà
la vraie question religieuse ; et non : « Qui me dispensera
de subir le châtiment que j'ai mérité? »
b) A des questions si différentes, les réponses
doivent être différentes aussi. Un acte coupable
peut être racheté par une bonne uvre, et on
peut essayer d'établir une sorte de compensation entre
les bonnes et les mauvaises actions. L'Église catholique
enseignera donc le salut par les uvres avec des aumônes,
des jeûnes, des prières. On pourra compenser, racheter
les fautes commises, faire pénitence et par cette sorte
de châtiment volontaire que l'on s'impose « acquérir
des mérites » et éviter ainsi le châtiment
de Dieu. Ces conceptions sont évidemment inacceptables
pour les Réformateurs. Si mon cur est mauvais, ce
n'est pas avec des uvres que je le changerai, mais seulement
par un acte de sincérité et de décision qui
s'appelle le repentir ; si je suis loin de Dieu, ce n'est pas
par la pénitence que je reviendrai à Lui mais seulement
par cet acte d'abandon qui s'appelle la foi ; et si mes fautes
passées pèsent sur moi, Dieu me les pardonnera à
cause de son amour tel qu'il me l'a fait connaître en Jésus-Christ,
et non à cause de mes mérites et de ceux d'autrui,
car l'idée d'un mérite, c'est à dire d'une
dette de Dieu envers un homme est incompréhensible.
Ainsi au salut par les uvres, la Réforme opposait
le salut par la foi. Cela ne signifie pas que nous mettons la
croyance au dessus de la conduite, mais que derrière les
actes nous cherchons le sentiment qui les inspire. Qu'est-ce qui
fait notre valeur devant Dieu ? Est-ce le fait d'accomplir un
certain nombre d'actes, d'appartenir à une certaine Église
et de lui obéir ou est-ce l'orientation générale
de notre vie ? Cette question sera éternellement posée
devant les hommes sous des formes diverses, et la réponse
des Réformateurs nous paraît la plus évangélique,
la plus libérale, la plus humaine qu'un chrétien
puisse lui donner.
Luc 7, 2-10 Une belle foi
I Cor. 9, 8-15 La foi en celui qui donne la semence
II Pierre 1, 3-11 Les uvres de la foi
II Cor. 3, 1-6 Une lettre du Christ
Coloss. 2, 6-23 Contre les enseignements « humains
»
I Thess. 1, 2-10 Nous pensons à votre foi
Galat. 3, 1-9 Les hommes de foi
9- Les ambitions du Protestantisme
Nous avons essayé de montrer comment les Réformateurs
s'étaient efforcés de rejoindre l'Évangile
authentique de Jésus-Christ par dessus les erreurs et les
déformations d'une tradition souvent infidèle à
l'esprit même de ses origines. Par une réaction quelquefois
excessive, bien qu'évidemment nécessaire, le protestantisme
a paru n'avoir d'autre raison d'être que de s'opposer aux
conceptions catholiques. Cependant, il était en réalité
une uvre constructive et non une simple négation
; il voulait rendre à l'Église la sève évangélique,
le sens de la liberté spirituelle et la valeur universelle
de la foi.
Ces trois expressions représentent les ambitions permanentes,
toujours poursuivies, jamais pleinement réalisées,
des Églises protestantes.
1) La Réforme a voulu mériter le titre dÉvangélique,
en revenant à lÉvangile original et plus généralement
aux conceptions religieuses exprimées dans les Livres du
Nouveau Testament. Mais les Églises qui en sont issues
ne peuvent mériter pleinement ce beau titre que si elles
sont fidèles à lesprit et à lexemple
du Christ autant quà sa doctrine, si elles savent
conformer leur vie à la sienne et renouveler son sacrifice.
2) La Réforme a voulu sauvegarder ou restaurer la liberté
chrétienne, mais la liberté vis à vis des
autorités humaines nest légitime et sacrée
que dans la mesure où elle laisse le champ libre à
lautorité de Dieu, et elle nous invite à chercher
le fondement de notre salut dans une réalité plus
profonde que la soumission aux doctrines et aux cadres de lÉglise.
Un chrétien protestant qui revendique sa liberté
spirituelle doit reconnaître et respecter celle de ses frères,
admettre que lon puisse participer à la vie divine
avec des idées autres que les siennes.
3) Par là, il donnera à sa foi une valeur vraiment
humaine et universelle. La piété protestante se
caractérise par son effort pour éliminer tout ce
qui est artificiel, tout ce que Dieu ne confirme pas par son Esprit,
dans le cur du croyant? Cest ainsi quelle sefforce
de faire entrer dans sa vie tout ce qui mérite dêtre
aimé, dêtre recherché, dêtre
servi. Par là, elle mériterait plus que toute autre
le titre duniverselle.
Ainsi le protestantisme reste fidèle à lesprit
même de Jésus-Christ, qui ne voulait pas créer
des barrières nouvelles entre les hommes, mais renverser
au contraire celles qui existaient avant Lui.
Ézéchiel 37, 1-14 Les morts revivent
Jérémie 18, 1-10 Responsabilités des
Nations et Églises
I Jean 1, 1-17 Dieu est Lumière
Philip. 2, 12-18 Irréprochables et purs
Galates 5, 13-25 La vraie liberté
II Cor. 6, 3-10 Comment faire respecter sa foi
Philip. 4 , 8-13 Tout pour Christ, tout par Christ
Réagissez sur le blog de l'Oratoire, c'est un espace où vous pouvez faire profiter les autres de vos propres réflexions...
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