Le dernier article de la Feuille Rose sur Topaza remonte, très exactement à un an.
Nous avions appris qu’à la suite de pluies diluviennes qui s’étaient abattues sur la ville, un important glissement de terrain avait considérablement fragilisé la maison principale de l’orphelinat, obligeant les enfants à se réfugier en se tassant dans le bâtiment annexe, qui avait été construit il y a quelques années. A l’époque, Claudine avait pu dégager avec l’Oratoire les fonds nécessaires pour cette construction qui avait permis de faire une salle d’étude, équipée de tables scolaires provenant d’une école française qui renouvelait son mobilier. Les enfants y disposaient aussi d’une bibliothèque. La construction de cette annexe avait permis d’améliorer le confort de la maison principale en dégageant des pièces permettant de fournir des chambres pour le personnel.
Les dégâts étaient considérables. Il a fallu consolider sommairement les parties fragiles. Le verdict était sans appel: Il fallait reconstruire.
L’orphelinat de Topaza appartient à la FJKM, l’église protestante de Madagascar, qui à l’image du reste du pays est pauvre et n’avait pas les moyens d’investir dans une nouvelle maison. Il y a bien eu des contacts pris avec des partenaires étrangers, suisses notamment, mais rien n’a pu aboutir. Alors la vie a continué. Enfants et personnels se sont tassés, les panneaux solaires ont continué à fournir un peu de courant. Un maximum d’enfants ont été inscrits dans des écoles, plusieurs en internat.
Le 28 février 2011, une nouvelle terrible nous est parvenue. La directrice Tantely, était arrêtée parce que sous la pression de certains courants politiques liés à l’ancien président de la République en exil, elle avait laissé une radio clandestine émettre depuis l’orphelinat.
Topaza était dès lors décapité. La direction fut laissée à l’adjointe, Hérizo, ancienne orpheline elle-même, ne parlant pas français, complètement désemparée, qui a fait ce qu’elle a pu pour s’occuper des enfants.
Claudine a eu beaucoup de mal à recevoir des informations fiables de la FJKM, qui depuis Tananarive supervisait l’orphelinat.
Sur place, une jeune malgache qui venait de terminer ses études de psychologie en France a pu suivre les problèmes psychologiques des enfants, et du personnel et en rendre compte chaque semaine à Claudine. Grace à ses séances de thérapie auprès des enfants les plus perturbés, le comportement de certains petits atteints d’énurésie a pu s’améliorer. On a pu rémunérer cette jeune femme en dégageant des fonds sur les parrainages.
Parallèlement nous avons pu obtenir le concours de deux jeunes femmes françaises présentes à Tananarive.
La première Mélanie Garnotel, membre de l’association «le Monde», était venue visiter deux orphelinats: Topaza et Sainte Marie pour distribuer des kits scolaires aux enfants. Elle a accepté de rester à titre bénévole jusqu’à la fin décembre pour épauler Tantely, qui venait d’obtenir une libération provisoire. Elle s’est principalement occupée de la communication avec les parrains. La seconde, Julia Arslane, est venue faire un stage de fin d’étude d’art thérapie à Tananarive. Elle aussi intervient trois après- midi par semaine à titre bénévole. Elles ont menée toutes les deux auprès des directrices des écoles une enquête sur le comportement de chaque enfant afin de pouvoir déterminer leur niveau et leurs problèmes.
La grande préoccupation reste la situation de Tantely, qui après plusieurs mois de détention ne va pas bien et est très fragile. Elle a bénéficié d’une libération provisoire en attendant que s’ouvre le procès de l’ensemble des personnes arrêtées en même temps qu’elle.
Sur le plan de la gestion, pendant son absence, la signature du compte a été donnée à une amie malgache connue de l’Oratoire, sous le contrôle de Claudine. Les fonds de l’Entraide ont été réorientés sur le financement des études des enfants, dont plusieurs sont en internat. Désormais, nous ne finançons plus l’achat de produits protéinés, et il a été demandé à Monsieur David, de la FJKM d’intervenir auprès des paroisses locales pour que chacune d’entre elles fasse des dons en nature: riz, huile, sucre, savon, volailles.
L’argent des parrainages est strictement réservé aux enfants concernés. Les dons non attribués à des parrainages nominatifs, sont consacrés à l’entretien de première nécessité et en particulier à celui des panneaux solaires.
Au jour d’aujourd’hui, la situation de Topaza reste suspendue à deux évènements: le jugement définitif pour Tantely qui interviendra fin décembre et la réunion en 2012 du synode national de l’Eglise malgache qui renouvellera une grande partie des postes de la FJKM.
François Lerch
