Tout est là, il manque parfois un petit déclic( livre du prophète Aggée )(écouter l'enregistrement - culte entier - voir la vidéo) Culte du dimanche 13 octobre 2013 à l'Oratoire du Louvre Le nom du prophète Aggée est rigolo en français, peut-être que le prophète Aggée était âgé, ce serait le cas s’il a connu le temps du temple de Salomon, 65 ans avant (2:3), mais peu importe son âge. En hébreu, le nom de cet homme signifie « la fête ». Son nom est déjà un programme, et c’est à une fête qu’il nous invite. Il nous dit dans ce livre que tout est prêt pour que notre vie soit une fête. Tous les fondamentaux sont là, il ne manque que le signal qui lance la fête. Notre être, notre vie, ce monde est comme une voiture puissante à laquelle rien ne manque, juste que l’on démarre le moteur et que l’on prenne la route. Il ne manque qu’une chose, c’est que la vie s’anime. C’est à la fois presque rien et c’est tout. Parfois, nous dit ce texte, tout est prêt pour la fête et pourtant c’est la tristesse. C’est le cas de notre monde où nous avons infiniment plus pour être heureux qu’il y a 100 ans, mais où parfois nous avons l’impression que nous patinons dans la semoule, comme dans ce texte du prophète Agée. Il nous parle du travail fait avec ardeur mais qui ne nous fait pas avancer. Nous avons de la nourriture mais elle nous laisse sur notre faim, des vêtements mais ils ne nous réchauffent pas le cœur, plein de boissons mais nous brûlons de fièvre, même l’argent file sans que nous sachions par quel trou il a filé, nous dit le prophète. Pourtant, dans la situation décrite par le texte et qui est un miroir pour notre propre existence, tout est en place : il y a un roi qui règne : Zorobabel « fils de la prière à Dieu », c’est parfait. Il y a un grand prêtre qui fait son office : Josué « le salut de l’Éternel, fils de la justice de Dieu », c’est l’idéal de la religion. Il y a un peuple tout entier qui vit et qui travaille, qui sème, qui cultive avec ardeur. Il y a enfin un prophète qui est un véritable « ange de l’Éternel », nous dit le texte (1:13), ce prophète parle avec bienveillance et sagesse, il nous parle de la vie qui est faite pour être belle. Tout le monde écoute le prophète et se mobilise en 3 semaines… Et enfin, et surtout, il y a Dieu qui est au milieu de ce peuple, Dieu qui est en nous, dit le prophète (2:14). Et ce Dieu n’est pas le moindre des atouts dans notre vie, il l’appelle « Yahou Tsebaoth », expression qui dit à la fois la tendresse infinie et la force prodigieuse de Dieu pour nous. Il est le Dieu de tous les retournements possibles, capable d’ébranler l’univers pour ouvrir un chemin de salut si nous étions dans une impasse. Ce Dieu est là, il est « avec nous », il est « pour nous » selon sa promesse (1:13, 2:4, 2:5). Il est en nous par son Esprit, nous dit ce texte. Alors que manque t-il ? Rien. Tout est là, il manque juste un déclic. Il faut trouver le bouton, démarrer le moteur et s’élancer. Il manque parfois un tout petit quelque chose pour se lancer, pour que notre façon de voir et de vivre change. Par exemple quand nous n’avons pas le moral, ou dans une dispute. Parfois le déclic qui nous sauve peut venir de presque rien, d’un geste qui déride l’atmosphère, d’une parole, ou un souvenir, un éclair de lucidité… Nous avons tout pour être quelqu’un de génial dans une vie géniale, nous dit ici le prophète. Si seulement nous pouvions ouvrir les yeux et voir la merveille que nous sommes, animés d’un souffle divin de tendresse, d’intelligence et de créativité personnelle, au point que nous sommes un signe vivant de Dieu dans le monde (2:13). Mais l’Esprit de Dieu sommeille parfois en nous. Il est comme absent sans l’être pour autant. Nous sommes, chacun d’entre nous, ce roi, ce prêtre, ce peuple tout entier en qui Dieu espère réveiller l’Esprit, le souffle divin.
Nous sommes déjà ce roi, ce prêtre, ce peuple, nous sommes aussi ce prophète qui nous invte à la joie, car l’Esprit nous a déjà été donné par Dieu, non seulement au roi, au prophète mais à tout le peuple, à toutes les fibres de notre être. Selon sa promesse, Dieu est là, auprès de nous, il est en nous, il est entre nous dans les vraies liens qui nous unissent. Il n’y a plus qu’à… Tout est là, il manque un déclic. Construire le temple de Dieu ?Alors que conseille le prophète ? Il semble en première lecture qu’il nous invite à rassembler nos forces, tous ensemble, pour de reconstruire le temple de Jérusalem ? Mais à y regarder de plus près, il me semble au contraire que ce texte est ironique par rapport à cette construction. Il reprend l’épisode historique de la reconstruction du temple de Jérusalem sous l’impulsion de Zacharie pour nous appeler à une autre dynamique de construction plus spirituelle. En effet, le prophète ne nous appelle pas à reconstruire le temple mais à le « construire »(1:2). Et il ne nous parle pas d’un temple en ruine, mais il dit littéralement que « la demeure de l’Éternel » « est desséchée »(1:3, 1:9). Et il insiste ensuite à plusieurs reprises pour dire que ce temple qu’il nous propose de « construire » n’a rien à voir avec le 1er temple, qui passera alors pour rien malgré sa gloire d’alors (2:3, 2:9), parce que la maison qu’il nous propose de construire est la maison « dernière », ultime, et que c’est en elle que Dieu nous donnera la paix, c’est-à-dire l’accomplissement de la construction de notre être et de l’humanité. Et alors, la « gloire de l’Éternel »,c’est à dire sa dynamique d’évolution et de vie sera vraiment manifestée en nous. Par ailleurs, le prophète répète que Dieu est et restera auprès de nous, même sans temple de Jérusalem, que c’était déjà ainsi avant que le 1er temple ne soit construit (1:13, 2:4-5). Il dit même que c’est en nous, « au-dedans de nous, au milieu de nous » que Dieu habite par son souffle, par son Esprit Saint (2:5, Luc 17:21). Qu’y a t-il donc à construire, puisque Dieu habite déjà en nous, même si nous ne le savons pas ? Rien, il n’y a presque rien à construire. Il y a juste peut-être à saisir que Dieu est en nous et à espérer qu’il s’éveille. Et pour cela, peut-être faut-il que nous lui fassions un peu d’espace en nous, si je puis dire, ne serait-ce que l’espace d’une petite cabane au creux de notre être. Quand cette puissance, ce souffle, ou cette gloire se réveillera, alors là oui, ce sera la fête et nous avancerons, nous serons vivants et vivifiants. Alors le prophète que nous sommes sera entendu, le roi que nous sommes sera capable de prendre de libres et belles décisions. Et nos actes suivront enfin les décisions de notre tête, de notre cœur et de notre esprit. Alors, le grand prêtre qui est en nous sera en communion de confiance en Dieu. Alors nous n’aurons plus peur de Dieu, nous dit Aggée. La peur de Dieu n’a aucune raison d’être, nous dit-il à plusieurs reprises. Même quand nous ne sommes qu’une maison desséchée pour Dieu, même quand l’Esprit est en nous tout étroissé et endormi, Dieu est et restera fidèle à son alliance d’amour et de paix. Ça n’a pas de sens d’avoir peur de Dieu, nous dit Aggée, et c’est même contre productif. Cela assèche cette joie de Dieu en nous. Cela fait peser un soupçon de peur sur ce qui vient de Dieu pour nous, et nous le fait accepter qu’avec crainte et donc avec réticence, sous la menace, alors que ce que Dieu a pour nous n’est qu’un dynamisme positif, capable d’ébranler pour nous le ciel et la terre, les rochers et les océans s’il le faut pour nous libérer de ce qui nous empêche de vivre. Dieu libère et rassemble en nous ce qu’il y a de meilleur dans notre humanité (2:7). Aggée y va fort, dans son discours, contre les institutions qui se prennent pour Dieu.
Alors, comment réveiller l’Esprit en nous ? C’est Dieu qui a mis son Esprit en nous et c’est lui qui réveille l’Esprit en nous. Cet Esprit n’attend qu’un déclic pour pouvoir se réveiller. Aggée nous donne trois conseils très simplesAinsi parle l’Éternel des puissances: Ces conseils ne sont manifestement pas utiles pour une construction matérielle d’un temple. Le chemin pour aller au sommet de la collinette de Jérusalem ne demande pas d’être un expert en orientation, et ce n’est pas en montant sur cette montagne que l’on va trouver du bois de construction, mais plutôt en allant d’abord dans les forêts de cèdres du Liban. Mais ces conseils sont manifestement utiles pour la vie de l’Esprit de Dieu en nous. D’ailleurs, dans la suite, Aggée nous dit que ce qui est visé ici, c’est de nous fortifier pour agir (2:4), que notre roi soit fortifié, que notre prêtre le soit, que le peuple entier du pays soit fortifié. L’enjeu est donc effectivement la dynamique de notre être tout entier. Et pour cela, quelques conseils très simples nous sont donnés :
Mais si nous n’avons rien, comment aurions-nous des arbres si Dieu ne nous les donne ? C’est ce que souligne le texte un peu plus loin. Oui, par nos propres forces, sans la dynamique de la bénédiction de Dieu nous n’avons même pas les graines de ces arbres. Mais déjà, nous dit Aggée, si nous considérons avec attention ce qui s’est déjà passé en nous, l’Éternel commence aujourd’hui à porter sa bénédiction, et quatre arbres, nous dit le texte, ont commencé à pousser. Ces quatre arbres sont bien connus dans la Bible pour leur sens symbolique :
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