Bien s’organiser pour vivre

(Nombres 2)

(écouter l'enregistrement - culte entier - voir la vidéo ci-dessous)

Culte du dimanche 4 septembre 2016
prédication du pasteur Marc Pernot

Texte de la prédication (vidéo ci-dessous)

Origène, qui prêchait à Césarée au début du IIIème siècle reconnaît qu’à priori les pages du livre des Nombres qui donnent le recensement du peuple hébreu tribu par tribu, famille par famille, n’ont rien à nous dire. Mais pourtant, nous dit Origène, l’apôtre Paul affirme que « la Loi, la Torah, est spirituelle » (Romains 7:14), ces textes sont donc faits pour nous porter quelque chose de l’Esprit de Dieu. Il suffit donc de lire ces textes par l’Esprit, et de les lire en cherchant derrière la lettre la réalité spirituelle. Je vous propose de prendre une de ces pages : la description de l’organisation du camp des hébreux dans le désert, après avoir été libérés d’Égypte.

Le livre des Nombres est le 4e de la Torah. Si l’on fait abstraction du 3e livre, le Lévitique, qui est un code de prescriptions diverses, le livre des Nombres est le 3e tome de l’histoire du peuple hébreu, donnant finalement une 3e façon d’être après celle décrite à la fin de la Genèse, puis celle décrite au début de l’Exode.

L’histoire commence dans la Genèse avec Abraham, Isaac et Jacob qui découvrent ce Dieu qui les bénit, ils épurent leur vie au point d’en être isolés, tout le monde les fuyant (Genèse 35:5). Spirituellement, c’est un sommet, mais leur vie s’étiole dans leur petite tribu solitaire, enfermée sur sa propre supériorité spirituelle. Ils se dessèchent et sont tout proches de mourir de faim.

Ils vont alors fuir en Égypte, ils y trouveront l’abondance de nourriture et le développement de leur population. C’était bien de passer par l’Égypte mais pas de s’y installer car ils vont en devenir esclaves. Après l’élévation des patriarches, l’Égypte évoque une autre forme de supériorité, le pharaon représente l’Empire pyramidal dont la pointe ne se dresse que pour autant que la base pèse (Claude Birman), et le maintien de cette oppression suppose d’avoir la main lourde.

Avec l’Exode apparaît une 3e façon d’être. Les deux premiers états étaient trop sédentaires, le 1er dans l’isolement d’une foi pure, le second au contraire était un enfermement dans le monde de la puissance. Nous avons là deux désordres. La folie des grandeurs spirituelles conduit à la famine et à l’isolement. La folie des grandeurs pharaoniques conduit à l’oppression et à la mort de la dimension spirituelle. Deux folies si actuelles, mais ne sont-elles pas de tous les temps ? Et toute page de la Bible ne parle en réalité que du présent.

Les hébreux vivent une difficile libération. Ils sont libérés de l’Égypte par le spirituel, par la puissance de Dieu, mais longtemps encore ils regardent en arrière vers ce confort qui se révèle être durablement aliénant.

Spirituellement aussi, ils ont du mal à évoluer. Moïse est là haut sur la montagne, les yeux dans les yeux avec son Dieu, des semaines et encore des semaines. Pendant ce temps là, Aaron et le peuple ont un problème spirituel différent, ils se donnent un Dieu bien visible, bien tangible à la place de ce Dieu insaisissable et surprenant.

Mais finalement, bon an mal an, les hébreux se mettent en ordre de marche, articulant le spirituel et les responsabilités qui sont celle de l’humain pour vivre dans le monde et le transformer. C’est ce que décrit cette page du livre des Nombres.

La Parole de l’Éternel

« L'Éternel parla à Moïse et à Aaron... » commence ce récit. La Parole est adressée aux deux à la fois, Moïse représente l’expérience spirituelle, le souffle prophétique qui voit quasiment Dieu face à face, ou en tout cas qui sent sa présence, qui lui parle et l’entend. Aaron représente la religion, ce choix de faire des efforts ensemble pour faire une place à Dieu dans notre existence. Les deux frères Moïse et Aaron forment ensemble la foi, ils sont comme les deux jambes pour marcher, l’un compensant les faiblesses de l’autre, limitant les risques. Le don de Moïse est celui du face à face avec Dieu, sa faiblesse est que cette expérience est incommunicable, le risque est l’individualisme, l’isolement. Le don d’Aaron c’est de faire participer le peuple à une recherche collective de fidélité à Dieu, la faiblesse d’Aaron c’est d’en venir à compter plus sur la religion que sur Dieu, de compter plus sur l’église, ses décrets et ses rites, ses pyramides, finalement, écrasant la base.

Moïse et Aaron font donc équipe dans cette organisation que nous propose le libre des Nombres, la main dans la main. Et c’est ensemble qu’ils installent au cœur de l’organisation la « tente de la rencontre » où est conservée l’arche d’alliance. Nous avons là de quoi satisfaire à la fois Moïse et Aaron. À la fois un effort pour garder la mémoire de Dieu, bien visible, avec ces vieux souvenir d’expériences passées, ce qui permet de se rassembler, et aide à prier. Mais cette tente est aussi une attente de surprises nouvelles, et peut-être une Parole qui ordonnera que le moment est venu de lever le camp ou de s’arrêter.

Chaque humain campera près de son étendard,
avec les bannières de la maison de ses pères.
Les enfants d’Israël camperont en face,
tout autour de la tente de la Rencontre.

Ce n’est pas simplement le peuple hébreu qui campe en rond autour de la tente de la rencontre, mais explicitement c’est « chaque être humain », chacun compte et tous sont à équidistance du saint des saints qui symbolise la grâce de Dieu.

Les 12 tribus sont donc là, en rond. Ce chiffre 12 évoque l’humanité entière, à la fois les milliards que nous sommes, et l’humanité de chacun d’entre nous, individuellement. Les 12 tribus sont réparties en quatre groupes qui évoquent par la personnalité de son représentant les divers talents de la personne humaine, et donc les diverses responsabilités qui nous sont confiées.

Cette organisation en cercle plus qu’en étoile montre que nulle dimension, nulle responsabilité n’est plus proche de Dieu que les autres. Chaque dimension a besoin de cette force vitale, et chacune apporte aussi à ce cœur spirituel de l’incarner en ce monde, à sa façon, à sa mesure. Il y a ainsi des échanges bilatéraux entre Dieu et chacun de ces pôles, un peu comme l’exprime Jacob dans son rêve avec les anges qui montent et descendent une échelle qui va du sol près de lui jusqu’au ciel.

Une simple loi, un code de bonne conduite, ou des valeurs ne peuvent remplir ce rôle central comme Dieu peut le faire. Car aucun code ne peut entrer dans les plus infimes détails, un code ne peut pas avoir non plus cette mobilité du souffle créateur, et enfin nous avons bien conscience que les codes et les lois, mêmes religieux, sont forgés de main d’homme, et qu’ils sont donc à notre hauteur seulement. C’est pourquoi Jésus relativise la lettre de la Loi pour insister sur l’esprit de la loi et même à vrai dire sur l’Esprit tout court, ce souffle divin qui nous ouvrira les yeux pour voir de nos propres yeux ce que Dieu veut nous dire aujourd’hui.

Les quatre camps, aux quatre points cardinaux représentent quatre talents, quatre responsabilités humaines qui se complètent, qui s’unissent pour avancer et pour essayer de rendre le monde plus vivable. Les rabbins s’appuient sur l’immense Rachi pour interpréter ce que représentent ces 4 pôles, lui-même s’appuyant sur le midrash mais encore sur le texte de la Genèse où Jacob donne sa bénédiction à chacun de ses enfants en particulier, ce qui nous éclaire sur la mission qu’il représente (Genèse 48-49).

À l’Est : Judas

La première tribu citée dans cette organisation est à l’Est, sous la bannière de Juda. C’est cette équipe là qui doit partir en premier quand le moment est venu d’avancer.

Qui est Juda et que représente-t-il comme talent, comme responsabilité ? Jacob compare Judas à un lion, il dit qu’il porte le bâton de commandement. Il représente donc la responsabilité de décider ce qui est juste, il est responsable de l’orientation, de l’étique. C’est la première responsabilité de l’homme, celle qui doit marcher en tête. Et l’on comprend combien il est important que Juda travaille en articulation avec la transcendance, à l’écoute de ce qui peut venir comme Parole de Dieu à Moïse et Aaron, et combien importante est pour Dieu l’espérance de fruits de ce côté là.

On comprend pourquoi c’est ce clan qui doit partir en premier. S’il a été placé à l’Est, c’est que toute la troupe doit marcher dans cette direction, vers le soleil levant, signe d’un jour nouveau et tout ce qu’il peut comporter inattendu. C’est donc à cette responsabilité éthique de l’humain qu’est confiée d’apprendre à accueillir ces surprises et de s’y adapter, de les intégrer dans un déplacement, selon une orientation ayant une chance de rendre le monde plus vivable et l’humanité plus humaine, au sens où Dieu l’entend.

Mais Juda ne suffit pas. Car en regardant comment aller de l’avant, Judas tourne le dos au peuple, et il y a le risque d’une pensée éthique complètement désincarnée. Mais il est suivi par des frères incarnant d’autres talents et d’autres responsabilités humaines.

Au Sud : Ruben

La bannière de Ruben vient en second. En le bénissant, Jacob évoque la force de Ruben mais aussi son caractère impétueux qui irait jusqu’à prendre la place de Dieu. Ruben ressemble au bon et au mauvais côté de ce qu’évoque l’Égypte dans cette saga. Il représente le pouvoir politique qui organise, coordonne, planifie comme pouvait le faire le pharaon, pour le meilleur quand c’est un bon intendant comme Joseph qui est à la manœuvre, pour le pire quand c’est un tyran. Surtout que que c’est aussi dans ce camp de Ruben qu’est la responsabilité de l’usage de la force (avec Gad et Siméon). Il vaut donc mieux que la responsabilité éthique choisisse l’orientation, mais il est bien utile qu’elle passe le relai à la responsabilité d’action pratique. Et là encore, le souffle de Dieu a beaucoup à dire et à espérer dans cette responsabilité.

À l’Ouest : Éphraïm

Éphraïm est le préféré de Jacob. Dans un épisode célèbre, Jacob croise ses mains afin que sa main droite soit sur la tête d’Éphraïm et non sur celle de son frère ainé quand il les bénit. Jacob fait ainsi d’Éphraïm son successeur, chargé de coordonner l’ensemble des douze tribus, des quatre responsabilités, de les mettre en dialogue.

L’axe Est - Ouest, Judas - Éphraïm est donc essentiels et se complétant. Ils associent alors la recherche d’idéal et le dialogue, la théologie et la communication. C’est de cet axe Est - Ouest que pourront partir de bonnes impulsions vers les deux responsabilités qui agissent, au Sud, que nous avons vu, et au Nord, tout aussi efficace et redoutable.

Au Nord : Dan

Les tribus du Nord, Dan, Aser et Nephtali représentent la gestion du pays, aussi bien pour les ressources économiques que pour gouverner ainsi en neutralisant ceux qui partent en guerre, avant même qu’ils combattent.

Au milieu : Lévi

Nous avons donc quatre talents, quatre responsabilités, l’éthique, l’action, le dialogue, et la gestion. Au milieu, il y a un cinquième talent. La tribu de Lévi est entre les douze tribus et la présence mystérieuse de l’Éternel qui est au milieu. Les Lévites ont un statut à part. Ils ne sont pas dénombrés, leur travail étant de l’ordre du spirituel, non mesurable, mais si essentiel. Leurs missions sont à la fois de l’ordre de la prière et de la religion avec Moïse et Aaron. Elle est aussi très concrète dans la gestion matérielle de cette dimension, la tente, le mobilier, les ustensiles... C’est vrai que faire place à Dieu dans sa vie demande un peu de gestion matérielle aussi, et d’action et de dialogue.

C’est ainsi qu’ils campaient et avançaient

Voilà comment les hébreux finissent par s’organiser pour se constituer en peuple dans le désert, selon ce que « l’Éternel Dieu avait donné à Moïse ». Comme à la création, Dieu regarde et il dit : on est bon, on est très bon. (Genèse 1:31)

Ce n’est pas une pure légèreté comme celle des patriarches mais ils en ont intégré la disponibilité au souffle de Dieu, ils en ont gardé l’exigence étique.

Ils ont intégré la puissance d’action humaine et de gestion des pharaons, mais sans l’oppression des petits, dans le dialogue, la coordination, la place du spirituel. Eux, leur confiance dans l’avenir n’est pas dans la lourdeur et la stabilité des pyramides, elle est au contraire dans l’incroyable génie de Dieu pour trouver des solutions inouïes. Ils s’arment donc de la disponibilité d’un camp de simples toiles qui permettent de se mettre en route et de s’arrêter, de cheminer et de séjourner, de prendre un chemin plus au nord ou plus au sud, de traverser des montagnes ou de franchir des mers...

Ils sont forts de leur expérience de la libération d’Égypte. Ils ont appris la mobilité. Ils en gardent la mémoire dans la première des dix paroles gravées sur des tables de pierre qu’ils trimballent partout et placent au milieu : « Je suis l’Eternel, ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Egypte, de la maison de servitude. » (Exode 20:2). Et cela leur sert aussi à vivre leurs talents, mais aussi à gérer leur expérience spirituelle et religieuse. Ayant vécu une rencontre si forte avec Dieu au Sinaï, ils auraient pu être tentés de s’installer là, précisément où Dieu a parlé et s’est même montré. Mais non, ils ont retenu cette confiance, et cette disponibilité.

« Le juste vivra par la foi » (Rom. 1:17) c’est à dire par la fidélité. Mais la fidélité à quoi ? Parfois, rester fidèle à son poste c’est tourner le dos à notre vocation. Parfois, être fidèle c’est fuir avec courage comme les hébreux hors d’Égypte. Parfois la fidélité est au contraire de camper sur place et d’être fidèle à ce qui nous est confié, comme Adam et Ève chargés d’un petit coin de paradis à garder et à cultiver, à développer.

Donc notre fidélité est à une personne, Dieu, le vivant.

Notre fidélité est à ce qu’il nous donne par grâce : d’abord la vie, le mouvement, la libération. Cela demande de l’écoute et de la disponibilité.

C’est une fidélité à ces qualités que Dieu a données à l’homme, recevoir chacune comme une bénédiction, à la fois une grâce et une responsabilité.

 

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Pasteur dans la chaire de l'Oratoire du Louvre - © France2

Pasteur dans la chaire de
l'Oratoire du Louvre
© France2

Lecture de la Bible

Nombres 2

L'Éternel parla à Moïse et à Aaron et dit : 2 Chaque humain campera près de son étendard, avec les bannières de la maison de ses pères. Les enfants d’Israël camperont en face, tout autour de la tente de la Rencontre.

3 Ceux qui camperont en avant à l'est (seront sous) la bannière du camp de Juda, avec ses corps d'armée. Le chef des fils de Juda est Nahchôn, fils d'Amminadab. 4 Son corps d'armée se compose de 74 600 personnes recensées. 5 A ses côtés campera la tribu d'Issacar. Le chef des fils d'Issacar est Netanéel, fils de Tsouar. 6 Son corps d'armée se compose de 54 400 personnes recensées. 7 Puis la tribu de Zabulon. Le chef des fils de Zabulon est Éliab, fils de Hélôn. 8 Son corps d'armée se compose de 57 400 hommes recensés. 9 Total par corps d'armée des hommes recensés de Juda : 186 400. Ils partiront en premier.

1 0 Au sud il y aura la bannière du camp de Ruben, avec ses corps d'armée. Le chef des fils de Ruben est Élitsour, fils de Chedéour. 1 1Son corps d'armée se compose de 46 500 personnes recensées. 12 A ses côtés campera la tribu de Siméon. Le chef des fils de Siméon est Cheloumiel, fils de Tsourichaddaï. 13 Son corps d'armée se compose de 59 300 hommes recensés. 14 Puis la tribu de Gad. Le chef des fils de Gad est Éliasaph, fils de Reouel. 15 Son corps d'armée se compose de 45 650 hommes recensés. 16 Total des hommes recensés par corps d'armée pour le camp de Ruben : 151 450. Ils partiront en second.

17 Ensuite, la tente de la Rencontre partira, avec le camp des Lévites placé au milieu des (autres) camps. Ils partiront dans l'ordre où ils camperont, chacun dans son rang, avec leurs bannières.

18 À l'ouest, il y aura la bannière du camp d'Éphraïm avec ses corps d'armée. Le chef des fils d'Éphraïm est Élichama, fils d'Ammihoud. 19 Son corps d'armée se compose de 40 500 personnes recensées. 20 A ses côtés campera la tribu de Manassé. Le chef des fils de Manassé est Gamliel, fils de Pedahtsour. 21 Son corps d'armée se compose de 32 200 personnes recensées. 22 Puis la tribu de Benjamin. Le chef des fils de Benjamin est Abidân, fils de Guideoni. 23 Son corps d'armée se compose de 35 400 hommes recensés. 24 Total des hommes recensés par corps d'armée pour le camp d'Éphraïm : 108 100. Ils partiront en troisième lieu.

25 Au nord il y aura la bannière du camp de Dan, avec ses corps d'armée. Le chef des fils de Dan est Ahiézer, fils d'Ammichaddaï. 26 Son corps d'armée se compose de 62 700 hommes recensés. 27 A ses côtés campera la tribu d'Aser. Le chef des fils d'Aser est Paguiel, fils d'Okrân. 28 Son corps d'armée se compose de 41 500. 29 Puis la tribu de Nephthali. Le chef des fils de Nephthali est Ahira, fils d'Énân. 30 Son corps d'armée se compose de 53 400 hommes recensés. 31 Total des hommes recensés pour le camp de Dan : 157 600. Ils partiront en dernier, avec leurs bannières.

32 Tels sont ceux des Israélites qui furent recensés par familles. Tous ceux qui furent recensés et qui formèrent les camps, par corps d'armée, furent 603 550. 33 Les Lévites ne furent pas recensés parmi les Israélites, comme l'Éternel l'avait ordonné à Moïse.

34 Les Israélites se conformèrent à tous les ordres que l'Éternel avait donnés à Moïse. C'est ainsi qu'ils campaient, avec leurs bannières : et c'est ainsi qu'ils partirent chacun selon son clan, avec sa famille.

 

Vidéo de la partie centrale du culte (prédication à 11:25)

(début de la prédication à 11:25)

film réalisé bénévolement par Soo-Hyun Pernot

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