L’année 1911 n’aurait pas pu mieux se finir que par la réception du prix Nobel de chimie par Marie Curie, pour ses travaux sur le radium : ce fut une année hyper active, sinon radioactive, dont le rayonnement nous éclaire encore aujourd’hui.
Cette année avait débuté par la démission du gouvernement d’Aristide Briand dont l’une des maximes était que « La politique est l'art de concilier le désirable avec le possible ». Quelques semaines plus tard, la France abandonnait le méridien de Paris pour s’ajuster sur le méridien de Greenwich. Elle n’avait pas 40 millions d’habitants et allait perdre la Joconde, volée au Louvre par un italien nationaliste. Ajoutons à cela le décès de Mahler au printemps et tous les ingrédients étaient réunis pour l’annus horribilis. Mais c’était sans compter sur le zèle d’une poignée d’irréductibles, animés par une espérance farouche enracinée dans leur confiance en l’Eternel qui, jusque là, les avait secourus. Ces vaillants héros, sainte cohorte n’ayant au cœur que la gloire de Dieu, se levèrent d’entre les accablés et fondèrent, qui le premier groupe scout unioniste, qui la première Assemblée du Désert réunie à proximité du musée du même nom dans les Cévennes camisardes, qui le centre social La Clairière.
Le nom choisi par le pasteur Wilfred Monod pour ce lieu d’entraide au cœur des Halles exprime le désir de ces artisans de l’espérance non déçue : offrir un horizon plus lumineux à ceux qui n’ont que le corridor sombre et quelque fois tragique de leur condition devant les yeux. Leurs yeux virent la gloire de la venue de Dieu et ils eurent l’allant de partir à la conquête d’une existence nouvelle, à l’image du norvégien Amundsen au mois de décembre, le premier à atteindre le pôle sud. C’est ainsi que tous formulèrent leur espérance en contradiction avec la présence de la souffrance, du mal, du malheur. Souvenons-nous que nous en sommes les héritiers !