Ce que l’apôtre Paul parle d’oublier ce n’est pas son passé, qu’il a rappelé quelques phrases plus haut dans cette lettre, mais ce qu’il veut oublier c’est ce qui, dans son passé, le tire en arrière et l’empêche d’avancer. Il y a tant à oublier comme remords et comme regrets, comme rancœurs, comme frustrations et comme angoisses. Il y a un travail à faire pour « oublier » ces négativités, un travail que Jésus compare à celui d’un artisan qui crée un meuble, copeau de bois par copeau de bois : « heureux les artisans de paix » nous dit Jésus, et il ne nous laisse pas seul dans ce travail, il nous propose de nous ouvrir par la foi à la puissance de pardon, de consolation qu’est Dieu « Venez à moi, vous qui êtes fatigués et chargés »…
L’Évangile nous appelle à la conversion, ce qui a des implications en termes de foi et de comportement, certes, mais cette conversion est principalement une réorientation de notre être vers l’avenir, de sorte que nous soyons aujourd’hui dans une bonne dynamique de vie. Cet élan vers l’avant s’appuie sur le passé. Dans notre passé, il y a de bonnes choses à garder précieusement. Il y a aussi des choses à purifier en pardonnant et en éliminant ce qui nous tire en arrière. C’est un travail personnel (« ayez du sel en vous-mêmes ») et c’est souvent un travail que Dieu seul peut faire (« mon Père est le vigneron »). Mais la plupart de ce que nous sommes et de ce que nous avons été peut être transformé, recyclé en cheminement de vie. L’image biblique de la graine qui meurt en terre pour donner naissance à une plante qui grandit comme un arbre, cette image évoque la vie que Dieu nous donne. C’est ainsi que nous mourons à ce que nous étions hier et que, par lui, nous ressuscitons aujourd’hui à la vie éternelle.
Marc Pernot