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Bulletins de l'Oratoire > N°786
de mars 2011
Aide et Entraide
La clairière a 100 ans
La clairière : un enfant de l’oratoire
Le pasteur Wilfred Monod annonce dans la feuille rose n°42 du 5 octobre 1911 la création du patronage de l’Oratoire 60 rue Greneta sous le nom de la Clairière.
Les statuts de l’association disposent encore « qu’il a été institué sous l’inspiration de l’église réformée de l’Oratoire du Louvre une association régie par les dispositions de la loi de 1901 et qui porte la dénomination de la clairière ». Ce lien est constitué par la présence d’un des pasteurs au conseil d’administration, James Woody en l’occurrence, d’un représentant du conseil presbytéral, Christian Dubreuil, devenu président le 21 septembre dernier, et de François Lerch, secrétaire du conseil et ancien conseiller presbytéral.
Le fait que le conseil ait choisi un membre désigné par le conseil presbytéral et non élu, comme président, démontre que le lien oratoire-clairière est assumé par la majorité agnostique du conseil.
La Clairière est passée de son statut d’œuvre d’enracinement de l’Oratoire dans son quartier du centre de Paris, attirant les migrations de la province à Paris, présidée par un des trois pasteurs de l’Oratoire, à une association formelle dans l’entre deux guerres puis une véritable association laïcisée en 1972, lorsque la Clairière crée le premier club de prévention de la délinquance, embauche ses premiers salariés. On mesure le changement quand on constate que le centre social d’origine avait en 1972 un budget de 6000 francs quand le club de prévention a d’emblée un budget de 140000 euros.
La nécessaire professionnalisation des métiers du social, marquée par le départ dans des circonstances dramatiques de Madame Guillemot, assistante sociale et âme de l’Oratoire pendant la seconde guerre mondiale, ainsi que la prise en charge de certains problèmes sociaux par l’Etat providence et la Ville de Paris vont transformer le centre social d’origine.
L’évolution est sensible également du côté de l’Oratoire, qui passe d’une paroisse de quartier à une paroisse d’élection du protestantisme libéral et du christianisme social, du fait du changement de sociologie du quartier, marqué par la disparition de l’émigration intérieure (notamment les ouvriers Alsaciens protestants du centre de Paris) pour l’émigration venue du sud de l’Europe et d’Afrique du nord, puis d’Afrique sub-saharienne.
La clairière aujourd’hui : le tête à tête avec la ville de Paris
La Clairière est une association moyenne de 43 salariés, soutenue par environ 170 bénévoles, qui assiste 1500 familles ou personnes environ chaque année, tout en restant dans son local historique du 60 rue Greneta, locataire de la même famille depuis un siècle.
Les 3/4 du budget de 2,5 millions d’euros sont apportés par la Ville de Paris et minoritairement par la région île de France ou l’Etat, par les emplois aidés.
La paroisse reste présente par la forte implication de nombreux paroissiens bénévoles, le financement par l’Entraide des vacances des familles sur l’île d’Aix, le financement d’un local 61 rue Greneta par l’Entraide.
La clairière est désormais un ensemble d’activités sociales très diversifiées :
- un centre social de quartier, comme il en existe d’autres à Paris,
- deux clubs de prévention de la délinquance, pour les jeunes en errance, l’un pour les jeunes des Halles, l’autre pour les jeunes du quartier,
- l’accompagnement des bénéficiaires du Revenu de Solidarité Active (ex RMI),
- une halte garderie qui permet de garder les enfants dont les mères sont en apprentissage de français et d’aider les parents à exercer leurs responsabilités, qui va être officiellement reconnue par la ville de paris l’an prochain et s’installer place Goldoni,
- l’apprentissage du français, qui concerne actuellement des familles chinoises,
- l’accompagnement scolaire,
- les loisirs pour les jeunes, petit club, atelier qui conserve ainsi un lien avec le patronage d’origine,
- l’action pour la vie de quartier, avec des animations autour de la solidarité et la citoyenneté, les repas mensuels de Table du Monde,
- l’espace public numérique, qui lutte contre la fracture numérique par la maîtrise des nouvelles techniques de communication, qui donne un lien à ceux qui n’en ont plus (sans domiciles fixes) et qui aide les demandeurs d’emploi pour lesquels le lien internet avec Pôle Emploi est désormais indispensable,
- Clair’Services, créé depuis un an, qui assure la formation et le placement d’auxiliaires parentales, en assurant l’accompagnement des parents employeurs, qui vient de faire l’objet d’un agrément qualité,
- Travail au clair, une association intermédiaire autonome, créée par la Clairière,
- Batir’e, une entreprise d’insertion dans le domaine du second œuvre du bâtiment, qui compte en moyenne quatre salariés, association autonome mais qui a le même président que la Clairière.
- Le Monde Gourmand, une association autonome qui insère des personnes à travers une activité traiteur.
La Clairière offre aux personnes qui s’adressent à elle un accompagnement personnalisé, durable et individualisé qui les amène à élaborer leur projet de vie en mobilisant tous les dispositifs éducatifs, professionnels, sociaux et culturels décrits ci-dessus.
La Clairière c’est une association qui peut, par exemple pour une famille monoparentale en situation de précarité, à la fois assurer l’accompagnement scolaire des plus jeunes, le suivi par des éducateurs spécialisés des plus grands, l’apprentissage du français et la formation d’assistante maternelle de la mère, le lien avec son employeur, dans une situation où parents et enfants deviennent acteurs de leur vie.
La Clairière : une association qui doit retrouver son autonomie par rapport aux pouvoirs publics pour rester
Comme les autres financeurs du domaine social, la Ville de Paris est passée d’un financement global des activités, qui permettait une certaine mutualisation entre activités déficitaires et excédentaires, où la hauteur du déficit potentiel n’avait jamais été mesurée, une tarification à l’activité où les financeurs découpent l’activité en tranches de saucisson pour ne financer que la prestation calibrée et effectuée pour eux.
La tarification qui fait que chaque service a un patrimoine identifié, une comptabilité analytique qui conduit à payer la prestation effectuée, la distinction des comptes du centre social des autres services, la gestion sous forme de marchés publics de prestations comme le suivi du RSA, rendent difficiles la gestion d’une association multi services comme la Clairière qui a des frais de gestion de l’ensemble (la holding du 60 rue Greneta pourrait on dire en forçant le trait) notamment les fonctions comptables, logistiques, de direction.
Cela va jusqu’au fait qu’il était très difficile de faire financer l’équivalent d’un loyer des deux locaux dont nous étions propriétaires rue Greneta et place Goldoni, alors que le paiement d’un loyer à un propriétaire privé ne pose pas de problème !
La situation financière de la Clairière a rapidement basculé, historiquement équilibrée, elle a connu son premier déficit de 50000 euros en 2009, à la suite du non respect partiel par la ville de Paris du financement d’une activité d’essaimage de nos pratiques au profit de deux autres centres sociaux, à environ 175000 euros de déficit en 2010, malgré une série d’actions de réduction des dépenses à l’automne 2010 pour près de 100000 euros.
Le déficit de 2010 a été absorbé par la vente du local du 61 rue Greneta, que l’on continue à utiliser comme locataire du nouveau propriétaire.
Le conseil s’emploie à ce que les activités menées directement par les pouvoirs publics, comme la halte garderie, soient désormais agrées, financées en totalité, par exemple dans le cas d’espèce par la caisse d’allocations familiales et la ville de Paris, alors que son fonctionnement actuel, indispensable aux mères accueillies à la Clairière, entraîne un déficit annuel de 50000 euros.
A l’avenir, il faut également constituer un modèle économique où les activités du secteur économique (Travail au Clair, Batir’e, le Monde Gourmand, Clair Services) financent les activités du secteur social, qui peuvent être au mieux équilibrées, et la gestion du siège social qui offre des prestations à l’ensemble (comptabilité, ressources humaines…)
Mais il faut impérativement, pour retrouver de l’autonomie par rapport aux pouvoirs publics et conserver notre capacité d’innovation dans les services rendus aux populations paupérisées et précarisées auprès desquelles nous agissons, attirer plus d’adhérents à l’association (qui comptait cet automne 60 adhérents alors qu’elle compte plus de 40 salariés), obtenir par les dons plus de financement privé, notamment auprès des familles qui ont fondé et accompagné la Clairière, celles qui ont bénéficié de ses services, le monde protestant, le tissu social et économique du quartier dans lequel nous sommes connus et appréciés depuis un siècle.
Bref mobiliser tous ceux qui aiment la Clairière mais qui pensent que pour l’intendance, la ville de Paris y pourvoira !
Un don, notamment un don régulier, est une pierre apportée à un édifice centenaire qui doit se construire un nouvel avenir, pour lequel l’association fille compte sur le soutien des paroissiens de l’association cultuelle mère.
Par ailleurs, la Clairière qui a déjà été soutenue par des fondations privées (fondation de France, fondation SFR) recherche des financements par des fondations sur des projets innovants, nombreux à la Clairière, qui peuvent correspondre aux objectifs de celles-ci.
Enfin, la Clairière entame un dialogue avec le CASP, un autre enfant de l’Oratoire, également présidé par un conseiller presbytéral, Antoine Durrleman, pour savoir si la Clairière pourrait s’adosser à une association plus importante.
2011, année de bicentenaire, année de centenaire, mais année au cours de laquelle l’Oratoire, la Clairière et le CASP pourraient resserrer leurs liens.
Christian Dubreuil
Conseiller presbytéral
Président de la clairière et de batir’e
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