Lire la Bible est souvent assimilé à en rechercher le sens. Le sens… comme si les textes bibliques n’avaient qu’un sens. L’expérience de ce psalmiste souligne, au contraire, que la parole de Dieu peut s’entendre de plusieurs manières, qu’elle peut donc avoir plusieurs sens.
Lire la Bible, c’est permettre à la parole de Dieu de faire écho. Selon que cette parole touche notre vie professionnelle, notre vie familiale ou spirituelle ou sentimentale ou politique ou culturelle, l’écho aura une tonalité spécifique, à la manière d’un son dont l’écho est différent en fonction de la nature de la paroi sur laquelle il se répercute.
La Bible, qui recueille et met par écrit des témoignages de personnes qui ont perçu un écho de cette parole divine, est traversée par cette pluralité de tonalités et donc de sens. Il n’y a pas un mais quatre évangiles, avec des différences notables de l’un à l’autre. Il n’y a pas un mais deux récits de la création. Deux explications différentes sont données pour la célébration du sabbat. L’arche d’alliance est tantôt le trône de Dieu, tantôt le réceptacle des pierres où sont inscrites les dix paroles.
Il serait malheureux de vouloir résumer chaque texte biblique à un seul sens. Ce serait appauvrir le texte ; ce serait oublier le fait qu’il a été écrit sur plusieurs générations et qu’il est le résultat de plusieurs écritures et réécritures ; ce serait envisager que la vie est désormais figée dans l’expression de ce qu’elle fut à un moment donné ; ce serait nier la possibilité qu’un autre puisse y découvrir une vérité à laquelle je n’avais pas prêté attention.
Le conflit d’interprétations est une bonne manière de préserver toutes les possibilités qu’offre un texte et, ultimement, c’est une bonne manière de laisser à la parole de Dieu la possibilité d’être elle-même : une parole vivante, toujours nouvellement force d’interpellation pour chaque lecteur. Dieu ne s’entend bien que dans le dialogue.