Extrait d'une émission du 20 septembre 2009 sur
France Culture
Michel Schaeffer : S'il est une personne,
qui peut incarner la longévité et la continuité
de ce service protestant, c'est sans aucun doute Marie-Louise
Girod-Parrot, qui a accompagné cette émission à
l'orgue, non pas dix, vingt ou trente ans, mais une bonne soixantaine
d'années. Voici son témoignage.
Marie-Louise Girod-Parrot :"
Je me souviens des services radio pendant la guerre, je crois
que cela a commencé à ce moment-là. Je crois
que c'était rue Armand Moison, près de la gare Montparnasse.
Il y avait un service radio qui était là à
l'époque, avec Freddy Dürrleman, président
du service radio. *
Mais, pendant la guerre, nous avions déjà assuré
la partie chorale du service radio de ce temps-là, dans
ce service-là, où moi je chantais. Alors après,
le service-radio s'est installé avec Alexandre Cellier
qui était mon patron à l'époque, qui était
organiste au temple de l'Etoile, où il était titulaire,
tandis que moi, j'étais déjà titulaire à
l'Oratoire ; il a pris le service orgue avec moi. Gaston Litaize
m'avait donné le service de l'orgue avec lui, pour assurer
la permanence. Il m'avait prise pour faire un travail de concert,
bien sûr, mais surtout il m'avait installée à
la radio avec Cellier. C'est là que nous avons alterné
tous les deux, pendant des années. J'étais jeune
fille à ce moment-là et j'allais à l'Etoile
pour faire les services. Et puis on a alterné comme ça
jusqu'à ce qu'il disparaisse. Et alors à ce moment-là,
quand l'orgue de l'Oratoire a été construit (1962),
tout à coup mes services se sont installés sur le
nouvel orgue. Et c'est là qu'on a entendu, tous les dimanches
à l'orgue, Marie-Louise Girod-Parrot.
Il y a eu des choses assez curieuses ! Le pasteur qu'on voit arriver
en pyjama à 29 ou 30 parce qu'il ne s'est pas levé
assez tôt, avec un pyjama rayé qui passe du pardessus,
et qui fait son service quand même et qu'il le fait assez
bien. C'est pour dire que, on cache les fautes, j'ai passé
ma vie à cacher les fautes des autres, et puis peut-être
les miennes, j'ai sauvé plein de gens, on est là
pour cela, et pour que surtout les assemblées, le public
et tout cela ne se rendent compte jamais de rien. Eux ils doivent
se dire, " tout va bien ".
Michel Schaeffer : Quel est l'intérêt
pour vous de faire des émissions religieuse sur le service
public ?
MLGP : Pour moi c'est extrêmement
important pour le protestantisme, c'est une marque de ce que nous
sommes depuis toujours, enfin depuis des siècles, et en
même temps de ce que nous pensons dans le fond de notre
cur pour apporter aux autres ; il faudrait que ce quelqu'un,
qui vient d'entendre un service, se sente apaisé, meilleur,
aimant plus son prochain, étant plus heureux quand le service
est fini.
140 000 personnes écoutent tous les dimanches et qui écrivent
après, en disant ce qu'elles en pensent et ce qu'elles
aiment et ce qu'elles n'aiment pas ! On est là tous ensemble
pour faire monter dans le monde une pensée, quelque chose
de beau, et simple si l'on peut. Voilà ! Il faut choisir
des textes, à mon avis, qui apportent autre chose que le
rituel, qui apportent quelque chose qui étonne, qui prenne,
qui capte. Parce que l'on va faire maintenant doit être
autre chose que ce que l'on a fait autrefois ! Il faut toujours
étonner ! Il faut que les gens se disent " il s'est
passé quelque chose ! " Et on peut apporter à
tous quelque chose ; mais ce que j'attends d'aujourd'hui pour
les temps à venir, c'est se dire que l'important d'abord,
c'est l'amour de son prochain, c'est d'avoir la foi avec le doute,
croire toujours sans jamais faiblir en perdant la foi tout le
temps. La foi sans le doute n'est pas la foi. C'est une routine.
Il ne faut pas. Voilà ce que je crois pour nous. "
MS : Merci à Marie-Louise Girod-Parrot,
qui a donc accompagné ce service à l'orgue, pendant
plus de 60 ans et qui aujourd'hui encore l'accompagne avec son
expérience et son enthousiasme.
*NDLR : Dès 1928, Freddy Dürrleman, fondateur
de La Cause en 1920, a proposé des conférences et
des cultes à la radio pour évangéliser les
auditeurs. Ces émissions ont été diffusées
sur Radio-Luxembourg et Radio Paris. Il existait déjà
des émissions catholiques mais pas encore d'émissions
protestantes
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