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Feuille Rose N °781
de décembre 2009
Est-ce que la bible dit vrai ?
Bible et archéologie
La question est directe, les trois mots qui suivent suggèrent
une piste de réponse mais suggèrent bien des hypothèses
La question
La Bible est un ensemble complexe
qui contient des vérités historiques, des vérités
anthropologiques, poétiques, théologiques même
(!) qui s'éprouvent différemment et qui pour certaines
ne se prouvent jamais : on court toujours après la preuve
de l'existence ou de la non-existence de Dieu. En général,
quand on pose la question de savoir si "la Bible dit vrai",
on s'intéresse à la vérité historique,
sensée être la plus facilement vérifiable, et
on en fait le critère pour envisager le sérieux des
autres vérités. On voit dans le fait que la Bible
peut être envisagée comme un document historiquement
fiable le gage de sa pertinence philosophique et théologique.
Je crois qu'il n'en est rien. Les Chroniques mésopotamiennes
qui relatent année après année les faits et
gestes des rois de Babylone paraissent, une fois décryptées,
relativement fiables. Elles ne disent pas tout, il s'en faut de
beaucoup, mais les événements qu'elles évoquent
ont certainement existé. Par contre, plus personne ne défendra
l'idéologie et partant la théologie qui sous-tend
leur propos. Cette distinction des vérités, Baruch
Spinoza, philosophe juif mis au ban de sa communauté s'en
faisait déjà le défenseur quand il écrivait
; " les prophètes n'ont reçu de révélation
de Dieu qu'avec le secours de l'imagination, c'est à dire
au moyen de paroles, d'images, tantôt réelles, tantôt
imaginaires [...] Chercher la sagesse et la connaissance des choses
naturelles et spirituelles dans les livres des prophètes,
c'est donc s'écarter entièrement de la voie droite
[...] La prophétie n'a jamais fait que les prophètes
eussent plus de science [...] cette certitude prophétique
n'était pas une certitude mathématique mais une certitude
morale " (Traité théologico-politique, 1670).
Prouver que la Bible dit vrai historiquement ne signifiera nullement
qu'elle soit vraie théologiquement ... et réciproquement.
Bible et archéologie
L'archéologie qui fut même parfois qualifiée
de "biblique" (comme si la Bible était une domaine
de recherche archéologique !) a semblé dès
le XVIIIème siècle être un outil pertinent
pour répondre aux attaques des philosophes des Lumières
et autres partisans de lectures critiques du texte sacré.
Il fallait, sur place, " prouver " que les faits relatés
par les récits bibliques étaient " vrais ".
C'était oublier que si les textes donnent matière
à de multiples lectures, les résultats des fouilles
font aussi l'objet de conflits d'interprétation encore
plus virulents surtout quand il s'agit d'époques très
anciennes et de sociétés n'ayant que très
rarement recours à l'écrit ... et que l'enjeu en
est la "preuve" de la pertinence de la Bible. L'actualité
de la recherche archéologique en Syrie-Palestine se heurte
sans cesse à cette difficulté : comment en effet
prouver qu'un morceau de mur dégagé à Jérusalem
appartenait ou non au palais du roi David ? On lui doit pourtant
de remarquables succès qui font bien sûr l'objet
de débats passionnés, comme les très célèbres
découvertes de Qumran, Massada, Megguiddo, et autres Ougarit.
Jean-Pierre Sternberger
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