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La joie de dessiner
Les secrets de création des personnages d'une célèbre
paroissienne
Jeune diplômée
des Arts décoratifs, je cherchais du travail. J'ai beaucoup
dessiné pour
moi-même. Je voulais à tout prix trouver une manière
de dessiner, en utilisant une énorme économie de
lignes pour dire un maximum d'expressions linéaires avec
un minimum de lignes. J'ai commencé par créer une
petite fille, Clémentine, en la mettant dans toutes sortes
de situations, avec son petit frère Pépin, leur
âne, leur chat, dans toutes les positions possibles, surtout
drôles. Cela a donné beaucoup d'albums, de dessins
et de chants
des histoires chaque semaine dans un journal
suisse, et aussi des télévisions à Paris
et en Suisse (Genève).
Un jour, j'ai ouvert un Nouveau Testament et j'ai commencé
à dessiner ce que le texte me disait, en voulant réellement
aider le lecteur à comprendre le texte avec l'aide du dessin.
Créer des gestes, supprimer les lignes inutiles , rester
le plus simple possible. Ne pas distraire le regard du lecteur,
oh non ! Mais lui proposer une image en quelques lignes qui diront
tout de suite quelle ridée on a voulu donner. Il en est
sorti un petit livre De la pomme à la lune. Intriguer le
lecteur, l'amener aussi, le forcer à comprendre pourquoi
on veut ces lignes et pas d'autres. Ce petit livre jaune ne s'est
pas vendu faute de publicité. on en a même jeté
3000 dans la Seine ! J'avoue humblement cette erreur. MAIS ! (Il
y a de beaux mais dans la vie ! C'est vrai !)
Mais un jour, le directeur de la Société Biblique
de New York me téléphone : " Je serai à
Stuttgart, tel jour, telle heure, entre deux avions. J'ai dix
minutes pour vous voir. Il faut que je vous voie. "
A Stuttgart, à l'heure dite, un homme arrive en courant
en brandissant mon petit livre jaune De la pomme à la lune.
" A New York, nous travaillons un Nouveau Testament pour
les jeunes et nous voulons l'illustrer avec vos dessins si simples.
Etes-vous d'accord ? " " Bien sûr ! "
Depuis ce temps, je ne fais plus que ça, avec passion.
Un minimum pour dire un maximum. Cela a commencé il y a
bien des années (peut-être 45 ans !) avec un Congrès
de jeunes Américains de 15 à 20 ans en Suisse./
Il y en avait 6000, oui 6000. Tous les soirs, pendant une semaine,
je devais raconter et illustrer une histoire de la Bible avec
des dessins et même un chant à quatre voix (une heure,
c'est long et je ne savais pas bien l'Anglais. J'avais cinq semaines
pour l'apprendre.) Un soir, je reviens à mon hôtel.
Face à moi arrive un groupe de 10 à 12 jeunes de
ce Congrès. Je pensais leur parler du match de football
du soir mais un de ces jeunes me dit : " Nous étions
en train de nous demander comment vous pouviez illustrer "
l'amour de Dieu ". Quoi, c'est leur sujet de conversation
? Je cherche une nappe blanche en papier dans un restaurant proche.
Une jeune se couche sur le dos, par terre ; couché sur
son coude, l'autre bras tendu vers Dieu. " Faites Dieu comme
vous le faites toujours, un rond immense et pas d'expression dedans.
Chacun y met la sienne ". Et c'est vrai. Je viens d'apprendre
que la Société Biblique Française de Paris
est en train de préparer une Bible en Français illustrée
de 600 de mes dessins (en couleur par la Société
Biblique Coréenne). Elle arrivera juste à temps
pour les cadeaux de Noël. Merci à notre pasteur Marc
Pernot qui illustre ses prédications écrites avec,
chacune, un de mes dessins.
Combien je voudrais aider les gens, les jeunes à dessiner
pour dire avec un minimum, un maximum. C'est passionnant !
Annie Vallotton
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