Accueil du mercredi
Une paroisse d'intellectuels ?
Nous sommes un
paroisse d'intellectuels, m'écrivait il y a quelques semaines
une paroissienne. Je fus stupéfaite. Et puis les vacances
arrivant, je rangeais cette phrase dans un coin de ma mémoire.
Mais voilà, c'est la rentrée, il faut retourner
à son travail, à son bureau, au lycée, à
l'école
Bienheureux ceux qui peuvent le faire ! Il y a aussi la rentrée
de l'Entraide, de l'accueil du mercredi, du dimanche après
le culte. Et là, je m'interroge : que vais-je dire à
tous ceux qui vont venir me
voir ?
- Nous sommes une paroisse d'intellectuels, je ne peux rien pour
vous
- Connaissez-vous Goethe, Rousseau, Calvin, Castellion, Ricur
?
- Non, alors je ne peux rien pour vous.
Et pourtant, rien de tout cela ne leur sera demandé. Tous
seront reçus car à la table du Christ, il n'y a
pas d'intellectuels, il y a des Hommes.
Bienheureux ceux qui ont du travail, une maison, des papiers.
Bienheureux ceux qui peuvent lire et discourir à perdre
haleine sur Goethe, Rousseau, Calvin, Castellion, Ricur
et tous les autres. Bienheureux ceux qui ont eu la chance de naître
dans une famille où on allait au théâtre,
à l'opéra, au musée. Et les autres ?
La misère et la détresse sont un continent à
part entière. La seule préoccupation est : comment
survivre au jour le jour ? Et c'est une occupation à plein
temps. Il n'y a pas de place pour autre chose. La culture et la
liberté sont un luxe de gens nantis. Pour tous les autres
ce sont des mots sans aucun sens. La dérive de leur vie
permet seulement de trouver un foyer pour y passer la nuit, quelques
tickets pour manger, ou passer les journées quand les foyers
ferment ou, tout simplement, comment boucler des fins de mois
difficiles.
Alors les intellectuels
Aussi je préfère penser du plus profond de mon cur
que : nous sommes une paroisse de Chrétiens, tout simplement.
Rose-Marie Boulanger
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