Feuille Rose N°774
de mars 2008
Roger Pourteau,
une Bible dans une main, un dictionnaire dans l'autre
Portrait de celui qui a animé
la Feuille rose jusqu'en décembre 2007, il nous confie son
parcours spirituel et des anecdotes concernant sa carrière
de journaliste
Figure
de l'Oratoire grâce à la Feuille rose qu'il dirigée
avec Florence Taubmann et François Lerch de 2002 à
2007, Roger Pourteau est pourtant un "jeune paroissien ":
il fréquente la rue Saint-Honoré depuis une dizaine
d'années environ. Non issu d'une famille pratiquante, juste
avant son départ en retraite, en 1989, il se consacre à
la lecture de la Bibl,e par curiosité. Après une carrière
professionnelle dans le journalisme, en prise directe avec l'actualité
durant 40 ans, il a besoin de recul et de quelque chose de différent
dans sa vie. Dans son entourage, personne n'est croyant ou pratiquant.
Il va tout naturellement vers le protestantisme: la façon
d'appréhender la foi, l'approche de Dieu, cette absence d'intermédiaire
entre le croyant et Dieu lui conviennent. Roger Pourteau vient pour
la première fois à l'Oratoire et entend Jean-Michel
Perraut prêcher. C'est un choc. Positif bien sûr, d'entendre
un orateur hors pair. L'homme de presse devient vite un assidu du
culte dominical. Il continue à se documenter sur le protestantisme.
Passionné par cette foi nouvelle qu'il découvre, il
s'engage autant qu'il l'a fait dans son métier.
Roger Pourteau a eu une carrière riche, commencée
à 20 ans en tant que bénévole au sein des Nouvelles
de Bordeaux et du Sud-Ouest. Rien ne destinait cet ajusteur-tourneur,
qui n'a jamais exercé en tant que tel, à écrire,
sinon la passion des mots. Il devient ensuite chef de la rubrique
sportive puis tient la rubrique judiciaire. C'est l'époque
des grands procès qui ont marqué la seconde moitié
du XXème siècle: l'épuration, le massacre des
habitants d'Oradoursur-Glane, Marie Besnard. . Roger traverse l'Histoire
à travers ses chroniques. En 1956, le journal disparaît
et notre journaliste est pressenti pour "monter à Paris"
rejoindre un grand quotidien national, sa spécialité:
la région parisienne et son développement. On est
encore en pleine reconstruction: logement, transports, urbanisation...
La politique d'aménagement du territoire est à faire.
Roger devient ensuite responsable du service société
qui traite essentiellement de la justice et des faits divers. Il
écrit sur le massacre du métro Charonne, en 1961,
en pleine guerre d'Algérie. Massacre ordonné par le
préfet Papon.
Il est confronté aussi aux grands débats de société
et à celui le plus discuté d'alors: l'abolition de
la peine de mort. Il couvre l'affaire Ranucci dite du Pull-over
rouge, du nom de l'ouvrage de Gilles Perrault qui préside
le comité de soutien du condamné, auquel Roger participe,
ce qui lui vaut des inimitiés au sein de la rédaction.
Il suit aussi l'affaire Patrick Henry, cet homme reconnu coupable
d'avoir tué un enfant qu'il avait enlevé pour demander
une rançon. Mais il évitera la peine capitale puisque
nous sommes après 1981.
Ce métier en prise avec l'actualité passionne Roger
qui se sent utile. Il ne reste pas dans un univers clos, il aime
citer pour cela Wilfred Monod: " L'Eglise universelle est le
reflet spirituel de Jésus-Christ dans l'Histoire et son incarnation
dans le domaine concret des réalités sociales ",
ce qui allie les deux piliers de sa vie, la presse et la foi. Il
aime rapprocher la Bible de ce qui se passe autour de nous. N'est-ce
pas le message du christianisme social ?
Puis vient le temps de la retraite... Mais notre journaliste ne
cesse pas d'écrire, il se consacre depuis 20 ans à
la presse viticole et notamment à celle du champagne' "
Un vrai hobby ", explique t-il, " moins par goût
que pour le mystère que cela représente, c'est notre
terroir ". Il n'y a d'ailleurs pas de contradiction avec le
christianisme, la Bible est remplie de références
propres au monde du vin: vigne, cep, sarment , la liste est longue!
Cet autodidacte de la foi n'a pas fini de nous étonner. Quelle
sera sa troisième carrière ?
Frédérique Hebding
'La revue du Champagne, Le Figaro Magazine
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Jean Delannoy,
Dieu a besoin des hommes !
Werner Burki a rencontré
le réalisateur de La Symphonie pastorale,
Le
réalisateur de cinéma, Jean Delannoy fête ses
100 ans!
Dans un livre de souvenir intitulé "Enfance, mon beau
souci ", jean Delannoy raconte son début au cinéma
comme monteur. Il sait nous rendre sensibles, attachants et vivants
les épisodes, les péripéties et les métamorphoses
de la genèse d'un film. Ce grand réalisateur de près
de 60 films a travaillé avec de grands scénaristes:
Hugo, Gide, Sartre, Simenon, Cocteau, Blondin. On se souvient de
" La symphonie pastorale" avec Michèle Morgan,
du " Garçon sauvage" d'après un roman de
Edouard Peisson, de " La princesse de Clèves" avec
Marina Vlady. On a peut-être oublié " Dieu a besoin
des hommes ". Pourtant, c'est dans ce film que le réalisateur
parle le plus fortement de ses préoccupations spirituelles.
Ecoutons-le: Le pasteur Marchal fut mon ami. Il m'incitait à réfléchir
ainsi:
1 "Seigneur viens en aide à mon incrédulité
"
2 "Rien ne se fait sans convictions, mais se méfier
qu'elles ne deviennent impitoyables "
3 "C'est quand Dieu paraît absent que les hommes le trouvent
"
En 1950, jean Delannoy a entrepris d'adapter et de réaliser
un film inspiré du livre de Queffelec " Un recteur de
l'île de Sein " sous le titre de "Dieu a besoin
des hommes"
Certes, la foi des Sénans était fruste et leur vie
matérielle misérable, mais, écrit-il, je trouvais
dans cette pauvreté même et dans leur réputation
de naufrageurs, le signe d'une qualité de foi inconnue des
bons bourgeois endormis dans leur confort moral etje mesuis passionné
à imaginer la montée
impérieuse du besoin de sacerdoce dans l'esprit simpliste
de mon brave bedeau, interprété par Pierre Fresnay.
Les humbles m'impressionnent davantage que les puissants...
Jean Delannoy a légué son fond de matériel
et de souvenirs à la municipalité de Bueil, dans l'Eure.
C'est dans cette ville, dans une salle qui
porte son nom, que sa famille, ses amis et les acteurs qui ont travaillé
avec lui sont venus fêter ce protestant discret qui n'a jamais
renié son vieux fond de protestantisme libéral. Nous
étions heureux d'être à ses côtés.
Pierre Blanchar et Michèle Morgan dans "La symphonie
pastorale"
Pasteur Werner Burki, aumônier du Groupe
Protestant des Artistes
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