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Arménie : une émotion
Un itinéraire émouvant
Que découvrir en partant dans un pays dont le nom résonne
comme une souffrance ? Située aux portes de l’Asie, au-delà de la
Mer Noire, enclavée entre Turquie, Géorgie, Azerbaïdjan,
et Iran, illuminée par les sommets enneigés du Mont
Ararat, sur lequel échoua, dit la Genèse, l’Arche
de Noé…Voici l’Arménie, devenue République
en 1991, qui nous accueille, non pas en « touristes »,
mais en amis, frères et sœurs, comme si cette proximité
de coeur avait toujours été évidente ! Les
responsables de SPFA, les jeunes des clubs francophones se proposent
alors pour nous guider et rivalisent de gentillesse pour nous faire
découvrir et aimer leur pays.
La capitale, Erevan, présente des contrastes entre un centre
aux belles artères souvent ornées de jardins, bordées
d’immeubles de tuf rose de style soviétique, et des
quartiers tout proches aux rues défoncées où
s’alignent des immeubles vétustes dont les balcons offrent
aux regards le linge qui sèche et toutes sortes de vieux
matériels entreposés, et, plus loin du centre, des
maisons basses faites de planches et de tôles.
Nous partons à la découverte de la ville d’Etchmiadzine,
centre religieux de l’Eglise Arménienne où réside
le Catholicos de tous les Arméniens, puis du monastère
d’Haghartsine, entouré des hautes montagnes du Gougark
(3000 m), du Lac Sévan. Nos cars serpentent dans les montagnes
couvertes, en cette saison, de buissons en fleurs, blancs, mauves
et roses. Les vertes vallées regorgent d’arbres fruitiers
en fleurs : abricotiers, pommiers, poiriers. L’Arménie
a toujours exporté ses fruits, en particulier, en Géorgie.
Nous continuons à monter et le paysage change et devient
plus dramatique : rochers, cailloux, désert de pierres. Nous
arrivons à Novarank, ensemble monastique de chapelles et
de tombeaux des princes de la région datant du XIII ème
siècle.
Tympan sculpté avec une vierge et un Christ au visage d’adulte,
stèles de pierre avec des croix sculptées, lecture
biblique, chants de cantiques. Le monastère de Khor-Virabe,
près de la frontière turque. Douceur d’être
dans des lieux si chargés de mémoire chrétienne.
Le lendemain nous visitons Garni, un temple du Ier siècle,
joyau de l’architecture hellénistique, aux colonnes
de basalte gris, dédié au Soleil, perché à
1400 m dans un oasis de verdure au dessus de la rivière Azad,
sur un plateau triangulaire qui offre une vue panoramique sur les
chaînes de montagnes avoisinantes.
Mais ce n’est pas tout ! Outre ces découvertes de
lieux et de paysages magnifiques nous avons participé à
la commémoration du 90 ème anniversaire du Génocide
arménien et assisté à la messe dans la cathédrale
d’Etchmiadzine, moment intense d’émotion.
Cette jeunesse arménienne si proche, pleine de talents
: les comédiens formés par Laurence Fouchier pour
un spectacle, les jeunes musiciens qui nous ont offert un magnifique
concert dans la maison-musée de Khatchatourian, sont autant
de promesses pour faire grandir un pays que ce voyage nous a rendu
si attachant, et que nous n’oublierons pas une fois rentrés
chez nous !
Bénédicte Boissonnas, Marie-Noële
Sicard
Un désir de solidarité
Parmi les participants membres du Conseil de l’Entraide de
l’Oratoire, Sophie Brunel, vice-Présidente se souvient
elle aussi de la célébration poignante du génocide
qui a sorti de l’oubli ce pays martyrisé politiquement,
humainement et géographiquement. Ce pays nous appelle à
l’aide. L’œuvre engagée depuis quinze ans par Solidarité
Protestante France Arménie soulève l’admiration
et l’enthousiasme. La pauvreté des villages et même
la capitale Erevan, émeut nos consciences. Cette association
est résolument tournée vers l’avenir. Elle s’attache
à former de nombreux jeunes en développant l’apprentissage
du Français, tout en mettant en garde contre l’émigration,
car ces jeunes sont indispensables chez eux où il manque
de professeurs, de personnel médical, etc..
La sensibilité artistique de tous ces jeunes est particulièrement
émouvante et peut constituer un atout de nature à
stimuler l’activité économique dans ce pays où
les infrastructures sont si déficientes (immeubles délabrés,
canalisations d’eau et de gaz crevées…) et où
55 % de la population vit avec moins de 2 euros par jour. On ne
peut rester insensible à une telle détresse dans ce
pays situé à 4 h 30 de vol de la France. Nous souhaitons
motiver tous les membres de l’Entraide de l’Oratoire afin
qu’ils s’impliquent avec nous dans l’œuvre du
pasteur Samuel Sahagian.
Sophie Brunel
Une bible illustrée
L’Histoire de l’Eglise nous dit que l’évangélisation
de l’Arménie s’est effectuée entre 35 et
43 de notre ère. Thaddée et Barthélémy
sont morts martyrs en Arménie dans le premier siècle.
Plus proche de nos mémoires( grâce à P. Corneille),
l’Arménie est le théâtre de la tragédie
de Polyeucte. Sachons aussi que c’est en 301 que le Christianisme
a été proclamé religion officielle du royaume
d’Arménie et que c’est de 406 que date la création
de l’alphabet arménien par le moine Mesrob-Machdots
dont l’objectif premier est la traduction de la Bible ! La lecture de la Bible est illustrée par des paysages éloquents
qui semblent décider de la passion qui animent les habitants
de ce pays et au-delà des frontières, tous les arméniens
de la diaspora. Passion irrépressible pour qui lève
les yeux vers ce piédestal divin qui a pour nom ARARAT. Cette
impressionnante montagne dont le nom s’est ancré en
nous dès l’enfance à l’écoute de
l’histoire de Noé, est un haut lieu de l’Alliance.
Un piédestal sur lequel Dieu dépose l’arche,
c’est-à-dire l’humanité et la création
toute entière, pour un départ nouveau dans la vie,
vers un avenir et une espérance.
Entendre, une fois encore, le récit du déluge et
du retour au sec face à l’Ararat apporte un relief particulier
à l’événement originel. La lecture déplace
au centre du message divin. Ce n’est évidemment pas
la recherche de l’arche perdue qui nous intéresse dans
sa matérialité, mais plutôt la contemplation.
Une contemplation sans possession, car la majesté de cette
très haute montagne semble nous maintenir à distance.
Elle ne peut être gravie à partir de l’Arménie
; les pieds de ce géant sont devenus étrangers(en
Turquie). La contemplation, c’est toujours la réponse
à un don, en l’occurrence, au don de la grâce,
à la possibilité de vivre vraiment malgré les
frontières qui font de la rivière Araxe un fleuve
sans rive ! Montagne et fleuve sublime, restent par certains côtés
inaccessibles et malgré cela, la Parole de Dieu nous conduit
plus haut et plus loin, sur une rive de réconciliation que
chacun appelle de ses vœux et de sa prière.
Werner Burki
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