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Humilité, douceur, patience

 

Il n'y a rien de nouveau sous le soleil", disait déjà l'Ecclésiaste. Et nous sommes tentés de penser et de dire comme lui, tant il y a de routine dans les perpétuels recommencements des différents rythmes auxquels nos existences sont soumises.


Si tout semble pareil, nous savons bien que tout est pourtant différent. Ni les êtres ni les choses ne demeurent tout à fait les mêmes, et une voix tenace proteste au fond de nous-mêmes pour rejeter tous les déterminismes. Bien sûr, il y a parfois affaiblissement, diminution ou même régression mais le plus souvent nous assistons à un changement, une évolution, une progression, fruits de J'expérience acquise au gré des rencontres, des confrontations ou échanges d'idées.
C'est pourquoi finalement aucune rentrée n'est semblable à celles qui ont précédé, et tout demeure à nouveau possible. C'est une question de mentalité, d'esprit, de regards différents sur les êtres et les choses. C'est une question de volonté, pour une disponibilité plus grande, une ouverture aux autres, plus de compréhension et une écoute active. En un mot c'est un problème de tolérance. Et ce n'est pas un simple concept que beaucoup aujourd'hui considèrent comme ambigu ou même négatif: on tolère par nécessité, dans l'incapacité de modifier quoi que ce soit, par force ou par faiblesse ou indifférence.
La tolérance me semble une vertu spécifique du christianisme. C'est une forme de l'amour, puisqu'elle est respect de l'autre. Car la tolérance ne demande à personne de renoncer à ses convictions. Le respect de l'autre implique même qu'on ne les taise pas, par crainte de le blesser ou de l'offusquer. L'intolérance consiste à les imposer de force. Tous les dogmatismes connaissent ce travers.


Dans aucune concordance biblique je n'ai trouvé le mot " tolérance " (ni son contraire). Pourtant n'est-ce pas la tolérance que Paul souhaite aux Ephésiens, lorsqu'il les exhorte à l'humilité, à la douceur, à la patience : "Je vous exhorte, moi, le prisonnier dans le Seigneur, à marcher d'une manière digne de la vocation qui vous a été adressée, en toute humilité et douceur, avec patience, vous supportant les uns les autres avec charité, vous efforçant de conserver l'unité de l'esprit par le lien de la paix ".
Dans le vocabulaire paulinien, " marcher " est synonyme de " se comporter ", Il s'agit donc d'avoir un comportement conforme à l'appel que Dieu nous adresse, telle est notre " vocation chrétienne " : un comportement filial à l'égard de Dieu et fraternel envers les hommes.
Mais pour y parvenir, humilité, douceur et patience sont nécessaires " et pour se supporter les uns les autres la tolérance n'est-elle pas requise ? N'est-ce pas la charité, l'amour du prochain ? Aimer l'autre, c'est l'accueillir et J'accepter tel qu'il est et non tel que nous voudrions qu'il soit, avec ses qualités et ses défauts.

Paul sait bien les difficultés d'un tel comportement puisqu'il ajoute
" Vous efforçant de garder l'unité de l'esprit dans le lien de la paix ". L'effort peut ne pas être couronné de succès : l'unité de l'esprit risque de se perdre et le lien de la paix se détendre de multiples façons. Mais il ne faut pas relâcher l'effort. L'unité de l'esprit, comprise comme l'unité des esprits et des cœurs, est évidemment nécessaire à la vie harmonieuse de toute communauté et particulièrement de la communauté religieuse qu'est l'Eglise. Mais il s'agit plutôt ici de l'unité qui est donnée par l'Esprit de Dieu. L'unité de l'Esprit est une œuvre de restructuration intérieure de tout notre être. Ce n'est pas nous qui pouvons la créer, mais nous devons nous efforcer de la garder. Quant au lien de la paix, c'est toute l'œuvre du salut opérée par Jésus-Christ, œuvre de notre réconciliation avec Dieu et avec les autres, véritable communion spirituelle, que notre orgueil, notre péché, avait détruite. En Jésus-Christ et par Lui, nous devenons des créatures nouvelles.

Pierre Fath

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Article tiré du bulletin de l'Oratoire du Louvre à Paris


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