David et Goliath
les éternels combattants
David et Goliath : ces noms font
partie du patrimoine universel au point qu'ils sont devenus une
expression courante pour parier d'un conflit entre nations ou d'un
rapport de forces. Mais sait-on d'où vient la légende
de David et Goliath ? On la trouve dans la Bible, dans le premier
livre de Samuel, au chapitre XVII.
Comme toute légende, elle emprunte un contexte historique
et y développe un récit plein de merveilleux, telle
la légende de Roland à Roncevaux. Goliath était un Philistin. Le nom de « Philistin
» sera transformé par les grecs à l'époque
d'Alexandre le Grand, puis par les romains, et deviendra celui d'une
province romaine, la Palestine.
Lorigine des Philistins est mystérieuse. Il est vraisemblable
de la situer du côté de la mer Égée et
la Crète. Les Philistins font partie de ces « peuples
de la mer » qui ont envahi l'Égypte à l'époque
de Ramsès 111 vers 1175 av. J.C. Puis, ils ont été
repoussés par les Égyptiens et se sont établis
dans la plaine côtière qui s'étend de Gaza au
nord d'Ashdod (soit un territoire d'environ 60-sur 40 km) et se
sont organisés en 5 principautés.
Mais, forts de leur supériorité en armes (ils sont
les seuls dans la région à utiliser des armes en fer
et des chars de combat) et de leur organisation militaire, lis ont
cherché à étendre leur pouvoir sur le territoire
de Juda en gagnant l'intérieur des terres.
D'où le conflit avec les tribus hébraïques,
qui va durer pendant plusieurs générations et atteindre
son point culminant à l'époque du roi Saül et
de David, aux environs de 1000 av. JC.
Tout sépare les Philistins des Hébreux. Ce sont
des incirconcis, des non-sémites, des polythéistes.
Ils parlent une langue-non sémitique. Bref, ce sont deux
civilisations qui s'affrontent pour la possession d'une terre qui
est un lieu charnière entre la puissance égyptienne
et celle de la Syrie.
Tantôt ce sont les Philistins qui l'emportent dans des batailles
rangées, tantôt les Hébreux qui pratiquent plutôt
la razzia sous la conduite de chefs de bandes intrépides.
Le conflit s'enlise jusqu'au jour où Philistins et Hébreux
choisissent de le régler d'une manière symbolique
par un duel entre deux hommes sous le regard des armées adverses.
Goliath est choisi par les Philistins comme leur champion. C'est
un géant, puissamment armé. Du côté hébreu,
c'est l'embarras : qui choisir ? Finalement, c'est David, un vigoureux
berger, pourtant bien pâlichon face au géant, qui est
choisi.
Et David tue Goliath avec sa fronde et lui tranche la tête.
Les Philistins se débandent, démoralisés d'avoir
perdu la face.
Nous avons là une typologie intéressante pour penser
les conflits.
- 1 / Tous les combattants rêvent d'être David :
un homme jeune, intelligent, adroit, qui vient à bout de
la force brute. Ce qui n'empêche pas les « David »
de souhaiter un armement « à la Goliath » !
Ce n'est pas rassurant d'aller à la bataille avec des pierres
et une fronde pour toute arme.
- 2/ C'est bien d'être David, mais il ne faut pas oublier
que c'est lui le « tueur » et que tout cela finit
dans un bain de sang. La suite de l'histoire biblique montre par
ailleurs David faisant alliance avec un prince philistin et se
réfugiant chez lui quand il est poursuivi par le roi Saül
1
- 3/ Dans la Bible, le combat est joué d'avance parce
que David est le champion désigné par Dieu et oint
par le prophète Samuel.
Mais aujourd'hui, qui va dire qui est le David et qui est le Goliath
? Dans les conflits modernes, chacun prétend être David
et aspire à se concilier ainsi la sympathie de l'opinion
internationale spectatrice.
Toutefois, il n'est pas facile d'identifier les combattants. Chaque
camp n'est-il pas à tour de rôle David et Goliath,
selon le moment ou l'angle selon lequel on examine le conflit ?
Nous voyons là l'importance de la symbolique dans les conflits.
Symbolique brandie par les médias, les gouvernements ou l'ONU
qui choisissent leur préféré en l'affublant
de-la tunique du bon berger, David.
La question est donc aujourd'hui : qui joue le rôle de Dieu
dans la légende de David et Goliath, et au nom de quoi ?
La réponse est d'autant plus ardue quand des pays s'opposent
en confisquant chacun pour sa part les textes sacrés ou le
nom de Dieu. Il faut probablement inventer autre chose que le duel
symbolique et l'affrontement : pourquoi pas la négociation
avec pour objectif, la paix ? Dieu y trouvera aussi son compte.
Jean-Michel Perraut
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