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Un chrétien très engagé :
Rencontre avec Jean-Marcel Lèbre

président par intérim du Groupe Protestant des Artistes

 

Par modestie, les paroissiens n’aiment pas toujours être racontés dans la rubrique «portrait» Jean-Marcel Lèbre n’échappe pas à la règle. Bien que ne fréquentant pas l’Oratoire comme paroissien, il vient ici régulièrement en sa qualité de membre du Groupe protestant des Artistes et, depuis peu, comme président par intérim. « Si l’on doit parler de moi, je voudrais vraiment que ce soit à travers la chorale « Espérance », confie-t-il.

Cette chorale africaine chante dans la paroisse de Batignolles depuis de nombreuses années. Différentes familles d’origine africaine fréquentent cette communauté depuis longtemps. En acceptant de devenir le parrain et le président de ce groupe, Jean-Marcel Lèbre a découvert des situations personnelles dramatiques. Le déclic s’est produit l’année dernière lorsque la Louisiane a été ravagée par le cyclone Katrina.

Le parrain des sans-papiers

« Un ami pasteur de là-bas m’a contacté pour demander de l’aide. J’ai proposé à la chorale d’organiser un concert dont la recette irait à la Louisiane. Le groupe a accepté tout de suite mais certains ont commencé à me parler de leurs propres difficultés. » Comment se douter, en effet, que ces paroissiens fidèles, engagés dans la chorale, sont, pour certains, sans-papiers et ont déjà reçu un avis d’expulsion ? Jean-Marcel Lèbre décide de les aider et, pour cela, suit une formation à la Cimade. Il ouvre ensuite une permanence pour les recevoir. Une prise de conscience se manifeste aussi peu à peu au niveau de la paroisse ; cela permet de décloisonner les deux communautés.

Jean-Marcel Lèbre décide alors de ne pas adhérer au Réseau Chrétien Migrant mais travaille, en revanche, avec un collectif constitué de David Steward (pasteur ERF à Sarcelles), Else Serre (paroisse de Marly-le-Roi), Yamina Khelifati (paroisse des Batignolles) et Stéphane Lavignotte (Mission Populaire à Paris).

Il faut aussi animer la chorale, la faire chanter ailleurs que dans la paroisse qui l’accueille : c’est chose faite depuis septembre avec une prestation une fois par mois dans un lieu différent. Le moment de chant se transforme ensuite en prise de conscience : les membres de la chorale échangent avec les paroissiens. Il s’agit clairement de former d’autres personnes à accompagner les sans-papiers sous forme de parrainage. Juliana Kovacs a accepté, depuis un an, de faire travailler chaque semaine la technique vocale des choristes, et ils ont beaucoup progressé grâce à elle.

L’emploi du temps de Jean-Marcel Lèbre est complètement rempli : « Je me sens totalement engagé et j’ai l’impression de faire partie de leur famille, nous sommes juste des chrétiens ensemble. Ils nous donnent une leçon de foi formidable. Leur foi est chevillée au corps. »

Notre invité s’efface devant ces choristes qu’il veut mettre en lumière mais il faut préciser qu’il a toujours été un chrétien engagé, marqué très tôt par l’injustice. Scolarisé près de la place des Vosges, il joue dans un spectacle avec une petite fille d’origine juive. Elle disparaît un jour et il comprend qu’elle ne reviendra plus. De 1962 à 1963, pendant la guerre d’Algérie, il s’engage dans l’armée de l’air puis travaille avec la Cimade en s’occupant d’enfants durant cette période.

Sa vie d’artiste

Rentré en France, il travaille chez le grand tapissier Picard-Ledoux où il reproduit les modèles à envoyer à Aubusson. Il apprend ensuite la photogravure dans une autre maison pour connaître les techniques d’impression. Il réalise des pochettes de disques pour la maison Barclay, des conditionnements pour Avon cosmétiques, la mise en page des catalogues Roche et Bobois. Artiste à plusieurs facettes, il peint également.

Il fonde sa propre agence de design et remporte en 1983 le concours pour réaliser le nouveau bus de la RATP. Il assure aussi la maquette du journal interne de la régie : Entre les lignes. Jean-Marcel Lèbre a donné des cours au CREAR, appelé aujourd’hui l’INFA, (Institut National de Formation Appliquée) dont il a assuré la direction artistique de 1999 à 2003. Il aimerait que cette expérience d’enseignant serve à d’autres : que beaucoup de passionnés aillent transmettre leur métier dans des écoles.

Après cette vie de travail orientée vers de multiples formes d’art, Jean-Marcel Lèbre est retourné vers son premier engagement : la Cimade. Il n’a jamais cessé d’accompagner les autres puisqu’il se consacre aussi à des visites pastorales de personnes âgées et isolées.

Un bel exemple de ce que doit être un chrétien engagé : au service d’autrui.

Frédérique Hebding

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