Qu’est-ce que Dieu
nous donne pour vivre ?

( Matthieu 21:33-41 )

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Culte du 29 mars 2009 à l'Oratoire du Louvre
prédication du pasteur Marc Pernot

Les églises chrétiennes se préparent à célébrer cette année encore la fête de Pâques. Avec les enfants qui nous font l’honneur de venir lire la Bible avec nous chaque mois à l’Oratoire nous allons nous aussi nous intéresser cet après-midi à Pâques en lisant dans les évangiles les récits de la mort et la résurrection de Jésus.

Il y a bien des façons de comprendre la mort de Jésus. On entend parfois dire que Dieu aurait voulu sa mort. Quelle étrange idée ! Comment est-ce que le Dieu de la vie pourrait vouloir la mort cruelle de quelqu’un ? Comment un Dieu qui aime ce qui est juste pourrait prendre plaisir à l’exécution d’un homme qui a passé son temps à faire du bien autour de lui ? C’est impossible. Pour Dieu, la mort violente d’une personne est un pur scandale.

Jésus nous explique la raison de sa mort prochaine dans la parabole de la vigne et des vignerons assassins. Dieu n’a jamais voulu sa mort. Ce sont les hommes qui ont voulu sa mort, c’est leur faute, à cause de l’égoïsme, à cause de l’intégrisme et des luttes de pouvoirs.

Historiquement, Jésus a été en effet tué par le fanatisme religieux et politique. Dieu n’a jamais voulu sa mort, évidemment. C’est dramatique, d’autant plus que l’histoire se répète. Ce Christ que Dieu espère voir respecter c’est aussi le Christ qui est en nous, cette part de nous-mêmes qui est bonne et généreuse, cette part de nous-même qui se réjouit de mettre du bonheur et de la vie autour de nous. Ce Christ qui est en nous, Dieu ne veut pas qu’il meure, mais cette bonne part de nous-mêmes a parfois bien du mal face à notre propre égoïsme, face à notre propre fanatisme.

Dieu nous a donné Jésus pour nous sauver, il espérait vraiment qu’il serait respecté, qu’on écouterait sa parole et que nous pourrions ainsi tous progresser. Et dans notre vie, c’est la même chose. Dieu espère que nous respecterons l’enfant de Dieu qui est dans notre prochain, et que nous respecterons l’enfant de Dieu que nous sommes aussi par certain côté. Car c’est cette bonne part qui est notre avenir.

Dieu nous donne tout pour que nous puissions vivre ainsi, vivre bien. C’est de cela que parle Jésus avec cette parabole car le raisin que le maître attend, ce raisin est une image très courante dans la Bible pour parler de la meilleure dimension de notre être, cette bonne part que Dieu recueille soigneusement pour la vie éternelle. Ce n’est donc pas pour le manger ou le vendre que le maître cherche du raisin, mais pour le garder précieusement comme il garde l’être intérieur de chacun de ses enfants pour la vie éternelle.

Et Dieu fait tout pour que ces fruits de vie éternelle existent, Dieu fait tout pour que cette vie germe en nous, pour que ces fruits se développent nombreux et gorgés de bon jus. C’est ce qu’explique Jésus dans cette parabole.

Dans la première partie de la parabole, nous voyons tout ce que Dieu nous donne pour que la vie éternelle se développe bien en nous.

« Il y avait un homme, maître de maison, qui planta une vigne.
Il l'entoura d'une barrière, y creusa un pressoir, et bâtit une tour... »

Qu’est-ce que cela peut nous faire que le maître entoure sa vigne d’une barrière, y creuse un pressoir, et y bâtisse une tour ? Dans cette parabole, pourquoi est-ce que Jésus donne tant de détails ? Qu’est-ce que ça veut dire pour notre vie ?

Dieu nous donne ces 3 choses pour nous aider à gérer notre vie et que la vie éternelle existe en nous et se développe.

La barrière est utile pour protéger la vigne de l’extérieur, contre les animaux qui pourraient venir la piétiner ou la brouter. Cette barrière protectrice représente la présence de Dieu qui est pour nous comme un « rempart et un bouclier », comme le disent de nombreux psaumes.

La tour sert également à se protéger contre les agressions extérieures. elle permet de voir les choses de plus haut, et de se rendre compte à l’avance de ce qui peut survenir. La tour représente la foi qui permet au croyant de s’élever par la prière, la connaissance et la réflexion.

Le pressoir permet de récolter le bon jus de raisin et de rejeter ce qui est sec. C’est une figure de la bienveillance. Quand on aime quelqu’un, quand on aime la vie c’est ce que l’on fait : on garde le meilleur en passant sur ce qui n’est pas bon. Ce travail du pressoir est à faire chaque jour à plusieurs occasions, pour distinguer ce qui est bon de ce qui est mauvais, avec réalisme et bienveillance. C’est utile quand on se demande ce que l’on doit faire, c’est utile pour mieux aimer les autres. C’est utile pour combattre l’injustice. C’est utile pour se réjouir de la vie, malgré les difficultés. C’est utile surtout pour reconnaître nos propres fautes, nos propres défauts, mais aussi nos qualités.

La barrière, la tour et le pressoir sont trois choses essentielles dans la vie, trois dons de Dieu.

Mais comment les utiliser ?

Pour ce qui est de la barrière, elle marche toute seule sans que l’on ait rien à faire. C’est une bonne image de la grâce de Dieu. Il garde dans son amour chacun de ses enfants. Jésus nous dit même que Dieu garde dans son amour ceux qui sont méchants. Dieu nous garde. C’est une formidable source d’espérance, n’ayons pas peur.

La barrière marche sans qu’on se fatigue, par contre, une tour n’est utile que si l’on monte dedans. La tour, c’est comme la foi, elle permet de prendre de la hauteur pour mieux gérer sa vie et voir à temps si un ennemi ou un orage de grêle s’approche et risque de tout détruire. Par la foi, nous pouvons prendre ainsi de la hauteur dans notre existence, nous pouvons nous élever au-dessus du simple point de vue matériel, nous pouvons voir plus loin, avec plus d’intelligence, sans s’arrêter aux petits détails.

Cette tour, c’est Dieu nous disent bien des psaumes. Dieu donne à chacun cette possibilité de voir d’un peu plus haut la réalité de notre être, de notre vie et du monde qui nous entoure. Dieu est comme cette tour qui nous est donnée, il est là près de nous, mais il laisse chacun libre de monter ou de ne pas monter dans sa présence. On peut choisir d'avoir la foi. On peut choisir de s’élever par la foi, c'est tout simple et concret comme d’entrer dans une tour qui est là, à quelques mètres de nous, et de monter l’escalier, pas à pas.

Il est utile de monter régulièrement dans cette tour, et il est bon de savoir en redescendre, parce que le vigneron qui resterait là-haut tout le temps aurait bien gardé sa vigne mais il n’aurait quand même pas récolté grand chose. Il est bon de prendre du temps pour penser à sa vie avec l’aide de Dieu, et ensuite il est bon de vivre sa vie.

Le pressoir aussi nous est donné par Dieu mais n’apporte rien si l’on ne s’en sert pas. Il permet d’éliminer ce qui est sec et de garder ce qui est bon. Si l’on ne s’en sert pas nous gardons trop de mal dans notre cœur, dans nos actes, dans notre vision du monde. Ce mal risque de tout gâcher, de tout faire pourrir. Imaginez quelqu’un d’un peu bête à qui l’on donne une grappe de raisin bien mûr à goûter, et qui met directement dans sa bouche les grains avec les morceaux de bois qui vont avec. Il va dire qu’on s’est moqué de lui et que c’est immangeable. Il fallait trier avant. Dieu nous aide à faire le tri, et à ne garder que ce qui est bon (il y a des gens qui trient mais qui ne gardent que le mauvais, ce qui est assez triste aussi).

Ce pressoir que nous somme Dieu, c’est la bienveillance, c’est son amour qui nous permet de pardonner, qui nous permet de voir la moindre goutte de bien qui est dans une personne, de voir aussi tout ce qu’il y a de beau dans ce monde et dans notre vie, même s’il y a aussi des choses sèches et dures.

Dieu nous donne donc la  vigne de notre existence, et il nous donne ces trois forces, celle de sa grâce, celle de la foi qui éclaire notre regard, et celle de l’amour. À nous d’en vivre. Nous avons tout ce qu’il faut pour que plein de bon jus de raisin puissent être confié à Dieu pour qu’il le transforme en vin et le garde pour la vie éternelle…

Mais les dons de Dieu ne s’arrêtent pas à ces moyens. Il assure, si je puis dire, le service après-vente car nous ne sommes pas Jésus-Christ, ou plutôt nous ne sommes pas totalement Jésus-Christ, nous sommes aussi par certains côtés des êtres stupides et arrogants comme les méchants vignerons de la parabole de Jésus. Que fait alors Dieu ? Il redouble de bonne volonté pour nous. C’est à cela que servent les prophètes, ces hommes et ces femmes de bonne volonté qu’il nous envoie, ces vrais amis qui ont le courage de nous rappeler la volonté de Dieu quand nous commettons l’injustice. Et puis nous avons le Christ. Nous avons Jésus qui nous a vraiment dit qui est Dieu et que la vraie vie consiste à aimer comme Dieu nous aime. Nous avons aussi notre propre conscience, dans la mesure où elle est éclairée par l’Esprit-Saint.

L’espérance de Dieu, c’est que le Christ soit respecté. Le Christ de l’histoire l’est un peu, puisque nous sommes ici en son nom 2000 ans après, mais le monde le rejette et le tue également, et pas qu’un peu, hélas.

L’espérance de Dieu c’est que notre bon côté, notre côté enfant de Dieu soit respecté par les autres dimensions de notre être, car alors nos projets, nos actes, notre espérance ne sont plus gouvernés par l’égoïsme mais par un véritable amour qui produit des fruits de vie éternelle.

Mais, comme le dit ici Jésus, c’est incroyable avec quelle facilité le vigneron se prend pour le véritable propriétaire. C’est incroyable comme notre ventre, notre sexe ou notre tête peuvent prendre le pouvoir en nous, pour notre ruine, alors que nous pourrions vivre bien en n’oubliant pas que nous ne sommes que les gérants de notre argent, de notre temps et de notre vie. Tôt ou tard, comme dans cette parabole, nous devrons quitter ce monde et alors il ne restera que l’amour. C’est lui qui est l’héritier, c’est cette dimension de grâce, de foi et d’amour qui caractérisent Dieu, l’Éternel.

En cela, le vieillissement de nos corps peut être quelque chose d’utile. Nous sommes bien obligés de constater ce vieillissement dans nos proches et parfois en nous-mêmes, cela peut être utile si cette usure nous rappelle que l’essentiel est l’être intérieur qui se renouvelle de jour en jour en chaque être humain, cet être qui peut même grandir et porter du fruit, par la grâce de Dieu.

Amen.

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Pasteur dans la chaire de l'Oratoire du Louvre - © France2

Pasteur dans la chaire de
l'Oratoire du Louvre
© France2

Lecture de la Bible

Matthieu 21:33-41

Écoutez une autre parabole. Il y avait un homme, maître de maison, qui planta une vigne. Il l’entoura d’une haie, y creusa un pressoir, et bâtit une tour; puis il l’afferma à des vignerons, et quitta le pays.
34 Lorsque le temps de la récolte fut arrivé, il envoya ses serviteurs vers les vignerons, pour recevoir le produit de sa vigne.
35 Les vignerons, s’étant saisis de ses serviteurs, battirent l’un, tuèrent l’autre, et lapidèrent le troisième.
36 Il envoya encore d’autres serviteurs, en plus grand nombre que les premiers; et les vignerons les traitèrent de la même manière.
37 Enfin, il envoya vers eux son fils, en disant: Ils auront du respect pour mon fils.
38 Mais, quand les vignerons virent le fils, ils dirent entre eux: Voici l’héritier; venez, tuons-le, et emparons-nous de son héritage.
39 Et ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne, et le tuèrent.
40 Maintenant, lorsque le maître de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons?
41 Ils lui répondirent: Il fera périr misérablement ces misérables, et il affermera la vigne à d’autres vignerons, qui lui en donneront le produit au temps de la récolte.