in englishPar la sincérité, l’audace, et l’étincelle divine

(Genèse 11:1-9)

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Culte du dimanche 8 novembre 2015
prédication du pasteur Marc Pernot

L'épopée de Star Wars va s’enrichir d’un 7e volume dans quelques semaines ce qui nous vaut d’avoir une exposition sur ce thème actuellement au Louvre. Une autre saga est encore plus connue, vieille de plus de 4000 ans, elle est encore plus ancienne que les pharaons, elle date de l’aube de l’invention de l’écriture : la Bible s’ouvre sur une formidable sage en 4 volumes racontant les efforts que Dieu fait pour créer un humain digne de l’espérance de Dieu :

  • La 1ère histoire est celle d’Adam et Ève
  • La 2ème est celle de Caïn et Abel,
  • La 3ème celle de Noé,
  • Et la dernière, la 4ème est celle de Babel.

Cette épopée de la création de l’humain se termine alors sur l’apparition d’Abraham qui va vivre en ami de Dieu, mais c’est une autre saga, celle des patriarches.

À chacun des 4 volumes de cette épopée de la création, on voit l’humain partir du meilleur qu’on lui a transmis, on le voit chercher, essayer, découvrir, on le voit se tromper et faire de belles choses. Et à chaque étape, Dieu donne un coup de pouce pour que l’humain puisse avancer à travers ses échecs comme ses réussites. C’est une véritable source d’encouragement pour nous. Comme les héros de cette saga de la création, nous pouvons tâtonner dans notre existence. Nous avons le droit de nous tromper.

Mais regardons comment cette saga avance à travers les 4 histoires qui la constituent, ce que les personnages découvrent comme trésors en chemin, et quelle est le moteur de cette progression malgré tout ce qui arrive. Car cette saga nous parle de la vie, comment elle devient belle et vraie.

Or, l’être humain est ainsi fait que chaque génération, chaque personne doit revivre en accéléré toute l’évolution de notre espèce : depuis la première cellule vivante sur notre planète, devenant un être de plus en plus capable et complexe, le but de cette évolution étant un humain aussi génial et bon que le Christ.

Comment faisons-nous pour évoluer ainsi en quelques années, 120 au maximum, alors qu’il a fallu plusieurs milliards d’années pour aller de l’apparition de la première cellule vivante sur terre jusqu’aux premiers humains ? Cela se fait en partie tout seul et c’est une merveille. Mais si nous étions déposé à notre naissance tout seul et tout nu sur une île déserte, il y a peu de chance que nous vivions, et en tout cas, nous serions très limités dans notre développement, incapable même de parler le moindre mot. Cette incroyable évolution que nous connaissons se fait donc par l’éducation qui nous permet de monter sur les épaules des générations passées.

La Bible, avec cette épopée en 4 volumes de la création, nous invite à bénéficier de cette expérience des générations passées pour gagner du temps dans notre évolution et aller plus loin encore, un petit peu mieux encore.

Le 1er épisode de cette saga est l’histoire d’Adam et Ève.

Il nous propose un projet et nous met en garde contre un danger. Le projet est de cultiver et de garder le jardin de la création, nous dit le texte. Le « garder », c’est à dire le conserver en forme est déjà un beau programme. Mais Dieu nous donne plutôt comme projet de garder la création en la cultivant, c’est à dire de ne pas garder seulement le résultat, mais de garder le monde en évolution, et de le faire librement, selon notre propre créativité. C’est normal que pour garder la création il faille garder son évolution, car seul ce qui s’adapte et évolue est vivant et a une chance de le rester à travers le temps. Et nous, les humains, nous sommes encore mieux que vivants, nous sommes donc appelés à être source d’évolution.

Le danger que nous apprend cette première histoire est directement lié à cette puissance. Nous recevons donc en tant qu’humain la capacité et la mission d’être créateur. De là à se prendre pour Dieu, il n’y a qu’un pas. Se prendre pour Dieu est source de bien des catastrophes, et notre monde en souffre. Mais se prendre pour Dieu rend malheureux, aussi, car ce n’est pas vrai. Et c’est oublier que Dieu est spécialiste des impulsions décisives pour avancer.

Le 2ème épisode est l’histoire de Caïn et Abel

A travers les réussites et les erreurs de la génération passée, les deux frères ont bien intégré leurs découvertes. Caïn et Abel ont chacun leur propre projet pour faire évoluer le monde, l’un en cultivant des fleurs, des arbres et des fruits, l’autre en soignant les animaux. C’est très bien. Ils ont aussi appris à ne pas se prendre pour Dieu, par le culte qu’ils lui rendent chacun à sa façon, ils reconnaissent que c’est l’Éternel qui est dieu en non eux-mêmes. Très très bien. Mais il n’y a pas que le monde à faire évoluer, eux aussi doivent évoluer, découvrir quelque chose pour être plus humain. Sinon : danger.

L’histoire d’Adam et Ève nous apprend que nous avons une mission et un Dieu. L’histoire de Caïn et Abel nous apprend qu’en plus nous avons des proches autour de nous et que cela aussi est important pour être un humain. La mission nouvelle et supplémentaire : c’est de se sentir gardien de son frère. Le danger, c’est la jalousie, c’est de ne pas se parler, c’est de s’entretuer.

Le 3ème épisode de cette saga est l’histoire de Noé

Il est un homme juste, marchant avec son Dieu, il est capable de se lancer dans des projets incroyables pour garder la création, il a une vraie bonne famille. A travers les réussites et les erreurs des générations passées, Noé a tout retenu des 2 étapes précédentes de notre saga de la création,

Son défi à lui, c’est de découvrir comment faire face à la violence et à la méchanceté de l’humanité.

La première piste explorée est l’élitisme : ne garder seulement que les humains qui sont parfaits et éliminer les autres comme avec une gigantesque chasse d’eau. L’évolution que nous propose ce 3e épisode de la saga est de comprendre que tout humain a sa part de mal, et que même s’il nous prend l’envie de l’éliminer, il est mieux de faire alliance avec lui, pour valoriser le meilleur qui est en lui aussi.

Le 4ème épisode de cette saga est l’histoire de la ville et de la tour de Babel

L’humanité a tout compris et reçu des épisodes précédents.

  • Nous voyons une humanité réconciliée, unie.
  • Avec un beau projet de construction : une ville et donc des services mutuels, une mise en commun des moyens, des échanges.
  • Et au centre de ce projet commun il y a une véritable spiritualité, une élévation qui va jusqu’à toucher le ciel. C’est ainsi qu’ils « cherchent à se donner un nom », en cherchant à donner du sens à ce qu’ils font.

Sur le papier, tout est là. D’ailleurs il n’y a pas un mot dans le texte pour dire que ce que font les humains serait mauvais. Au contraire, Dieu descend pour voir, et il dit qu’avec cette base là « Maintenant il n'y aura rien d’impossible dans ce qu’ils auront décidé de faire ». C’est un beau compliment. Cette créativité, cette élévation, et cette paix entre eux qui les caractérisent sont une sacrée force. Mais puisqu’il y a ce 4 ème volume dans la saga de la création, c’est qu’il manque une dernière étape, la plus délicate et la plus décisive car c’est elle qui permettra d’entrer dans la saga d’après, celle d’Abraham qui est décrit comme l’ami de Dieu et la bénédiction d’une multitude de peuples et de générations.

En fait, il y a deux nouveautés dans cette histoire de Babel :

  • La première est de faire quelque chose de cette force qu’ils ont grâce à leur projet commun. C’est de se mettre en route pour explorer, pour aller vers d’autres personnes, d’autres peuples.
  • La seconde est de ne plus seulement s’unir en étant identiques, mais en découvrant une autre forme d’unité, à un autre niveau.

Une respiration

Dieu ne démolit pas la ville mais il en arrête la construction pour les envoyer à partir de cet endroit vers tous les coins de la terre. La ville est donc un point de départ, une prise d’élan. Il y a donc un temps pour bâtir la ville et un temps pour la quitter. Un temps pour prendre des forces et un temps pour les investir dans une exploration. Un temps pour être en groupe en se serrant les coudes et un temps pour aller chacun selon son propre chemin vers des personnes nouvelles. Il y a aussi un temps d’élévation par nos propres forces et un temps pour se laisser surprendre par l’Éternel qui descend et nous donne une impulsion nouvelle, inconnue de nous.

Après ce temps de dispersion, chacun à son œuvre propre, il pourra y avoir un nouveau temps de rassemblement pour reprendre des forces tous ensemble. La vie humaine est comme un battement de cœur avec diastole et systole, la vie humaine est comme une respiration avec ce quelque chose d’invisible qui vient de Dieu et notre expression personnelle.

En effet, la tour n’est pas démolie non plus, elle n’est pas utile pour aider Dieu à descendre, bien sûr, mais pour nous préparer nous-mêmes. C’est le rôle de la philosophie, de la théologie et de nos cultes, de notre prière. Mais nous voyons dans cette saga que cela ne suffit pas. Si le secret de la vie humaine était une simple sagesse, il suffirait d’un mode d’emploi, comme pour une simple machine. Mais nous voyons qu’étape après étape ce sont de nouvelles dimensions qui naissent. La création de l’humain n’est pas simplement une leçon apprise, c’est une évolution avec de multiples étapes décisives.

Une autre forme d’unité

De même, il est bon de travailler sur ce qui nous rassemble et un temps pour apprendre que nous sommes différents. C’est une évidence sur le papier mais ce n’est pas si facile à doser en réalité, cela demande une grande finesse, un respect et une bienveillance.

D’une seule voix, le peuple de Babel se dit : « Nous nous ferons un nom, afin de ne pas nous disperser. »

Est-ce que, quand chacun s’élancera au 4 coins de la terre ce projet sera brisé ? Non, pas du tout. Car quand chacun s’élancera dans sa propre direction, ils seront alors unis par leur dynamique même, ils sont unis par la force qu’ils ont prise ensemble, unis par cette impulsion de vie qu’ils ont reçue du même Dieu. Ils sont tous à leur façon un explorateur vivant avec authenticité.

Ils sont donc maintenant bien plus unis encore qu’avant, par une union plus profonde encore qu’avant.

C’est ainsi que dans l’église chrétienne il est possible de commencer par chercher une union par des dogmes communs, par des règles communes, et par le rassemblement physique en un même lieu. C’est comme la construction de la ville et de la tour, avec une seule langue, et cherchant à se faire un nom, autrement dit rn cherchant à donner du sens à ce que l’on vit. Mais ensuite, il est possible d’évoluer, grâce à Dieu, dans une union plus profonde où ce qui nous rassemble est d’avoir tous un élan et d’être chacun à sa façon un explorateur et un entrepreneur, un missionnaire et un secouriste, un savant et un artiste dans son propre chantier. Ce qui unit est alors Dieu lui-même.

C’est ainsi que dans notre société, nous pouvons à la fois porter des noms collectifs comme « parisien », ou « français », « européen » ou « canadien », « chrétien », « oratorien », « musulman », « homme » ou « femme », et tant d’autre noms que nous partageons avec quelques autres personnes, mais que nous avons aussi chacun notre nom propre, notre personnalité. Le fait d’être nous-mêmes est digne et cela ne retire rien aux autres, au contraire.

C’est ainsi qu’Abraham et Sarah entendront un appel qui les met en mouvement, et leur nom propre évoluera suite à leur cheminement fait de tâtonnements et de rencontres avec Dieu. Mais c’est une autre histoire, une autre grande et magnifique saga qui parle aussi de nous.

Un moteur hybride

Un des principaux moteurs de l’évolution dans ces histoires, pour franchir une étape après l’autre, c’est la sincérité de ces héros, c’est leur audace. Ils prennent des initiatives, ils osent, parfois même exagérément, mais ils se bougent avec sincérité.

L’autre moteur de cette évolution, c’est Dieu. Que le héros soit coupable comme Adam & Ève ou Caïn. Que le héros soit un bon disciple comme Noé ou l’humanité de Babel. Dans tous les cas, Dieu descend pour voir. Il s’intéresse à nous, il se laisse surprendre, et il fait tout ce qu’il peut pour tirer le meilleur parti possible de nos succès et de nos échecs. L’humain est alors capable de prodiges, traversant ses erreurs, explorant ses limites, avançant plus loin, plus haut.

Par la sincérité, l’audace, et l’étincelle divine.

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Pasteur dans la chaire de l'Oratoire du Louvre - © France2

Pasteur dans la chaire de
l'Oratoire du Louvre
© France2

Lecture de la Bible

Genèse 11:1-9

Et voilà, toute la terre eut un seule langue et les mêmes mots. 2 Partis de l’Est, ils trouvèrent une vallée au pays de Chinéar, et ils y habitèrent. 3 Ils se dirent l'un à l'autre : Allons ! faisons des briques et cuisons-les au feu. La brique leur servit de pierre, et le goudron leur servit de ciment. 4 Ils dirent encore : Allons ! bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet soit au ciel, et nous nous ferons un nom, afin de ne pas nous disperser à la surface de toute la terre.

5 L'Éternel descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils de l’homme. 6L'Éternel dit : Voilà un seul peuple, parlant d’une seule voix, et voilà ce qu'ils ont entrepris de faire ! Maintenant il n'y aura rien d’impossible dans ce qu’ils auront décidé de faire. 7 Allons ! descendons : et là mélangeons leur langage, afin qu'ils n'entendent plus le langage les uns des autres. 8 L'Éternel les dispersa à partir de cet endroit sur toute la surface de la terre ; et ils arrêtèrent de bâtir la ville. 9 C'est pourquoi on l'appela du nom de Babel, car c'est là que l'Éternel mélangea le langage de toute la terre, et c'est de là que l'Éternel les dispersa sur toute la surface de la terre.