Les Mages(Matthieu 2:1-12)(écouter l'enregistrement - culte entier - voir la vidéo ci-dessous) Culte du dimanche 8 janvier 2017 Ils n’étaient ni trois, ni rois. Ils ne s’appelaient pas Balthazar, Melchior et Gaspard. De la couleur de leur peau nous ignorons tout. L’évangile de Matthieu se contente d’évoquer des mages d’Orient. Des hommes venus d’ailleurs, des païens, étrangers au peuple de l’Alliance. Des mages, il en est question dans la Bible et ils ne sont jamais vraiment présentés sous un jour favorable. Ils interprètent les rêves. Ils accomplissent des prodiges. Ils sont un peu sorciers, un peu devins. Ils scrutent inlassablement les étoiles et les astres. Leur art est un mélange, fréquent dans l’Antiquité, d’astrologie et d’astronomie. Il s'agit d'établir une géographie du ciel, de repérer les constellations, mais aussi de les lire comme autant d'annonces, de présages, dans la croyance que les grands luminaires sont des êtres divins qui peuvent commander et influencer le destin des hommes. Ces mages, ils sont un peu scientifiques, un peu charlatans. Voilà donc le genre de personnages mis en scène aujourd’hui. C’est le matin des magiciens, des voyants et des diseurs de bonne aventure. Ils cherchaient à lire dans les étoiles la destinée de chacun. Ils espéraient ainsi percer les secrets de l’histoire. On comprend alors que l’apparition soudaine d’une étoile en Orient ait suscité à leurs yeux plus que de l’intérêt. Car à l’époque, on croyait que la naissance d’un grand personnage était marquée de signes célestes, comme pour présager un avenir important et saluer un destin hors du commun. Napoléon, lui-même, se plaisait à parler de son étoile. Lorsqu’une étoile particulièrement brillante et jamais observée auparavant se mit à briller au firmament, j’imagine que les mages durent se perdre en conjectures passionnées. Les hypothèses pouvaient y aller bon train. Pour les uns c’était une comète, pour d’autres une conjonction de Jupiter et de Vénus. Que sais-je encore ? Peut-être l’un d’entre eux se souvint-il d’une de ses lectures, une obscure prédiction des temps anciens, consignée dans les écritures juives. Souvenez-vous, au livre des Nombres, l’histoire de Balaam, l’homme au regard pénétrant. Un mage, lui aussi. Il est convoqué par Balaq, roi de Moab, pour maudire les fils d'Israël. Mais il ne peut pas : Le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob lui a parlé au cœur et il ne peut que bénir. Rappelé plusieurs fois par son maître, il ne parvient toujours pas à maudire. Au contraire, son chant s’élève, si pur qu'il parvient jusqu’à nous : « Je le vois, mais non pour maintenant, je l'aperçois, mais non de près : un astre issu de Jacob devient chef, un sceptre se lève, issu d'Israël. » L’oracle de Balaam annonce l’étoile de la rédemption, celle qui un jour se lèvera sur ceux qui gisent dans les ténèbres et l’ombre de la mort, marquant ainsi l’ouverture de l’ère messianique. Une étoile naîtra. Une étoile est née. Alors il est possible que les mages se soient dit que la prophétie était en train de s’accomplir sous leurs yeux. Jamais pareille étoile n’avait été repérée, ce roi devait réellement être exceptionnel. Mais une hypothèse ne vaut que d’être vérifiée. N’y tenant plus, ils décidèrent d’entreprendre le voyage vers la Judée pour aller voir celui qui venait de naître. Il fallait partir à la recherche de celui qui serait peut-être la nouvelle star ! Mais à dire vrai, sans en être conscients, ces personnages viennent de retrouver deux grandes affirmations bibliques. Au commencement, c’était le quatrième jour, Dieu a créé les astres dans le ciel pour qu'ils servent de signes, pour marquer les jours et les années, pour indiquer les fêtes, littéralement les "rendez-vous" (Genèse 1, 14). Eh bien les mages ne veulent pas rater le rendez-vous. Ce qu'ils cherchent dans les astres, ils n’en savent trop rien au juste, mais en tout cas, ils sont travaillés par la quête de quelque chose ou de quelqu'un. Et puis il y a une deuxième proposition biblique : on ne s’approche jamais des choses d’en-haut par pur désir de science ou de maîtrise. Hubert Reeves le rappelait encore dans un grand quotidien, il y a quelques jours : « L’histoire de l’univers est l’histoire de chacun d’entre nous. » Les astres, si éloignés soient-ils, renvoient toujours à des personnes. Il y a un énigmatique accord entre le cosmos et l’être humain. « A voir ton ciel, ouvrage de tes doigts, la lune et les étoiles que tu fixas, qu'est-ce que l'homme pour que tu penses à lui, le fils d'un homme, que tu en prennes souci ? », c’est déjà la question posée à Dieu par le psalmiste. Ce qu’il y a de sûr, en tout cas, c’est que contemplant une étoile, les mages se sont engagés sur la piste d’un fils de l’homme, d’un fils de roi. Oui, ils sont partis en suivant l’étoile au grand large et sur leur chemin, ils font étape à Jérusalem. Il était normal que leur recherche les conduisît en Judée, au pays des enfants de Jacob, le peuple de la promesse. Il était légitime de penser qu’Hérode pouvait être le père de l’enfant destiné à inaugurer un règne de justice et de paix. En fait ils trouvèrent là un roi plutôt mal luné, dépité d’apprendre une telle nouvelle. Heureusement, les spécialistes religieux, les théologiens de l’époque, grands prêtres et scribes, purent les orienter vers Bethléem, conformément aux écritures. Dans le saint Livre, en effet, est attesté que c’est à Bethléem que doit naître le messie. Laissés à leurs propres ressources, en dépit de toute leur bonne volonté, de la droiture de leur caractère, en dépit des lumières de leur raison, les mages ne seraient peut-être pas parvenus au but. Voilà que la parole de Dieu les rejoint, et par la bouche du prophète Michée, il leur est donné d’arriver, en suivant l’étoile, au lieu où repose l’enfant avec sa mère. A l'opposé, Hérode et ses conseillers religieux sont troublés. Ils connaissent les Ecritures à la lettre, mais cela ne change rien pour eux. Ils ne bougeront pas. La prophétie est réduite à l'état d'information, utile pour gérer le pouvoir et ses crises. L'appartenance à Dieu, voyez-vous, n'est jamais vraiment ce que l'on croit. Hérode, roi des Juifs, ne pense qu'à tuer et à maintenir sa tyrannie, avec la complicité des spécialistes de la Bible. En revanche, des païens aux sciences douteuses arrivent à Bethléem, et ce sont eux qui contribuent à manifester le Roi des Rois. Alors, frères et sœurs, ce conte prend une dimension nouvelle. L’être humain est en quête, mais c’est un Autre qui lui donne la réponse. Les mages, ces païens, ont soif de vérité. Ils la pressentent. Ils se mettent en route pour l'atteindre, prennent des risques, s'informent, n'épargnent pas leurs efforts pour la trouver. Ils incarnent tous ces êtres humains en quête de sens à donner à la vie. La vie et la vérité, quand enfin ils les trouvent, conduits par l’étoile, ils s’en réjouissent, comme de ce qui est donné par pure grâce. Prosternés devant l’enfant, ils sont au bon endroit, au bon moment, et ils nous y emmènent. Bien plus encore ces mages se mettent à prophétiser : une trentaine d'années avant que Jésus n'entre dans son règne, ils annoncent déjà ce que le terme de l'Evangile proclamera à la face du monde : Jésus est bien roi à Jérusalem. Ceux qui détiennent le pouvoir politique et religieux iront jusqu’à mettre ce titre au- dessus de sa croix : cet homme est Jésus, le roi des juifs. Les mages sont le détachement précurseur de l’Evangile Depuis la découverte du tombeau vide au matin de Pâques, c’est encore la même question qui nous est posée : Où est le roi des juifs qui vient de naître ? Où est celui qui peut nous combler d’une joie à nulle autre pareille ? A cette question, il n’est pas de réponse évidente. Certes, nous avons pour nous aider le témoignage de l’Ecriture, le ciel étoilé qui chante la gloire du créateur, la voix de nos rêves, nous avons la beauté du monde et la souffrance des hommes. Car à ceux qui le cherchent tout parle de Dieu. Mais avant toutes choses, quand on a décidé de trouver une réponse à cette question, il faut, comme les mages, faire ses bagages et se mettre en route. Il faut accepter de se déplacer, de se laisser déplacer. Nous ne connaissons pas le bout du chemin, mais nous savons qu’il faut se lever et partir. Alors en ce début d’année, je vous invite au pèlerinage et je vous souhaite bonne route. L’Etoile de la grâce ne vous fera pas défaut ! Amen Vous pouvez réagir cet article du blog de l'Oratoire, ou le Facebook Coligny
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Pasteur dans la chaire de
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Vidéo de la partie centrale du culte (prédication à 07:43)(début de la prédication à 07:43) film réalisé bénévolement par Soo-Hyun Pernot Si vous avez des difficultés pour regarder les vidéos, voici quelques conseils.
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