L’encensoir & le coffre aux 3 trésors

(Hébreux 8:10, 9:1-4 ;
Nombres 17:16-26 ; Exode 16:11-15; 31-33 ; Deutéronome 10:1-6)

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Prédication du 11 mai 2008
à L'Oratoire du Louvre par le pasteur Marc Pernot

Ce que tous les chrétiens fêtent à la Pentecôte, c'est le don du Saint-Esprit. Cette idée est importante dans le message du Christ, mais peut-être un peu mystérieuse. Qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire, de recevoir l’Esprit ?

Pour chercher ce que cela veut dire, je vous propose de suivre cette image que nous donne l’apôtre Paul quand il nous dit que nous sommes le temple de Dieu, puisque l’Esprit de Dieu habite en nous. En disant cela, Paul explique ce que Dieu donne à l'être humain pour faire de lui l'être extraordinaire que nous sommes, un être qui n’est pas seulement fait de matière, mais un être spirituel, doué de pouvoirs spéciaux.

Quand Paul nous compare au temple du roi Salomon, c’était une image parlante pour les juifs de l’époque. Le temple est lui-même un symbole, bien entendu, sa présence au cœur d’Israël évoque la présence de Dieu en nous par son Esprit, et les objets qu’il contient sont là pour dire ce qu’apporte cette présence de Dieu dans notre existence.

Dans la lettre aux Hébreux, nous avons une courte description de ce qu’il y avait dans ce temple.

Dans le temple de Salomon, il y avait ainsi un encensoir en or et le coffre de l’alliance. Ces deux objets se complètent, l’encensoir d’or pour les parfums évoque la prière de l’homme qui monte vers Dieu, et le coffre de bois évoque ce que Dieu offre à l’homme par sa présence.

Le coffre d’acacia

L’alliance, on dirait aujourd’hui l’association, entre Dieu et la personne humaine est faite de ces deux mouvements, l’homme donnant à Dieu sa louange et sa prière, Dieu donnant à l‘homme l’aide évoquée ici par les trois souvenirs contenus dans le coffre :

  • les “tables de la Loi”, c’est-à-dire les plaques de pierres données à Moïse, sur lesquelles étaient inscrits les dix Paroles.
  • de la manne, une sorte de pain tombé du ciel pour nourrir les hébreux dans leur marche vers la vie.
  • et enfin il y avait un bâton appartenant au premier grand prêtre, Aaron, le frère de Moïse, bâton que Dieu a fait fleurir miraculeusement.

Ces trois objets ont été choisis pour nous parler de ce que nous apporte la présence de Dieu au milieu de nous et en nous. Trois choses qui sont faites pour nous aider à avancer dans notre propre existence comme les hébreux ont pu avancer, guidés par la présence de Dieu.

1) Les tables de la Loi

C'étaient sur ces plaques de pierre qu’avait été gravée le Décalogue. Aujourd’hui, nous lisons plutôt des Bibles en papier ou sur l’ordinateur, c’est plus pratique et moins lourd que gravé sur des plaques de pierre. Mais, la Bible est toujours, depuis 3000 ans, un moyen irremplaçable pour avancer dans la vie avec l'aide de Dieu. Il suffit de passer un tout petit peu de temps régulièrement à lire la Bible pour faire des progrès formidables dans la foi mais aussi dans notre façon de devenir nous-mêmes, de comprendre la vie. On peut commencer en décidant, pour soi-même, de prendre au moins autant de temps pour lire la Bible ou aller au culte que l'on passe du temps à se brosser les dents, par exemple. C’est même encore plus important d’avoir ainsi une bonne foi solide et saine que de bonnes dents.

Dans le coffre du temple, les hébreux ont donc mis d'abord l’Écriture, et c’est bien, puisque la Bible est fondamentale pour avancer avec Dieu dans la vie.

2) La manne

Ce 2e souvenir conservé dans l’arche rappelle que Dieu nourrit notre existence. C’est ce qu’évoque aussi le pain de la Sainte Cène : Dieu est amour et sa présence nourrit notre capacité à aimer, Dieu est créateur et il nourrit notre énergie pour créer de belles choses, Dieu est la vie et il nourrit aussi notre moral en nous donnant des forces. Mais Dieu nous donne aussi une nourriture très précieuse qu’évoque la manne. Il faut savoir que le mot manne en hébreu signifie « qu’est-ce que c’est que ça ? ». En effet, quand les hébreux ont vu tomber du ciel cette sorte de nourriture que Dieu leur donnait, ils se sont demandés « qu’est-ce que c’est que ça ? », et comme personne ne pouvait répondre à leur question, ils ont appelé cette chose du « qu’est-ce que c’est que ça ? », en hébreu, la manne.

Comme Dieu donne la manne pour nourrir les hébreux, Dieu nous nourrit en nous aidant à nous poser des questions. Parce que c’est quand on se pose des questions que l’on avance. La Bible donne des idées fondamentales qu’il est bien utile de garder car ce sont des lois fondamentales comme celles des “10 paroles” de Moïse. Mais la Bible est plus riche encore que cela, elle est en réalité un trésor de bonnes questions à nous poser, et j’espère que dimanche après dimanche, la prédication rend un petit peu justice à cette qualité qu’a la Bible de nous nourrir de bonnes questions. Des questions sur ce que nous sommes et sur ce que nous voulons être, sur ce que nous voulons vivre, des questions sur notre conception de Dieu... Bien sûr c’est un peu fatigant et ça nous dérange de nous poser des questions. Mais c’est la vraie vie, une vie d’explorateur, une vie qui avance vers quelque chose qui sera notre propre façon d’aimer et d'être heureux.

Nous avons bien sûr le droit de nous poser des questions sur la Bible, nous avons le droit de poser des questions à Dieu, de discuter et de lui demander des comptes :

  • On a le droit de se dire en lisant la Bible « qu’est-ce que c’est que ça? »et « Qu’est-ce que ça peut vouloir dire pour moi ? »
  • on a le droit de dire à Dieu « qui es-tu vraiment, pourquoi est-ce que le monde est comme ça ? » et « qu’est-ce que, moi, je peux faire ? »

Mais si nous ne nous posons aucune question, c’est comme si nous fermions notre bouche devant les délicieuses choses que Dieu nous offre pour que nous ayons la joie d’avancer.

3) il y avait une troisième chose dans le coffre en bois d’acacia : le bâton d’Aaron

À ce moment-là, les hébreux râlaient en disant qu’ils se débrouilleraient tout seuls pour avancer et qu’il pouvait bien se passer de Moïse et d’Aaron. Pour nous, protestants, c’est un peu notre risque : à force de dire que l'essentiel est la foi personnelle et la liberté de chacun, nous risquons de croire que nous pourrions nous passer des autres pour avancer dans la foi.

Dieu fait fleurir le bâton d’Aaron, c’est un signe pour montrer au peuple hébreu qu’il a besoin d’Aaron et de Moïse. Le fleurissement du bâton d'Aaron est un signe que sa vocation vien d iu, et non de lui-même.

Le bâton d’Aaron nous rappelle encore aujourd’hui que Dieu compte sur nous et que nous avons besoin les uns des autres. L’apôtre Paul compare l’Église à un corps dont chacun est un des membres, Paul explique ensuite qu’il est essentiel que chacun de nous assume sa mission propre, que l’œil assume sa vocation sans être jaloux de la main et réciproquement. Et Paul ajoute que c’est le Christ qui rend possible la coordination et la solidarité entre les différents membres.(1 Corinthiens 12)

Dieu nous donne ainsi trois choses pour avancer vers Dieu et avec Dieu, trois choses qu'il nous propose de garder précieusement avec nous comme les hébreux en marche vers la Terre Promise : L’Écriture, le questionnement, et la communion des serviteurs.

L’encensoir d’or

Au cœur du temple de Jérusalem il y a donc d’une part le coffre d’acacia avec ces trois trésors, et il y a d’autre part l’encensoir d’or qui montre la possibilité que nous avons de faire monter notre prière vers Dieu comme la fumée de l’encens monte vers le ciel. Il y a un respect infini dans cette possibilité que Dieu nous donne de nous adresser à lui et de lui dire notre façon de voir. Avec lui, nous avons voix au chapitre. L’alliance que Dieu veut avoir avec nous est ainsi vraiment une association, il nous donne sa Parole et il fait de nous des êtres de Parole, capable d’avoir un avis personnel, capable aussi de faire plaisir à Dieu en lui offrant notre louange.

Être soi-même le Temple

Le coffre en l’encensoir sont ici les symboles d’une vraie relation à Dieu. Ce sont des moyens qui nous sont donnés de penser à Dieu et de lui faire une place dans notre vie. Mais ce n'est qu'une 1ère étape. Paul nous dit que nous sommes, nous-mêmes, « le Temple de Dieu ». Autrement dit, ce que nous propose l’Évangile c’est de d’incorporer en nous-mêmes cet encensoir et ce coffre aux trois trésors. Comment cela peut-il se faire ?

1) D’abord l’Écriture : le but n’est pas d’apprendre par cœur la Bible, ce que Christ nous offre, c’est même plus que ça. Mais l’Esprit nous est donné, et, nous dit Jésus, l’Esprit nous révèlera toute chose directement dans notre cœur. (Jean 16:13) En Jésus-Christ, chacun de nous est un Moïse. Nous ne suivons plus seulement un chemin tout tracé, mais l’Esprit nous donne la capacité d’inventer un comportement créateur qui nous soit propre. Cette liberté, cette originalité que nous donne l’Esprit fait du chrétien un électron libre et non un sage petit mouton dans une secte ou dans un parti. Être l’Écriture, c’est laisser Dieu parler en soi.

2) Nous pouvons devenir également comme de la Manne. Elle symbolise le fait de se poser des questions qui font avancer. Être nous-mêmes de la manne, c’est donner à son entourage une occasion de se poser des questions. Si par l’Esprit nous sommes Par exemple, si la mode est de ne penser qu’à ses petites affaires et ses petits loisirs, quand quelqu’un pense aux autres, quelques personnes peuvent se demander « qu’est-ce que c’est que ça ? ». Et peut-être qu’ainsi ils découvriront que Dieu est source de cette force d’aimer.

3) En quel sens pouvons-nous être nous-mêmes un bâton d’Aaron, un bâton qui fleurit miraculeusement ? C’est par le respect de l’autre, un respect qui se sent, un respect qui rend évident que l’autre a quelque chose à apporter au monde.

L’Évangile nous appelle et nous rend capable de donner aux autres, de nous mettre à leur service. C’est bien mais ce n’est pas tout. Jésus nous appelle dans l’Évangile à être serviteur les uns des autres (Jean 13:14, 15:12), c’est-à-dire de les servir, oui, quand cela répond à notre vocation personnelle, mais cela veut dire aussi savoir nous laisser apporter quelque chose par les autres. Cela n’est pas plus facile, car cela demande plus d’humilité encore que de servir l’autre. Mais c’est en nous laissant apporter quelque chose par l’autre que nous devenons comme son bâton fleuri, cela manifeste sa dignité aux yeux du monde. Et bien souvent cela peut même lui ouvrir les yeux sur sa propre dignité, vous savez comme il nous arrive de douter de notre propre valeur.

Nous pouvons être enfin, par l’Esprit, l’encensoir d’or sur lequel on brûle les parfums. Nous pouvons être comme Aaron, celui qui prie pour les autres, celui qui fait monter vers Dieu la joie et la peine des hommes et lui fait part de nos projets. Ce n’est pour apprendre à Dieu ce qu’il sait déjà, ni pour lui dire ce qu’il devrait faire (il le sait mieux que nous). Nous prions pour qu’il nous éclaire, qu’il nous alimente et nous soude les uns aux autres.

Mais l’idéal serait même d’être un encensoir pour les prières des autres, et être ainsi celui ou celle qui aide les autres à prier eux-mêmes Dieu. Rien de tel pour cela que d’annoncer l’Évangile du Christ, cette bonne nouvelle de l’amour de Dieu et de cette joie qu’il prend à recevoir notre prière, à entendre notre point de vue, à sentir notre espérance.

Frères & Sœurs, Dieu vous donne tout cela, et d’être tout cela par son Esprit.
Qu'il soit remercié pour les générations précédentes
qui nous ont transmis ces trésors précieux.
Qu’il soit remercié pour l’Esprit qui fait de nous un trésor vivant :
une source de vie les uns pour les autres.
Merci à vous, catéchumènes d’être un trésor pour nous aujourd’hui et demain.
Amen

 

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Pasteur dans la chaire de l'Oratoire du Louvre - © France2

Pasteur dans la chaire de
l'Oratoire du Louvre
© France2

Lecture de la Bible

Hébreux 8:10, 9:1-4

Voici l'alliance que je ferai avec la maison d'Israël, après ces jours-là, dit le Seigneur: Je mettrai mes lois dans leur esprit, Je les écrirai dans leur coeur; Et je serai leur Dieu, Et ils seront mon peuple...

9:1 La première alliance avait donc des ordonnances relatives au culte, et un sanctuaire terrestre. 2 En effet, un tabernacle fut construit. Dans la partie antérieure, appelée le lieu saint, étaient le chandelier, la table et les pains de proposition. 3 Derrière le second voile se trouvait la partie du tabernacle appelée le saint des saints, 4 renfermant l'encensoir d'or pour les parfums, et l'arche de l'alliance, entièrement recouverte d'or. Il y avait dans l'arche ces trois choses :

  • un vase d'or contenant la manne,
  • le bâton d'Aaron qui avait fleuri,
  • et les tables de l'alliance.

Exode 16:11-15; 31-33
(la Manne)

L'Eternel, s'adressant à Moïse, dit: 12 J'ai entendu les murmures des enfants d'Israël. Dis-leur: vous vous rassasierez de pain; et vous saurez que je suis l'Eternel, votre Dieu... au matin, il y eut une couche de rosée autour du camp. 14 Quand cette rosée fut dissipée, il y avait à la surface du désert quelque chose de menu comme des grains, quelque chose de menu comme la gelée blanche sur la terre. 15 Les enfants d'Israël regardèrent et ils se dirent l'un à l'autre: Qu'est-ce que cela? car ils ne savaient pas ce que c'était. Moïse leur dit: C'est le pain que L'Eternel vous donne pour nourriture... 31 La maison d'Israël donna à cette nourriture le nom de manne. Elle ressemblait à de la graine de coriandre; elle était blanche, et avait le goût d'un gâteau au miel. 32 Moïse dit: Voici ce que l'Eternel a ordonné: Qu'un vase rempli de manne soit conservé pour vos descendants, afin qu'ils voient le pain que je vous ai fait manger dans le désert, après vous avoir fait sortir du pays d'Egypte.

Deutéronome 10:1-5
(les tables de pierre)

L'Eternel me dit: Taille deux tables de pierre comme les premières, et monte vers moi sur la montagne; tu feras aussi une arche de bois. 2 J'écrirai sur ces tables les paroles qui étaient sur les premières tables que tu as brisées, et tu les mettras dans l'arche.

3 Je fis une arche de bois d'acacia, je taillai deux tables de pierre comme les premières, et je montai sur la montagne, les deux tables dans ma main. 4 L'Eternel écrivit sur les tables ce qui avait été écrit sur les premières, les dix paroles qu'il vous avait dites sur la montagne, du milieu du feu, le jour de l'assemblée; et l'Eternel me les donna. 5 Je retournai et je descendis de la montagne, je mis les tables dans l'arche que j'avais faite, et elles restèrent là, comme l'Eternel me l'avait ordonné.

Nombres 17:16-26
(le Bâton d'Aaron)

L'Éternel parla à Moïse, et dit: Parle aux enfants d'Israël, et prend d'eux une bâton selon les maisons de leurs pères, soit douze bâtons de la part de tous leurs princes selon les maisons de leurs pères. Tu écriras le nom de chacun sur sa bâton, et tu écriras le nom d'Aaron sur la bâton de Lévi; car il y aura une bâton pour chaque chef des maisons de leurs pères. Tu les déposeras dans la tente d'assignation, devant le témoignage, où je me rencontre avec vous. L'homme que je choisirai sera celui dont la bâton fleurira, et je ferai cesser de devant moi les murmures que soulèvent contre vous les enfants d'Israël.

Moïse parla aux enfants d'Israël; et tous leurs princes lui donnèrent une bâton, chaque prince une bâton, selon les maisons de leurs pères, soit douze bâtons; la bâton d'Aaron était au milieu des leurs. Moïse déposa les bâtons devant l'Éternel, dans la tente du témoignage.

Le lendemain, lorsque Moïse entra dans la tente du témoignage, voici, la bâton d'Aaron, pour la maison de Lévi, avait fleuri, elle avait poussé des boutons, produit des fleurs, et mûri des amandes. Moïse ôta de devant l'Éternel toutes les bâtons, et les porta à tous les enfants d'Israël, afin qu'ils les voient et qu'ils prennent chacun leur bâton.

L'Éternel dit à Moïse: Reporte la bâton d'Aaron devant le Témoignage, pour être conservé comme un signe pour les enfants de rébellion, afin que tu fasses cesser de devant moi leurs murmures et qu'ils ne meurent pas.