Jésus guérit la belle-mère
de Pierre de la grippe
( Évangile selon Marc 1 :28-39 )
(écouter l'enregistrement) (voir la vidéo)
Culte du 8 mars 2009 à l'Oratoire du Louvre
prédication du pasteur Marc Pernot
Jésus guérit la fièvre de la belle mère de Pierre. Cela semble une toute petite nouvelle au passage de rien du tout. Mais l’Évangile nous apprend justement à ne pas mépriser ce qui semble petit et faible. Imaginez ceux qui ont écrit un évangile, ils voulaient condenser en quelques pages l’essentiel de la vie de Jésus-Christ, de cet homme qui avait changé leur vie. Il leur a donc semblé que cette petite histoire était essentielle pour que l’Évangile soit annoncé, pour que nous saisissions ce que Dieu nous propose pour nous faire vivre et être heureux.
La première chose que nous apporte ce petit épisode, c'est de voir Jésus vivre, tout simplement.
- Il va à la synagogue, comme nous ce matin, il se dérange de chez lui pour aller lire la Bible avec les autres et rendre un culte à Dieu.
- Jésus va à la synagogue, mais il ne reste pas nuit et jour à prier Dieu et à lire la Bible. Ici, on le voit sortir de la synagogue et rendre visite à des amis. L’idéal n’est pas d’être sans arrêt en prière ou sans arrêt en train de lire la Bible. C’est à chacun de trouver le juste dosage, des temps de nourriture pour notre cheminement vers Dieu avant de retourner à nos occupations avec une force et des idées nouvelles. Jésus sort donc de la synagogue pour aller voir des amis. On voit que l’amitié compte pour eux, et la famille aussi, ces frères sont unis, ils font des choses ensemble, et ils accueillent la grand-mère qui est malade. Tous ensemble, ils prennent du repos, ils mangent, et ils préparent leur projets.
- Jésus aurait pu entrer dans la maison et s’occuper de ses affaires sans s’occuper de la grippe de cette dame, après tout, il a le monde à sauver, l’Évangile à révéler. Mais non, Jésus s’intéresse aux personnes qu’il croise et qui souffrent, et s'il peut faire quelque chose il le fait. C'est comme ça qu'il guérit la belle-mère de Pierre qui a la grippe.
- Et, dernière chose, on voit que Jésus se laisse servir par cette femme qu'il a aidée. C'est une très bonne idée, et c’est souvent une joie de pouvoir aider quelqu’un, même si l’on n’a pas souvent de remerciements. Il est au moins aussi utile de se laisser aider par les autres, cela leur laisse une place, cela les aide à exprimer leur valeur. Finalement, tout cela (l’aide donnée et l’aide reçue) se fait ici très naturellement. Jésus ne guérit pas la belle-mère pour qu’elle fasse la vaisselle, et ce n’est pas parce qu’il l’a guérie qu’elle le sert, mais parce que chacun, dans cette histoire, semble trouver naturel de vivre ainsi, en faisant ce que l’on peut quand l’occasion se présente.
Dans cette façon de vivre de Jésus il y a un équilibre entre la recherche de Dieu et la rencontre des autres, un équilibre entre le service donné et le service reçu. Tout cela est bien.
Mais on peut aller plus loin avec ce texte en le lisant d'une 2e façon, dans l'Évangile, les miracles de Jésus sont souvent appelés des signes, ils sont donc considérés comme des gestes à interpréter pour mieux connaître Dieu et qu’est-ce qu’il veut nous apporter en Jésus-Christ. C'est très facile dans ce texte car les mots employés ici sont des mots très importants en théologie.
Quand le Christ s'avance vers quelqu'un, cela évoque la grâce de Dieu, il ne nous regarde pas de haut, car nous sommes important à ses yeux, et en Christ il se déplace pour se nous rendre visite à nous personnellement, pour nous sauver, nous libérer, nous donner la vie.
Quand le Christ entre dans une maison cela évoque la présence de Dieu dans notre existence et en nous. Et l'on peut voir dans ce récit, et dans chaque page des évangiles ce qu’apporte d’avoir la présence active de Dieu dans notre existence.
Quand le Christ relève quelqu'un, comme ici, cela ne semble pas grand-chose parce que les traductions de la Bible sont souvent un peu maladroites. Mais le verbe « se lever » est le même que le verbe « ressusciter » : passer de la mort à la vie. Et donc chaque fois que le Christ relève quelqu'un on peut y voir un acte de Dieu pour nous rendre un peu plus vivant.
Et puis la fièvre, les gens s'imaginaient à l'époque que c'était une conséquence de nos fautes. Quand Jésus guérit la fièvre c'est mieux encore que le pardon, c'est comme s'il pardonnait nos fautes, mais qu’en plus il guérissait les conséquences malheureuses de nos fautes.
Le Deutéronome nous annonce que celui qui n’écoute pas Dieu a la fièvre (Deutéronome 28:22). Avec ce que nous savons maintenant de Dieu grâce à Jésus-Christ, nous pouvons être certain que Dieu n’envoie pas des maladies pour punir les gens, ni d’ailleurs pour les tester. Mais même à l’époque du Deutéronome, les gens n’étaient pas idiots et ils savaient bien que les gens qui rejettent Dieu n’ont pas plus la grippe que les autres. Ce n’est donc pas de cette fièvre-là dont ils parlent comme conséquence du fait d’oublier ou de rejeter Dieu. La fièvre qui menace celui qui rejette Dieu c’est la folie du désir de possession, la folie de se prendre soi-même pour le centre de l’univers, ou de croire l’humanité pourrait s’en sortir toute seule. Cette fièvre-là est comme un feu intérieur qui donne soif de posséder toujours plus, comme quelqu'un qui est brûlant de fièvre.
Notre monde est un peu comme cette femme qui a la fièvre. Il y a une sorte de malaise de vivre ambiant, une soif déraisonnable de toujours plus de possession, toujours plus de loisirs, de distractions, toujours plus de travail aussi, peut-être. Ces choses ne sont pas mauvaises en soi, puisque nous ne pouvons vivre sans rien posséder, ni sans repos, ni sans nous réjouir de temps en temps, et qu’il faut bien que du travail soit fait pour que nous vivions. Jésus lui-même savait se reposer et faire la fête avec ses amis en prenant un bon repas. Mais sans une inspiration supérieure qui vient de Dieu nous sommes vite pris comme d’une fièvre que rien ne peut venir réguler.
Il y a aussi ceux qui, à l’inverse, sont pris de la fièvre de la prière, devenant des fous de Dieu, ou plutôt de leur propre idée de Dieu, idée souvent étroite, sure d’elle-même, rejetant les autres conceptions Dieu. Fièvre, là encore, d’être en réalité coupé de Dieu, de cette source jaillissante de vie qu’est Dieu.
Quand ce genre de fièvres nous frappe n’est pas que Dieu nous aurait envoyé une maladie pour nous punir, bien entendu. Il veut notre santé. La fièvre est un signe que quelque chose ne va pas en nous, la fièvre est la conséquence d’une existence qui est coupée de la source de vie.
L’Évangile nous appelle à nous identifier à cette femme qui est trop souffrante pour tenir debout. Ce texte nous parle de ce que Dieu nous propose pour nous guérir, et il nous appelle à ensuite faire de même, à notre mesure, en aidant les autres à guérir.
Jésus s’approche de cette femme sans une parole de condamnation. Il tend la main et la relève. Non seulement Dieu est source de la bénédiction, mais ce passage nous affirme que Dieu est celui qui annule toute malédiction. Nous ne savons rien des causes de cette maladie de la femme, et c’est bien. De toutes façons, Dieu veut nous guérir, que cette fièvre soit due à une vie mal posée, à nos propres fautes, ou que cette fièvre soit due à la faiblesse de notre nature, ou à la faute d’un autre qui nous a blessé... En Christ, nous voyons que Dieu a le projet de nous guérir de nos mauvaises fièvres, et de nous remettre sur pieds.
Reprenons donc ce récit au sens figuré, comme nous parlant du Christ qui nous ressuscite.
En sortant de la synagogue, Jésus se rendit à la maison.
La lecture de la Bible et le Culte ne sont pas un but en soi, mais il arrive qu'à travers cela, sortant de là nous puissions recevoir la visite de Jésus dans notre existence. Il se peut qu’en sortant du culte nous soyons un peu plus habité par la grâce de Dieu, plus prêts à être source d’une résurrection pour une personne, parfois sans que nous l’ayons prévu par avance.
La belle-mère de Simon était couchée, ayant la fièvre; et aussitôt on parla d'elle à Jésus.
Ils ne demandent rien à Jésus, ils parlent simplement de cette femme à Jésus. C’est un exemple pour notre prière. Nous pouvons prier Dieu et parler de nous-mêmes à Dieu, nous pouvons parler de nos proches à Dieu, de leurs souffrances, de leur fièvre. Mais il est bien, comme nous le propose ce texte, de laisser à Dieu l’initiative de faire ce qu’il peut et ce qu’il veut faire dans les circonstances.
Chacun de nous a une part de faiblesse et de souffrance, c’est souvent gérable, parfois nous avons besoin d’aide de personnes aimantes, parfois nous avons besoin d’un miracle pour nous en sortir, comme ici.
Notre monde a aussi sa part de faiblesse et de souffrance, notre monde connaît aujourd’hui une poussée de fièvre assez dure. À mon avis, nous sommes dans le cas de la fièvre par manque de foi, par manque de vie spirituelle, par trop plein d’orgueil de l’humanité. C’est en grande partie à l'origine de l’état du monde, et de sa fièvre.
Nous pouvons parler de notre monde à Dieu, nous pouvons lui parler de telle et telle personne, nous pouvons lui parler de nous-mêmes. Nous pouvons toujours au moins faire cela, penser à ceux qui ont la fièvre. Mais attention, l’exaucement de cette prière risque de nous engager, parce que Dieu risque de nous proposer d’être la main du Christ qui relève la personne pour laquelle nous prions.
S'étant approché, Jésus la fit lever en lui prenant la main, et à l'instant la fièvre la quitta. Puis elle les servit.
De loin, il est difficile d’aider quelqu’un. Dieu se fait proche, il s’approche, et il nous apprend à nous approcher, à tendre la main.
Jésus lève la femme, littéralement, il est écrit qu’il la ressuscite. Ce n’est pas simplement un petit coup de main extérieur, mais il la rend autonome et vivante, capable d’agir et créer, capable aussi d’être heureuse.
La femme se porte mieux, et elle se met à les servir, Jésus et tous les autres. Elle n’y est absolument pas obligée. Ce n’est pas le style de Jésus, au contraire, il manifeste la grâce de Dieu. Il nous donne la vie, il augmente, il guérit notre vie, mais nous ne devons rien à Dieu. S’il nous donne la vie c’est parce que c’est dans sa nature, parce qu’il trouve que c’est une bonne idée, parce qu’il est heureux de nous voir en meilleure forme et plus heureux…
Si la femme donne un coup de main c’est qu’elle a envie, c’est un cadeau qu’elle offre, par gratitude, mais peut-être simplement parce qu’elle a été touchée par Jésus et que maintenant, son cœur a été rendu vivant, et qu’elle a envie de rendre les autres un peu plus heureux aussi.
La grâce serait-elle contagieuse également, comme la grippe ? C’est vrai qu’elle se communique, comme la joie, mais il est possible de lui résister ou de la saisir, comme une main qui se tend pour nous tirer de la fièvre. La grâce donne soif également, mais une bonne soif, celle de se réjouir du bien, celle d’embellir la vie.
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Pasteur dans la chaire de
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Lecture de la Bible
Marc 1 :28-39
La renommée de Jésus se répandit dans tous les lieux environnants de la Galilée.
29 En sortant de la synagogue, ils se rendirent avec Jacques et Jean à la maison de Simon et d’André.
30 La belle-mère de Simon était couchée, ayant la fièvre; et aussitôt on parla d’elle à Jésus.
31 S’étant approché, il la fit lever en lui prenant la main, et à l’instant la fièvre la quitta. Puis elle les servit.
32 Le soir, après le coucher du soleil, on lui amena tous les malades et les démoniaques.
33 Et toute la ville était rassemblée devant sa porte.
34 Il guérit beaucoup de gens qui avaient diverses maladies; il chassa aussi beaucoup de démons, et il ne permettait pas aux démons de parler, parce qu’ils le connaissaient.
35 Vers le matin, pendant qu’il faisait encore très sombre, il se leva, et sortit pour aller dans un lieu désert, où il pria.
36 Simon et ceux qui étaient avec lui se mirent à sa recherche;
37 et, quand ils l’eurent trouvé, ils lui dirent: Tous te cherchent.
38 Il leur répondit: Allons ailleurs, dans les bourgades voisines, afin que j’y prêche aussi; car c’est pour cela que je suis sorti.
39 Et il alla prêcher dans les synagogues, par toute la Galilée, et il chassa les démons.
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