Comme une ville qui descend du ciel( Apocalypse 21:10-27 ) (écouter l'enregistrement) (voir la vidéo) Culte du dimanche 16 mai 2010 à l'Oratoire du Louvre Entre l’Ascension et la Pentecôte, je vous propose de lire une curieuse page de la Bible où le don de Dieu est comparé à une ville qui tombe du ciel. C’est dans le livre de l’Apocalypse. Mais de quoi parle Jean dans ce livre curieux, plein de dragons d’anges sonnant de la trompette, de mystérieux cavaliers et de quantité d’autres choses formidables et étranges ?
Dans ce texte, il est question d’une ville qui tombe du ciel, comme un cadeau. Une ville merveilleuse toute faite de pierres précieuses, de perles fines, d’or et de cristal. Cette ville, c’est nous-mêmes, nous sommes cette merveille décrite ici par Jean. Ouvrons les yeux et reconnaissons la merveille que Dieu fait de nous. Cette ville, c’est chacun de nous avec nos multiples dimensions. Et cette ville, c’est l’humanité, telle que Dieu l’espère. Dans ce texte, il est question de Jérusalem, la ville sainte. Jean ne parle évidemment pas de la capitale d’Israël-Palestine, car cette ville ne ressemble en rien à la description qu’en donne Jean ici :
Cette source de Paix intérieure et de paix avec le monde, c’est un don de Dieu, nous dit Jean. Elle est donnée comme une ville merveilleuse, toute construite qui est en train de descendre du ciel, nous dit Jean, elle est déjà en partie arrivée ici, elle nous est donnée dans ce temps, alors que nous sommes encore sur terre. Cette Jérusalem donnée par Dieu, on pourrait l'appeler la foi, le Saint-Esprit, ou le Royaume de Dieu, par exemple… mais tout cela fait trop abstrait, trop théologique. Tout cela semble appartenir au monde des idées seulement. Alors qu'une ville, on sait ce que c'est : c'est un endroit où l'on vit, où l'on rencontre d'autres gens, un endroit où l'on s'amuse et où l'on travaille, un endroit ou l'on peut être heureux... Une ville, ça exprime les multiples facettes de notre être et de notre existence : nos sentiments, nos émotions, nos idées, nos humeurs, nos souvenirs, nos temps de fêtes et nos soucis, notre travail et nos relations de famille… C'est la source de la paix dans tout cela que Dieu nous offre de recevoir du ciel, comme une merveille que nous serions absolument incapable de construire même en rêve. Jean nous donne ensuite les détails de cette vie nouvelle que Dieu offre en cadeau à celui qui veut bien la recevoir. Cette ville est entourée d'une « grande et haute muraille » et de « douze portes ». Qu'est-ce que cela veut dire ? Une ville qui a une haute muraille est bien protégée contre les brigands, contre ce qui peut nous tuer et nous rendre la vie terriblement dure. C’est vrai que Dieu nous donne de la force contre le mal. C’est donc bien que notre vie, notre foi, notre bonheur soit entouré d’une haute muraille. D’autant plus que cette haute muraille a un grand nombre de portes, cela permet à tous ceux qui viennent en amis d’entrer facilement. Une seule grande porte aurait suffi pour dire que la présence de Dieu est ouverte pour tous, et pour dire que nous pouvons laisser entrer largement de nouvelles bonnes dimensions dans notre vie. Pourquoi Jean voit-il autant de portes, pourquoi 12 ? Il y a ainsi de nombreuses façons d'entrer en présence de Dieu. Et toutes ces portes sont comme taillées dans une perle précieuse, pas une qui soit moins noble qu'une autre. Pour trouver une de ces portes et entrer dans la présence de Dieu, c'est facile, puisque sur chacune des 12 portes il y a un ange. Chaque ange annonce à pleine voix la Parole de Dieu. Il suffit d'écouter et d'avancer vers sa voix pour trouver une porte, spécialement ouverte pour nous. Des portes il y en a 3 à l'Est, 3 à l'Ouest, 3 au Nord et 3 au Sud. D'où que l'on vient nous avons encore le choix. Selon notre culture, notre pays d'origine, notre personnalité aussi, il y a au moins 3 portes différentes qui s'ouvrent à nous pour entrer en présence de Dieu. Il y a des portes et elles sont grandes ouvertes pour nous accueillir. Saint Augustin nous dit que la seule chose, c’est que ces portes sont un petit peu basses, et qu’il faut donc se baisser pour passer la porte. C’est la seule difficulté, et cette difficulté n’est rencontrée que par les orgueilleux qui sont tellement sûrs d’eux-mêmes qu’ils ne veulent rien attendre de personne, pas même de Dieu. Mais une fois la porte passée, nous pouvons nous redresser, nous pouvons souffler, nous pouvons vivre. Nous sommes en sécurité dans l’amour de Dieu. Il peut arriver des catastrophes, nous sentons que nous sommes et que nous serons toujours aimé par Dieu. Un méchant nous agresse, un ami nous trahit, des gens nous méprisent, nous nous retrouvons tout isolé… La muraille est là, Dieu est là, il nous garde dans son amour, et il nous aide à tenter de faire la paix dans la vérité, la paix en nous et la paix dans notre entourage. Notre vie s’éparpille dans le multiple, elle s’effiloche comme un vieux bout de tissu… pas de panique, Dieu est là, il nous aide à nous purifier, nous recentrer sur l’essentiel. La muraille nous protège ainsi. Mais quand même, notre pensée reste ouverte, pas sur n'importe quoi quand même, mais elle ouverte de 2 façons :
Alors, vive les ouvertures ! Mais quand même, les murailles sont utiles pour nous rappeler qu'il y a des choses que l'on ne peut pas accepter : des choses que l'on ne peut pas faire, ni tolérer. Jean nous donne encore quelques détails sur cette muraille que Dieu nous donne. Cette muraille est soutenue par les 12 apôtres du Christ nous dit-il. C'est un peu l'image de la communauté chrétienne, de la théologie et de la Bible. Cela nous aide à ne pas penser n'importe quoi, cela nous protège d'idéologies ou d'influences néfastes ou méchantes. mais il n’y a pas qu’un seul apôtre, ni un seul évangile, là encore, la diversité est essentielle, pas moins de douze témoignages, de douze personnalités représentants toutes les composantes possibles du peuple de Dieu, rassemblées dans une union fraternelle. Ces fondations des murailles sont toutes des pierres précieuses de couleurs différentes. Les témoignages des uns et des autres sont comme un arc-en-ciel, tous différents mais tous précieux, irremplaçables. Ce n’est donc pas nécessairement un scandale qu’il y ait des différences religieuses entre les personnes, c’est comme un collier de reine avec des pierres de toutes couleurs cela peut être magnifique si chaque pierre est belle et que l’ensemble est assemblé avec goût. Mais si l’on mélangeait toutes les couleurs pour que les pierres aient toutes les mêmes couleurs, cela donnerait un brunâtre tout moche. Dans le domaine religieux c’est la même chose. Nous respectons les autres, nous nous réjouissons qu’il y ait différentes tonalités différentes couleurs, mais c’est mieux de ne pas tout mélanger, de choisir sa couleur et de l’affiner, de la purifier. Le dialogue, enfin permet de tenir ensemble la muraille, avec chacun son témoignage dans une direction. Après avoir décrit la muraille, ses portes et ses fondations, Jean décrit l’intérieur de l’existence forte et belle que Dieu nous offre. L’image est un peu surréaliste (v. 18), Jean nous dit que la ville est faite « d’or pur semblable à du cristal transparent » ! Cela n’est possible qu’au sens figuré, évidemment, car de l’or semblable à du cristal c’est assez rare. L’or est ce qui demeure éternellement, c’est la meilleure part de notre être (Job 23:10, 1Co 3:12). Dieu a cet effet essentiel de nous purifier de l’intérieur, de purifier notre être, de nous débarrasser de nos travers, de nos impuretés. Mais en même temps, il nous rend transparent et lumineux comme du cristal. Il nous purifie de nos zones d’ombres et nous pouvons enfin, selon la promesse de Jésus, faire vraiment briller notre lumière sur ceux qui nous entourent (Matthieu 5:14). Jean parle ensuite d’une large place centrale qui est également faite d’or pur qui ressemble à du cristal transparent (v. 21). La place centrale de la ville, c’est le lieu où tous se rassemblent pour dialoguer, pour échanger, et pour se mettre d’accord sur la route à suivre. Dieu ne se contente donc pas de nous construire nous-mêmes d’or pur et de cristal, il purifie aussi nos relations, qui deviennent comme de l’or pur, comme de l’amour vrai débarrassé de tout péché. Et il nous donne d’avoir, par l’amour, des échanges transparents comme du cristal, finis les mensonges et les coups tordus. Place à la vérité et à la fidélité. Jean dit ensuite que cette ville n'a pas de temple (v. 22). Cela peut sembler curieux, puisque le Temple, c'est le lieu de la religion. Et voilà que dans la cité de Dieu il n'y a pas de Temple, parce que la présence de Dieu suffit, avec le Christ ! On peut donc dire que la religion doit finalement être dépassée et s'effacer devant la présence de Dieu. La religion n'est pas le but, c'est Dieu qui est le but et le Christ est le chemin. La religion est utile pour savoir que cette ville existe et qu'un chemin nous est donné pour entrer en présence de Dieu (Jean 14:6), et qu'il y a plein de portes, plein de portes, plein de maisons dans la cité de Dieu (Jn 14:2). La religion nous aide à entendre la voix des anges qui sont sur les portes. Elle nous permet de connaître la parole des apôtres qui soutiennent la muraille de la foi et de la juste réflexion. Mais l’essentiel, le vrai temple, le temple éternel, c’est Dieu, qui nous abrite dans son amour.
N’ayez crainte. Les portes de cette ville ont été ouvertes pour vous. Amen. Vous pouvez réagir sur le blog de l'Oratoire |
Pasteur dans la chaire de
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