Extraits du bulletin "Veiller !" d'Octobre 2014 n° 334
C’est avant l’hiver qu’on ensemence un champ de blé ; d’abord rien ne se passe en surface ; tout est enfoui. Le travail de l’homme ne donne du fruit qu’au
printemps. Il en va de même pour la méditation.
Elle est ce travail de l’automne, qui pourrait nous décevoir dans un premier temps, car nous ne récoltons rien. Il faut que l’hiver passe, l’hiver « du
silence », mais au printemps, grâce à la double action du soleil et de la pluie, le blé surgit enfin et donne son fruit. C’est cela aussi la méditation :
elle nous prépare la récolte prochaine, la nourriture pour demain.
Celui qui marche en pleurant,
quand il porte la semence
revient avec allégresse,
quand il porte les gerbes.
(Ps 126, 6)
Daniel Bourguet
Le soir, le matin et à midi, je loue et je médite (p. 88)
Editorial
Intercéder
La prière d’intercession fait de nous des êtres de proximité avec Dieu, mais aussi avec les humains du monde entier. Ainsi nous nous plaçons à côté du
frère qu’il soit proche ou lointain pour lui manifester (le plus souvent dans le secret) notre compassion, notre solidarité, notre engagement à son côté.
En se tenant tout près de Dieu nous demandons quelque chose en faveur de quelqu’un, nous plaidons pour lui. Nous implorons la miséricorde du Père pour ses
enfants ; et nous agissons avec nos petits moyens.
Sans actes concrets - il y a tant de situations de par le monde pour lesquelles nous pouvons si peu entreprendre - cette prière d’intercession pourrait
être considérée comme un anesthésiant pour notre conscience. Il n’en est rien ! Elle est acte de foi, prière désirée par Dieu et enracinée en Lui, une
pleine confiance en son œuvre agissante, bien au-delà de ce que nous pouvons en percevoir. Elle est un combat de communion fraternelle, par l’Esprit qui
nous inspire, et avec le Christ, véritable intercesseur qui n’a pas baissé les bras mais les a ouverts pour tous sur la croix.
Nous sommes bien impuissants devant nos fragilités humaines et face à tous les déchaînements de violence actuels, persécutions, exils, misères et tyrannies
que s’infligent les hommes, et dont les médias nous font part ; ce mal nous touche en profondeur, et réveille en nous bien des questions. Il suscite aussi
notre compassion. Alors, au-delà de nos incompréhensions, et de nos écœurements, monte de nos cœurs notre prière, avec de pauvres mots, mais prière qui
nous rend solidaires des souffrances de l’humanité et nous fait coopérer aux projets de Dieu pour l’homme, projets de miséricorde, de paix, de justice, de
pardon, de guérison.
Cette prière d’intercession nous engage, nous appelle à résister d’une manière ou d’une autre, et nous ramène aux besoins de notre prochain, afin d’être
pour lui : passion, écoute, service d’amour.
Intercéder, n’est-ce pas là une façon d’être « veilleur » au milieu de nos frères proches ou lointains ?
En communion de prière, je vous salue fraternellement,
Votre sœur prieure, Claude Caux-B.
Retraite spirituelle du consistoire de Bretagne
La retraite spirituelle du Consistoire s’est déroulée durant trois jours les 9-10-11 mai 2014 à l’Abbaye de Timadeuc à Rohan.
C’est autour des trois premiers chapitres de la Genèse que nous nous sommes penchés grâce à Michel Block pasteur dans les îles de Saintonge, responsable de
la fraternité Spirituelle des Veilleurs pour la région Ouest qui prend ses fonctions de pasteur de Brest et nord Finistère. Voici le message que j’ai reçu
personnellement au cours de ce temps de retraite.
« Qui es-tu toi qui as commencé ? Et pourquoi sommes-nous sur ta route ? »
Cette question traverse toute la Bible et nous questionne, nous chrétiens d’aujourd’hui.
Une occasion privilégiée nous a été offerte, celle de nous « poser » et de prendre avec d’autres, du temps devant Dieu et sa Parole, dans le silence, le
partage et la prière.
Trois moments de méditation sur les trois premiers chapitres de la Genèse. Plus qu’une retraite, un véritable enseignement sur l’importance du temps qui
coule et le rythme qui bat la mesure sur la création. Un processus qui s’établit grâce à un minimum de Paroles de la part de Dieu dont le nom ne vient qu’à
la troisième place dans le chapitre premier de la Genèse comme par humilité de sa part.
L’arbre de vie, l’arbre de la connaissance, le goût du fruit défendu et le péché originel, le bien, le mal, le sens des mots et leur portée dans
l’aujourd’hui de nos vies, tant de sujets abordés au cours de ce week-end !
Dix paroles - Dix commandements - Et combien de questions ?
Dieu crée et bénit sa création, bénédiction qui s’accompagne toujours d’un ordre, celui de la fécondité en est un exemple.
Le Seigneur Dieu n’est jamais là où on pense le trouver, mais toujours présent lorsqu’on se pose une question, la question du mal est pourtant sans
réponse, et si on cherche à se dire pourquoi le mal, on risque de s’en faire soi-même.
Notre place s’insère dans le projet de Dieu et la connaissance du bon ou du mauvais est une question d’apprentissage dans un temps donné ; l’homme est
libre mais lorsqu’il est soumis à un choix, il est préférable qu’il choisisse celui qui donne la vie et non la mort.
Nous sommes appelés à rester en relation avec Dieu qui nous propose un chemin alors que notre regard est souvent attiré vers un autre chemin.
L’homme qui choisit le chemin de la connaissance immédiate va à sa perte, le « tout vouloir tout de suite » ou le « tout faire immédiatement » n’est pas ce
que souhaite le Seigneur, mais Dieu assume cette relation avec l’homme avec humilité.
S.Tschiember
« Est-ce que je suis obligé de faire ce que je peux faire ? » (J. Ellul)
D’où l’importance de parler à Dieu et de lui poser la question.
Nous allons de découverte en découverte tout au long de notre vie, d’arbre en arbre, de goût savoureux en goût amer.
Genèse 3, 6: « La femme voit que l’arbre était bon. »
Le fait n’est pas dans ce que je découvre, mais dans la réaction que j’en ai.
Dieu cherche toujours à rétablir la relation lorsque celle-ci est rompue en cherchant des hommes qui pourraient la rétablir. Jésus est celui qui est venu
rétablir cette relation.
Zachée descend de l’arbre, la femme adultère s’en va, la peur de se retenir caché, où celle de mourir n’existent plus.
« Ma fille ta foi t’a sauvée » Marc 5, 34. La relation est rétablie.
« Le meilleur est devant vous », nous a dit le père abbé Benoît.
Assister aux différents offices des moines, se pencher sur les trois premiers chapitres de la Genèse pendant la retraite spirituelle grâce au pasteur
Michel Block a été pour moi un véritable enchantement.
Sylvie T.
Regard sur la Transfiguration
Luc 9, 28-36
Ce que je souhaite partager avec vous n’est qu’un très rapide aperçu de ce que l’épisode de la Transfiguration peut nous apprendre sur la prière, ce qui
pourra peut-être être intéressant pour nous, Veilleurs. Cet épisode est si profond, il s’est passé là quelque chose de si important et mystérieux, que j’ai
conscience de ne pouvoir en donner que quelques bribes, quelques coups d’œil. Je prie le Seigneur pour qu’au moins, ce que je raconte ne soit pas trop
inexact !
Une expérience de prière
Je m'appuie surtout sur le texte de Luc, car c’est en effet le seul qui attire notre attention sur le fait que Jésus est allé sur la montagne pour prier.
Luc est très attentif à la prière de Jésus, et la mentionne très souvent. La montagne est un lieu privilégié pour la prière de Jésus (Matthieu 14, 23 ;
Marc 6, 46 ; Luc 6, 12) parce que c’est un lieu désert. Je crois que Luc veut attirer notre attention sur le fait que ce qui va se passer là est de l’ordre
de l’intime de la prière de Jésus. Luc a d’ailleurs déjà évoqué (9, 18) que la prière était pour Jésus un lieu de partage personnel très profond, avec Dieu
aussi bien qu’avec ses disciples.
Les trois évangélistes ont de toute façon compris que ce qui s’est passé sur cette montagne était de nature très confidentielle. En effet, tous les trois
mentionnent que seuls Pierre, Jacques et Jean ont accompagné Jésus. Ceux-là sont parmi ses plus proches. Jésus les prend donc avec lui car il veut leur
partager quelque chose qu’il ne veut pas partager avec d’autres pour l’instant. C’est comme une confidence que l’on fait à ses plus grands amis, ceux à qui
on ne cache rien. Luc nous dit que les disciples n’ont rien dit de ce qu’ils ont vu et vécu à ce moment-là.
Tout cela me dit que ce qui s’est passé est intimement lié à la prière de Jésus, même si Luc est le seul à nous le dire explicitement. La prière est avant
tout intime. Cela ne veut pas dire qu’une prière collective soit sans valeur, mais je crois que même lorsque nous sommes en groupe, nous pouvons avant tout
garder la conscience que nous sommes chacun, personnellement, en prière. Et si nous nous exprimons alors, cela doit venir de ce que l’Esprit Saint nous
pousse à dire, du plus profond de notre être, et pas en fonction des personnes qui nous entourent.
Humble gloire, glorieuse humilité de Dieu
On pourrait trouver que cette scène entre en contradiction avec ce que nous venons de voir au sujet de l’intimité, de la discrétion, de la prière. Au
premier abord, il semble n’être question que de gloire et de spectaculaire ! Or, il est important pour moi de me rappeler que le mot gloire désigne en fait
l’intensité de la présence de quelqu’un, plus que son caractère spectaculaire. Il peut tout à fait nous être donné à tous de faire l’expérience de la
gloire de Dieu, c’est-à-dire du poids de sa présence, sans que cela se traduise par des phénomènes surnaturels. N’est-ce pas ce que Moïse a vécu sur le
mont Horeb, avec le buisson ardent ? Et Elie, lui aussi sur le mont Horeb, lorsque Dieu est passé devant lui ? Je cite ces deux personnes-là bien sûr parce
que ce sont ceux que Jésus rencontre lors de sa Transfiguration, mais aussi parce que je crois qu’ils représentent la possibilité pour l’être humain d’une
rencontre avec Dieu qui sorte de nos a priori.
Les trois évangiles parlent d’un changement qui s’est produit en Jésus, soit une transformation de son être même chez Matthieu et Marc, ou au moins de son
visage pour Luc. Je rattache cela avec la vie de prière, et la vie spirituelle en général. On dit de quelqu’un qui a fait une expérience très heureuse et
profonde qu’il est « rayonnant », sans pouvoir dire plus de ce qui se dégage de cette personne. Je crois que c’est de cela que l’on veut parler ici, à ceci
près que ce fut ici une expérience d’une profondeur et d’une force incroyables. La scène rend témoignage de la divinité et de l’humanité, conjointes en
Jésus-Christ, comme lors de son baptême et de sa résurrection. Je me demande donc si la prière n’est pas ce moment privilégié de notre vie où nous nous
trouvons dans la tension même qui nous relie à notre baptême et à notre vie ressuscitée, même si cela ne se traduit pas à chaque fois comme pour Jésus ici
! Quand nous prions, Dieu est là, tout simplement, mais il est là aussi immensément.
Moïse et Elie ont eu le réflexe de cacher leur visage lors de leur expérience de rencontre avec Dieu. Matthieu et Luc nous parlent du visage de Jésus. Il
me semble que c’est parce que le visage est le reflet immédiat de nos émotions, de notre état intérieur. Moïse a eu le visage « transfiguré », rayonnant,
de ce qu’il a pu parler avec le Seigneur, lors du don de la Loi (Exode 34, 29). Mais ce rayonnement était trop difficile à supporter par les Israélites, si
bien que Moïse devait cacher son visage sous un voile. Ici, en Jésus-Christ, Dieu vient montrer un éclat soutenable de sa présence si j’ose dire. Il ne
nous est pas possible de voir Dieu, à cause de notre péché. Mais Dieu, lui, peut venir, humblement, doucement, discrètement, se révéler à nous. C’est je
crois, ce qu’il a fait sur la montagne, et ce qu’il peut faire, à des degrés vraiment moindres bien sûr, mais quand même, lors de notre prière. Enfin, je
crois que cette gloire, très présente dans cet épisode, est intimement liée à l’humilité de Jésus. C’est la gloire de Jésus que les disciples ont
contemplée, selon Luc. Pas celle de Dieu directement.
Ils n’auraient pas pu la soutenir. Mais c’est déjà pas mal ! Or cette gloire me semble marquée par l’épreuve douloureuse de la croix. Très vite, les
premiers chrétiens ont compris le lien mystérieux mais très fort qui s’établit en Jésus, entre la mort et la gloire. C’est ce que dit, je crois, l’hymne
que rapporte Paul dans sa lettre aux Philippiens (2, 1-11).
Cela me semble dit, plus ou moins ouvertement, par Luc et Marc. Chez Luc, le lien est assez clair : Jésus a, avec Moïse et Elie, « parlé de son départ, qui
allait s'accomplir à Jérusalem. » Le mot traduit par « départ », c’est le mot « exode ». Parler de l’exode de Jésus à Jérusalem, c’est clairement faire
allusion aux événements que Jésus va devoir affronter dans cette ville, lors de la fête de Pâque. Tout en étant dans sa gloire, Jésus parle donc clairement
de sa Passion. Tout en allant vers sa mort, Jésus s’ouvre clairement à l’espérance. Chez Marc, c’est une mention originale, et apparemment « pittoresque »
qui attire mon attention dans la même direction : « ses vêtements devinrent resplendissants, d'une blancheur telle qu'il n'est pas de teinturier sur terre
qui puisse blanchir ainsi. » Marc est le seul à présenter les choses de cette façon, en parlant du travail du teinturier, ou du foulon. A l’époque, en
effet, les vêtements étaient blanchis par le travail d’un foulon, qui pressait de ses pieds le linge sale et trempé, pour en évacuer la crasse. Or cette
mention me parait bien plus profonde qu’une simple comparaison pour « donner une idée » de la blancheur du vêtement de Jésus, ne serait-ce que parce que ce
mot de « foulon » n’est employé qu’ici dans tout le Nouveau Testament. Marc nous dit qu’aucun foulon sur terre ne pourrait fournir un travail suffisant
pour blanchir ainsi le vêtement de Jésus. Pourtant, il semble nous suggérer qu’il y a pourtant bien un foulon susceptible de le faire, même s’il n’est pas
sur terre. Qui donc alors pourrait en être capable ? Je suis alors orienté dans ma réflexion par ce que Daniel Bourguet a écrit dans son livre : « Heureux
les cœurs purs », dans la partie où il commente les versets 4 et 9 du psaume 51, dans lesquels David ose demander à Dieu : « Lave-moi ». En hébreu, il y a
un verbe « laver » pour la toilette et un autre pour la lessive. David utilise ici celui de la lessive: « lave-moi », c'est-à-dire « lessive-moi ». David
se compare ici à un vêtement sale, souillé par un adultère et par le sang d'un meurtre. L'impureté du cœur de David est semblable à celle d'un vêtement
souillé.
Ni David, ni personne, ne peut lessiver son propre cœur. Aucun rituel n'est prévu pour une telle lessive ! Vers qui donc se tourner, dès lors que la Loi ne
prévoit rien ? L'audace de David est là : c'est vers Dieu lui-même, encore une fois, qu'il se tourne. La blancheur demandée est celle du cœur.
Dieu peut-il ainsi intervenir jusqu'au plus profond du cœur, là où personne ne le peut ? David en est persuadé. Son audace est parfaitement fondée et sera
confirmée par les plus grands prophètes.
Les vêtements de Jésus sont donc blancs d’une blancheur étincelante, céleste. C’est bien sûr le signe d’une gloire divine. Mais ils ont été rendus ainsi
par le travail d’un foulon, un travail dur, presque violent, d’écrasement du linge. Et ce foulon, qui n’est pas sur terre, ne semble pouvoir être que Dieu
lui-même. La gloire de Jésus-Christ procède de l’écrasement du péché du monde, qu’il a porté sur lui, et que Dieu est venu écraser à la Croix. Cela me
renvoie à la spécificité de la prière chrétienne. Notre relation à Dieu a toujours pour intermédiaire la croix. Nous n’avons de rapport possible à Dieu
qu’à partir de là, et de la résurrection de Jésus bien sûr ! Mais je ne peux pas oublier la croix quand je prie.
La prière, un combat.
La suite de ce qui s’est passé concerne davantage les disciples, mais nous renseigne également sur la prière, à mon avis.
Luc nous dit que les disciples « étaient accablés de sommeil ». Il est le seul à le préciser. Cela a de quoi nous étonner : comment dormir au moment d’un
tel événement, aussi spectaculaire ? Je remarque tout d’abord qu’en fait, rien ne nous est dit par aucun des trois évangélistes, du temps qu’a pu prendre
cet événement. Or, on peut se rappeler qu’à une autre occasion, les disciples se sont trouvés dans une situation comparable de prière au cours de laquelle
il leur a fallu lutter contre le sommeil. Ce fut à Gethsémani, avant l’arrestation de Jésus. Grâce à Matthieu et Marc, nous pouvons comprendre que cette
prière a au moins duré une heure. Il n’est donc pas du tout certain que la transfiguration ait été un événement très rapide.
Luc nous dit que les disciples étaient accablés de sommeil. Le texte grec dit « alourdis », « chargés ». Mais pas nécessairement abattus, vaincus. D’autant
qu’ensuite, Luc, dans le texte grec, ne dit pas que Pierre et les fils de Zébédée se sont réveillés, mais qu’ils ont « veillé au travers ». Oui, le verbe
utilisé ne signifie pas se réveiller, mais veiller, et il lui est adjoint la particule « dia » qui signifie « à travers », en parlant du temps (ce que
François Bovon relève dans son commentaire). Autrement dit, les disciples ne se sont pas endormis, mais ils ont lutté contre le sommeil, et ils sont
parvenus à rester éveillés, ainsi ont pu voir ce qui s’est passé. La prière est une lutte, une veille, mais quels fruits elle peut receler ! Je ne dis pas
que ce qui s’est passé soit de l’ordre d’une récompense, mais je le reçois vraiment comme un encouragement pour ma prière.
Prier, c’est donc lutter, en soi, contre le sommeil, la routine, le doute, le désespoir, la tristesse, tout ce qui est susceptible de me détourner de ma
rencontre avec le Seigneur.
C’est aussi une lutte contre la peur. Les trois évangélistes ont noté cette émotion chez les disciples lors de la Transfiguration. On ne peut pas savoir
avec précision ce qui déclenche la peur, sinon le sentiment de la présence de Dieu, ou le constat d’un phénomène qui dit sa présence. Quoi qu’il en soit,
cette peur n’est pas ce qui doit demeurer chez les disciples.
Oui, la prière est bel et bien une lutte, un combat. Un combat contre la peur, pour notre foi, car la foi ne va pas de soi pour notre être pécheur, séparé
de Dieu. Un combat de l’écoute, qui doit primer sur la vision. Un combat pour la confiance, qui doit primer contre la soumission aux apparences.
La prise de parole de Pierre est très révélatrice. Il veut tenter de maintenir l’événement qui se déroule, le faire durer, en construisant des tentes,
peut-être comme les hébreux dans le désert ont construit une tente de la rencontre, après que Moïse soit redescendu de la montagne et que son visage soit
devenu resplendissant de sa rencontre avec le Seigneur. Mais on ne retient pas Dieu, ni l’expérience que l’on peut faire de lui. Chaque prière, si intense
qu’elle soit, n’est jamais qu’une expérience fugace, fragile, qu’il est impossible de conserver ou de répéter de façon automatique, par soi-même. On peut
demeurer dans un état de prière perpétuelle, mais c’est un don de la grâce de Dieu. Je reçois là un enseignement très important pour toute ma vie de
chrétien. Il faut redescendre de la montagne. Notre prière ne saurait nous couper de notre engagement dans et pour le monde. Il faut redescendre, et faire
silence. Nous ne prions pas d’abord pour parler de ce que nous avons expérimenté dans la prière. Mais nous avons à vivre de la présence de Dieu découverte
dans notre oraison. Le monde nous attend, pour témoigner de ce que la prière nous aura donné de ressentir, de vivre. Pierre en a parlé, plus tard (2 P 1,
16-18) et Jean aussi le mentionne (Jn 1, 14).
La prière n’est pas seulement une ressource pour le témoignage, mais aussi pour l’action. Dans les trois évangiles synoptiques, l’épisode de la
Transfiguration est immédiatement suivi par celui de la guérison par Jésus d’un enfant épileptique.
Michel B.
Prière
Oh que ta main paternelle
me bénisse
à mon coucher
et que protégé par elle,
je m’endorme,
ô mon berger.
Fais reposer sous ta garde
mes amis et mes parents,
et que ton oeil
les regarde,
de ton ciel,
petits et grands.
Que ta faveur se déploie
pour consoler l’affligé.
Donne au pauvre
un peu de joie,
au malade, la santé.
Seigneur, j’ai fait
ma prière,
sous ton aile, je m’endors
heureux de savoir
qu’un père
plein d’amour
veille au dehors.
Paroles d'un cantique
Arc en ciel 738